Réflexions en cours

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jeudi 21 juin 2007

Refonder la droite

Après son échec aux dernières élections, la gauche retourne réflechir aux raisons de sa défaite. Des expressions comme "il faut refonder la gauche" refont leur apparition, pour signifier qu'elle a manqué quelque chose aux évolutions de la société, qu'elle n'est plus adaptée aux défis actuels. A vrai dire, c'est une évidence. La gauche ne peut plus continuer comme actuellement. La question se posait d'ailleurs dans les mêmes termes en 2002, après l'élimination directe de Lionel Jospin à l'élection présidentielle. Le jeu délicat des motions, des synthèses, des consultations internes qui font le quotidien du Parti Socialiste ont permis de ne rien refonder du tout, et la gauche en est au même point qu'il y a cinq ans. Cela n'a pu que jouer dans sa défaite. Alors que le PS lance le débat pour "réactualiser le logiciel" aux milieux d'amertumes et luttes de personnes, on peut penser que le moment le plus propice pour mener de telles réflexions est quand il n'est pas déjà trop tard. En l'occurrence, pour la droite, il peut être nécessaire de commencer dès maintenant la réflexion qui lui permettra de construire le projet de société de dans cinq ans. Le fait d'être majoritaire apporte un cadre opportunément serein pour penser la façon dont il faut bâtir un mouvement politique en forme pour 2012. Avant que les conflits personnels et les contingences quotidiennes reprennent le dessus, il y a une fenêtre pour mettre ses idées au clair.

Pour cela, plusieurs étapes peuvent être envisagées. D'abord, il s'agit de faire l'état des lieux de chacune des composantes qui forment la droite et le centre droit. Dans ce cadre il est difficile d'ignorer les analyses de René Rémond en la matière. Il avait identifié trois courants qui cohabitaient au sein de la droite française, jusqu'à les appeler "les droites". Il s'agit des orléanistes, des bonapartistes et des légitimistes. Ces forces ont bien sûr évolué à travers le temps, mais ce ne sont plus les seules qui se situent de ce côté de l'échiquier politique désormais. A ce titre, les radicaux ou les chrétiens-démocrates forment désormais le centre droit, étant constamment rejetés à droite par l'apparition de nouveaux partis politiques d'extrème gauche. Une fois cet état des lieux, l'on pourra s'intéresser à ce qu'il se passe à l'étranger, où les mouvements politiques peuvent avoir des natures très différentes. Enfin certains traits du mouvement à construire pourront être tracés, en fonction des chantiers à mener. Il n'est donc pas trop tôt pour commencer la réflexion.

Photo : L'Express

lundi 18 juin 2007

La France d'après

Lors des élections législatives, les Français ont donné la majorité absolue des sièges de l'Assemblée Nationale à l'UMP, permettant ainsi au Président de la République Nicolas Sarkozy de pouvoir s'appuyer sur elle dans ses réformes, qui seront très certainement difficiles. Cela clôt une importante séquence d'élections, au cours de laquelle les pays s'est exprimé clairement dans la voie du changement proposé par Nicolas Sarkozy. Ces campagnes électorales furent difficiles, mais il faut bien être conscient que le plus dur commence aujourd'hui. Les réformes seront d'autant plus impopulaires qu'elles seront vastes. Alors que l'état de grâce a cours aujourd'hui, il ne faudra pas être surpris d'éventuelles défaites de la droite dans les diverses élections à venir. Cinq années lui ont été données pour accomplir son programme, mais celui-ci devra être appliqué au plus tôt, pour que les effets s'en fassent sentir rapidement. Ces cinq années devront être fortes, chargées et ambitieuses. A la fin de ces cinq années, la France ne devra plus être la même.

"La France d'après". C'était un slogan imaginé par un publicitaire proche de Nicolas Sarkozy lors de sa pré-campagne. On peut considérer les slogans pour ce qu'ils sont, c'est à dire des mots qui ne servent qu'à donner une apparence. Ici, cela ne dessert pas de donner une vision à celui-là. "La France d'après", c'est la France qui suit la "rupture" avec les pratiques précédentes. C'est la France où "tout devient possible" pour reprendre un autre slogan, c'est-à-dire où l'on est plus condamné à la fatalité. C'est la France qui devra être le résultat des politiques appliquées au cours des cinq prochaines années. Mais si le travail politique est important, et devra être surveillé, celui-ci n'est pas suffisant. "Ensemble", il faudra que nous nous attelions nous aussi à construire cette France rénovée. Il faudra donner à l'avenir une vision, instiller les graines des évolutions à venir. En voyant loin, c'est possible si l'on s'en donne la peine.

De toutes façons, en 2012, pour les personnalités politiques de droite, la situation sera très difficile. Il est déjà remarquable qu'elles aient réussies à être reconduites en 2007 : c'est la première fois qu'une majorité a été réélue depuis 1978, mettant à mal la croyance qui voulait que l'alternance soit systématique à chaque élection nationale. Cette fois-ci, la droite a réussi à conserver la majorité en présentant tout de même une certaine forme de rupture avec la continuité, avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, celui-ci promettant une méthode politique très différente de celle appliquée par Jacques Chirac. En 2012, ce ne sera plus possible. Le Président de la République aura été de droite depuis 17 ans, et Nicolas Sarkozy pourra difficilement proposer le changement par rapport à lui-même. Il ne lui reste alors qu'une seule solution pour pouvoir être réélu à ce moment là : réussir. Certes, il est fondamentalement impossible de réussir en tous points. Si le plein emploi est de retour, le débat portera sur le pouvoir d'achat. Si le pouvoir d'achat augmente pour tous, la question de la précarité sera posée. Dans les pays qui connaissent la prospérité économique, d'autres thèmes surgissent dans le débat et font l'objet de discussions virulentes. Pourtant, si aucune élection ne peut être gagnée d'avance, un excellent bilan est le meilleur fer de lance pour être reconduit. Il n'est toutefois pas suffisant. C'est pour cela qu'il est nécessaire que dès maintenant, l'on commence à réflechir à la vision qu'il faudra développer lors du prochain quinquennat. Cela doit s'allier au succès du mandat en cours, qui doit se traduire en résultats économiques, mais qui doit également donner lieu à un certain changement des mentalités. La tâche est colossale. Elle commence aujourd'hui.

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