En menaçant de se présenter à l'élection présidentielle, Nicolas Hulot a indéniablement adopté une stratégie astucieuse pour faire progresser ses convictions sur la protection de l'environnement. Il le dit lui-même : il n'a aucune envie d'y aller. Les contraintes de la campagne seraient énormes, alors qu'il ne souhaite pas vraiment assurer les fonctions de président, à l'inverse de personnalités à la popularité moins flagrante. Mais il a envie de défendre des idées, et surtout l'environnement. Lors de ses voyages à travers le monde, il a eu l'occasion d'en observer la beauté, et combien celle-ci était menacée. Il y a bel et bien une urgence vis-à-vis de l'effet de serre, et si cela fait une vingtaine d'années que la question a été posée, elle reste jusqu'à présent sans réponse. Il y a tout de même une prise de conscience dans le pouvoir politique : Al Gore étudiait ces questions lorsqu'il était sénateur, et son engagement actuel n'en est que la continuation. Nicolas Hulot lui-même a depuis des années l'oreille de Jacques Chirac, qui n'a pas été inactif en la matière. Nul besoin de Verts au gouvernement pour faire progresser la cause écologique, et cette précaution est désormais inscrite dans la Constitution française. C'est la mesure la plus symbolique, mais des mesures concrètes ont été également prises. Ce n'est certes pas suffisant, et c'est pour cela que Nicolas Hulot prend la parole aujourd'hui.

Il le fait au travers d'un pacte, une demande d'engagement aux candidats aux présidentielles et aux simples citoyens. Il y d'autant moins d'excuses à ne pas en tenir compte que, contrairement à d'autres démarches écologiques déconnectées, les objectifs et recommandations prônées sont pragmatiques et réalisables. Les objectifs sont particulièrement clairs et impératifs : transports moins gourmands en énergie, recherche en la matière, biodiversité doivent être pris en compte dans la création des politiques publiques. Les propositions ont le mérite d'être ouvertes au dialogue, ce qui est un signe de souci d'efficacité. On peut se demander en effet si l'imposition des émissions de carbone est le meilleur moyen dans toutes les situations de les diminuer. Quant à la mise en place d'une grande politique de sensibilisation, elle sous-entend cruellement que trop nombreux sont ceux qui ne prennent pas déjà en compte cette préoccupation. On ne peut alors pas en faire l'économie.

C'est donc en défendant un objectif clair et de façon pragmatique que Nicolas Hulot a demandé le soutien de tous les autres candidats, sous peine de s'y mettre lui-même. Son combat désintéressé et ses émissions émouvantes l'ont rendu populaire, et une éventuelle candidature, appuyée par la société civile, serait dangereuse pour chaque parti, de par la concurrence créée. Avec une menace suffisamment crédible, il a réussi à imposer l'environnement dans le débat présidentiel. Cela devrait se traduire par des engagements clairs des différents candidats qu'on sera leur rappelé une fois au pouvoir. Il est encore heureux qu'un simple citoyen puisse participer de façon forte au débat sans être un politicien de métier. Ce n'est pas forcément évident, mais Nicolas Hulot a trouvé le moyen d'utiliser sa notoriété de façon crédible et intelligente pour faire progresser une cause qui nous concerne tous.