Des filles maltraitées

Toujours victime, faible,
gourde ou allumeuse
La
domination des séries américaines et des dessins animés japonais
constitue, pour la formation des petites filles, une véritable
galère.
A
elles non seulement les rôles subalternes, mais aussi les tristes emplois
de victimes enlevées par les monstres et autres robots volants, ou de
spectatrices affolées (évanouissements, cris, pleurs, tandis que le héros
se transforme en Bioman, Spielvan ou autre Metalder).
Toutes les horreurs leur arrivent. Elles n'échappent à rien.
Victime permanente, presque consentante, la femme est toujours un être
geignard qui prend des coups avec résignation et parfois délec-tation. De
temps en temps apparaissent, dans ces séries et ces dessins à peine animés
d'Extrême-Orient, d'autres personnages féminins : la femme maléfique,
substitut de l'éternelle sorcière, ou la femme pot de fleurs qui vient
faire trois petits tours vaporeux et puis s'en va (« Maman, pourquoi les
belles dames viennent danser avec les méchants dra-gons ? »).
Les
séries policières américaines sont aussi accablantes. A quelques
exceptions près (« Pour l'amour du risque », « Superwoman »), le rôle le
plus couramment répandu est probablement celui de la prostituée
sympathique. Viennent ensuite : adjointe de policier ou policière et puis,
exclusivement, victime. Femmes ou petites filles affolées, tuées,
agressées, étranglées. Et puis violées. C'est tellement évident. Là où la
pornographie ne passe pas, on utilise la violence. On peut aussi faire de
la pornographie sans en avoir l'air. On la dit alors soft.
Aussi accablant que soit ce
constat, il préfigure à peine ce que sera la réalité d'ici peu. En effet,
ce que l'on voit sur nos écrans n'est rien à côté de ce qui nous attend si
la logique de l'argent facile ne rencontre aucun contre-pouvoir. Notre
destin audiovi-suel n'est guère difficile à imaginer. Il est d'ores et
déjà représenté par les émissions japonaises où à partir de 21
heures, toutes les filles sont en slip (le tabou japonais
du poil oblige le maintien de cet accessoire - qu'à cela ne tienne, on le
fera sponsoriser par un fabricant de maille !) et par les
séries où toutes les scènes de déshabillage se terminent par un viol.
Parviendrons-nous à éviter les « caméras cachées » (Asahi TV) donnant
l'occasion de mises en scène macabres et d'une extrême violence qui ont
parfois conduit à des suicides?
(Ségolène Royal dans Le
ras-le-bol des bébés zappeurs, p 67 et 68)
Analyse : Décidément, bien qu'elle les
critique Ségolène Royal n'a jamais du regarder les séries comme
Bioman ou dans le même genre, car les filles y ont exactement le même rôle
que les garçons, en étant bien représentées parmi les héros masqués.
Quant à la télévision japonaise, pour la décrire
dans ces termes, Ségolène Royal l'a-t-elle déjà regardée ne serait-ce
qu'une fois ? Ou bien fait-elle ses réquisitoires sur ce que on-ne-sait-qui a
bien pu lui dire sur le sujet ?