Réflexions en cours

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samedi 26 décembre 2015

Bienvenue au XXIème siècle

Le précédent billet de ce blog, écrit il y a plus de deux ans, se montrait très pessimiste. L'incompétence crasse du gouvernement et l'apathie généralisée des politiciens faisaient couler la France et pavaient la voie au Front National. Il a bien fini premier aux élections européennes. Mais rien ne s'est passé. Personne ne s'est vraiment interrogé sur ce qui n'allait pas, ce que eux, les politiciens, manquaient. Manuel Valls est devenu Premier ministre, Emmanuel Macron ministre de l'économie, ils ont seulement reconnus que le matraquage fiscal porté par le gouvernement Ayrault ne pouvait rien apporter de bon. Mais ils n'essaient pas de supprimer le déficit public en taillant dans les dépenses.

Rien ne change au pouvoir, et pourtant, il ne faut pas croire qu'en se complaisant l'immobilisme, rien ne changera autour de nous. La situation en Ukraine a tourné à la guerre civile, et a des relations extrêmement tendues avec la Russie. Les espoirs de la révolution du jasmin ont très vite été douchés. Si la Tunisie continue une vie à peu près ordinaire, tant bien que mal, les autres pays qui ont connu des changements de régimes ont rencontré de graves difficultés. En Egypte, les Frères Musulmans, arrivés au pouvoir par les urnes, ont finalement été évincés par l'armée et son nouvel homme fort, le général Sissi. Les pays occidentaux s’accommodent en fin de compte très bien d'une dictature, si cela permet d'éviter les islamistes. En Libye, le pouvoir soutenu par les occidentaux a fort à faire avec un autre gouvernement, là encore s'appuyant sur l'idéologie islamiste. En Syrie, Bachar el-Assad a combattu durement la révolution. L'occident n'a pas aidé les révolutionnaires, et les islamistes ont trouvé dans ce chaos un terrain propice, créant leur propre Etat Islamique, conforme à leur rêve de califat universel des musulmans. Ces guerres favorisent de grands déplacements de population, et donc une immigration de masse que l'Europe n'a pas voulu contenir. Les problèmes posés, là encore, semblent insurmontables, surtout sans volonté politique forte.

Il y a près de 5 ans, ce blog se demandait si l'on était vraiment pensé au XXIème siècle, considérant que les événements qui ont provoqué des bouleversements en France ont souvent eu lieu 14 ou 15 ans après le début nominal d'un siècle. On pouvait donc se demander ce qui allait se passer de si notable en 2014 ou 2015. On ne se demande plus. Les attentats de Paris en janvier et novembre 2015 ont donné le signal, montré ce qui nous attendait.

Aujourd'hui, l'Islam est atteint d'un cancer. Si la grande majorité des musulmans est pacifiste et ne souhaite que vivre tranquillement avec leur famille, la grand majorité des actes terroristes est commis au nom de l'Islam. Il ne semble pas qu'il y ait de pays où il y a une forte population musulmane et où il n'y a aucun problème d'extrémisme religieux menant à la violence. Après la peste brune des années 30, l'Islam est rongé par l'islamisme qui progresse, au grand dam des pacifistes musulmans ou non. Le rejet fondamental de la culture occidentale prônée par ces gens est un défi mortel qui s'adresse à des centaines de millions de personnes. Sur ce dossier, l'Occident se retrouve dans une position plutôt proche de la Russie, mais ces deux camps continuent de s'opposer sur leur frontière, en Ukraine et en Europe de l'est.

Voilà qui est bien triste à dire, mais en fait, tout se passe comme si la grille d'analyse de Samuel Huntington, le Choc des civilisations, était la plus pertinente. Le XXIème siècle, dans lequel nous venons finalement tout juste d'entrer, semble bel et bien condamné à être le théâtre d'oppositions féroces entre ces grands blocs, l'Occident, l'Islam, la Russie, la Chine, l'Inde... Après un XXème siècle consacré à dénouer la question des nationalismes et du communisme, l'Histoire évolue toujours en s'appuyant sur les situations passées et nous promet un nouveau siècle où à nouveau, rien ne sera évident, et la sagesse sera encore brisée par les divisions apparemment insurmontables. Cela n'a rien d'attrayant, mais voilà tout ce que le cours des événements semble vouloir nous proposer. Bienvenue.

mardi 1 octobre 2013

Quelles raisons d'espérer ?

La situation actuelle de la France est particulièrement déprimante. La première cause de cet état de fait est l'économie : le chômage atteint des records, la croissance est inexistante, et il n'y a aucun signal positif à l'horizon. Mais ce n'est pas la seule cause. L'insécurité est également un motif d'angoisse majeur pour une grande partie de la population. Suivent ensuite bien d'autres motifs. Ce qui est le plus déprimant, ce n'est pas tant le fait que la France ait des problèmes graves que le fait qu'aucune solution n'est en vue. Le pouvoir actuel s'avère bien plus inconséquent et incompétent que ce que ses pires détracteurs imaginaient lors de la dernière campagne électorale. Le matraquage fiscal d'un pays exsangue, la navigation à vue, une idéologie déconnectée de la réalité entraînent le pays vers les abimes. Or, en face, il n'y a pas de quoi être optimiste non plus. Des personnalités médiocres s'affrontent dans une pitoyable guerre de chefs, sans jamais se soucier du bien être de la France. Pas une seule idée neuve n'émerge, l'encéphalogramme est aussi plat qu'au gouvernement. A tous les stades de la vie politique, les questions ne tournent plus qu'autour d'hommes présents en politique que pour flatter leur égo, jamais pour apporter des solutions.

Le peuple en a marre. Il n'en peut plus de ce cirque qui n'en finit pas, et qui depuis trente ans, pourrit ce pays et est la cause de ses problèmes. Dans les urnes, ce seront les extrêmes qui en profiteront, même plus tant par adhésion à ces vues, que par pure défiance vis-à-vis de sortants qui craignent un tel vote. Evidemment, cela n'apportera aucune solution, et cela plonge encore plus le pays dans ses difficultés. Mais sans leur apporter de raison d'espérer, il est difficile de détourner les gens d'un bulletin en fin de compte kamikaze.

Les prochaines élections traduiront toute cette amertume en chiffres. On peut même craindre fortement que le Front National soit en tête aux élections européennes, un scrutin à un tour à la proportionnelle. Le signal de la crise politique sera lancé. Comment pourrait-il en sortir quoi que ce soit de bon ? Quelles sont les raisons d'espérer, à l'heure actuelle ? L'humeur des Français est sombre à l'heure actuelle. Ce n'est pas la première fois, mais les fois précédentes, ça n'a pas abouti à des choses très positives.

vendredi 12 juillet 2013

Que font les gens du voyage ?

