La députée Valérie Boyer a réussi à faire adopter un projet de loi visant à réprimer l'incitation aux troubles alimentaires, ciblant ainsi les sites internet faisant l'apologie de l'anorexie. La démarche peut légitimement surprendre dans la mesure où elle amène à s'en prendre pénalement à ce qui n'est que des symptômes de troubles psychologiques. Car dans le domaine de la boulimie ou de l'anorexie, personne n'a quoi que ce soit à gagner. Les sites "pro-ana" ne visent pas à réaliser un quelconque gain ou à mettre en place une nouvelle société, ce sont surtout des manifestations de personnes victimes de ces troubles. A force de vivre ainsi, elles ont leur propre logique, leur propre univers. Ces troubles alimentaires ne viennent pas d'un désir réfléchi, d'une conviction issue d'un raisonnement logique, ils sont surtout l'expression de troubles psychologiques graves pré-existant l'apparition de ces symptomes. Les jeunes filles qui plongent dans l'anorexie ne le font pas à la suite d'incitations directes de la société, mais en conséquence de leur propre mal être. D'autres se droguent, d'autres se scarifient...

Ce n'est évidemment pas une raison de rester inactif. Les personnes souffrant de tels psychologiques doivent être soignées et aidées à retrouver le chemin d'une vie plus soutenable. Les auteurs de sites mettant en valeur l'anorexie sont des malades qui s'adressent à d'autres malades, et tous doivent être aidés, car ils se font du mal à eux et non au reste de la société. Il reste néanmoins l'énorme désarroi créé chez tout à chacun par de telles situations qui semblent incompréhensibles. En adoptant ce projet de loi, le parlement a voulu croire être capable de changer les choses dans des domaines qu'il ne maitrise pas. C'est là l'expression d'une stupeur parmi les responsables politiques.

Car lorsque qu'une adolescente se fait vomir tout en sachant qu'elle met en péril sa santé, que sa maigreur sera considérée comme laide par le reste des gens, et qu'au fond d'elle elle sait que cela ne lui apporte aucun bonheur, on n'est définitivement plus dans le domaine du rationnel. Lorsqu'une jeune personne se taillade la peau comme conséquence d'une crise d'angoisse, elle sait qu'elle n'en tirera rien. Mais elle le fait quand même. Dès lors, que peut faire un projet de loi visant à cacher davantage les symptomes des troubles psychologiques souvent tenus secrets par ceux qui sont concernés ?