90 000 emplois de perdus en France au mois de janvier. Le chiffre est énorme, à la mesure de la crise mondiale actuelle. Au moins, on ne peut pas vraiment dire que le pouvoir politique essaie de cacher la gravité de ce qu'il se passe. Depuis un discours du Président de la République consacré à ce sujet il y a quelques mois, tout le monde a bien compris les périodes difficiles qui commençaient. Les médias enchaînent les histoires commençant par "avec la crise", ce qui est accrocheur, mais peut également surprendre : après tout, depuis quand n'était-ce plus la crise en France ? Depuis 1974, la France était frappée par la crise, soit une croissance économique insuffisante entraînant la montée du chômage. Une génération entière a grandi dans un monde de "crise", et a bien compris que rien n'était facile, qu'elle était condamnée à vivre dans un monde où l'opulence a été bannie. Bien sûr, le chômage baissait depuis plusieurs années, mais il n'y a eu personne pour le remarquer. La question du pouvoir d'achat avait remplacé le chômage dans les complaintes quotidiennes.

Aux Etats-Unis, la situation est bien pire. Les Américains ont connu des vrais périodes de croissance au cours des dernières décennies, et aujourd'hui, c'est 600 000 emplois qui sont détruits en un mois. C'est proportionnellement plus qu'en France. Là-bas, la crise financière est encore loin d'être finie, comme en témoigne la descente aux enfers d'AIG. Pratiquement partout, le chômage augmente donc.

Dans la plupart des pays, la population active a tendance à augmenter chaque année. L'augmentation de la force de travail participe à la croissance économique, avec les augmentations du capital économique et de la productivité. Si l'amélioration de la productivité participe à la croissance économique, elle entraîne également une destruction directe d'emplois. Mais quand la croissance économique dépasse celle de la productivité plus celle de la population active, alors le chômage diminue. Il faut donc une croissance économique assez forte pour qu'il puisse y avoir une baisse du chômage.

Lorsque la croissance est trop faible, le chômage augmente. Alors évidemment à chaque période de récession, voire en phase de dépression, quand la croissance économique est négative, les effets sont apocalyptiques sur l'emploi. En 1993, la France connut une récession marquée qui se traduisit par une catastrophe sociale. Cette fois, on nous promet au moins deux années de croissance négative. Alors forcément, les effets seront très durs, amplifiés par la dimension résolument internationale de cette crise. Il ne sert à rien de se le cacher. Mais la dimension psychologique est centrale, et si chacun arrête de consommer et d'investir, cela ne fera qu'empirer les choses. Pour tous ceux qui en ont les moyens, c'est donc le moment de dépenser son argent !