dimanche 21 décembre 2008
L'influence du roi de Thaïlande
Par xerbias, dimanche 21 décembre 2008 à 23:42 :: Monde

La colère des "chemises jaunes" s'inscrit dans la suite directe des événements qui ont eu lieu depuis ce coup d'Etat. Le putsch contre Thaksin Shinawatra avait pour motif la corruption supposée de celui-ci, l'armée ayant alors décidée de protéger la Thaïlande contre sa mauvaise influence. De même, les "chemises jaunes" protestait contre l'action au gouvernement du Premier ministre Somchai Wongsawat, beau-frère de Thaksin Shinawatra, son hériter politique en quelque sorte. Ils obtinrent satisfaction, un nouveau Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, venant du bord opposé, est désormais au pouvoir. Mais le facteur qui manque pour comprendre tous ces soubresauts politiques est l'importance du roi dans le système thaïlandais. Il n'est censé n'avoir qu'un rôle cérémonial, mais se retrouve au centre de tous les événements. Le roi actuel, Bhumibol Adulyadej, est au pouvoir depuis 1946. Il est resté en place malgré les nombreux coups d'Etat qui se sont succédés pendant cette période. Non seulement il ne les a quasiment jamais empêchés, mais il les a surtout souvent approuvés. Tout simplement parce qu'ils allaient dans le sens de sa volonté.
Le roi thaïlandais est une telle institution dans son pays qu'il est adoré par une bonne partie de la population et a une influence considérable sur les chefs militaires. Les charges de corruption reprochées à Thaksin Shinawatra étaient surtout le symptôme que l'homme n'était pas considéré comme assez royaliste. L'armée l'a délogé du pouvoir une première fois, les partisans du roi habillés de chemises jaunes ont délogé celui qui avait repris le flambeau la fois suivante. Le pays semble divisé entre partisans du roi d'un côté, et les partisans de Thaksin Shinawatra de l'autre, ces derniers arborant des chemises rouges pour leur part. Le rôle de la démocratie y est remis en question, dans la mesure où celle-ci n'est acceptée que dans la mesure où elle fournit des résultats conforme à la pensée du roi. Le crime de lèse-majesté est particulièrement grave en Thaïlande, et fait changer d'appréciation quant au rôle prétendument protocolaire normalement dévoué au roi. L'illusion peut subsister, mais les crises s'enchaînent pour cette raison.
La question qui demeure reste toutefois de l'avenir du système politique thaïlandais. A l'âge de 81 ans, le roi semble être proche de la sortie, qu'il le veuille ou non. Il n'a absolument rien préparé quant à sa succession, et de la nature de la personne qui lui succèdera, dépendra beaucoup l'évolution prochaine de la Thaïlande.