Réflexions en cours

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mardi 30 décembre 2008

De Paris à Prague

En septembre 1938, alors que la France signait les Accords de Munich scellant le sort de la Tchécoslovaquie, un général français en poste à Prague demanda à être relevé de ses fonctions, et se plaça a la disposition de l'armée tchécoslovaque. Louis-Eugène Faucher était en Tchécoslovaquie depuis 1919, y dirigeait la mission militaire française devant former l'armée tchécoslovaque depuis 1926, et ne voulait pas abandonner ce pays que la France avait aidé à obtenir son indépendance. Aujourd'hui, cet acte d'honneur figure en bonne place dans les épisodes de la relation franco-tchèque. Si seul un homme était conscient de la rupture qui se produisait entre les Français et les Tchèques, les bases d'une amitié sincère entre les deux pays en seraient forcément compromises.

Aujourd'hui, la République Tchèque semble n'avoir qu'une foi très modéré dans la construction européenne. En raison des événements historiques passés, on peut comprendre que la fidélité des Tchèques aille davantage envers les Etats-Unis que vers les autres pays du continent. Et, conséquence d'un atlantisme résolu, les projets de politiques européennes autres que celles de déréglementation et de libre échange sont mal vues par le pouvoir politique tchèque. Le passage de témoin entre Paris et Prague devient donc délicat, tant les différences d'opinion sont marquées entre les deux capitales. En étant le premier pays d'Europe de l'est à prendre la Présidence du Conseil Européen, la République Tchèque pourrait marquer le symbole du retour d'une moitié du continent au premier plan des affaires européennes. Malheureusement, le Président tchèque, Vaclav Klaus, est si virulent dans son euro-scepticisme que l'on en vient à se demander pour quelles raisons le pays a-t-il demandé à adhérer à l'Union Européenne. Après tout, ceux qui l'ont créé, au premier rang desquels Jean Monnet et Robert Schuman, n'ont jamais fait de mystère sur la vocation fédéraliste du projet politique naissant.

Toujours est-il que le 1er janvier 2009 marquera à la fois la fin de la présidence française et le début de la présidence tchèque. Le moins que l'on puisse dire est que la présidence française fut une présidence active. Le Président Nicolas Sarkozy s'y est beaucoup investi, et n'a pas hésité à bousculé ses partenaires pour faire avancer les dossiers. Cela a pu être diversement apprécié, mais cela a bien produit des résultats. Au final la présidence française peut notamment être satisfaite d'avoir permis un pacte sur l'immigration et un traité sur la sauvegarde de l'environnement, lancé l'Union pour la Méditerranée, apaisé les Irlandais quant aux réformes institutionnelles, et bien sûr coordonné les réponses des pays européens aux crises géorgienne et financière. Evidemment tout n'est pas réglé, et de nombreux dossiers sont encore en souffrance, mais en terme d'accomplissements, le niveau est bien au-delà de la moyenne des autres présidences.

De son côté, la nouvelle personne en charge de la présidence du Conseil Européen, Mirek Topolanek, le Premier ministre tchèque, devra commencer par faire adopter le Traité de Lisbonne par le Parlement. C'est en effet indispensable pour que la République Tchèque dispose de suffisamment de poids pour faire avancer les dossiers européens. La présidence tchèque suivra trois priorités : l'Economie, la place de l'Europe dans le monde et l'Energie. Pour ce qui est de l'économie, en n'ayant pas l'euro comme monnaie, les problématiques tchèques vont différer de 16 d'une majorité des autres pays européens. Le dossier de l'énergie sera intéressant à traiter, à commencer par la question de l'approvisionnement de l'Europe en gaz. Pour ce sujet, les relations des Tchèques avec les Russes sont notoirement très difficiles. D'une façon générale, comme les attentes vis-à-vis de la présidence tchèque sont faibles, elle aura bien plus de chances de surprendre positivement.

dimanche 28 décembre 2008

L'idéologie du pragmatisme

Parmi la partie la plus politisée de la population, on retrouve souvent des personnes qui jugent chaque événement en fonction d'une grille de lecture déterminée à l'avance. Une façon courtoise de noter ce comportement est de dire d'elles que ce sont des "hommes de conviction", ce qui est infiniment mieux qu'être quelqu'un qui change d'avis comme de chemise. Mais cette qualité peut très rapidement se transformer en un défaut assez nuisible : lorsque absolument tout se transforme en manifestations d'une idéologie globale selon ceux qui en sont partisans, c'est à chaque fois leur faculté de jugement qui en devient handicapant. Pour comprendre cela, on peut en prendre des exemples réels, mais extrêmes. C'est ainsi le cas des marxistes quelle que soit leur obédience : Karl Marx a développé une idéologie complète et cohérente, qui donne une explication à tout. De même, certains penseurs libertariens ont énoncés quelques principes jugés définitifs qui doivent en conséquence s'appliquer à tous, formant une autre idéologie complète et cohérente. Le problème vient du fait que cela ne garantit pas du tout la validité des thèses prônées. L'idéologie marxiste échoue complètement à détecter toute autres explications aux événements que les siennes, et rejettera mêmes les avis contraires sur la base de cette idéologie. Le résultat a été au mieux dommageable sur le plan du débat, au pire terrifiant sur le plan des libertés dans les pays communistes.

