Réflexions en cours

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mardi 27 février 2007

Trou d'air pour Airbus

Airbus est censé être l'exemple parfait de projet industriel européen, où chaque grand pays a mis ses meilleures entreprises concernées par l'aéronautique pour créer une ligne d'avions de lignes commerciales, pouvant être achetée par toutes les compagnies aériennes au monde. Lorsque l'on dit que les pays développés doivent se concentrer sur l'innovation et la haute technologie pour maintenir leur tissu industriel, on pense au secteur aérien, où l'Europe est à la pointe du progrès, et qui permet de faire rentrer beaucoup de devises étrangères vu le prix de ces engins. Et le modèle était d'autant plus vanté qu'Airbus était passé devant Boeing, le concurrent historique américain. Avec le lancement de l'avion géant A380, EADS devait tenir le produit permettant de regner longtemps sur le marché, en apportant une solution aux aéroports surchargés. Mais depuis un an, ce succès brillant est remis en cause. Aujourd'hui Airbus n'est plus mentionné que pour ses pertes et ses retards.

C'est justement du fait des retards de ce nouveau modèle qu'Airbus connait des difficultés, car ils entrainent des coûts de production supplémentaires, des pénalités, et des ruptures de contrats. Il est assez incroyable en fait qu'une entreprise aussi grande et aussi expérimentée qu'Airbus connaisse de tels problèmes. Ils doivent reposer en bonne partie sur des erreurs de management, et il faut reconnaître qu'Airbus n'est pas une firme tranquille à ce niveau, vu qu'elle connaît les conflits entre directions françaises et allemandes, les guerres de succession comme l'a montré l'affaire Clearstream, et en fait peut sembler trop décentralisée pour que tout soit contrôlé. Mais l'énormité du retard est quand même déconcertante.

La force de l'euro serait un autre facteur aggravant la mauvaise santé d'Airbus. C'est en tous cas ce que disent plusieurs hommes politiques français des deux bords. En fait, il s'agit d'une perspective développée par Louis Gallois, le nouveau dirigeant d'Airbus : l'idée serait d'augmenter la part de l'avion construite en dehors de la zone euro, pour diminuer l'influence de l'euro fort sur le prix. C'est un concept ahurissant, dans la mesure où Airbus a été précisemment fondé pour fournir du travail aux Européens, il est hors de question que cette entreprise soit délocalisable, tout comme accepter qu'il y ait des transferts de production et de technologie aux Chinois pour faciliter la signature du contrat est une mauvaise idée dès le moyen terme.

Actuellement, Airbus doit mieux s'organiser pour sortir de ces difficultés, afin que l'entreprise reparte ensuite sur de bonnes bases et se développe à nouveau. Mais il doit être clairement dit que toutes les étapes de la construction d'un Airbus doivent rester en Europe. Car si les industries de haute technologie doivent aussi disparaitre, nous pouvons tout de suite renoncer à ce que l'Europe reste une force économique importante.

dimanche 25 février 2007

Les éternels candidats

Depuis que l'élection du Président de la République française se fait au suffrage universel, on a vu bon nombre de candidats tenter à plusieurs reprises leur chance, malgré les échecs électoraux. Les exemples sont pléthoriques : François Mitterrand a tenté sa chance en 1965, 1974 avant de réussir en 1981. Jacques Chirac a commencé cette même année de 1981, pour finalement y arriver en 1995 à la troisième tentative. Jean-Marie Le Pen est candidat depuis 1974, de même qu'Arlette Laguiller, qui n'ayant pas raté l'élection de 1981, a le record de tentatives : en 2007, elle sera candidate pour la sixième fois. S'ils n'arrivent pas toujours à réunir le nombre suffisant d'élus pour parrainer leur candidature, les petits candidats tentent à chaque fois de participer à l'élection, comme le montrent Antoine Waechter ou Nicolas Miguet. Si cette fois-ci, les deux favoris, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont neufs de ce point de vue, on assiste à la deuxième candidature de François Bayrou, Philippe de Villers et de Dominique Voynet depuis une douzaine d'années.

