Réflexions en cours

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samedi 20 octobre 2007

Le Parti Populaire espagnol

Lorsque tout va bien au niveau économique dans un pays, d'autres thèmes font invariablement surface pour occuper le devant de l'actualité. C'est le cas de l'Espagne aujourd'hui, qui se paie le luxe de voir ses polémiques se concentrer sur la mémoire du franquisme ou la place de l'Eglise. Actuellement, l'Espagne connait un taux de croissance largement supérieur à 3 %, le taux de chômage est en chute libre, et la performance économique est d'autant plus remarquable qu'au début des années 90, l'Espagne présentait encore un profil de pays pauvre en Europe, avec un taux de chômage de 20 %, quand celui-ci n'est plus que de 7 % de nos jours. Ainsi, quand l'Espagne accueillait les Jeux Olympiques et une exposition universelle en 1992, elle souffrait malgré les trompettes qui résonnaient. Mais au cours de la deuxième moitié des années 90, l'Espagne a rebondi de façon incroyable, justement au moment où le Parti Populaire pris le pouvoir en 1996, en mettant José Maria Aznar au pouvoir. Cette réussite éclatante fut portée à son crédit, tant et si bien que lors des élections de 2000, le Parti Populaire fut reconduit sans difficulté, laissant loin derrière le Parti Socialiste Européen. Mais en 2004, alors que l'Espagne continuait à bien se porter économiquement parlant et que le Parti Populaire était largement favori pour les nouvelles élections, celui-ci fut battu, de très peu certes, et surtout à cause d'une question de politique étrangère (José Maria Aznar ayant accompagné les Etats-Unis dans l'escapade irakienne, et mis le attentats de Madrid sur le dos des terroristes basques, à tort).

José Luis Zapatero a succédé à José Maria Aznar au poste de chef du gouvernement, en étant appuyé par une majorité de gauche. Il n'a d'ailleurs pas vraiment modifié la politique économique mise en place par son prédécesseur, ce qui a d'heureuses conséquences. Pourtant le conflit est fort entre le Parti Socialiste Espagnol et le Parti Populaire, les attaques échangées ayant une certaine violence verbale que l'on retrouve rarement dans le reste de l'Europe. Mariano Rajoy, l'héritier de José Maria Aznar à la tête du Parti Populaire, regrette certainement la défaite, quand l'avenir semblait tant promis à son camp. Quelques mois auparavant, cette famille politique avait démontré l'efficacité de sa politique au plan intérieur, et bénéficiait d'un soutien important de la part de la population. Créé par une alliance entre libéraux, chrétiens démocrates et conservateurs, le Parti Populaire était le modèle assumé de l'UMP française lorsque celle-ci fut fondée par Alain Juppé. José Maria Aznar avait réussi à refonder une droite moderne, ancrée dans l'Europe, alors que la droite était auparavant largement associée au règne de Franco dans la tête des Espagnols. C'est de cette façon que Felipe Gonzales avait réussi à garder le pouvoir 14 ans, de 1982 à 1996.

La droite espagnole reste un modèle pour toutes les droites européennes. Evidemment, il y a les propositions politiques qui sont enrichissantes pour les voisins, si ceux-ci essaient d'appliquer chez eux ce qui a fonctionné en Espagne. Mais il y a aussi l'esprit général adopté par le Parti Populaire qui peut inspirer. L'adjectif "populaire" est particulièrement intéressant, car il exprime la volonté d'amener la politique au niveau du peuple, pour que celui-ci se l'approprie afin que celle-ci ne soit pas le seul fait d'une élite. Cela traduit aussi le fait que la droite n'est plus complexée, elle assume ses idées, des idées au service de l'intérêt général. En France, comme en Espagne, la droite a longtemps été suspectée d'être le camp des méchants, à cause de compromissions avec des dictatures par le passé. Si l'on a rien à se reprocher, il n'y a pas lieu de constamment s'excuser. L'Union pour un Mouvement Populaire se veut proche du Parti Populaire espagnol, et il n'y a à vrai dire peu de choses qui les sépare. Dès lors, on entrevoit la possibilité d'un véritable mouvement de droite pan-européen. Un mouvement populaire...