Après la sortie médiatique explosive de Christian Estrosi le maire de Nice, après la démission du maire de Guérande, c'est désormais à Montpellier qu'on entend parler de la question des gens du voyage ces derniers jours. Ceux-ci occupent en effet les terrains d'entraînement du club de foot local sans autorisation, et menacent de bloquer l'autoroute demain, jour de grands départs en vacances, s'ils se font expulser. Evidemment, une telle action serait parfaitement contre-productive pour eux, dans la mesure où cela ne contribuerait à renforcer l'animosité qui s'exerce contre eux de la part de la population. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas besoin de ça.

Les gens du voyage forment probablement la communauté la plus mal vue de France. Même une bonne partie des militants anti-racistes ordinaires se taisent ou expriment des réticences à ce propos. C'est vraiment étonnant. Les gens du voyage souffrent de leur image de "voleurs de poules", et cette ostracisation a été bien dessinée dans l'album de Tintin Les bijoux de la Castafiore. Des décennies après, tout cela perdure. Pourquoi ?

Pour de nombreuses personnes, les gens du voyage représentent un problème bien concret. Leur installation sur des terrains sans en avoir l'autorisation entraînent souvent des dégradations et des nuisances. A cela s'ajoute l'accusation fréquente de participer à la délinquance. Ces impressions sont d'autant plus difficile à effacer que les gens du voyage sont mal connus, on ne sait pas de quoi ils vivent et n'ont pas vraiment de communication ouverte sur l'extérieure. Marginaux volontaires, leurs contacts avec le reste de la population sont rares et généralement acrimonieux. Si leur mode de vie était mieux connu, peut-être y aurait-il moins de problèmes.

Pour commencer, c'est vraiment la question de leurs activités professionnelles qui se pose. Quelles sont-elles ? D'après les quelques sources d'informations disponibles, elles peuvent être diverses :
  • Forain : c'est l'activité la plus identifiable. Gérer un cirque, un manège ou un stand de foire représente une activité que l'on peut facilement comprendre, et c'est même souvent apprécié de la part de la population qui les visite. A priori, ce genre de manifestations se fait avec des autorisations municipales, la question de l'accès à un espace de stationnement et de logement est donc organisé à l'avance, pour une période temporaire.
  • Ouvrier agricole saisonnier : une profession d'autant plus estimable que les bras manquent pour ces durs travaux. Mais l'agriculteur employeur peut de lui-même mettre a disposition un espace pour accueillir ses employés.
  • Commerçant : là, ça devient plus flou. Vendre quoi, à qui, où et comment ? Cela nécessiterait davantage d'informations, car il est mal aisé de se le figurer.
  • Ferrailleurs, brocanteurs : des professions qui laissent planer bien des suspicions... en particulier sur l'origine des marchandises revendues. Les cas de câbles de cuivres arrachés sur les infrastructures publiques engendrent la méfiance vis-à-vis de tous les ferrailleurs, accusés au mieux de recel, au pire de vol. De même pour les "brocanteurs" : si on les voit passer récupérer ce qui est destiné initialement aux grosses ordures, une source de produits en meilleur état est d'aller se servir directement chez le particulier. La fréquence de l'implication des gens du voyage dans des affaires de délinquance est malheureusement certainement supérieure à leur poids dans la représentation dans la population.
Au final, il est difficile pour les gens du voyage de rassurer la population sur leur respect des lois quand ils défoncent les portes et coupent les cadenas pour entrer sur leur lieux de stationnement sans autorisation. Ils peuvent dire qu'ils agissent ainsi car il n'y a pas assez d'aires de stationnement par rapport à ce qui est réglementairement prévu, mais d'une part, quand il y en a assez, elles ne leur conviennent pas toujours, et d'autre part, se faire justice soit-même est un mauvais mécanisme. Car avec ce raisonnement, cela légitime également ceux qui veulent user de violence pour les faire partir immédiatement.

Au fond, on peut remettre la nécessité même pour les pouvoirs publics de s'occuper de leur lieux d'hébergement. Actuellement, la loi est en fait prévue pour gérer la nuisance qu'ils représentent. Mais cela n'a pas forcément à être un jeu de mistigri dont chacun essaie de se défausser. De même que le reste de la population possède ou loue son logement, l'hébergement des gens du voyage peut, et même doit, relever du secteur privé. Si les terrains d'accueil n'étaient pas gérés par les communes, ils feraient l'objet de davantage de soins. On peut imaginer des opérateurs privés vivre de l'aménagement de tels terrains, de la même manière que la gestions de campings. On peut imaginer également que de tels terrains soient possédés par des associations de gens du voyage : ils seraient les mieux placés pour les gérer de la meilleure façon.

Personne n'oblige qui que ce soit à avoir un mode de vie nomade. C'est donc un choix individuel dont la collectivité n'a pas à être redevable, le secteur privé peut donc prendre le relais. S'il y a une demande, il peut y avoir une offre, et ce sera certainement la meilleure issue à ces questions d'occupations illégales qui créent toujours du conflit.

jeudi 4 juillet 2013

La chute de la presse de gauche

Le premier concerné fut l'hebdomadaire Marianne. Dès l'année 2012, ses ventes en kiosque diminuèrent fortement. Mais ce n'était pas le seul titre couvrant l'actualité à perdre une partie de son électorat. En effet, on apprit courant juin que les ventes du quotidien Libération avaient chuté de 40 % au cours des douze derniers mois. Quand on regarde les chiffres de l'année 2012, cette diffusion était déjà très faible. Dans plusieurs départements, il n'y avait même pas une centaine d'exemplaires du célèbre quotidien qui s'écoulaient chaque jour. Près de la moitié des ventes se faisaient dans la seule région parisienne, ce qui montre une certaine déconnexion vis-à-vis de la province, alors que c'est censé être un quotidien national. Pour dire les choses plus simplement : plus grand monde ne lit Libération en format papier. Le site est devenu payant. Cela réduit forcément le lectorat, et les rentrées d'argent supplémentaires ne suffisent pas à compenser la désaffection du papier. L'influence du titre va donc progressivement s'étioler.

Plus récemment, on a également appris que pour la première fois depuis des décennies, les ventes du Canard Enchaîné avaient diminué. Entre ces trois titres, il est aisé de voir un point commun. Ils avaient tous largement profité du passage de la droite au pouvoir. Leurs lecteurs pouvaient y lire des articles écrits par des gens ayant les mêmes opinions qu'eux, les rassurant et les confortant. Dès le quinquennat de Jacques Chirac, Marianne ne tournait plus qu'autour de Nicolas Sarkozy. Quant à Libération, ses unes étaient devenues parfaitement outrancières ces derniers temps vis-à-vis de tous ceux considérés comme les ennemis par les dirigeants du journal. Débarrassés de leur objet d'obsession, Nicolas Sarkozy, ces publications se retrouvent totalement démunies. La droite ne représente plus une vraie menace pour le lectorat. Pire, la gauche, arrivée au pouvoir, échoue terriblement, ce qui ne produit pas une activité heureuse à suivre pour ce côté de l'échiquier politique.