Comme on l'a vu avec les succès tardifs de Jacques Chirac ou de François Mitterrand, les défaites d'une année ne présagent pas forcément d'un prochain échec. Voilà l'espoir sur lequel repose la volonté des éternels candidats de renouveler l'expérience. Cela est certainement du à la personnalisation de la politique engendré par le scrutin choisi. Le suffrage universel fait reposer l'élection sur la rencontre entre un homme et un peuple, alors que le poste de Président dispose de beaucoup plus de pouvoirs que dans une grande partie des voisins européens de la France. C'est le lot des régimes présidentiels, dont la France partage beaucoup de caractéristiques. La question de la personnalité du candidat y est aussi importante que les idées qu'il défend en compagnie de ses soutiens (dans son parti politique). Et dans les grandes puissances occidentales, ce type de régime est plutôt rare. Le cas le plus proche et le plus connu est celui des Etats-Unis, où tous les quatre ans l'élection présidentielle est un événement d'une importance considérable qui voit s'affronter deux personnes passées par un long processus de sélection, un choc d'ambitions de longues dates qui a une influence sur le cours de l'Histoire du monde. Le principe est donc le même en France, à une taille plus modeste, mais ce qui change c'est que les candidats qui ont été défaits n'hésitent pas une seconde à se représenter. Aux Etats-Unis, depuis la deuxième guerre, il n'est arrivé que deux fois qu'un candidat investi pour l'élection présidentielle se représente après un échec. Le premier cas est celui d'Adlai Stevenson pour le parti démocrate, qui a échoué en 1952 et en 1956. Le deuxième est celui de Richard Nixon qui, après avoir été vaincu par John Kennedy en 1960, a remporté l'élection en 1968. En France, la candidature de long terme relève presque de la règle. Ainsi, lorsque Lionel Jospin avait été battu en 1995, la réaction du Parti Socialiste fut de se féliciter d'avoir trouvé en lui un grand dirigeant pour les années à venir, indiquant implicitement qu'il serait candidat en 2002.

Pour être honnête, il faut avouer que les éternels candidats existent aussi aux Etats-Unis, mais ils le sont plus à l'investiture qu'à la Présidence elle même. On peut ainsi spéculer sur la deuxième candidature à l'investiture démocrate de John Edwards, mais une deuxième tentative de John Kerry était tout de même peu probable. Là bas, après un échec en son nom propre à l'élection suprème, il est difficile de refaire surface. Si en France c'est plus simple de rester en haut de l'affiche, c'est aussi parce que les partis politiques y sont plus centralisés. Et avec un pays plus petit et jacobin, il est demandé une grande notoriété à un candidat pour qu'il ait une vraie chance d'être élu. Cela favorise évidemment le carriérisme et les ambitieux qui rêvent du poste, et qui sont prêts à travailler une trentaine d'année pour y accéder. Pour l'élection présidentielle de 2007, la totalité des candidats importants correspondent à cette description. Et certaines personnalité politiques doivent déjà être en train de calculer leurs coups pour viser les présidentielles de 2012, 2017 ou 2022.

Photo : AFP

vendredi 23 février 2007

La préférence communautaire

Dans son discours de Strasbourg du 21 février dernier, Nicolas Sarkozy a évoqué des pistes d'évolution pour l'Union Européenne. Il souhaite en faire un instrument qui sert ses citoyens, en permettant de lutter contre certains des déséquilibres apportés par la mondialisation. Dans ce cadre, il a évoqué la notion de préférence communautaire en matière de biens et de produits agricoles. Le but serait de faire en sorte que se maintienne une industrie et une agriculture dans les pays développés, alors que celles-ci sont frappées par une forte concurrence de la part de pays aux coûts de main d'oeuvre moins élevés. Mais il faut avouer qu'un tel procédé relève du protectionnisme.