De façon moins grave, le débat politique reste encore perclus de prises de positions obtus et de préjugés indestructibles, en particulier sur ceux qui pensent autrement. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer certains mouvements sociaux lancés uniquement par hostilité à un camp auquel nulle confiance n'est accordée. De même, dans l'exercice du pouvoir, certaines décisions peuvent être prises uniquement sur une base idéologique. Le critère décisif devrait pourtant être l'efficacité vis-à-vis des objectifs recherchés.

D'une manière générale, c'est de pragmatisme dont le pouvoir a besoin. Le pragmatisme consiste à s'adapter au monde réel plutôt qu'à un monde supposé, et de ne s'attacher qu'aux politiques qui ont un véritable effet final. Très souvent le pragmatisme a été considéré comme une espèce de renoncement, au vu des concessions qu'il implique nécessairement. Tant et si bien que dans certains esprits, le terme pragmatisme est un synonyme de fatalisme. C'est certes un danger possible, mais la méthode à avoir est de définir des buts à atteindre, se doter d'un sens certain de l'éthique pour fixer les limites des marges de manœuvres, puis de voir quelle est la meilleure manière d'atteindre ces buts tout en gardant une moralité dans l'action. Il est certes possible d'avoir des débats sur les buts et les limites éthiques, mais ce serait déjà une bonne chose d'éviter les visions binaires de la société selon des cadres définis à l'avance.

Si toute pensée théorique et doctrine peut se montrer intéressante, celle qui doit donc prédominer est d'abord celle du pragmatisme. A l'heure actuelle, c'est déjà sur de nombreux dossiers celle suivie par le pouvoir en place en France : défini comme libéral, le gouvernement n'hésite pas pour autant à faire un usage massif de politiques keynésiennes pour relancer l'économie en période de crise grave. Cela n'a été précédé d'aucun drame idéologique, puisqu'il était entendu que chacun ferait ce qui est le mieux dans l'intérêt du pays. De même, en 1983, c'était déjà dans cette optique que le gouvernement de Pierre Mauroy avait abandonné les politiques socialistes pour d'autres plus rigoureuses, suite à un constat d'échec. Aujourd'hui encore, de nombreuses personnes le leur reprochent, mais le pouvoir avait alors pris la bonne décision. L'intérêt général doit toujours être le premier critère de jugement.

vendredi 26 décembre 2008

Arrivisme et trahison en politique

En 1969, Valéry Giscard d'Estaing se prononça en faveur du non lors du référendum organisé par le Général de Gaulle. Si la majorité des libéraux s'opposaient à la réforme du Sénat qui diminuerait leurs pouvoirs, VGE sait qu'il joue plus largement la fin du gaullisme dans ce référendum. Il compte alors faire de son camp une force indispensable au sein de la majorité de droite, et se révèle à ce titre comme la première personne faisant de l'accession à l'Elysée son objectif ultime, nécessitant un engagement constant. François Mitterrand le suivra peu après lui aussi dans cette voie-là, mais dans les années 60, il se préoccupe surtout de mettre fin à la Vème République qu'il trouve alors bien peu à son goût.

Entre 1969 et 1974, Valéry Giscard d'Estaing arrive donc à être incontournable, étant ministre des finances pendant toute la durée du mandat de Georges Pompidou. Et c'est alors qu'il occupe ces fonctions que, à la mort de ce dernier, il se lance franchement dans la présidentielle. Il s'oppose à Jacques Chaban-Delmas, son ancien Premier ministre, ce qui lui vaut l'oppostion des gaullistes de l'UDR, un mouvement puissant pouvant le gêner considérablement. Heureusement pour lui, il trouve en la personne du nouveau ministre de l'Intérieur, Jacques Chirac, une personnalité de l'UDR prête à faire campagne pour lui. Et ce pour deux raisons : Jacques Chirac apprécie peu Jacques Chaban-Delmas qu'il considère un adversaire de la mémoire de Georges Pompidou, son mentor, et bien sûr Jacques Chirac pourrait gravir les échelons politiques bien plus rapidement en cas de victoire de Valéry Giscard d'Estaing, en étant le lien naturel entre le Président et les gaullistes. C'est ce qu'il se passa, et Jacques Chirac devint Premier ministre.

Il se trouva par la suite que le nouveau Président méprisait largement l'UDR, ce qui facilita la prise d'indépendance de Jacques Chirac à son égard. Après avoir démissionné de Matignon, il prit le contrôle de sa famille politique en créant le RPR, et passa les cinq années suivantes à mener une guérilla contre l'Elysée, disposant d'une position forte pour cela à l'Assemblée Nationale. Le but ultime étant bien sûr de passer à l'étape suivante : que Jacques Chirac devienne Président lui-même. En 1981, la droite passa dans l'opposition, mais Jacques Chirac en devint le chef.

