Réflexions en cours

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vendredi 12 juillet 2013

Que font les gens du voyage ?

Après la sortie médiatique explosive de Christian Estrosi le maire de Nice, après la démission du maire de Guérande, c'est désormais à Montpellier qu'on entend parler de la question des gens du voyage ces derniers jours. Ceux-ci occupent en effet les terrains d'entraînement du club de foot local sans autorisation, et menacent de bloquer l'autoroute demain, jour de grands départs en vacances, s'ils se font expulser. Evidemment, une telle action serait parfaitement contre-productive pour eux, dans la mesure où cela ne contribuerait à renforcer l'animosité qui s'exerce contre eux de la part de la population. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas besoin de ça.

Les gens du voyage forment probablement la communauté la plus mal vue de France. Même une bonne partie des militants anti-racistes ordinaires se taisent ou expriment des réticences à ce propos. C'est vraiment étonnant. Les gens du voyage souffrent de leur image de "voleurs de poules", et cette ostracisation a été bien dessinée dans l'album de Tintin Les bijoux de la Castafiore. Des décennies après, tout cela perdure. Pourquoi ?

Pour de nombreuses personnes, les gens du voyage représentent un problème bien concret. Leur installation sur des terrains sans en avoir l'autorisation entraînent souvent des dégradations et des nuisances. A cela s'ajoute l'accusation fréquente de participer à la délinquance. Ces impressions sont d'autant plus difficile à effacer que les gens du voyage sont mal connus, on ne sait pas de quoi ils vivent et n'ont pas vraiment de communication ouverte sur l'extérieure. Marginaux volontaires, leurs contacts avec le reste de la population sont rares et généralement acrimonieux. Si leur mode de vie était mieux connu, peut-être y aurait-il moins de problèmes.

Pour commencer, c'est vraiment la question de leurs activités professionnelles qui se pose. Quelles sont-elles ? D'après les quelques sources d'informations disponibles, elles peuvent être diverses :
  • Forain : c'est l'activité la plus identifiable. Gérer un cirque, un manège ou un stand de foire représente une activité que l'on peut facilement comprendre, et c'est même souvent apprécié de la part de la population qui les visite. A priori, ce genre de manifestations se fait avec des autorisations municipales, la question de l'accès à un espace de stationnement et de logement est donc organisé à l'avance, pour une période temporaire.
  • Ouvrier agricole saisonnier : une profession d'autant plus estimable que les bras manquent pour ces durs travaux. Mais l'agriculteur employeur peut de lui-même mettre a disposition un espace pour accueillir ses employés.
  • Commerçant : là, ça devient plus flou. Vendre quoi, à qui, où et comment ? Cela nécessiterait davantage d'informations, car il est mal aisé de se le figurer.
  • Ferrailleurs, brocanteurs : des professions qui laissent planer bien des suspicions... en particulier sur l'origine des marchandises revendues. Les cas de câbles de cuivres arrachés sur les infrastructures publiques engendrent la méfiance vis-à-vis de tous les ferrailleurs, accusés au mieux de recel, au pire de vol. De même pour les "brocanteurs" : si on les voit passer récupérer ce qui est destiné initialement aux grosses ordures, une source de produits en meilleur état est d'aller se servir directement chez le particulier. La fréquence de l'implication des gens du voyage dans des affaires de délinquance est malheureusement certainement supérieure à leur poids dans la représentation dans la population.
Au final, il est difficile pour les gens du voyage de rassurer la population sur leur respect des lois quand ils défoncent les portes et coupent les cadenas pour entrer sur leur lieux de stationnement sans autorisation. Ils peuvent dire qu'ils agissent ainsi car il n'y a pas assez d'aires de stationnement par rapport à ce qui est réglementairement prévu, mais d'une part, quand il y en a assez, elles ne leur conviennent pas toujours, et d'autre part, se faire justice soit-même est un mauvais mécanisme. Car avec ce raisonnement, cela légitime également ceux qui veulent user de violence pour les faire partir immédiatement.