Un rapport d'information sur la préférence communautaire en Europe a été écrit par la délégation pour l'Union Européenne du Sénat fin 2005. On y apprend que la préférence communautaire est un débat qui a toujours imprégné la construction européenne, depuis les négociations sur le Traité de Rome. Si les institutions la favorisent dans les faits, elle n'est pas une règle de droit européen. Surtout, la mise en place de l'OMC exclue la possibilité de variations des tarifs douaniers pour rééquilibrer les distorsions de concurrence, et les négociations en cours visent à réduire toujours plus les protections douanières. Mais ces négociations prennent bien peu en compte les critères qualitatifs. Or c'est bien là que le bat blesse : pour produire en Europe, des normes sociales ou environnementales exigeantes sont demandées. Rien de tel dans les pays à faibles coûts de main d'oeuvre, les conditions de travail y étant parfois déplorables, et les critères écologiques jamais abordés. Pourtant, lorsque l'environnement de ces pays est dégradé, c'est la planète de tout le monde qui est touché. A quoi bon s'astreindre à des sacrifices pour respecter le protocole de Kyoto, lorsqu'un pays comme la Chine voit ses émissions de CO2 augmenter à un rythme très élevé ? Pour des pays en voie de développement, de telles normes peuvent paraitre éloignées de leurs préoccupation, alors que l'accroissement des richesses est la première des priorités, mais on ne peut plus se permettre d'endommager plus l'environnement qui nous est commun. En fait il serait préférable que de telles normes soient intégrées dès le début du développement économique, pour que la croissance puisse se faire sur de bonnes bases.

Alors demander que les produits rentrant dans l'Union Européenne répondent aux mêmes normes sociales et environnementales que ceux qui y sont produits relève bien du protectionnisme, et l'OMC n'apprécie guère la notion même de norme. Mais son pouvoir doit être pondéré par celui d'autres institutions internationales, qui réclament elles de meilleures conditions de vie, et un effort accrue de protection de l'environnement. Alors on peut aussi voir la préférence communautaire dans la mise en place de politique d'industrialisation commune (dans des pôles de compétitivité européens), ou par la défense de la propriété intellectuelle de nos produits, mais la question de la mise en place de normes similaires à l'entrée que celles qui existent pour la production intérieure mérite d'être posée. En tout état de cause, ce n'est pas la politique forcémment libre échangiste à tous prix de l'OMC qui doit être la référence dans la définition de notre politique de commerce extérieure. Et si les négociations de l'OMC avancent si peu, c'est bien parce qu'en fin de compte, personne n'a vraiment intérêt à aller vers un degré supplémentaire de libre échange aveugle, qui oublie que la priorité n'est peut être pas l'augmentation des échanges internationaux.

mercredi 21 février 2007

Relents de guerre froide

Au lendemain du 11 septembre 2001, les relations diplomatiques entre la Russie et les Etats-Unis étaient excellentes. Les deux pays s'étaient mis d'accord sur le front de la lutte contre le terrorisme : en Tchétchénie pour la Russie, en Afghanistan pour les Etats-Unis. C'était l'époque où Vladimir Poutine était l'invité de George Bush dans son ranch texan de Crawford, chacun laissant l'autre faire sa guerre personnelle. Aujourd'hui, des tensions apparaissent, comme on peut le voir actuellement avec l'installation d'anti-missiles américains dans des pays de l'Europe de l'Est. Un bon nombre de pays de l'ancien bloc soviétique ont en effet intégré l'OTAN, et font donc partie de la zone d'influence des Etats-Unis. Ces derniers ont donc voulu profiter de cet avantage stratégique pour y installer des rampes de lancement d'anti-missiles, afin de contrer les menaces des "Etats voyous" qui pourraient affecter leurs alliés. Mais la Russie voit dans ce mouvement une entorse aux accords de désarmement qui ont permis la détente entre les deux blocs. Ces anti-missiles sont donc vus comme hostiles pour la Russie, qui prévient les pays de l'Europe de l'est des dangers qu'il y aurait à rentrer dans un tel jeu. Mise à part que les systèmes de missiles américains sont désormais installés en Europe de l'est au lieu de la RFA, on se croirait revenu au temps de la guerre froide, où chaque bloc tenait en joue l'autre par ses missiles, quitte à signer des traités de désarmements de temps en temps pour apaiser les tensions.

