Réflexions en cours

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lundi 21 mai 2007

Elitisme contre populisme

Pendant la campagne présidentielle, une accusation qui a beaucoup été lancée contre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal fut celle d'être populiste. Cela se basait sur leurs discours, jugés simplificateurs, leur appel au peuple comme juge ultime (notamment en faisant valider leurs idées par les sondages), quitte à balayer d'un revers de main les remarques faites par d'éminents commentateurs.Ce "populisme", qui viserait à attirer les électeurs à coup de propositions à laquelles ils adhèreraient déjà, ne les orienteraient pas vers les concepts que la raison demanderait de prôner. Il les flatterait ainsi dans leurs bas instincts. Ceux qui accusent les personalités politiques de se prêter au populisme souhaitent qu'ils mènent plutôt une politique dont le peuple ne veut pas au premier abord. Ils se prêtent eux-mêmes alors à une autre accusation : celle d'élitisme.

L'élitisme est tout aussi mal vu que le populisme. Mais l'accusation d'élitisme est moins reprise, vu qu'elle vient précisément du peuple, lorsque celle de populisme vient des hautes sphères intellectuelles, à travers ceux que l'on appelle faussement les "leaders d'opinion", alors qu'ils le sont bien moins que ce qu'ils croient. La mauvaise impression que laisse l'élitisme n'en est pas moins forte, vu que c'est bien du mépris vis-à-vis d'autrui qui est ressenti. Les élitistes vivent un peu en vase clot, dans de hautes sphères où l'on se convainct mutuellement d'avoir les solutions refusées par un peuple ignorant. D'une manière générale, c'est la possibilité de faire accepter ses idées à tout à chacun qui est mise en cause, même en ayant les meilleures solutions du monde. Il faut reconnaître que certains sujets compliqués ne sont pas servis si l'on évite de les rendre accessible à ceux qui ne sont pas spécialistes de la question. C'est un écueil que doivent éviter ceux qui recherchent les suffrages de leurs concitoyens. Ainsi, Michel Rocard a souvent souffert de ne pas être suffisamment être compréhensible dans ses interventions. Pour que l'action politique soit acceptée par ceux qu'elle concerne, il faut qu'elle leur soit accessible. Les capacités de communication sont dès lors évidemment nécessaires et souhaitables. En parlant de Nicolas Sarkozy ou de Ségolène Royal, les gens leur reconnaissait une qualité commune : "on comprend ce qu'il/elle dit", "il/elle parle clairement". C'est en fait la moindre des choses dans un système où le mandat vient du peuple.

Il y a évidemment des sujets compliqués qui ne sont pas facilement accessibles à tous, pour autant l'accusation de populisme est regrettable. Elle ne traduit qu'un élitisme qui souhaiterait pouvoir s'affranchir du peuple pour pouvoir appliquer les politiques qu'il ne pourrait jamais comprendre. C'est une sorte de souhait d'un nouveau despotisme éclairé. Cela est tout à fait vain. D'une part, l'avis du peuple n'a pas à être rejeté. C'est après tout le premier concerné. D'autre part, il ne faut pas que les responsables politiques croient qu'ils peuvent faire ce qu'ils croient bon dans leur coin, lorsqu'ils peuvent et doivent convaincre leurs administrés de leur action. Cela demande plus que capacités techniques, mais cela n'en reste pas moins indispensable.

samedi 12 mai 2007

Libertaires et anarchistes

La doctrine libérale enseigne que le meilleur ordre possible est atteint lorsque chacun est libre d'agir selon ses convenances, avec le marché qui fixe l'équilibre entre l'offre et la demande, et qui donne à chaque agent économique l'information sur ce qui est utile de faire. Dans un tel cadre, l'Etat n'a pas vraiment sa place. Il est vu par les libéraux comme un obstacle à l'ordre naturel qui se met en place lorsque chacun est parfaitement libre. Il n'est toléré que pour garantir la sécurité de chacun, et pour empêcher qu'une entreprise prenne tant d'importance qu'elle en devienne un monopole qui limiterait la liberté des autres, ou pourrait amoindrir l'efficacité du système. Lorsque le libéralisme est appliqué également aux questions sociétales, cela devient du libertarianisme. C'est une vision du monde où la liberté individuelle est absolue, ce qui garantirait le bonheur de tous. La main invisible devient alors le principe moteur de toute la société, et non de la seule économie. Dès lors, le nombre de lois est très limité. L'Etat est vu comme un monstre tentaculaire, toujours tenté de s'étendre plus, qu'il faut combattre pour le contenir que dans le plus strict nécessaire.

Mais à force de prôner de plus en plus de libertés, et de moins en moins d'Etat, l'idéologie libertaire se rapproche de celle anarchiste. En effet, l'anarchisme voit également en l'Etat la structure qui fait que tout va mal. Toutes les règles et lois que celui-ci oblige les citoyens à respecter fait que l'ordre naturel des choses en est dérangé. Pourtant, l'anarchisme est considéré comme étant une mouvance d'extrême gauche, lorsque le libertarianisme, qui est un véritable courant politique aux Etats-Unis, est clairement marqué à droite par rapport à une gauche interventionniste. Ainsi, lorsque des principes opposés sont poussés chacun à leur extrême, ils finissent par se rejoindre. L'extrême gauche et l'extrême droite ont des ressemblances frappantes, notammant car elles se rejoignent sur l'adossement sur le totalitarisme. L'axe politique devient en fin de compte un cercle, où se trouvera d'un côté le centre, et de l'autre l'extrême, totalitariste.

La société communiste théorique annonçait également la disparition de l'Etat... Mais elle était précédée par la dictature du prolétariat de la société socialiste, qui n'était que la dictature de la bureaucratie. Si l'anarchisme d'extrême gauche rejoint le libertarianisme de droite sur leurs visions de l'Etat et de la liberté, il reste une distinction sur la propriété. Propriété considérée comme étant du vol, selon l'un des premiers anarchistes, Pierre-Joseph Proudhon. Il y a bien un courant anarchiste qui reconnaît la propriété, ce sont les anarcho-capitalistes. Mais la distinction reste floue, la seule question de la propriété empêchant ces deux aboutissements de raisonnement de se rejoindre totalement. Pourtant, chaque idéologie prône la recherche d'un maximum de liberté. Mais alors, qu'est-ce qui garantit le mieux cette libérté : la possession ou l'absence de possession ?

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