Réflexions en cours

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vendredi 29 janvier 2010

Menace sur les loueurs de voitures à double commande

Le permis de conduire représente un coût élevé pour les jeunes adultes, parfois même dissuasif. Un forfait comprenant des tests de code à volonté et les 20 heures d'apprentissage de la conduite avec moniteur obligatoires pour être présenté à l'examen coûte au minimum 1200 euros, souvent beaucoup plus dans la région parisienne avec la leçon de conduite supplémentaire pouvant dépasser les 50 euros. Il est bien rare que les 20 heures suffisent, et l'examen a en outre un taux d'échec important. Non seulement cette formation est chère, mais son prix augmente chaque année d'un montant supérieur à l'inflation. Et une fois la formation commencée dans une auto-école, il peut être difficile d'en changer. Ainsi, elles réclament pour la plupart au candidat un délai de six ans pour un transfert de dossier au sein d'un même département, et ce pour d'obscures raisons administratives. Chaque nouvelle année signifie une nouvelle génération de candidats potentiels supplémentaires, et vu l'étape quasi obligatoire dans la vie que représente le permis de conduire, les clients représentent un flux intarissable. Au vu de la lourdeur du processus d'installation d'une nouvelle auto-école, le secteur est à l'abris d'une concurrence interne intense.

Tout cela a contribué à faire de l'obtention du permis de conduire quelque chose d'extrêmement pénible et coûteux. Face à la recrudescence de personnes choisissant de rouler sans permis plutôt que d'en passer par là, avec tous les dangers que cela représente, les gouvernements ont cherché à trouver des solutions pour faciliter la vie des élèves. Ce fut ainsi la création du permis à un euro par jour, la future réforme de l'examen, mais une des bonnes idées fut la possibilité d'apprendre la conduite auprès d'un conducteur expérimenté dans une voiture en double commande. Ce qui a permis l'éclosion d'entreprises de location de ce type de véhicules.

Grâce à elles, un élève ayant fait ses 20 leçons obligatoires peut ensuite louer à moindre coût (environ une quinzaine d'euros l'heure) une voiture à double commande, dans laquelle il pourra se perfectionner et prendre confiance dans sa conduite en vue de l'examen, avec l'accompagnateur expérimenté de son choix. Celui-ci a accès aux pédales du véhicules, comme un moniteur, si jamais il estimait que la situation l'exigeait. De plus, ce véhicule peut être utilisé pour passer le permis en candidat libre, et éviter les coûteux "frais d'inscription" demandés par les auto-écoles, mais pas par les préfectures.

Voilà qui représentait enfin une solution astucieuse pour de nombreux jeunes élèves. Et autour de cette formule se sont formés des dizaines de nouvelles petites entreprises louant ces véhicules, d'autant plus appréciés par les familles aux revenus modestes. Evidemment, cela représentait également une nouvelle concurrence pour de nombreuses auto-écoles, soucieuses de ne pas voir s'échapper leur juteuse rente. Leur lobby a joué, et voilà qu'au moment des dernières fêtes, un décret est paru exigeant des accompagnateurs qu'ils aient suivi une formation spéciale quant à l'utilisation des doubles commandes... Une formation de quatre heures qui devrait coûter 500 euros.

Voilà qui tuerait directement tout ce nouveau secteur d'activité. En effet, les économies réalisées seraient ainsi effacées par le coût de cette formation supplémentaire. Ce motif ne cache pas du tout le désir d'éliminer toute concurrence aux auto-écoles et est tout à fait injuste. Aujourd'hui, les loueurs de voitures à double commande redoutent le jour où ce décret rentrera en application, et commencent à s'organiser à leur tour au niveau national pour le combattre. Faut-il vraiment vouloir la mort de jeunes entreprises astucieuses rendant un vrai service à la population ? Il s'agit bien d'un cas où un intérêt particulier s'oppose à l'intérêt général, et celui-ci doit être défendu face a ce type de corporatisme.

jeudi 21 janvier 2010

Aujourd'hui, la police ne doit plus poursuivre les voleurs

Certains faits divers ont tendance à se ressembler. On peut prendre comme modèle celui qui s'est déroulé dernièrement à Woippy : la police poursuit de jeunes gens dont elle a de fortes raisons de penser qu'elles sont dans l'illégalité (en l'occurrence, elles sont à trois sans casque sur un scooter avec les feux éteints en pleine nuit), les poursuivis décident de prendre la fuite car conscientes de leur entière illégalité (ici, il s'avère que le scooter était volé), et en prenant la fuite, prennent tellement de risques qu'un accident leur arrive. C'est ce qui suit qui est stupéfiant : la famille s'en prend à la police comme si elle était coupable de les avoir poursuivis, sans se poser la question de la nature des faits qui ont engendré cette poursuite, et l'accident devient rapidement un motif pour l'éruption de violences incontrôlées où des magasins sont saccagés et les voitures de personnes tierces sont brûlées. A chaque fois, personne ne se demande si un meilleur comportement de la part des poursuivis n'aurait pas suffi à éviter tout drame, plutôt que de s'en prendre aux forces de l'ordre.