Les Etats-Unis se défendent d'avoir des intentions belliqueuses envers la Russie : ces anti-missiles ne sont dirigés que vers les Etats-voyous. On peut s'interroger sur un bon nombre des données du problème, pour commencer, cette installation veut-elle dire que la menace représentée par l'Iran et la Corée du Nord est d'ores et déjà si fortes qu'il faille s'en prémunir militairement d'un point de vue défensif ? Pourquoi la Russie s'offusque-t-elle de l'installations d'anti-missiles, qui en théorie, n'ont aucune utilité offensive par définition ? Au pire, cela voudrait-il dire qu'une attaque de la Russie sur l'Europe de l'est serait plus difficile, mais depuis quand une telle attaque relève du domaine du possible ? Les Américains essaient de rassurer les Russes en leur disant que de toutes façons, de tels anti-missiles ne sont pas adaptés pour répondre à une force telle que la leur. Mais il y a-t-il encore des anti-missiles prêts à répondre à une très hypothétique menace russe, alors que ceux-ci grognent lorsqu'ils voient les Etats-Unis investir leur zone d'influcence réservée, et rétablir leur puissance stratégique par le contrôle de ressources pétrolières et gazières ?

Le coeur de la question se trouve en fait dans le rôle qu'entend jouer la Russie. Vladimir Poutine s'est imposé facilement à la tête de l'Etat russe, et a depuis appliqué sans état d'âme une politique de rétablissement de l'autorité de l'Etat à l'intérieur, et de reconquête de puissance à l'extérieur. Dans ce cadre, les pays de l'Europe de l'est sont toujours vus comme des sujets à la rebellion inopportune, qui auraient profité d'un instant de faiblesse pour tenter de s'enfuir de l'influence russe. Vladimir Poutine est certes un ancien du KGB, mais ce qu'il servait à l'époque, comme ce qu'il sert maintenant, c'est la puissance de la Russie, indépendemment de la nature communiste ou non du régime. On s'aperçoit en fait que l'internationale communiste n'était du temps du soviétisme qu'une excuse visant à accroitre la puissance russe. Dans ce sens, le communisme n'a été qu'une apparence d'une sorte de constance russe, qui consiste à avoir un pouvoir central très fort à l'intérieur, et à vouloir peser fortemement de sa puissance à l'extérieur. Le traité de Yalta n'a été qu'une façon de contrôler l'Europe de l'est, comme d'autres guerres l'avaient permis aux siècles précédents. Et c'est bien pour cela que des pays comme la Pologne comptent sur les Etats-Unis pour leur permettre d'échapper à la tentation russe de remettre une main ferme sur le pays. D'où la colère de Vladimir Poutine à l'idée que l'on puisse chercher à écarter ces pays de l'influence russe. Surtout de la part des Etats-Unis, l'ancien ennemi qui était censé être l'égal autrefois, et qui apparaissent dès lors à nouveau dans le rôle de principal opposant. Et c'est bien cela qui donne à de telles affaires des relents de guerre froide.

lundi 19 février 2007

Des plans Marshall pour tous

Augustin Legrand, dirigeant de l'association "Les Enfants de Don Quichotte", est revenu d'Amérique du Sud pour constater que son idée de sédentarisation des SDF dans des tentes au canal Saint-Martin prenait une tournure amère. Loin de se demander quel avait été son rôle dans tout ça, il a préféré demander la démission de la ministre déléguée à la Cohésion Sociale, Catherine Vautrin. Il a aussi demandé un plan Marshall pour les SDF. En cela, il se montre un idéaliste, ce dont il ne se cache probablement pas. Ce n'est pas le seul à citer le plan Marshall comme exemple de ce qu'il doit être fait pour résoudre de grands problèmes. Ainsi, Bono et Bill Gates avaient également demandé un plan Marshall pour le sous-développement. Après les émeutes de novembre 2005, des voix s'étaient également faites entendre pour plaider en faveur d'un grand plan Marshall pour les banlieues. En fin de compte, il faudrait un plan Marshall par difficulté à traiter. L'intention est certes louable, mais l'exécution est délicate.

Il faut dire que le plan Marshall d'origine reste dans l'Histoire un cas brillant d'aide financière extérieure réussie. Le général George Marshall, après avoir commandé les armées américains pendant la seconde guerre mondiale, est devenu Secrétaire d'Etat de Harry Truman. Il a annoncé la décision des Etats-Unis de se lancer dans un vaste plan de reconstruction de l'Europe en juin 1947, dans un discours à l'université de Harvard. Le plan, constitué de prêts qui ont été ensuite convertis en grande partie en dons, a effectivement permis aux pays européens non dominés par les Soviétiques de remettre en état leurs infrastructures, et ainsi de relancer l'économie de leurs pays. Ces pays ont ainsi pu se relever durablement des méandres de la guerre, donnant aux Etats-Unis des alliés fidèles dans la lutte contre le communisme, et procurant accessoirement au général Marshall le Prix Nobel de la Paix. Le plan a certes été couteux, mais l'intérêt qu'a constitué le relèvement de l'Europe ne faisait aucun de doute pour les Etats-Unis, et sa pertinence est validée par le cours des événements 50 ans après.