La presse française est de toute façon en crise depuis longtemps. Elle l'était avant même l'étranger : elle n'a pas qu'Internet comme défi à relever, elle devait également faire face à un système d'impression et de distribution gangréné par les conservatismes syndicaux, peu à même à produire un travail d'un bon rapport qualité/prix. Faute de ne pas vouloir s'adapter depuis trop longtemps, la voilà en difficulté. Pour une partie de la presse, les règlements de compte faciles ont pris le pas sur un journalisme de qualité. Cela a permis de retarder l'échéance, mais pour quel résultat ? Une sérieuse perte de crédibilité. Quand le vent tourne, il n'y a plus rien.

Comment cela finira-t-il ? Eh bien logiquement, les titres les plus gravement touchés par cette baisse des ventes devraient arrêter leur publication au bout d'un moment. Mais il ne faut pas se leurrer : ils crieront à la nécessité de faire vivre la diversité de la presse, même pour des titres sans lecteurs, pour obtenir des subventions publiques qu'on ne peut se permettre. Et ainsi, beaucoup d'argent sera gâché pour rien.

dimanche 23 juin 2013

Obama is watching you

Par rapport au scandale Wikileaks, la révélation du programme d'espionnage PRISM est bien plus troublante. Après tout, balancer une quantité énorme de transmissions diplomatiques internes au département d'Etat américain avait certes le fâcheux effet d'afficher les pensées de l'administration américaine, mais montrait également que les personnes concernées pouvaient se tromper, et après tout, personne ne pouvait affirmer faire mieux que les Etats-Unis en terme de double langage. "Parler de façon diplomatique" est bien un synonyme de "être hypocrite", et ça vaut pour tout le monde.

En revanche, dans le cas de PRISM, on tombe dans le genre de choses que seuls les Etats-Unis peuvent commettre, et qui sont au désavantage de tout le monde, Américains compris en fin de compte. L'administration Obama a en effet un accès libre aux données des différents géants de l'Internet américains, autant dire la plupart. Plus de secret, plus de vie privée face à l'Etat américain, celui-ci peut tout consulter de façon discrétionnaire, sans contrôle.

Quand ils étaient dans l'opposition, c'était exactement le genre de dérives auxquelles Barack Obama et Joe Biden s'opposaient. Mais arrivée au pouvoir, ils ont non seulement repris et poursuivi les programmes d'espionnage massif hérités du Patriot Act de George Bush, mais ils les ont également fait se développer. Alors ils pourront affirmer que leur raison d'être est la lutte contre le terrorisme, mais voilà, il n'y a aucun moyen d'en être sûr, vu que tout est secret. En théorie, c'est supervisé par le Congrès, mais rien ne ressort de là non plus. Sans aucune transparence, pas de "check and balance". Quelle est cette démocratie où ses propres citoyens sont constamment espionnés en toute opacité ? Le Président américain estime qu'il s'agit là du bon équilibre entre sécurité et respect de la vie privée. Il faut croire que dans ce bon équilibre, le bon niveau de vie privée est "aucune", reste à savoir si c'est vraiment utile à la sécurité du plus grand nombre, ou bien à qui cela profite vraiment.

En tant que telle, cela ravira les paranoïaques de tout poil, puisque l'ampleur de ce programme confirme de nombreuses sombres peurs. On se retrouve plongé en plein 1984, où toute notre vie est épiée, analysée par un système insondable. On nous dit que c'est pour notre bien, de faire confiance, mais cela se prête à toutes les dérives possibles en l'absence de contrôles. Les citoyens non Américains, innocents et même de pays alliés aux Etats-Unis ont encore moins de possibilités de s'inquiéter du programme PRISM, alors qu'ils en sont l'objet direct, les victimes quotidiennes. Cela rappelle bien des souvenirs aux Allemands de l'ex-RDA, qui croyaient s'être enfin débarrassés de la Stasi il n'y a pas si longtemps.

Mais aux Etats-Unis, le souci des politiciens est surtout de faire payer celui qui a révélé ce scandale, et le voilà qualifié de traître. Il n'a pourtant rien fait pour aider une puissance étrangère ni des terroristes, il a montré une dérive antidémocratique inquiétante, parfaitement contraire aux valeurs mêmes des Etats-Unis. Décidémment, le retour de l'idéalisme promis par Barack Obama est bien loin. Celui-ci, en bon Big Brother, pourra d'ailleurs bientôt compter sur le télécran, cet appareil essentiel à la domination des masses dans 1984. Il permet de regarder et d'être surveillé à la fois. Concrètement, il s'appellera "XBox One". Sous des airs de console de jeu, ce produit Microsoft permettra de filmer la population à tout moment, et devait obligatoirement être connecté à Internet quotidiennement. Sachant que les données collectées par Microsoft finissent aux mains du gouvernement américain, on avait enfin bouclé la boucle. Heureusement, les protestations homériques des consommateurs ont fait reculer la firme de Redmond. Mais pour combien de temps encore ?

jeudi 20 juin 2013

Comment sortir du débat sur le mariage gay

La condamnation à deux mois de prison ferme avec mandat de dépôt d'un manifestant hostile au mariage gay dimanche dernier interpelle forcément. A l'heure où on nous dit qu'il faut sortir du "tout carcéral" et que dealers et cambrioleurs sont relâchés promptement malgré de nombreux antécédents, la mise sous les verrous de quelqu'un qui n'a pas usé de violence, et qui en fait, n'a pas causé de tort à qui que ce soit passe ni plus ni moins pour de la répression idéologique. Le malheureux devient donc de facto un prisonnier politique, quelque chose que l'on n'avais pas vu depuis bien longtemps en France. Alors que les parlementaires de gauche oeuvrent pour l'amnistie des personnes ayant commis des violences lors de mouvements syndicaux, les non-violents hostiles au gouvernement sont mis au cachot. Pour rappel, José Bové n'a jamais purgé de peine de prison pour tous les saccages et destructions qu'il a commis devant les caméras. Où est la justice ? On peut être favorable au mariage homosexuel et dénoncer les traitements détestables réservés à ceux qui s'y opposent.

Au delà de ça, la question se pose sur la façon de sortir de ce débat sur le mariage gay qui n'en finit pas. Il parait que les opposants veulent profiter du tour de France pour manifester sur ce thème. C'est une très mauvaise idée. De même qu'il était inutile de perturber la finale de Roland Garros, il ne faut pas polluer de politique des événements qui ne le sont pas. Ou sinon, le seul résultat pour ces opposants sera de passer pour d'insupportables rabats joie et non pour des citoyens inquiets. Interpeller le Président de la République sur son passage est un geste démocratique, gêner un sportif quelconque dans l'effort est la marque des égocentriques.

