C'est une surprise, Nicolas Sarkozy a décidé que les élèves nés et scolarisés en France se trouvant en situation irrégulière seront régularisés, ainsi que leur famille. Le ministère de l'Intérieur veut qu'il y ait des critères précis pour accepter ces régularisations, afin d'éviter les appels d'air que cela générerait auprès d'autres immigrés. Il faut dire que ce qui se passe dans d'autres pays d'Europe nous incite à être vigilant.

Ainsi, depuis une régularisation massive de plusieurs centaines de milliers de clandestins en Espagne suite à l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement socialiste, ce pays est vu comme un pays qui accepte facilement l'immigration, encourageant de ce fait le départ de milliers de jeunes gens de leur pays d'origine. Les enclaves espagnoles en Afrique de Ceuta et Mellila se sont ainsi vues assiégées par des milliers de personnes. Puis, lorsque la fermeté des frontières a été rétablie, ce fut au tour des îles Canaries de voir l'afflux de milliers d'immigrés arrivant par bateau, dépassant tellement les capacités d'accueil qu'ils arrivèrent à être envoyé dans la métropole espagnole. Pourtant, l'Espagne n'a pas de place à offrir à toutes ces personnes, ni d'ailleurs le reste de l'Europe. A Calais, des centaines de clandestins vivent dans la même misère que celle qu'ils ont quittée dans leur pays d'origine. Il y a une sorte de mirage, d'eldorado de pacotille qui s'est formé dans l'esprit de ceux qui souhaitent émigrer clandestinement en Europe : ici, ils vivront une vie meilleure.

C'est pourtant loin d'être une possibilité certaine. Déjà, le choix de la clandestinité implique une faute originelle : quel peut être le signal d'intégration lorsque l'arrivée même sur un territoire est entachée d'illégalité ? Ensuite, les économies européennes sont loin d'avoir la croissance suffisante pour employer tous les bras disponibles des pays pauvres. Il y a bien quelques économistes fantasques qui réclament de l'immigration en invoquant le choc démographique que représentera le papy boom, mais au vu de la persistance du chômage en France ou en Allemagne par exemple, on peut douter qu'il y ait vraiment une forte de travailleurs étrangers. Et si cela venait vraiment à se produire, il sera toujours possible de réexaminer la situation. Mais dans ce cas, les travailleurs venus d'autres pays européens auraient la priorité, étant donné qu'il existe déjà des accords de libre circulation des travailleurs au sein de l'Union Européenne. Enfin, chaque vague d'immigration massive rend plus difficile l'assimilation de chaque immigré au sein de la communauté nationale. L'idéal étant, en effet, que chacun épouse complètement la culture du pays d'accueil, l'existence d'importantes communautés étrangères qui s'identifient en tant que telle n'est pas la meilleure chose.

Dans la mesure où l'immigration massive n'est donc pas souhaitable pour les pays d'accueil, elle ne l'est pas non plus pour les immigrés. Certes, il existe quelques success stories, mais la majorité n'aura à faire face qu'à une pauvreté plus ou moins prononcée. Le maintien dans la pauvreté et l'abandon nécessaire de la culture d'origine ne sont pas forcément des choses qu'il leur faut souhaiter. Au contraire, il est préférable d'informer les candidats au départ de la voie sans issue dans laquelle ils vont s'engager. Et en parallèle, aider leur pays à se développer, ou bien parfois les aider à se débarrasser des éventuels dictateurs qui sont la seule origine de leur pauvreté. Quoi qu'il en soit, encourager l'immigration clandestine ne fait qu'apporter des ennuis à tout le monde, immigrés comme accueillants. On peut dès lors s'interroger sur le sens des responsabilités du nouveau gouvernement Prodi en Italie, qui souhaite commencer son mandat par une régularisation massive d'immigrés clandestins et alléger les contrôles à ses frontières, favorisant ainsi l'immigration clandestine.