Pour autant, faut-il souhaiter le lancement d'autant de plans Marshall ? La situation économique des pays développés n'est pas la même que celle des Etats-Unis après guerre, qui avaient beaucoup bénéficié de l'effort de guerre pour retrouver une économie forte. Là bas, aujourd'hui, le déficit de l'administration est important, du fait des baisses d'impôts et de l'effort de la guerre en Irak, guerre qui ne connait pas l'issue positive de la deuxième guerre mondiale. Ici, en France, notre déficit budgétaire est déjà bien trop grand, et il y a un nombre incroyable de dossiers à traiter où les mots "plan Marshall" résonnent comme une solution facile. Or il n'est pas facile de faire pleuvoir de l'argent, surtout lorsque les missions de base de l'Etat ne sont pas financées couramment. Avant de dépenser les richesses, il faut d'abord les créer. Faut-il pour autant renoncer à tout espoir pour mieux se complaire dans l'immobilisme ? Certainement pas. A ce titre, on peut remarquer le travail important réalisé par Jean-Louis Borloo à son ministère de la Cohésion Sociale. Il n'y a pas que sur la baisse du chomage qu'il peut se féliciter, sa politique en faveur du logement est également digne d'intérêt. D'abord en tant que ministre de la Ville, puis à son poste actuelle, il a réussi à implementer un plan ambitieux de rénovation urbaine. Depuis 2002, la construction de logements a augmenté de 80 %, et la construction de logements sociaux a presque doublé depuis cinq ans. C'est un effort considérable, qui est appelé à durer. Et il faudra bien qu'il dure, car la situation reste difficile, malgré les progrès accomplis. Car cela faisait 20 ans que la construction de logements était insuffisante, ce qui avait mal été pris en compte par tous les gouvernements, qui ne voyaient pas les changements sociaux. C'est donc un retard colossal qu'il faut refaire, et c'est ce genre de travail qu'il faut mener, progressivement, sur le long terme. Le plan de rénovation urbaine pourrait éventuellement s'appeler un plan Marshall, il s'appelle en tous cas "plan Borloo", et vu ses effets, l'effort franc et enthousiaste est dans la même lignée.

samedi 17 février 2007

Les énergies alternatives

C'est une évidence, une grande partie de nos problèmes environnementaux reposent sur la gestion de nos sources d'énergie. La révolution industrielle, après s'être reposée dans une première phase sur le charbon, s'est appuyée ensuite sur le pétrole. Celui-ci est désormais partout, et la question pétrolière pose des difficultés bien connues depuis la crise de 1973. D'abord, l'épuisement de la ressource. Que l'OPEP se serve de son pouvoir de monopole relatif ou non sur les volumes disponibles, il n'en reste pas moins que les gisements s'épuisent progressivement et couteront de plus en plus cher à exploiter. En outre, à l'instar du charbon, la combustion du pétrole pose des problèmes écologiques dans la mesure où elle émet du dioxyde de carbone, aux conséquences néfastes car favorisant l'effet de serre. Il faut donc remplacer le pétrole.

Il faut considérer les utilisations du pétrole les unes après les autres. En commençant par exemple par son usage dans les matières plastiques. On peut imaginer qu'on peut se servir de matières organiques aux rendus similaires, mais ayant l'avantage d'être cette fois-ci biodégradable. C'est ce qui serait préférable par exemple pour les sacs plastiques, où des solutions existent déjà, notamment à base d'amidon. Pour d'autres cas, le recyclage paraît être une nécessité.