En 1993, elle remporta avec une majorité écrasante les élections législatives. Jacques Chirac refusa de retourner à Matignon, continuant de viser l'Elysée, et y envoya son ancien numéro 2, Edouard Balladur. Malgré ses serments à la télévision comme quoi il ne se présenterait pas à l'élection présidentielle, ce dernier se présenta quand même, créant une violente guerre de tranchées dans le même bord politique. Edouard Balladur se vit alors accompagné d'un grand nombre de personnalités de droite qui considérait tout simplement avoir plus de chances de gagner avec lui, et en choisissant le bon candidat, ils espéraient gagner un poste, une promotion.

Nicolas Sarkozy était l'une d'entre elles. Alors ministre du budget, il comptait d'abord obtenir un ministère majeur, avant de devenir Premier ministre (succédant dans son idée à Charles Pasqua, d'après ce qu'affirme celui-ci dans ses mémoires). Evidemment, il se serait alors posé comme l'héritier naturel du balladurisme. La victoire de Jacques Chirac à la présidentielle le fit traverser une traversée du désert (les postes du gouvernement d'Alain Juppé ayant presque tous été occupés par des gens ayant misé sur le nouveau chef, à l'exception de François Bayrou, qui accepta de retourner à l'Education Nationale pour rester dans le gouvernement). Mais dès son retour sur le devant de la scène en 2002, il assuma son objectif de succéder à Jacques Chirac et fit tout pour devenir un ministre puissant, efficace et populaire, puis prendre la tête de la droite avant d'en devenir le candidat presque incontesté en 2007.

Cela fait donc une quarantaine d'années que la course à la présidentielle est devenue le mètre étalon des ambitions. Les personnalités politiques qui apparaissent de nos jours se sont construites en apprenant les leçons des "vainqueurs" précédents. Elles reposent en bonne partie sur un arrivisme de moins en moins subtil, et une pratique de la trahison qui est presque considérée comme un art. Quelqu'un comme Jean-François Copé en est même arrivé à ne parler des affaires en cours aux journalistes exclusivement en termes de conséquence sur sa propre carrière personnelle. L'intérêt de la France est une notion qui ne semble pas lui traverser l'esprit, et traite volontiers d'hypocrites tout ceux qui viendraient à le lui reprocher, considérant qu'ils fonctionnent sous le même mode que lui. C'est possible, mais ça ne le grandit pas pour autant. Là où Nicolas Sarkozy servait ses ambitions en servant la France, Jean-François Copé ne cherche plus qu'à servir ses ambitions en jouant personnel et par les manoeuvres. A gauche, la situation est équivalente, si ce n'est que la longue présence de François Mitterrand à sa tête a rendu ces pratiques moins claires et plus sournoises. Et François Bayrou est lui-même un exemple vivant de quelqu'un prêt à tout pour accéder à l'Elysée, chacun de ses faits et gestes étant motivée par cet objectif.

C'est un lieu commun que de dire que l'être humain est ambitieux, et il en faut certainement une bonne dose pour affronter les défis qu'ont à affronter les personnalités politiques. Mais il ne faut pas que ça en arrive à un point où ce mélange d'arrivisme et de basses manœuvres écartent structurellement les bonnes volontés qui peuvent pourtant beaucoup apporter. On peut croire qu'assumer son arrivisme éloigne l'hypocrisie, mais il reste au final que cet arrivisme obtus est bien laid à contempler pour la population. Au final, le milieu politique doit se rappeler qu'il ne doit se tromper de cible.

dimanche 21 décembre 2008

L'influence du roi de Thaïlande

Alerte au Quai d'Orsay ! Fin novembre dernier, une crise politique étrangère a forcé le ministère des Affaires étrangères français à intervenir pour rapatrier ses ressortissants. Dans le cadre de manifestations contre le pouvoir en place en Thaïlande, des milliers de militants vêtus de jaunes ont bloqué le principal aéroport de Bangkok. La situation n'était à vrai dire pas vraiment dangereuse pour les touristes occidentaux, mais ceux venant de France se sont émus de leur impossibilité de rentrer chez eux pour cette raison, pointant le fait que d'autres pays avaient trouvé des solutions de secours pour leurs ressortissants. On peut se demander si les pays étrangers cherchent eux-mêmes à venir en aide à ceux qui sont souvent bloqués en France pour des raison habituelles, mais au delà du clin d'œil, on constate surtout l'aveuglement de nos touristes sur les situations locales des pays qu'ils visitent. Par dizaines de milliers ils découvrent chaque année les plages sublimes de l'île de Phuket, mais au delà de la drogue et de la prostitution qui constituent deux fléaux pour la Thaïlande, ils ignorent tout des situations politiques compliquées que traverse ce pays régulièrement. Le coup d'Etat militaire ayant écarté le Premier ministre Thaksin Shinawatra du pouvoir en septembre 2006 était déjà une bonne indication du climat tendu y régnant. Alors, que se passe-t-il en Thaïlande ?