vendredi 12 octobre 2007

De la droite française aux droites en Europe et dans le monde

Au cours des précédents billets sur les différentes familles de pensée de la droite, on a vu les nuances en terme d'idéologies entre chaque courant, telles qu'elles se sont souvent reflétées dans leurs histoires respectives. Il est possible d'imaginer une sorte de synthèse de ces différentes tendances, qui pourrait constituer un socle commun à la droite d'aujourd'hui et de demain. En reprenant les points forts de chacun, ce socle commun peut être fait de telle façon :

- la droite suit un engagement fort en faveur de la construction européenne. C'est le grand mérite des chrétiens démocrates de s'être fait les avocats constants de cette cause, pourtant difficile, comme on le voit depuis des décennies, nécessitant diplomatie et ambition. Cela signifie évidemment s'opposer aux souverainistes qui croient que la France est plus efficace seule, et encore plus aux nationalistes, qui sont par principe hostiles à ceux qui habitent au-delà de nos frontières. Trop souvent, ces dernières influences sont encore trop présentes, alors qu'il serait souhaitable que l'Europe soit un sujet de consensus national, et a fortiori à l'intérieur de la droite. Ce qui ne signifie pas considérer que tout ce qui vient de l'Union Européenne est nécessairement bien en soi, mais plutôt qu'il faut être prêt à améliorer ce qui ne va pas si tel est le cas, et à servir l'intérêt général à chaque niveau de décision.

- la droite souhaite que la France dispose d'institutions solides, lui permettant de traverser les éventuelles crises. Le principal héritage du gaullisme est bien la Vème République, qui a redonné des compétences au pouvoir exécutif et a diminué le rôle des pures combinaisons politiciennes et des jeux de chambres interminables qui aboutissaient à l'instabilité gouvernementale. Dès lors, le changement de ces institutions doit être considéré avec une précaution infinie, vu l'équilibre que la France a réussi à trouver depuis une cinquantaine d'années. Désormais, ce ne sont plus les institutions qui posent vraiment problème, c'est davantage le personnel politique s'il ne se donne pas les moyens de faire les réformes nécessaires.

- la droite se montre attachée à la République, à l'humanisme et à la laïcité. C'est l'héritage de la famille radicale... entre autres. Il n'y a que la gauche qui considère souvent être la seule à défendre les valeurs humaines, c'est la tâche de tous. Quant à la laïcité, elle n'est pas synonyme d'un athéisme obligatoire. Il s'agit de respecter les religions et de laisser libre les pratiques religieuses si celles-ci se font dans le cadre privé. - la droite est favorable a une certaine liberté sur le plan économique. Il ne s'agit pas là de croire naïvement à la perfection des apports de la main invisible, mais plutôt de constater d'une part que le capitalisme est le meilleur système productif qui existe, et d'autre de trouver le meilleur dosage quant à l'intervention de l'Etat. Actuellement, la France se repose un peu trop sur un Etat providence qui, en plus d'être coûteux, ne donne pas les résultats espérés sur les plans économiques et sociaux.

- enfin, la droite n'a pas peur du rétablissement une certaine autorité, déjà pour lutter contre le sentiment d'impunité en matière de respect des lois, mais également dans l'éducation, qu'il y en ait juste suffisamment pour que chaque enfant ait suffisamment de valeurs morales pour ne pas mal agir. Les voitures brûlées par exemple ne sont en aucun cas normal, mais ça ne s'arrête pas à ce simple point. Par contre, il n'y a pas grand chose à prendre au sein des véritables conservateurs, qui tendent davantage vers l'extrême droite.

Cela peut être considéré comme un début. Mais avant d'aller plus loin, on peut faire le pari qu'il y a également des leçons à apprendre des familles politiques qui agissent dans les autres pays d'Europe, ou bien du monde. Pour envisager l'avenir de la droite française, il peut être intéressant d'entamer une réflexion sur les différentes droites à l'étranger, comme une contribution à la pensée politique sur laquelle on se repose.

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