Le pétrole est fortement utilisé pour les centrales électriques thermiques, ce qui favorise une forte pollution. Les centrales au gaz naturel ne sont pas vraiment des solutions de remplacement optimales. En fait, chaque énergie possède ses inconvénients. Les barrages hydrauliques sont une source d'énergie renouvelable, mais ils nécessitent une grande transformation des lieux d'implantations et modifier leurs équilibres environnementaux. De plus, ces lieux sont limités. L'énergie éolienne est, de façon absurde, combattue par des personnes qui souhaitent "protéger les paysages" et qui considèrent l'esthétique des éoliennes comme un facteur de nuisance environnementale. Il est nécessaire en tous cas d'en augmenter le nombre là où elles peuvent se révéler efficace, et c'est ce que fait actuellement EDF. Les énergies marémotrices et géothermiques sont intéressantes, mais elles aussi sont limitées par les lieux d'implantations possibles. L'énergie solaire est encore coûteuse, mais les recherches en la matière permettent des progrès rapide, dont il faudra profiter à l'avenir. Le bois est en soi une énergie renouvelable, mais dont la combustion rejette du dioxyde de carbone. En outre, il est nécessaire de favoriser l'existence d'une biomasse la plus grande possible, les forêts étant des puits de carbones pouvant reconstituer une atmosphère plus saine.

Si de telles énergies sont donc autant de solutions possibles, il ne faut pas renoncer à s'appuyer sur l'énergie atomique, dont les déchets peuvent être contrôlés, et dont la production doit être très strictement surveillée. Ces conditions remplies, le progrès technique laisse entrevoir des formidables améliorations des rendements, notamment avec l'EPR ou les futurs réacteurs de quatrième génération. En outre, l'énergie nucléaire pourrait connaître un autre bon avec l'utilisation de la fusion, ce qu'étudie actuellement le projet ITER à Cadarache. Ce sont autant de voies pour s'assurer le maintien d'une production forte d'électricité en l'absence de centrales thermiques au pétrole, sans participer à l'effet de serre. Un certain nombre de mouvements écologistes refusent ces évolutions, mettant en avant les difficultés environnementales (parfois très hypothétiques) de chacun de ces moyens. Leur solution se limite à faire des économies d'énergies (ce qui amène à la décroissance). Si l'utilisation faite de l'énergie peut toujours améliorée, et des gains de productivité réalisés avec de kW donnés réalisés, il n'en reste pas moins que la demande en électricité augmentera encore très certainement dans les décennies à venir, car le progrès technique actuelle repose en très grande partie sur cette forme d'énergie. A ce niveau là, il ne faut pas se voiler la face.

Là où le pétrole pourrait être plus difficile à remplacer, c'est lorsqu'on a besoin de sa forme liquide et modifiée pour servir de carburant aux moyens de transports (voitures, avions, bateaux, qui peuvent difficilement avoir chacun leur réacteur nucléaire ou fonctionner uniquement sur des batteries électriques). Heureusement, encore une fois, plusieurs solutions sont d'ores et déjà à l'étude. Les biocarburants en font partie. L'utilisation d'huiles végétales ou d'autres formes de combustibles naturels peuvent permettre d'utiliser moins le pétrole, les biocarburants pouvant d'ailleurs être inclus dans l'essence. Du point de vue de l'effet de serre, leur production pourrait absorber autant de CO2 qu'elle en rejette lors de la combustion. Si les ressources agricoles pour remplacer totalement le pétrole sont insuffisantes, cela pourrait permettre en tous cas de faire vivre un grand nombre d'agriculteurs actuellement positionnés sur des marchés en surproduction. Une autre solution pourrait se trouver dans la pile à combustible, où l'on se servirait d'hydrogène pour rejeter de l'eau. Pour l'instant, cette possibilité n'est pas encore au point, et nécessiterait évidemment des investissements colossaux pour sortir du règne du pétrole. Il est nécessaire en tous de fournir un effort important de recherche dans chacun de ces domaines, et s'il est d'ores et déjà en cours, vu l'importance de ces questions on peut considérer qu'il ne sera jamais suffisant.

jeudi 15 février 2007

Bayrou président ?