Une partie de l'UMP, Jean-François Copé en tête, prévient d'ores et déjà qu'elle annulera cette loi lors de son retour au pouvoir. Une autre partie estime que c'est là mentir, et elle a raison. Comment "démarrier" des couples ? Ce serait bien une mesure insensible désastreuse face à l'amour. Du reste, ce n'est pas vraiment le problème. Car en fin de compte, ce qui d'un point de vue rationnel, gênait le plus de personnes, ce n'est pas tant le mariage civil homosexuel que l'adoption par des couples gays. On a appris pour l'occasion qu'il était déjà possible pour des célibataires d'adopter. Or le nombre de bébés français à adopter est en fait très faible. Du coup, ceux qui veulent un très jeune enfant se tournent du côté de pays étrangers, alors que la France a surtout des enfants âgés à placer en dehors de situations familiales compliquées. Et dans ces questions, le point primordial doit être celui du bien-être de l'enfant.

En premier lieu, un enfant doit pouvoir grandir dans une famille qui pourra prendre soin de lui, l'élever convenablement et l'aimer. Autant dire qu'avec ces critères, le processus d'adoption déjà très long et compliqué élimine les familles potentielles inconséquentes. Il sera donc moins probable pour un enfant adopté de tomber sur une mauvaise famille que pour un enfant naturel : il n'y a évidemment aucun permis à avoir pour faire un enfant de façon ordinaire.

Ensuite, les familles mono-parentales sont souvent le cadre de situations plus difficiles que celles où il y a deux parents. Evidemment, la quasi totalité de ces mères ou de ces pères font tout ce qui est en leur pouvoir pour bien éduquer leurs enfants, mais en étant seul, c'est forcément plus compliqué en termes de temps ou de revenus. Enfin, dans la mesure où les deux parents aimeront leur enfant de la même façon, s'il est possible de choisir, il est préférable pour l'enfant d'avoir à la fois un référent paternel et un référent maternel : un homme et une femme, ce n'est pas la même chose, et l'enfant pourra mieux s'appuyer sur ces complémentarités s'il a des parents de sexe différent.

L'opposition ne doit donc pas promettre d'abroger cette loi sur le mariage homosexuel. Toutes ces questions qui fâchent peuvent être résolus en mettant un système de priorités pour le choix des familles qui veulent adopter un enfant :
  1. Il est préférable pour un enfant d'avoir une famille plutôt que d'être dans un orphelinat.
  2. S'il est possible de choisir, il est préférable pour un enfant d'avoir deux parents, y compris du même sexe, qu'un seul célibataire.
  3. S'il est possible de choisir, il est préférable pour un enfant d'avoir deux parents de sexe différent plutôt que de même sexe.
Voilà qui pourrait suffire pour mettre fin à ce débat.

lundi 22 avril 2013

Indispensable fusion des régions et des départements

Le 7 avril dernier se tenait en Alsace un référendum potentiellement salvateur : il s'agit de fusionner le conseil régional d'Alsace et les conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Cela s'est terminé par un lamentable échec. Certes, le oui l'a emporté à la majorité des suffrages exprimés dans le Bas-Rhin et dans l'Alsace globalement, mais non seulement la participation était insuffisante (le oui n'a atteint le quart des inscrits nulle part, alors que ce devait être le cas dans les deux départements pour que ce référendum soit valide), le non l'a en plus emporté dans le Haut-Rhin. Cela consacre la victoire de tous ceux qui avaient pris position contre cette fusion : que des extrémistes.

Il faut dire que c'était là une bien trop belle opportunité : faire enfin des économies sur l'argent public ! Pour être très clair, l'existence des conseils généraux ne se justifie pas. Dans le mille feuille administratif français, régions et départements n'ont aucune utilité à vivre séparée, ce sont déjà des organismes qui ont tendance à enfler démesurément, la moindre des choses serait de mettre en œuvre des économies d'échelle en les regroupant. De telles économies doivent gêner : probablement les élus, que l'on peut démultiplier si jamais ils ne cumulent pas trop. Les syndicats de fonctionnaires, qui s'imaginent que la bonne gestion de l'argent public se fera sur leur dos. La population, si elle croit vraiment que ce n'est pas elle qui paye in fine pour avoir l'illusion de la proximité d'une administration quelconque.

En tant que tel, il y a peu de doutes : oui, conseils généraux et régionaux doivent être fusionnés, et ce, dans toute la France. L'Alsace aurait pu représenter une avant garde, mais il faudra bien que chacun y passe. Quand on se demande où est gâché les sommes phénoménales obtenues par des niveaux d'imposition record, c'est par là qu'il faut pointer du doigt. L'existence de ces honteux doublons administratifs est pire qu'un symptôme de la maladie qui atteint la France, c'en est une des causes. Alors pendant que le gouvernement et le Président français atteignent les bas fonds de l'impopularité en ne faisant rien d'important, qu'ils agissent au moins, et mettent sur le tapis un plan pour organiser de telles fusions partout en France. Au moins là, on aurait l'impression de commencer d'avancer.

lundi 15 avril 2013

Jusqu'où la transparence ?

François Hollande s'est lancé dans une croisade sur la "transparence" en politique, et y voit sa planche de salut maintenant que sa promesse électorale de "République irréprochable" a coulé corps et âme. Le grand public ne doit donc plus rien ignorer du patrimoine et des conflits d'intérêts des ministres, et voire même des parlementaires. Le procédé, aussi ennuyeux soit-il pour les ministres, ne vaut pourtant pas grand chose. En effet, Jérôme Cahuzac avait bel et bien rempli une déclaration de patrimoine une fois arrivé au gouvernement... où il avait soigneusement oublié d'inclure ses comptes bancaires à l'étranger. Le problème ici, c'est bien le mensonge. On va nous abreuver de déclarations qu'il faudra prendre pour argent comptant en nous prenant pour de gros naïfs. Si l'on doit combattre le mensonge en politique, le sujet est plus vaste. Si les politiciens mentent, c'est qu'ils croient que c'est dans leur intérêt. Ils diront toute la vérité le jour où ce le sera aussi.

Il y a 20 ans, Les Inconnus avaient parfaitement résumé ce qu'on pouvait voir et penser de tout ça. Rien n'a changé, bien sûr, et ces dernières semaines le confirment même plus que jamais.



mardi 9 avril 2013

Margaret Thatcher, une force transformatrice

La disparition de l'ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher a fait naître des réactions assez déplorables, et ce plus particulièrement de ce côté-ci de la Manche. Pourquoi se réjouir de la mort d'une personnalité politique démocratiquement élue ? A force de juger les choses de façon manichéenne, une partie de notre gauche est ravagée par la haine, avec ce genre de tristes effets. Doit-on rappeler qu'on peut avoir des divergences politiques sans perdre son humanité à force de rejeter ceux qui pensent différemment ?