Au fond, on peut remettre la nécessité même pour les pouvoirs publics de s'occuper de leur lieux d'hébergement. Actuellement, la loi est en fait prévue pour gérer la nuisance qu'ils représentent. Mais cela n'a pas forcément à être un jeu de mistigri dont chacun essaie de se défausser. De même que le reste de la population possède ou loue son logement, l'hébergement des gens du voyage peut, et même doit, relever du secteur privé. Si les terrains d'accueil n'étaient pas gérés par les communes, ils feraient l'objet de davantage de soins. On peut imaginer des opérateurs privés vivre de l'aménagement de tels terrains, de la même manière que la gestions de campings. On peut imaginer également que de tels terrains soient possédés par des associations de gens du voyage : ils seraient les mieux placés pour les gérer de la meilleure façon.

Personne n'oblige qui que ce soit à avoir un mode de vie nomade. C'est donc un choix individuel dont la collectivité n'a pas à être redevable, le secteur privé peut donc prendre le relais. S'il y a une demande, il peut y avoir une offre, et ce sera certainement la meilleure issue à ces questions d'occupations illégales qui créent toujours du conflit.

jeudi 4 juillet 2013

La chute de la presse de gauche

Le premier concerné fut l'hebdomadaire Marianne. Dès l'année 2012, ses ventes en kiosque diminuèrent fortement. Mais ce n'était pas le seul titre couvrant l'actualité à perdre une partie de son électorat. En effet, on apprit courant juin que les ventes du quotidien Libération avaient chuté de 40 % au cours des douze derniers mois. Quand on regarde les chiffres de l'année 2012, cette diffusion était déjà très faible. Dans plusieurs départements, il n'y avait même pas une centaine d'exemplaires du célèbre quotidien qui s'écoulaient chaque jour. Près de la moitié des ventes se faisaient dans la seule région parisienne, ce qui montre une certaine déconnexion vis-à-vis de la province, alors que c'est censé être un quotidien national. Pour dire les choses plus simplement : plus grand monde ne lit Libération en format papier. Le site est devenu payant. Cela réduit forcément le lectorat, et les rentrées d'argent supplémentaires ne suffisent pas à compenser la désaffection du papier. L'influence du titre va donc progressivement s'étioler.

Plus récemment, on a également appris que pour la première fois depuis des décennies, les ventes du Canard Enchaîné avaient diminué. Entre ces trois titres, il est aisé de voir un point commun. Ils avaient tous largement profité du passage de la droite au pouvoir. Leurs lecteurs pouvaient y lire des articles écrits par des gens ayant les mêmes opinions qu'eux, les rassurant et les confortant. Dès le quinquennat de Jacques Chirac, Marianne ne tournait plus qu'autour de Nicolas Sarkozy. Quant à Libération, ses unes étaient devenues parfaitement outrancières ces derniers temps vis-à-vis de tous ceux considérés comme les ennemis par les dirigeants du journal. Débarrassés de leur objet d'obsession, Nicolas Sarkozy, ces publications se retrouvent totalement démunies. La droite ne représente plus une vraie menace pour le lectorat. Pire, la gauche, arrivée au pouvoir, échoue terriblement, ce qui ne produit pas une activité heureuse à suivre pour ce côté de l'échiquier politique.

La presse française est de toute façon en crise depuis longtemps. Elle l'était avant même l'étranger : elle n'a pas qu'Internet comme défi à relever, elle devait également faire face à un système d'impression et de distribution gangréné par les conservatismes syndicaux, peu à même à produire un travail d'un bon rapport qualité/prix. Faute de ne pas vouloir s'adapter depuis trop longtemps, la voilà en difficulté. Pour une partie de la presse, les règlements de compte faciles ont pris le pas sur un journalisme de qualité. Cela a permis de retarder l'échéance, mais pour quel résultat ? Une sérieuse perte de crédibilité. Quand le vent tourne, il n'y a plus rien.

Comment cela finira-t-il ? Eh bien logiquement, les titres les plus gravement touchés par cette baisse des ventes devraient arrêter leur publication au bout d'un moment. Mais il ne faut pas se leurrer : ils crieront à la nécessité de faire vivre la diversité de la presse, même pour des titres sans lecteurs, pour obtenir des subventions publiques qu'on ne peut se permettre. Et ainsi, beaucoup d'argent sera gâché pour rien.

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