Le 16 novembre 2006, Ségolène Royal était désignée candidate du Parti Socialiste à l'élection présidentielle dès le premier tour de la primaire socialiste, avec 60 % des voix. A l'époque, on met en avant le fait qu'elle ait réussi à gagner contre l'appareil et les éléphants socialistes, grâce à un afflux d'adhérents qui sont venus en prenant une cotisation à tarif réduit seulement pour pouvoir voter pour elle. Deux ans plus tard, en novembre 2008, elle obtient 42,9 % et 49,96 % des voix aux premier et second tours de l'élection du premier secrétaire du PS. Mais hier, elle n'a plus récolté que 7 % des suffrages lors de la primaire socialiste. Certes, celle-ci était désormais ouverte au-delà des seuls adhérents socialistes. Mais Ségolène Royal aurait justement du pouvoir compter sur des sympathisants non strictement socialistes, comme par le passé. Elle n'a pourtant pas été aux responsabilités, et ce n'est donc pas son bilan qui explique sa subite impopularité.

De tels variations brusques de popularité sont assez fréquents en politique. Ainsi, François Bayrou fut à deux doigts d'arriver au second tour de la présidentielle en 2007 (et donc de l'emporter). Son parti, le MoDem, resta ensuite au premier plan, et fut même dans de nombreuses villes l'arbitre des municipales de 2008. Pourtant, lors des élections européennes de 2009, il perdit la moitié de ses sièges, et actuellement, le MoDem ne pèse plus grand chose.

Les Verts ont connu des revirements de fortune similaires. Après un score minimal de Dominique Voynet en 2007, les Verts ont multiplié ce score par cinq en 2009. Renommés "Europe Ecologie", ils avaient même devancé le Parti Socialiste lors de ce scrutin. Ils prirent immédiatement la grosse tête, mais ils baissèrent sensiblement aux élections régionales de 2010 (à 12 % des voix), ce qui rendit un peu plus difficile le passage d'accords électoraux avec le PS. Surtout, suite à la désignation d'Eva Joly comme candidate à la prochaine présidentielle, leur poids dans les sondages s'est nettement évaporé, et la perspective de dépasser les 10 % des voix n'est plus en vue.

Aujourd'hui, c'est François Hollande le champion de la popularité. Peut-être cela durera assez longtemps pour qu'il soit élu Président, mais après cela, après la période de grâce, combien de temps avant qu'il ne connaisse à son tour l'impopularité ? Après tout, Lionel Jospin qui fut relativement populaire (d'après les sondages) lorsqu'il était à Matignon, n'a même pas réuni assez de voix pour arriver au second tour de la présidentielle de 2002...