Si Margaret Thatcher a le droit au respect de tout à chacun comme femme d'Etat, elle peut également susciter l'admiration par les résultats qu'elle a réussi à obtenir. Vu la Grande Bretagne actuelle, on a du mal à se souvenir ce qu'elle était dans les années 70 : au fond du trou, pas moins. Paralysée par les grèves incessantes, les syndicats égoïstes et un Etat obèse, la Grande Bretagne était considéré comme un pays à la régression rapide, un désastre inquiétant tous les autres pays développés. C'est dans ce cadre que Margaret Thatcher a réussi à se faire élire avec un programme de franche rupture avec le statu quo maintenu tant par les conservateurs que les travaillistes précédemment. Et chose étonnante : elle a tenu ses promesses, et mit son énergie à transformer le pays. Elle n'a pas cédé face aux éléments du blocage, et s'est battu pour ses convictions. Evidemment, on peut lui reprocher bien des aspects de sa politique, notamment son opposition à la construction européenne ou la "poll tax" qui l'a faite chuter. Mais les résultats sont là en matière économique, puisque la Grande Bretagne a connu des des décennies de dynamisme économique, un chômage en nette diminution quand celui de la France se maintenait toujours à des niveaux élevés, et surtout, un plébiscite populaire.

En tant que Première ministre, elle remporta les élections de 1983 et 1987, conservant sa majorité. Cela montre bien le soutien des électeurs à sa politique, alors que ce sont eux qui la subissent... ou en profitent. Après son départ du 10 Downing Street, les conservateurs gagnèrent encore les élections générales de 1992. A croire que les électeurs n'étaient pas dégoutés du traitement de cheval appliqué. Et pour que les travaillistes reconquièrent la majorité, il fallut qu'ils se déplacent considérablement sur leur droite, avec le New Labour de Tony Blair. Pour résumer : Margaret Thatcher a réussi à convaincre la population du bien fondé de sa politique, et cela s'est ressenti sur la mentalité générale britannique. Oui, à elle seule, elle a réussi à transformer son pays. A l'heure où la France souffre du manque de vrai changement, celle-ci conspue la femme qui a réussi à l'apporter chez nos voisins. Comment s'étonner, dès lors, de notre marasme actuel ?

jeudi 4 avril 2013

Le changement, c'était quand déjà ?

Il y a un an, nous étions en pleine campagne électorale. Les militants socialistes recouvraient la France entière d'affiches pour François Hollande arborant le slogan "Le changement, c'est maintenant". Nul besoin d'être un linguiste de haut niveau pour voir la double promesse en si peu de mots : changement, maintenant. Il a été élu, et 11 mois après, quel est le résultat ? Pas de changement, et s'il doit y en avoir, il n'est certainement pas maintenant. Ah, finies, les déclarations comme quoi François Hollande, connaissant parfaitement la gravité de la crise, était prêt à changer immédiatement la conjoncture économique par la politique menée dès les premiers mois de son mandat. Le retour à la réalité est rude. Les prévisions de croissance délirantes faites autrefois ne se sont évidemment pas concrétisées, les projets socialistes s'avèrent parfaitement irréalisables et même à l'international, rien ne se passe comme prévu. Pour résumer, on s'est fait plaisir en parlant de "rêve français", pour s'apercevoir qu'on rêvait bel et bien, alors que le réveil est des plus brutal.

Le tableau qu'offre la France actuellement est déplorable. Sur aucun point, la nouvelle majorité n'a permis d'améliorations. Les quelques mesures les plus intéressantes du programme de François Hollande peinent à se concrétiser : l'interdiction du cumul des mandats, par exemple, semble renvoyé aux calendes grecques, contrairement à ce qui était prévu. La lutte contre les déficits publics passe par d'importantes augmentations d'impôts, alors qu'il faudrait s'attaquer à la dépense publique. Rien n'est fait contre l'empilement des échelons administratifs, et la dernière réforme des collectivités locales renforçant même l'échelon départemental. Violences et cambriolages se multiplient, pendant que la Garde des Sceaux Christiane Taubira affiche sa volonté de mener une politique laxiste en matière de lutte contre l'insécurité. L'improbable ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, se pavane devant les caméras sans obtenir de résultats concrets, faisant office de dernier maillon d'une politique économique à la dérive. On nous a mentis sur le fait que la France n'interviendrait jamais militairement au Mali. Et bien sûr, le chômage augmente chaque mois considérablement, retrouvant des niveaux vus la dernière fois lors du précédent gouvernement socialiste, il y a une douzaine d'années.

Rien ne se passe comme le candidat François Hollande l'avait annoncé, mais est-ce vraiment une surprise ? Pas tant que cela, puisqu'on connaissait bien l'inexpérience au niveau gouvernemental tant du nouveau Président de la République que du nouveau Premier ministre. L'incompétence de François Hollande était bien documentée, affichée au conseil général de Corrèze comme à la tête du Parti Socialiste. Candidat de second choix après la chute spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn, on ne peut pas dire non plus qu'il est bien entouré. Ainsi, celui qu'on nous présentait comme le compétent du gouvernement, Jérôme Cahuzac, a été chargé de lutter contre la fraude fiscal quand bien même il fraudait le fisc lui-même. Aujourd'hui, les masques tombent, créant un scandale moral majeur. Ce n'est pas la seule hypocrisie, et désormais, chaque jour apporte de nouvelles révélations, permettant de mieux comprendre comment on en est arrivé là. Mais même si on ne s'attendait pas à ce que la nouvelle majorité travaille dans le bon sens, oui, on peut quand même être surpris que ça se passe si mal. Etre déçu alors qu'on n'espérait déjà pas à grand chose, voilà qui peut laisser bouche bée.

Aujourd'hui, il n'y a plus d'illusions. Le changement si promis n'arrivera pas. Quel avenir reste alors à la France ?

samedi 23 février 2013

La folle course à l'écran

Quand on créé une administration, elle doit se trouver une raison d'être. Et cette administration essaiera par la suite de justifier son existence en essayant de prendre part à un nombre croissant de dossier, favorisant bureaucratie et processus alambiqués. C'est comme ça que le CSA aimerait voir ses prérogatives s'amplifier, récupérer l'ARCEP pour pouvoir "réguler" télécoms et Internet. Le seul contrôle des programmes télés ne lui suffit pas, il faut qu'il puisse contrôler le destin de la télé en France, et aussi régulièrement que possible. On a déjà vu qu'il multipliait dans cette optique les changements de normes de diffusion. Malheureusement, il continue de travailler dans cette voie. Dans un rapport publié en début de mois, le CSA demande au Parlement de changer encore les diffusions de normes à travers une politique ubuesque à courte vue.