La colère des "chemises jaunes" s'inscrit dans la suite directe des événements qui ont eu lieu depuis ce coup d'Etat. Le putsch contre Thaksin Shinawatra avait pour motif la corruption supposée de celui-ci, l'armée ayant alors décidée de protéger la Thaïlande contre sa mauvaise influence. De même, les "chemises jaunes" protestait contre l'action au gouvernement du Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère de Thaksin Shinawatra, son hériter politique en quelque sorte. Ils obtinrent satisfaction, un nouveau Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, venant du bord opposé, est désormais au pouvoir. Mais le facteur qui manque pour comprendre tous ces soubresauts politiques est l'importance du roi dans le système thaïlandais. Il n'est censé n'avoir qu'un rôle cérémonial, mais se retrouve au centre de tous les événements. Le roi actuel, Bhumibol Adulyadej, est au pouvoir depuis 1946. Il est resté en place malgré les nombreux coups d'Etat qui se sont succédés pendant cette période. Non seulement il ne les a quasiment jamais empêchés, mais il les a surtout souvent approuvés. Tout simplement parce qu'ils allaient dans le sens de sa volonté.

Le roi thaïlandais est une telle institution dans son pays qu'il est adoré par une bonne partie de la population et a une influence considérable sur les chefs militaires. Les charges de corruption reprochées à Thaksin Shinawatra étaient surtout le symptôme que l'homme n'était pas considéré comme assez royaliste. L'armée l'a délogé du pouvoir une première fois, les partisans du roi habillés de chemises jaunes ont délogé celui qui avait repris le flambeau la fois suivante. Le pays semble divisé entre partisans du roi d'un côté, et les partisans de Thaksin Shinawatra de l'autre, ces derniers arborant des chemises rouges pour leur part. Le rôle de la démocratie y est remis en question, dans la mesure où celle-ci n'est acceptée que dans la mesure où elle fournit des résultats conforme à la pensée du roi. Le crime de lèse-majesté est particulièrement grave en Thaïlande, et fait changer d'appréciation quant au rôle prétendument protocolaire normalement dévoué au roi. L'illusion peut subsister, mais les crises s'enchaînent pour cette raison.

La question qui demeure reste toutefois de l'avenir du système politique thaïlandais. A l'âge de 81 ans, le roi semble être proche de la sortie, qu'il le veuille ou non. Il n'a absolument rien préparé quant à sa succession, et de la nature de la personne qui lui succèdera, dépendra beaucoup l'évolution prochaine de la Thaïlande.

vendredi 19 décembre 2008

Un nouvel élan

La politique est un domaine qui s'occupe largement de gérer le présent, mais également de préparer l'avenir. Cette seconde tâche implique des actions, et pour que ces actions soient rapides, il faut qu'elles aient été elles-mêmes préparées. Il y a donc un besoin de préparer bien à l'avance les prochaines étapes politiques, pour être prêt face aux prochains défis et également anticiper davantage en ayant deux coups d'avance : un coup pour la réflexion, un autre pour la mise en pratique, à la suite de laquelle viendront les conséquences. Alors que le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy est actuellement mis en oeuvre, il y a donc de tous les côtés de l'échiquier politique la nécessité de préparer un nouvel élan pour la France.

A gauche, le Congrès de Reims aurait du servir à cela. Au final, une nouvelle direction en est sortie, il y a bien désormais une nouvelle majorité et une minorité interne au Parti Socialiste, mais cette distinction s'est faite assez peu sur les questions d'idéologie et de programmes. Il leur reste du travail. L'état actuel de la gauche ne donne pas d'indices fiables sur les résultats des prochaines élections nationales. Dans tous les cas, la droite et le centre auraient bien tord de se reposer sur le bilan du travail accompli. Il leur faudra à eux aussi créer une nouvelle force politique, aux idées et aux personnalités en bonne partie renouvelée. Le gouvernement actuel mobilise toutes les compétences, en tant que parti politique l'UMP oscille entre la léthargie et la médiocrité. Le centre droit et la droite doivent dès maintenant commencer à travailler sur une nouvelle base d'idées, d'anticipations et sur la réactualisation de leurs grilles d'analyses. Le but étant de proposer cette force nouvelle correspondant à la France l'heure venue.

J'ai, ici, tenté d'analyser successivement les différentes tendances de la droite et du centre droit en France, puis observé certains exemples de droites européennes et américaines. Cela aide à nourrir la construction d'une pensée politique. Toutes les approches, toutes les idées peuvent être intéressantes à observer. Il est possible d'en tirer des leçons, à mettre ensuite en relation avec l'actualité. Afin de continuer de creuser cette réflexion, j'essaierai pour ma part de définir les caractéristiques d'un mouvement qui pourrait constituer ce nouvel élan. Ce sera l'objet de prochaines réflexions, ici-même.

lundi 15 décembre 2008

"Ce qui est bon pour l'Amérique est bon pour General Motors, et vice-versa"