Ce schéma se reproduit jusqu'à la nausée. Il avait par exemple entièrement joué dans le drame de Clichy-sous-Bois qui avait été suivi d'émeutes dans toute la France en 2005. Quand une poursuite tourne mal, c'est forcément de la faute de la police, et de façon incompréhensible, cela justifierait de brûler des voitures, quelles qu'elles soient. En France, nous vivons dans un pays où c'est le policier qui est l'accusé par principe, où le malfaiteur est une victime, et où il faudrait le laisser agir à sa guise sous peine de risquer des événements désagréables. Les gardiens de prison ont ainsi l'interdiction d'utiliser la force contre des détenus qui cherchent à s'évader. Les policiers n'ont l'autorisation de se servir de leurs armes uniquement si leur vie est directement menacée... mais même ce motif reste suspect.

Aujourd'hui, la police doit laisser faire les malfaiteurs. Il semble même que ça a été théorisé. On peut ainsi lire sur le blog d'un commissaire honoraire principal de la police nationale la réponse à la question "La police peut-elle se lancer dans une course-poursuite ?" :

"faut-il se lancer à la poursuite d’un véhicule dont le conducteur a commis une infraction ? La réponse est nette. C’est non. Trop de risques. Aux Etats-Unis, on n’a pas ce genre d’interrogation, mais en France, les consignes sont d’éviter les courses-poursuites, les conséquences pouvant être disproportionnées par rapport à l’infraction commise. Un vieux principe, que l’on doit encore (je l’espère) enseigner dans les écoles de police : le trouble causé par une intervention sur la voie publique ne doit pas être supérieur au trouble qu’il est supposé faire cesser."

Voilà qui est clair. Et à vrai dire, parfaitement consternant, dans la mesure où il s'agit ni plus ni moins que d'un permis de faire n'importe quoi. Avec cela, on est sûr de ne pas risquer grand chose si on ne se laisse pas arrêter. Il suffit de laisser présager une grande quantité de "troubles" à venir en cas de tentative de faire respecter la loi. On ne se pose plus la question de la justice, et l'impunité est totale...

Les policiers font évidemment un métier difficile, mais ils se trouvent comme handicapés par une société qui les empêche d'agir, ayant pris le parti de ceux qui ne respectent pas la loi. Elle est pourtant la base de la vie en communauté. Alors, plutôt que d'accuser les policiers quand ils font leur travail, pourquoi ne se pose-t-on pas la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux obtempérer quand les forces de l'ordre nous le demandent, ou même mieux, d'essayer de ne pas commettre de délits tout simplement ?

samedi 9 janvier 2010

Le gouvernement finance la presse en ligne

A la suite des états généraux de la presse, les sites internet d'information peuvent prétendre à une pluie de subventions semblable à celle dont profitent déjà les éditeurs de presse papier. Des sites comme Rue89, Slate.fr ou Mediapart seront donc directement financés par la Direction du Développement des Médias, dépendante du Premier ministre. Cela peut paraître paradoxal pour des sites tels que Mediapart de proclamer par monts et par vaux le refus de l'influence néfaste de la publicité pour en même temps accepter que le gouvernement puisse tenir les cordons de leur bourse. La presse d'information en ligne est d'ailleurs fréquemment d'opposition, mais ne voit pas d'inconvénient à être massivement subventionnée par la majorité. A cette aune, tous les vœux pieux d'indépendance volent en éclat. Et cela ne semble pas leur poser le moindre problème. C'est un signe tout à fait révélateur d'hypocrisie.

Cela n'est d'ailleurs pas tout à fait surprenant, puisque c'est l'ensemble de la presse d'information générale qui est totalement dépendante de l'aide accordée par le gouvernement. Ces nouvelles mesures ne font donc bien qu'étendre à la presse en ligne la situation malsaine qui prévalait déjà chez les journaux papiers. Comment peut-on croire qu'une presse de qualité doit nécessairement être soutenue par le pouvoir politique pour survivre ? Ne serait-il pas plus sain que les journaux atteignent leur point d'équilibre en gérant mieux leurs coûts, par exemple en améliorant leurs circuits d'impression et de distribution ? A cause de corporatismes, cette question est taboue, alors qu'elle n'en est pas moins centrale dans l'économie des médias en France.

L'Etat est déjà suffisamment en déficits pour ne pas avoir à déverser des dizaines de millions d'euros pour complaire à la presse. Dans l'état actuel, les pertes des journaux papiers ou en ligne sont structurels, et donc les subventions gouvernementales obligatoires pour survivre. Les états généraux de la presse ont été un lamentable échec, vu qu'une issue positive aurait du être la suppression de toutes ces subventions malsaines. Car dans cette affaire, on peut voir directement l'argent public jeté par les fenêtres chaque année. Et les doutes sur l'indépendance de la presse demeurent...

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