Le premier grand tort du CSA fut d'avoir voulu que la Télévision Numérique Terrestre se fasse au format de compression MPEG-2. On savait alors que le format MPEG-4 était plus performant et permettait la haute définition, mais il était alors considéré comme plus facile et plus rapide de passer au MPEG-2. C'est ainsi que la TNT fut lancée sous cette norme, et une longue, pénible et coûteuse campagne pour la transition entre l'analogique et cette TNT fut mis en route.

Quand il fallut décider comment utiliser les canaux libérés par l'extinction de l'analogique, le CSA décida de lancer six nouvelles chaînes... exclusivement en MPEG-4. Donc inaccessibles à ceux qui venaient tout juste de s'équiper en matériel compatible uniquement en MPEG-2. L'intérêt de ces nouvelles chaînes est d'ailleurs bien discutables : elles font doublon par rapport aux chaînes déjà existantes de la TNT (pas toutes utiles), et celle consacrée aux documentaires a même eu l'autorisation de diffuser des programmes radios nullement documentaires le matin.

Dans son nouveau rapport, le CSA découvre donc qu'il faudrait qu'il y ait plus de chaînes en HD. Pour commencer, avant d'en lancer de nouvelles, il aurait d'abord fallu permettre aux anciennes d'être toutes en HD. Pour le CSA, cela implique de laisser tomber le MPEG-2 et de forcer la conversion en MPEG-4. Il veut donc une nouvelle transition avec tout le fatras de la dernière fois dès 2015... et la nécessité pour les gens de changer à nouveau de matériel. Tout cela sera encore coûteux, puisque le CSA veut encore une aide financière pour aider les gens à changer de téléviseurs. L'Outre mer est passé directement de l'analogique au MPEG-4, mais pour la métropole, il faudrait donc faire deux fois ce qui aurait pu être fait en une seule fois. Quel gâchis ! Et 12 chaînes ne seraient pas encore en haute diffusion, même après tout ça.

Mais cela ne s'arrête pas là ! Le CSA veut également qu'une fois la norme MPEG-4 généralisée, on fasse encore un changement qui implique un rééquipement complet des appareils audiovisuels, avec les normes DVB-T2/HEVC. Le CSA pointe qu'il faudra rendre ce changement attractif pour que le public ne trouve pas cela totalement scandaleux. Or c'est là bel et bien un scandale. Ces changements de normes ne profitent qu'aux fabricants de produits audiovisuels. Le rapport du CSA reprend ainsi benoîtement leurs arguments de ventes : les normes DVB-T2/HEVC seront nécessaires pour diffuser de l'"Ultra Haute Définition", qui sera, oh, oui, beaucoup mieux qu'avant, qui était déjà la perfection.

"Selon ces experts [du secteur de la télévision], les avancées en termes de qualité d’image de la télévision en ultra-HD s'apparenteront à celles vécues lors du passage de la télévision analogique à la télévision en haute définition. La qualité ultra-HD s'accompagne d'une meilleure restitution de la couleur et le nombre d'images par seconde est plus élevé que dans les systèmes de télévision en vigueur aujourd'hui. Elle offrira des images d'un réalisme saisissant pour la plus grande satisfaction du téléspectateur."

Mais... qui donc se plaint de la qualité d'image des téléviseurs existants ? Est-ce vraiment le téléspectateur qui est satisfait de devoir changer tout son équipement régulièrement ?

Revenons en arrière. A l'époque des tubes cathodiques, la qualité d'image n'était déjà pas un problème. La vraie limite, c'était la taille de l'écran. Le tube cathodique prenait de la place derrière l'écran, et une diagonale d'écran élevée faisait des appareils proportionnellement volumineux en profondeur. La vraie innovation, ce fut donc les écrans plats, pas tant sur la place qu'ils permettaient de gagner que sur l'augmentation de tailles d'écrans qu'ils permettaient sans accroissement de l'emprise derrière. Or avec la définition utilisée dans les normes analogiques, cela rendait mal sur les écrans de tailles aussi grandes (plus de 70 cm). D'où l'introduction de la haute définition. Et upscaling ou pas, un signal basse définition rend mal sur un écran haute définition. C'est pour ça que la transition au numérique basse définition était une belle imbécilité. Voilà où on en est actuellement.

Ces dernières années, les constructeurs de téléviseurs sont en désarroi : tout le monde a fini par s'équiper en écran plat et les prix de ceux-ci, grâce à la concurrence, se sont effondrés. Ils cherchent donc de nouveaux relais de croissance, des nouveautés qui forceront les gens à changer de télé encore une fois. Auparavant, ils croyaient fort dans la 3D. Seulement, le public n'est pas intéressé par le fait de devoir porter des lunettes pour regarder la télé quotidiennement. Il s'agit donc d'un échec cuisant. Leur nouvel espoir est donc dans l'Ultra HD, avec beaucoup plus de pixels. Vu qu'il fallait déjà des écrans d'une belle taille pour que les bénéfices de la HD se fassent percevoir, quel est l'intérêt de la UHD ? Il y a deux possibilités :

La première est que cette meilleure résolution permettra de se rapprocher de l'écran. Mais à part les écrans d'ordinateurs et de tablettes, bénéficiant déjà d'excellentes résolutions, quel intérêt pour une télé ? S'imagine-t-on les gens rapprocher leur télé de leur canapé, ou l'inverse ? Généralement, cela dépend de la configuration des pièces uniquement.

La seconde possibilité est que cette meilleure résolution permette de fabriquer des écrans encore plus grands. Pour qu'on voit la différence avec la HD simple, il faudra des écrans de 2 mètres. A tout hasard, combien de personnes s'imaginent avoir un écran de 2m chez soi ? Pour ce "home cinema", il faudrait avoir vraiment avoir une grande pièce dédiée, et ne pas avoir peur de tourner la tête pour voir tel ou tel élément. Il peut y avoir un marché pour de tels monstres, mais il ne pourra concerner la majorité d'entre nous. Seuls les plus riches seront concernés.