En 1953, lorsque Charles Erwin Wilson, le président de General Motors, était entendu par le Sénat sur la question de possibles conflits d'intérêts entre ses fonctions au sein du constructeur automobile et son futur poste de Secrétaire à la Défense, il répondu qu'il pensait que les deux emplois servaient à défendre des intérêts communs, les intérêts de General Motors apparaissant comme coincider avec l'intérêt général. A l'époque, l'entreprise était la plus grande du pays. Les trois grands constructeurs automobiles de Detroit sont depuis des décennies des entités colossales, dont la vie rythme la vie de l'Amérique. Charles Erwin Wilson n'est d'ailleurs pas le seul dirigeant de groupe automobile américain à être appelé à faire partie d'une administration, son homologue au sein de Ford, Robert McNamara, étant lui-même devenu Secrétaire à la Défense dans les années 60. Ford, justement, est une entreprise qui a marqué l'histoire économique, développant une méthode de travail ensuite transformée en modèle, le fordisme. Il a été question pendant de très nombreuses années de favoriser la demande en payant bien les employés, souvent en les augmentant proportionnellement à l'augmentation des bénéfices. C'est, après tout, une vision tout à fait légitime. Mais au fil des années, les salariés de General Motors, Ford et Chrysler ont fini par pouvoir compter sur de confortables avantages (bons salaires, bonne retraite, bonne couverture santé, etc.), et ce qui était la juste rétribution de leur travail a formé une forte différence avec de nouveaux venus, les constructeurs japonais.

Ceux-ci ont débarqué en Amérique dans les années 80, et ont proposé des voitures moins coûteuses et de meilleure qualité. Ils y sont arrivés grâce à des frais de personnel maîtrisés et surtout une meilleure organisation de travail. Les Japonais ont même réussi à proposer des modèles prenant mieux en compte les attentes de la clientèle américaine.

Samedi dernier, le sénateur américain John Kerry était à Poznan, en Pologne, à l'occasion de la conférence sur le climat organisée par les Nations Unies. Pendant le déjeuner, il a expliqué devant la secrétaire d'Etat française au développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, qu'il regrettait que les constructeurs automobile américains n'aient pas su anticiper ou même réagir aux enjeux de préservation de l'environnement, en continuant de ne proposer que des voitures imposantes et en conséquent polluantes. Les grandes voitures ont toujours eu les préférences des Américains, et donc les Big Three n'ont fait que répondre à la demande. Mais elles auraient pu améliorer l'attractivité de leurs véhicules s'ils avaient réussi à proposer des moteurs moins polluants, plus économes en pétrole, et des voitures plus respectueuses de l'environnement. Il a fallu que ce soit à nouveau Toyota qui se distingue en proposant les premières voitures hybrides au grand public, rebondissant ainsi sur la préoccupation grandissante de la défense de l'environnement. Puis, lorsque le prix de l'essence étaient à des niveaux jamais atteints, les véhicules trop lourds se sont révélés être des handicaps pour les automobilistes américains. Mais les constructeurs n'avaient rien à proposer à ce niveau-là.

Les difficultés financières des constructeurs automobiles américains sont anciennes. Voilà plusieurs années que les milieux économiques s'inquiètent de leur possible chute du fait des énormes engagement financiers auxquels ils doivent faire face pour payer les retraites d'une génération d'ouvriers baby-boomers. La crise économique actuelle semble être le coup de grâce à des entreprises déjà très mal en point. Les appels à l'aide des intérêts privés fusent auprès de l'Etat américain, faisant remarquer, que la faillite des conglomérats de Détroit nuirait gravement aux Etats-Unis. Une sorte de rappel de l'idée d'intérêts partagés. Les administrations Bush puis Obama seront tentées de réagir. Quitte à créer des distorsions de concurrence, forçant par enchaînement à ce que tous les constructeurs automobiles soient aidés par leurs pays respectifs. Si leur faillite serait moins grave que celle des banques, le secteur n'en est pas moins important pour les différentes économies. Mais dans le cas de General Motors, Ford et Chrysler, au-delà de chacun de leurs cas particuliers, on peut regretter avec John Kerry le manque de clairvoyance fatal quant aux produits, et voir ainsi s'échapper une porte de sortie.

La leçon vaut pour tous, y compris de ce côté-ci de l'Amérique. Et relancer la production en passant par le secteur automobile a une certaine pertinence, dans la mesure où les voitures ne peuvent être fabriquées trop loin de leurs zones de vente et impliquent toute une chaîne de fournisseurs. Mais au moins faut-il veiller à ce que cette relance profite surtout aux voitures les plus écologiques possible.

samedi 13 décembre 2008

Traité de Lisbonne : achèvement des ratifications en vue

Brian Cowen, le Premier ministre irlandais, a enfin admis l'idée d'organiser un nouveau référendum sur le Traité de Lisbonne. Après le résultat négatif du référendum du printemps dernier, l'Irlande risquait d'être le seul pays à ne pas avoir ratifié le Traité de Lisbonne. Elle est d'ailleurs l'un des deux derniers pays à ne pas encore l'avoir fait. Un par un, tous les autres l'ont ratifié, ce qui a fait un rythme élevé pour ces 25 pays, dans la mesure où le Traité de Lisbonne a été signé il y un an précisément, le 13 décembre 2007. Il faut dire que l'Union Européenne a bien besoin de sortir des dispositions du Traité de Nice, et l'échec du Traité Constitutionnel Européen n'a fait que ralentir la mise en place de changements institutionnels qui devenaient vraiment urgents. La Présidence française du Conseil Européen a montré le besoin d'un leadership fort de l'Union Européenne, que la présidence tournante rend très aléatoire.

