Réflexions en cours

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lundi 28 juillet 2008

L'anti parti

A la fin du mois de juin dernier, Olivier Besancenot a réuni des comités en vue de la formation d'un "Nouveau Parti Anticapitaliste". Celui-ci viserait à élargir la LCR au delà de ses seuls convaincus trotskistes qui forment ses rangs actuellement, mais la nature des personnes visées est encore floue actuellement. Il s'agit certainement d'une tentative de fusion de l'ensemble de l'extrême gauche, des écologistes gauchistes tels que José Bové et des mouvements anti-libéraux dans le sillage d'ATTAC. Or toutes ces personnes n'ont pas une véritable vision de ce qu'il faut mettre en place en termes de politique, ce qui rend difficile la mise en place d'un programme constructif. Par contre, elles s'accordent plus facilement sur ce qu'elles n'aiment pas, et c'est là où le nom actuel de ce parti en devenir prend son sens : il est "anticapitaliste". L'union se fait donc sur un rejet commun, et la doctrine commune devient la liste de toutes les haines indélébiles. L'extrême gauche n'aime pas l'extrême droite, la droite, la gauche (considérée comme étant de droite), les communistes (encore trop mous) et tout ce qui se rapproche du réformisme. Les valeurs promues sont dès lors toutes "anti".

Il n'est pas si étonnant que ça de voir un parti se construire uniquement sur un rejet, et non sur un projet alternatif. Tous ceux qui s'activent dans de tels cercles avaient bel et bien une autre solution à proposer, et il s'agissait du communisme. Leur communisme à eux était vu comme révolutionnaire, à la suite de Marx, Lénine, Staline, Trotsky, Mao et Che Guevara, alors qu'il était surtout dictatorial. Ce modèle est pourtant mort désormais, totalement déconsidéré, n'ayant plus une once de crédibilité depuis l'effondrement du bloc soviétique, ayant prouvé son inefficacité et son mépris structurel des libertés les plus fondamentales. Il n'est dès lors plus défendable un instant. Voilà maintenant 150 ans que Karl Marx est quotidiennement démenti par les faits, il est ainsi compréhensible qu'Olivier Besancenot préfère s'abriter derrière l'étendard du rejet de ce qui est place, plutôt que de continuer à défendre le nom "communiste".

Il n'en reste pas moins une incompréhension fondamentale : toute l'extrême gauche répète inlassablement qu'elle ne veut plus de la société actuelle, qu'un "autre monde est possible", mais n'explique jamais lequel. Les communistes des années 70 s'appuyaient sur deux jambes : d'une part une violence verbale (voire plus que verbale) incroyable envers l'ordre existant, d'autre part la défense d'une doctrine utopique aux résultats profondément cachés dans les pays l'ayant appliqués. Aujourd'hui, ils n'ont plus que leur vieille rhétorique accusatrice et bloquante, où ils se permettent de mettre en cause à satiété, sans jamais accepter de se poser des questions sur eux mêmes...

lundi 14 juillet 2008

La base de la morale

La remise en cause de la religion par certaines figures des Lumières s'est transformé en un athéisme inédit à partir de la fin du XVIIIème siècle. Le refus de Dieu, de plus en plus souvent exprimé, et plus généralement le développement de l'agnosticisme ont bousculé les conventions sociales pourtant précédemment fermement établies. Des penseurs tels que John Locke pensaient auparavant que s'il fallait être tolérant et laisser toutes les religions s'exprimer, seul l'athéisme devait être refusé et combattu, en considérant que ceux qui ne croient en aucun dieu n'ont pas de référence morale. Dès lors, pourquoi accepter les règles de la vie en société lorsqu'aucune directive éminemment supérieure ne s'impose, n'est acceptée au fond de soi ? Celui qui ne croit en rien du tout n'accorde plus d'importance à rien, et se retrouve donc sans limite, sans interdit. Il peut représenter une menace potentielle pour la société. Il arrive parfois que l'on entende parler de ce genre de personnes aux actualités, dans le pire des cas lorsque des "déséquilibrés" armés commettent des massacres dans des écoles ou de quelconques lieux publics. Mais heureusement, de tels drames restent isolés.

Alors si Dieu est si fortement remis en cause, pourquoi la société ne s'est pas totalement transformée en une innommable anarchie ? Il s'avère que Dieu peut rester une énigme, une idée non contraignante, sans que cela empêche les hommes de croire en certaines valeurs importantes, des valeurs auxquelles ils adhèrent tellement qu'elle leur permet une vie en société apaisée en grande partie. On peut considérer que ce qui lie l'individu aux règles de la vie en société c'est la morale. Sans être forcément très érudit en philosophie, il peut être intéressant de retrouver quelques concepts pensés par Emmanuel Kant pour continuer cette réflexion. Celui-ci définit un impératif catégorique qui s'impose à tout homme : "Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen." Ici, Kant énonce le sentiment qui continue d'animer plus ou moins consciemment la plupart des gens, avec ou sans Dieu : l'humanité est la première priorité. Kant n'est absolument pas athée, il considère même l'existence de Dieu et de l'âme comme des postulats de la morale dans sa Critique de la raison pratique. Pourtant, l'humanisme qu'il défend en fin de compte peut s'en passer, à condition de croire en l'homme, et de se sentir sous l'inspection permanente de la morale.

En incitant chaque personne à suivre une conduite qui puisse être universalisable, Kant rappelle d'une certaine façon une formule qui est utilisée à juste titre dans l'éducation des plus jeunes : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse à toi même". Il élève seulement à l'humanité la référence finale. Kant pose comme postulat la liberté, car si l'homme n'avait pas de libre arbitre, il ne serait que le pantin des événements, sans responsabilité. Mais cette liberté d'action ne veut pas dire que l'homme doit faire tout ce qu'il est en mesure de faire. Il doit se fixer lui-même ses propres limites, pour que son action ne nuise pas à celle de son prochain, s'il considère l'humanité comme fin en soi.

On peut donc en déduire que c'est pour cela que chacun accepte de renoncer à une partie de sa liberté en se soumettant aux lois. Dans le cadre d'une démocratie, cette renonciation est d'ailleurs à relativiser dans la mesure où la volonté de chaque citoyen s'exprime dans le processus qui permet la conception de ces lois. A la base de la vie en société, la morale s'impose donc à chacun. Elle doit rester le principe fondateur.

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