Le CSA peut bien expliquer que des petits écrans existent déjà, ils ne serviront à rien du tout ! La seule perspective qu'on nous laisse, ce sont des murs écrans... ce qui nous envoie directement à l'anticipation faite par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 : des écrans envahissant l'espace et les vies, et dont l'acquisition devient la seule ambition d'une population décérébrée. C'est ce qu'on voudrait nous vendre, mais la limite sera quand même atteinte. Le CSA s'est planté sur le MPEG-2, la Radio Numérique Terrestre, la Télévision Mobile Personnelle, les industriels sur la 3D... Il est désormais question de remettre ça avec l'Ultra Haute Définition. Cela commence à bien faire. Le CSA devrait arrêter de suivre chaque mode pour se rappeler que l'intérêt du consommateur n'est pas le gâchis en matière d'électronique.

jeudi 14 février 2013

La gauche, comme la droite, mais en plus hypocrite

En janvier 2007, François Hollande dénonçait "la République des drôles d'amis", à propos des nominations présidentielles à d'importants postes, comme la tête du CSA. "On a un président de la République qui recase ses amis dans les plus hautes fonctions", disait-il alors. Il s'est dit "consterné" par la nomination de Michel Boyon à ce poste, car ne respectant pas le pluralisme. Ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de droite) Jean-Pierre Raffarin, Michel Boyon ne pouvait, selon François Hollande, faire respecter le pluralisme. Exactement six ans plus tard, voilà que nous avons François Hollande qui nomme... l'ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de gauche) Lionel Jospin, Oliver Schrameck, au même poste, pour succéder à Michel Boyon. Fi des inquiétudes sur le pluralisme ! Fi des questions sur la neutralité du président du CSA ! Fi des velléités de réforme du mode de désignation du président du CSA, exprimé en 2007 ! En matière de "République des drôles d'amis", la politique de François Hollande est bien de recaser ses amis dans les plus hautes fonctions, soit exactement ce qu'il reprochait à Jacques Chirac autrefois. Quand c'est la droite qui le fait, c'est scandaleux, mais quand c'est la gauche, voilà qui est tout à fait normal et même vertueux. C'est bien évidemment indéfendable, et quand on pose la question aux ministres du gouvernement actuel, ils n'ont plus qu'à dégainer langues de bois et mauvaise foi particulièrement risibles.

Tout le long de l'année 2012, François Hollande a réaffirmé que la France était partie pour retourner à 3 % de déficit public par rapport au PIB à la fin 2013. Il faut dire qu'en tant que candidat, François Hollande a bâti tout son projet présidentiel sur des hypothèses économiques notoirement fantaisistes. Il nous promettait pas moins de 1,7 point de croissance pour 2013, soit bien au-dessus de ce qu'imaginaient tous les experts en conjecture. Selon Michel Sapin, alors en charge du projet économique du candidat socialiste, expliquait que cet objectif pouvait être atteint "dès lors que les politiques adaptées seront adoptées". Et les années suivantes, les hypothèses de croissance tiennent du rêve éveillé : 2 % en 2014, pour finalement atteindre 2,5 % par la suite. Au final, l'équilibre budgétaire serait atteint à la fin du quinquennat.

Une fois élue, l'hypothèse de croissance pour 2013 n'était finalement plus que de 0,8 point, soit deux fois moins qu'espéré auparavant, mais ça ne remettait nullement en cause le retour aux 3 % de déficit selon l'Elysée. "La crise rend cet exercice plus ardu, mais d'autant plus nécessaire" expliquait François Hollande en septembre dernier. Il n'a pourtant pas fait grand chose pour diminuer les dépenses de l'Etat. Et maintenant, il s'avère qu'on n'aura même pas 0,8 point de croissance cette année, et évidemment on ne sera pas à 3 % de déficit en décembre prochain. Et le gouvernement d'expliquer que l'on pourra peut-être avoir un délai auprès de la commission européenne, la croissance n'étant pas au rendez-vous. Mais il a toujours été évident que la croissance serait très faible, et construire un programme économique sur ce genre d'hypothèses délirantes était dès le départ un non sens ! Il faudrait une bonne fois pour toute arrêter de financer des dépenses publiques ahurissantes par des paris perdus d'avance sur une croissance qui vient d'autant moins qu'on la fantasme.

On pourrait aussi parler de notre virée au Mali, dont on nous avait dit qu'elle n'aurait en aucun cas lieu, ainsi que de nombreux autres sujets du même tonneau. Mais le point final est que rien ne change : la gauche fait exactement ce qu'elle reprochait à la droite de faire, et ce retournement de veste expose une incroyable hypocrisie tout du long. Il ne faut pas s'étonner que les résultats ne soient donc pas meilleurs, loin de là.

lundi 4 février 2013

Bientôt, les cabines à suicide !

Le gouvernement français souhaite faciliter l'euthanasie à l'avenir, c'était un des engagements de François Hollande. La population est généralement pour, même si elle ignore ce qu'il est déjà possible de faire en la matière. Le but est de ne plus souffrir. Et il n'est plus question d'être débranché ou maintenu en vie artificiellement, mais bien d'une intervention extérieure pour tuer quelqu'un qui aurait sinon pu continuer à vivre. Un meurtre consenti en fait. Et encore, le consentement peut venir de la famille ou du médecin, ça fera l'affaire, le tout étant d'en finir avec une vie. Reste à savoir quelle genre de souffrance justifie de se faire suicider. Des souffrances physiques insupportables ? Cela va sans dire. Un handicap empêchant une vie normale ? Visiblement, c'est négociable. Le mal être, la dépression ? On arguera que la souffrance psychologique est une souffrance comme une autre. Voilà comment on en arrive à souhaiter que soit mis à disposition de tout à chacun un moyen de mourir rapide et indolore, à volonté. Ce doit être ça, le progrès social. Et c'est comme ça qu'on en arrive aux cabines à suicide...



Pouvoir mourir à tous les coins de rue, quand on veut, pour pas cher, sans souffrance (à moins qu'on préfère une mort douloureuse) est bien parti pour être l'avenir de l'humanité. Le dessin animé Futurama, créé à l'approche de l'an 2000 en imaginant l'an 3000, fait pour le coup preuve d'une belle anticipation. Dès son premier épisode, il introduit brillamment le concept de "cabine à suicide" qui semble bien parti pour être un objet quotidien. Certes, le concept n'a pas été mis en place en 2008 comme annoncé, mais au rythme actuel, ça ne saurait tarder.

La vie va bientôt devenir une valeur dépassée. Pourquoi lutter pour après tout ? Vous avez un coup de blues, vous êtes déprimés ? Plutôt que de chercher le soutien d'amis ou de la famille, suicidez-vous ! Voilà bien le message qu'on adresse à l'espèce humaine. On comprend bien que la société, plutôt que d'offrir une aide bienveillante à celui qui peine à surmonter de quelconques problèmes, préfère l'aider à en finir et ainsi à s'en débarrasser. Comme ça, le "souffrant" meurt rapidement, et il ne gène plus personne. Quel progrès enthousiasmant...

jeudi 31 janvier 2013

L'exil des créateurs

Avec Gérard Depardieu, Bernard Arnault ou Alain Afflelou, nous avons eu le droit à un certain nombre de polémiques sur l'exil fiscal. La politique actuelle d'augmentation massive des impôts fait des dégâts. Les plus gros revenus sont particulièrement mis à contribution, dans un effort de "solidarité nationale", d'autres parleraient d'extorsion institutionnelle. Le taux sur 75 % des revenus envoie un signal clair à ceux qui y sont soumis : "vous ne devriez pas gagner cet argent". Et le gouvernement se fait donc fort que ceux-là ne puissent toucher qu'un quart des fruits de leur travail. Un tel taux est évidemment confiscatoire et remet en cause le droit à la propriété individuelle (un droit de l'homme), et le Conseil Constitutionnel l'a donc naturellement rejeté. Mais l'ambiance de "chasse aux riches" persiste.