L'autre pays qui n'a pas encore ratifié le Traité de Lisbonne est la République Tchèque. Le Président Tchèque, Vaclav Klaus, est un eurosceptique qui, en fin de compte, ne sert pas très bien la position tchèque en Europe par sa mauvaise volonté. Le Premier ministre, Mirek Topolanek, est plus ouvert à l'Union Européenne, mais n'en fait pas vraiment une priorité : alors que le Traité aurait du être ratifié cette semaine par le Parlement Tchèque, cela a été reporté de plusieurs mois pour d'obscures raisons de politique intérieure. En fin de compte, la situation tchèque ressemble à celle polonaise, l'attitude outrageusement égoïste en moins.

Au bout du compte, la République Tchèque et l'Irlande pourront avoir ratifié le Traité de Lisbonne d'ici l'été (si le peuple l'Irlande se penche sur les vraies questions du Traité), mais les élections européennes de juin prochain se feront encore très certainement sous les règles du Traité de Nice. Au moins les candidats peuvent-ils devancer les évolutions institutionnelles en faisant en sorte que les différentes campagnes portent sur des éléments de politiques européennes plutôt que sur des questions purement nationales. Et qu'en retour, les citoyens européens embrassent ces thèmes qui ont des répercussions immenses sur leurs vies, parfois même sans qu'ils ne le sachent.

jeudi 11 décembre 2008

Le politicien corporatiste

Xavier Darcos n'est peut être pas très original ou subtil en se lançant dans une n-ième réforme de l'Education Nationale, cette fois-ci portant sur la structure de l'enseignement au lycée, il n'en est pas moins que sa dénonciation de "la culure de la grève" repose sur une base solide. D'une manière générale, c'est même toute une culture de la protestation à outrance qui handicape la France, et qui finit par fournir un vacarme de fond pénible et continuel, parfois même tragique lorsqu'il arrive que des voix justes et utiles ne puissent plus être entendues, faute de pouvoir s'en extraire. Le principe en est simple : chacun se sent le devoir de porter ses préoccupations sur la place publique, et fera tout soit pour défendre ses propres avatages particuliers, soit pour en obtenir de nouveaux, jusqu'à l'irrationnel. Ce sont les professeurs qui font grève car leur ministre de tutelle ne parlent pas d'eux en voulant les flatter. Ce sont les agriculteurs qui réclament des aides publiques dès que les prix du marché sont trop bas, ou que les récoltes sont trop faibles. Ce sont les chercheurs qui s'effraient à l'idée que la recherche puisse être financée par le secteur privé. Ce sont les médecins qui veulent augmenter les prix des consultations. Ce sont les ouvriers du livre qui veulent préserver leur monopole et leur contrôle d'un système de distribution. Ce sont les notaires qui veulent que toute transaction immobilière passe entre leurs mains pour toucher leur pourcentage. Ce sont les motards qui ne veulent plus d'arbres le long des routes car ils ont trop tendance à rentrer dedans...

Bref, c'est bel et bien toute une culture consistant à crier contre tout ce qui est considéré comme une menace, même lointaine, même exagérée ou délirante, qui forme le fond du débat en France. L'intérêt général est vite oublié, même s'il est parfois invoqué de façon alambiquée dans les discours, seuls les intérêts particuliers s'exprimes. Ceux qui doivent pourtant agir malgré tout ça sont les hommes politiques. Ce sont eux, en théorie, les garants de l'intérêt général. Mais que peuvent-ils accomplir s'ils sont les seuls à s'en soucier ? Pour pouvoir agir et changer les choses qui ne vont pas, le politicien doit pouvoir avoir des responsabilités. En démocratie, il doit obtenir les suffrages de ses concitoyens, qui l'élisent et contrôlent son travail. Si chacun les jugent en fonction de ses propres intérêts, alors on pourrait penser que tous les intérêts particuliers des électeurs sont aussi ceux du politicien.

Inévitablement, ces différents intérêts particuliers viendront à rentrer en conflit les uns avec les autres. L'intérêt du médecin pour augmenter le prix de ses consultations n'est pas celui de ses patients, au budget limité. L'intérêt des usagers des transports en commun pour des transports de qualité n'est pas celui du cheminot, prêt à tout pour défendre son droit de faire grève. Le politicien ne peut donc satisfaire tout le monde en même temps, et ne peut donc bien accomplir son travail pour lequel il est élu et rémunéré. S'il y avait un politicien corporatiste, voulant défendre son métier et ses conditions de travail, il aurait plus à gagner à obtenir que la population pense davantage à l'intérêt général, que de souhaiter que son régime de retraite soit maintenu ou que son enveloppe parlementaire soit grossie. Mais aujourd'hui, l'homme politique est une cible facile, soit parce qu'il fait des choix difficiles, soit parce qu'il n'en fait pas en promettant tout à tout le monde. Dans les deux cas il n'est qu'un miroir : l'insatisfaction de la société ne fait que se retourner vers elle-même. En tous temps, en tous lieux, on a les dirigeants que l'on mérite. Et si l'on s'intéressait davantage à l'intérêt général, non pas l'intérêt général interprété comme étant une extension de soi-même, mais au vrai intérêt général, celui dans lequel on peut aussi avoir à perdre si cela peut faire gagner la société dans son ensemble ?

lundi 8 décembre 2008

L'Inde attaquée

La récente opération terroriste qui a eu lieu à Bombay ne peut laisser indifférent. L'Inde est loin d'être un pays fondamentalement pacifiste, en dépit de l'enseignement de Gandhi, mais les récentes violences ne peuvent être vues que comme des faits d'une gravité sans précédent. Les terroristes ont l'habitude de commettre leurs crimes en faisant exploser des bombes auprès de la population afin de répandre la terreur. Cette fois-ci, ils sont arrivés en grand nombre, tirant sur tout le monde sans distinction, dans le seul but de tuer et de créer la terreur. A 10 personnes, ils ont pris la vie de 164 Indiens et en ont blessés des centaines d'autres. Tout cela dans la première ville de l'Inde, Bombay, la capitale économique et touristique. Neuf des des terroristes ont été tués par les forces de l'ordre indienne, le dernier a été capturé vivant. Mais ces événements ont duré plusieurs jours, au cours desquels l'armée indienne est intervenue pour sauver les otages, sécuriser les zones et supprimer la menace. Au final, l'Inde a bien fait face à un acte de guerre.

Un acte de guerre qui n'est l'œuvre d'aucun pays. Le terme de "11 septembre indien" a été lancé. Cela a une certaine pertinence : un commando prêt à mourir débarque dans la plus grande ville pour y semer la désolation, avec des actes dont la portée fait penser à des opérations de guerre, mais sans être les soldats d'une quelconque armée officielle. Sur ces aspects-là, novembre 2008 rejoint septembre 2001. De tels méfaits demandent bien une préparation minimale, qui doit forcément s'accomplir quelque part. Pour le 11 septembre 2001, le plan avait été conçu par Al Quaida, une organisation dont le chef et des camps d'entraînement étaient hébergés en Afghanistan, par le régime taliban. Celui-ci et Oussama Ben Laden avaient d'abord démentis être impliqués dans la tragédie américaine, avant de le reconnaître (et de s'en vanter) plus tard, les preuves étant établies. La colère venue des Etats-Unis s'est abattue sur l'Afghanistan, et si les talibans continuent d'être actifs sans être au pouvoir, Al Quaida n'y a plus vraiment son refuge. Nombreux sont ceux qui pensent que tous les démons de l'Afghanistan se sont repliés dans le nord du Pakistan, une zone que l'armée pakistanaise ne contrôle pas, si jamais elle le souhaitait.

Les terroristes de Bombay venaient eux aussi du Pakistan, même si leur appartenance aux mêmes organisations que celle d'Oussama Ben Laden est loin d'être claire. D'une manière générale, le fondamentalisme musulman est un problème central pour le Pakistan. La démocratie pakistanaise, qui a permis de faire partir le général Pervez Musharraf du pouvoir pour y mettre le veuf de Benazir Bhuto, Asif Ali Zardari, reste assez faible. Il y a une forte agitation sociale extrémiste qui menace constamment le régime en place et qui risque d'instaurer la charia. Le travail des dirigeants pakistanais est celui d'équilibriste, à contenir les influences islamiques d'une part, et d'autre part rester de bonnes relations diplomatiques avec l'occident d'autre part.

La rivalité entre l'Inde et le Pakistan est forte, les tensions entre les musulmans et les hindous dans la région étant déjà une source de préoccupation à l'époque de la domination britannique. Au-delà des questions nationalistes se posant sur le territoire du Cachemire, ces opérations terroristes semblent augurer de nouveaux conflits qui ressembleraient à une guerre de religion. L'Inde tient le Pakistan comme responsable de ce qu'il s'est passé, mais le Pakistan condamne les actions des terroristes et affirme ne pas les avoir favorisés. Evidemment, ce que le Pakistan aurait du faire, c'est de les en empêcher lorsqu'elles se préparaient. Quand bien même le Pakistan en aurait la volonté, il est loin d'être certain qu'il en aurait la capacité. Au final, l'aggravation brusque des crimes accomplis par des fondamentalistes musulmans en Inde augmente le risque d'un terrible conflit dans cette poudrière. Et la menace extrémiste demeure vive, partout dans le monde.

vendredi 5 décembre 2008

Rembourser l'argent investi dans la formation de médecins

Dans l'émission Capital du 30 novembre dernier, un reportage portait sur les cliniques privées. On y voyait des employées administratives expliquer de façon innocente comment elles traquaient tout ce qui pouvait être considéré comme motif de facturation dans un dossier médical, des choses aux coûts parfois dérisoires, mais fréquemment facturées au prix fort. 85 % des revenus des cliniques proviennent de la Sécurité Sociale, qui y finance les soins des assurés. Les cliniques ont une plus grande liberté de facturation par rapport aux hopitaux, et cherchent à attirer en leur sein des docteurs qui pourront représenter une source de revenus. A tel point que dans certaines villes, les seules personnes compétentes dans certaines spécialités ne se trouvent que dans le système privé. Tout cela est coûteux pour la Sécurité Sociale, plus en tout cas que les soins prodigués par les hopitaux publics. C'est en contrepartie très rémunérateur pour les médecins qui choisissent cette voie-là. Et la rémunération est aujourd'hui le critère le plus important pour un grand nombre de praticiens. Pour s'en convaincre, il suffit de voir l'intensité de leur lobbying auprès des représentants politiques pour voir le prix de la consultation augmenter toujours plus. Nombreux sont ceux qui réclament auprès de leurs patients des honoraires excédants le remboursement de la Sécurité Sociale, les forçant à compter sur une éventuelle mutuelle, voire à payer directement le surcoût engendrés par ces soins.