La France ne va pas bien, c'est indéniable. Comment pourrait-il en être autrement quand la lutte contre le succès est devenu une part importante de la mentalité collective depuis des décennies ? Les politiques publiques veulent réduire les inégalités, mais s'efforcent surtout de ramener tout le monde vers le bas. On le vois dans des bien des domaines, comme dans l'enseignement, où les classes préparatoires sont aujourd'hui attaquées car faisant de l'ombre aux universités. Mais c'est dans l'économie que c'est le plus manifeste. Quand quelque chose marche (comme les entreprises liées à l'Internet), il doit être imposé pour financer les secteurs sur le déclin. Quand un film est rentable, il doit servir à financer des films qui n'ont aucun espoir de trouver un public. Quand quelqu'un créé une start up et parvient à la revendre pour une somme importante, il ne doit pas en toucher les gains. Quand un dirigeant met une entreprise sur de bons rails, il ne doit pas espérer en profiter, ni lui, ni ceux qui ont investi dedans.

Le risque et la créativité ne sont plus récompensés. Le contrat moral de la réussite par l'effort est rompu, et c'est comme ça qu'on a eu le mouvement des "pigeons" qui se voyaient privés des fruits de leur travail. La France n'est plus un pays qui accueille la réussite, il est donc normal que celle-ci aille voir ailleurs. Les Français qui veulent créer des choses comprennent alors qu'il vaut mieux s'exiler pour pouvoir accomplir leurs rêves. Voilà comment notre pays perd son dynamisme et son économie ne connait plus que le marasme.

Dans son roman Atlas Shrugged, Ayn Rand imagine l'exil des principaux créateurs américains (entrepreneurs, innovateurs, artistes talentueux), exaspérés par le travail de sape d'une société socialisante, vers un village caché dans le Colorado. Là, ils peuvent enfin vivre selon leurs mérites personnels, pendant que le reste de la société s'effondre sans eux. Comme toujours avec ce genre de roman parlant de sociétés dystopiennes, le trait est forcé, exagéré jusqu'à la caricature. Mais en entendant ces histoires d''exils fiscaux et de fuite des cerveaux, difficile de ne pas repenser à ce scénario. Se pose pour nous une douloureuse question : le talent peut-il encore s'épanouir en France ?

mardi 22 janvier 2013

L'Europe est divisée ? L'Amérique l'est tout autant !

Hier, Barack Obama prêtait serment pour son second mandat. Son discours d'investiture fut une présentation de son programme pour les quatre prochaines années, qu'il aurait peut-être du faire plus souvent pendant sa campagne. Quoi qu'il en soit, il semble que l'ère du centrisme soit finie, il veut une politique qui régulera davantage la vente d'armes automatiques, qui ne touchera pas à la redistribution et qui s'oriente vers le mariage gay. Autant de points qui annoncent des batailles homériques avec la Chambre des représentants, encore solidement républicaine.

Le Président des Etats-Unis a toute légitimité de vouloir appliquer son programme. Mais le point majeur de sa candidature en 2008, plutôt que ces objectifs, c'était bien de prôner une politique apaisée et bipartisane, où républicains et démocrates se parleraient de nouveau. Quatre ans plus tard, la guérilla politicienne continue de plus belle, et cela semble bien parti pour continuer. Les accords pour trouver des budgets dans le cadre de cette cohabitation deviennent de plus en plus difficiles. Une date limite avait été fixée au 31 décembre 2012 pour régler des questions budgétaires majeures, elles ont eu du mal à démarrer et on eu lieu jusque dans la nuit du réveillon et même le lendemain, alors qu'un échec représentait un risque énorme pour l'économie mondiale. Une des solutions trouvée fut de... reporter à deux mois plus tard une partie des enjeux.

Voilà le genre de négociations auxquelles les Européens sont généralement habituées. Combien de sommet européen devant régler les difficultés de l'euro qui se sont achevés en pleine nuit, voire même sans compromis ? A vrai dire, on commence à croire que les décisions se sont toujours prises comme ça dans la construction européenne, en tout cas lors des dernières décennies. C'est que l'Union Européenne est traversée par des contrastes culturels forts, dépassant souvent celui pan-européen entre la gauche et la droite. Le nord a tendance a voir des finances publiques plus rigoureuses, quand le sud vit souvent au dessus de ses moyens. Les pays de l'est sont très atlantistes, alors que plusieurs pays de l'ouest, la France en tête, cherche à créer une voie en dehors des Etats-Unis. Les petits pays veulent une Union Européenne qui leur permettrait de jouer au plus haut niveau tout en gardant un rôle important, quand les grands pays cherchent à ce que les petits se contentent de se ranger derrière eux. Et à cela, il faut rajouter amitiés et contentieux du passé, le résultat de deux millénaires d'Histoire... Pas étonnant qu'il soit souvent si difficile de s'accorder.

Mais il s'avère qu'aux Etats-Unis, plus ça va, et plus le fossé se creuse au sein de la population. Chaque année, démocrates et républicains s'éloignent les uns des autres, et les possibilités de compromis deviennent presque inexistantes, alors le système de gouvernement américain repose sur ça. Pire, le compromis est vécu comme une compromission, une trahison qui sera sanctionnée par les électeurs. Les blocages se multiplient. Or lorsqu'on analyse la vie politique américaine, on se rend compte que ces clivages politiques sont également des clivages géographiques. Au sein des Etats eux-mêmes, les districts et circonscriptions sont découpés de telle manière à ce qu'ils soient assurés d'être remportés par l'un ou l'autre camp. Et de toute façon, les Etats sont de plus en plus ancrés dans un camp ou l'autre. La Californie ou New York sont solidement démocrates, quand le Texas ou le Missouri sont fermement républicains. A tel point qu'une élection présidentielle ne se décide plus que dans quelques Etats clés, les autres étant systématiquement attribués aux différents camps avant l'élection, de façon quasi-certaine.

Le Congrès américain est donc le théâtre d'affrontement entre différentes cultures qui traversent la société américaine. Il s'y manifeste le ressentiment de vastes zones géographiques du pays les unes envers les autres, et par exemple, pour les républicains de la campagne américaine, être de San Francisco ou du Nord Est américain veut dire être déconnecté des vraies valeurs américaines. Et c'est à cause de ces dissensions que les accords sont de plus en plus difficiles à trouver, au point de voir le système politique américain ressembler au fonctionnement des institutions européennes. Alors cela donnera peut-être du baume au cœur aux Européens ou désespérera les Américains, mais Etats-Unis et Union Européenne tendent bien à se ressembler davantage, ces derniers temps...
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