Malgré les promesses de limiter les dépenses de santé, le déficit de l'Assurance Maladie continuer à aller de mal en pis, les patients voient leurs soins être de plus en plus chers, et les médecins sont les seuls gagnants au fil du temps. Les personnalités politiques peuvent s'étonner de voir les déficits se creuser, ils n'osent pas s'attaquer à toutes les facettes du problèmes. Les docteurs affirment souvent que leurs honoraires élévés sont la conséquence du nombre important d'années d'études qu'ils ont du faire pour avoir le droit d'exercer. Mais sur un domaine aussi important que la santé publique, et vu leurs revenus qui viennent en majeure partie des remboursements de la Sécurité Sociale, on peut être en droit de demander à ce qu'ils se sentent un peu redevables auprès de la société.

En France, les études de médecines à la faculté sont quasiment gratuites, la formation est financée par l'Etat dans le budget de l'Enseignement supérieur. Voilà des coûts que les médecins n'ont pas à rembourser. La société leur donne donc des connaissances qui, trop souvent, sont utilisées à but avant tout lucratif et rarement dans l'idée de faire du bien aux gens. Peut-être il y a-t-il quelque chose à faire à ce sujet. Par exemple, pourquoi ne pas demander à ce que l'argent généré par les dépassements d'honoraires soient rendus par les médecins à la faculté qui les a formés ? Si un médecin respecte les tarifs de la Sécurité Sociale, rien ne lui serait demandé. Mais s'il venait à les dépasser pour arrondir confortablement ses revenus, il pourrait lui être rappelé l'investissement que la France a fait en le formant, jusqu'à ce que l'argent accumulé atteigne les montants investis. Après tout, si la société doit être un paillasson sur le passage de la cupidité, elle aurait tort de ne pas protester, et d'au moins de demander que son argent lui soit rendu. Ce ne serait, en fin de compte, que justice.

mercredi 3 décembre 2008

Prendre le relais

Cela fait désormais plus de 18 mois que le gouvernement Fillon dirige la France. Sa feuille de route est claire, c'est d'appliquer les programme prôné par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était en campagne présidentielle. Si François Fillon est moins devant les caméras que le Président de la République, il n'en reste pas moins que son gouvernement est loin d'être inactif. L'Assemblée Nationale semble même s'en plaindre, protestant fréquemment contre l'agenda législatif que les députés trouvent toujours trop chargé. Si certaines mesures peuvent être appliquées par une seule loi, d'autres visent à accomplir des transformations qui demandent un travail s'étalant sur plusieurs années. Le rythme tenu est bon, certains progrès ou tentatives de progrès sont accomplis parfois via des renoncements qui limitent considérablement la portée de la politique appliquée, comme en matière de service minimum ou de réforme de la gouvernance des universités. Toujours est-il que la phase actuelle ne pourra pas toujours continuer, tout du moins pas sous la même forme. Il y a peu de chances que la population demande un retour à l'immobilisme, il faut donc éviter un pouvoir politique qui passerai progressivement de réformateur à gestionnaire. Il y a peu de chances que ce soit un jour l'idée de Nicolas Sarkozy que de prendre un tel tournant, mais l'expérience montre qu'au fil des années, le pouvoir use et le gouvernement en place devient le synonyme de l'ordre établi.

Bien sûr, en politique il y a la possibilité du remaniement ministériel, pour redynamiser l'action. Les rumeurs de remaniements sont d'ailleurs un fonds de commerce inépuisable pour les journalistes politiques qui jouent à "qui gagne, qui perd". Il y a aussi la possibilité plus spectaculaire de changer de Premier ministre. Chaque mandat présidentiel voit ainsi passer deux ou trois Premiers ministres, François Mitterrand s'étant distingué en en changeant quatre fois au cours de son second septennat. Mais la solution la plus forte pour un camp politique est celle de faire arriver de nouvelles idées, de mettre en avant un renouveau idéologique qui est alors accompagné d'un certain renouvellement des personnalités politiques. C'est ce qu'avait réussi à faire la droite en portant Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004.

Ainsi, deux ans après la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002 et l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, la relève a commencé à se préparer. Des propositions ont progressivement été élaborées avec pour objectif d'être mises en application un jour ou l'autre. Elles le sont aujourd'hui. Normalement, c'est le processus que devrait suivre le Parti Socialiste actuellement. Mais pour bien faire, la majorité serait bien inspirée de faire de même dès maintenant, pas forcèment pour être en concurrence avec le travail gouvernement en cours, mais pour pouvoir être en mesure de prendre le relais le moment venu. De chaque bord politique de nouvelles idées ou visions doivent être créées, pour que, dans un prochain temps, la France puisse sans difficulté bénéficier d'un nouvel élan.

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