Il s'y voit déjà. François Bayrou est persuadé que le prochain Président de la République Française, ce sera lui. Il le croyait déjà lors de la présidentielle de 2002, mais cette fois-ci, c'est la bonne, se dit-il. Il peut d'autant plus le penser qu'actuellement, il profite de la vague médiatique qui le découvre dans le rôle du trouble-fête d'une élection qui se jouait, pensait-on, entre le PS et l'UMP. Il a des mérites : ses convictions en faveur de la construction européenne sont fortes et reconnues, il est particulièrement audible sur la réduction de la dette, et le centrisme qu'il affiche est de nature a rassurer ceux qui craignent des bouleversements incontrôlés. Il a beaucoup critiqué le gouvernement depuis 2002, alors qu'il prétendait faire partie de la majorité en début de législature. De ce fait, il apparaît comme un opposant pour ceux qui n'apprécient pas la politique actuelle, et donc comme quelqu'un pour qui la gauche peut voter. Et ce alors que Ségolène Royal déçoit dans son propre camp, et peine a convaincre les Français, l'accueil fait par les Français de son programme en 100 points étant pour le moment mitigé. Elle a aussi perdu en crédibilité au mois de janvier, à la suite de sa série de flottements, qui ne semble pas tout a fait close à vrai dire. Actuellement, Ségolène Royal parait faible pour vaincre Nicolas Sarkozy, il y a donc une tentation de penser que le candidat centriste parviendrait à agglomérer la gauche, et une partie du centre et de la droite, suffisamment en tous cas pour faire pencher la balance, et faire battre Nicolas Sarkozy, ce qui semble être la priorité pour un bon nombre d'électeurs de gauche. François Bayrou concentre donc ses attaques sur le candidat de la droite, afin de gagner des voix à gauche et à droite, et ainsi gagner au bout du compte.

Une telle victoire est-elle possible ? Si rien n'est à exclure, François Bayrou aurait tout de même tort de clamer victoire trop tôt. Déjà, accéder au deuxième tour ne signifie pas une victoire automatique. C'etait en effet le calcul effectue par Alain Poher en 1969, il n'en a pas moins été battu au second tour par Georges Pompidou. La gauche ne s'était pas beaucoup mobilisée en faveur du Président du Sénat d'alors, le mot d'ordre communiste étant "Blanc bonnet et bonnet blanc". A ce titre, la posture de François Bayrou tient difficilement. En effet, s'il a refusé de faire intégrer l'UDF en tant que parti à l'UMP, les différences sont assez ténues entre ces deux partis. Le programme électoral de l'UDF n'est pas du tout incompatible avec celui de l'UMP, alors qu'il l'est avec celui du PS. Au niveau local, UDF et UMP restent alliées partout en France, il serait bien difficile pour l'UDF de faire basculer tous ces accords vers la gauche. De nombreux ténors de l'UMP viennent de l'UDF, et sont centristes avant d'être gaullistes, la proximité idéologique est donc forte entre les soutiens de Nicolas Sarkozy et ceux de Francois Bayrou. En fait, ces cinq dernières années, la porte est toujours restée ouverte pour que l'UDF puisse participer au gouvernement, à la prise de décision. Elle le sera tout autant en cas de victoire de Nicolas Sarkozy, elle le reste tout autant pendant la campagne, comme le prouvent les ralliements d'André Santini et de Christian Blanc.

Mais François Bayrou a décidé de jouer l'opposition frontale comme stratégie. Il souhaite faire un gouvernement d'unité nationale ou la droite et la gauche seraient également présentes. Cela, après s'en être violemment pris à la droite en son ensemble, qui accepte elle de gouverner avec lui. Et après avoir notablement épargné la gauche, qui refuse pourtant toute alliance avec l'UDF, alors que celle-ci, en tant que parti de centre-droit, ne peut être un partenaire souhaitable pour des socialistes qui rejettent férocement ce qui est à leur droite en général. François Bayrou n'a donc pas vraiment de marge de manoeuvre pour faire un tel gouvernement d'unité nationale. Surtout que l'exemple allemand montre que ce n'est pas le cas de figure le plus simple à gérer. Si François Bayrou avait vraiment voulu mettre en application ses idées, il n'aurait pas manque l'occasion que la création de l'UMP lui laissait en 2002. Il aurait fait comme Jean-Louis Borloo, et il se serait mis aussitôt au travail pour aider les Français dans leurs difficultés. Le bilan de ce dernier n'est pas mince, entre les procédures pour sortir du surendettement, une politique forte de construction de logements et la baisse du chômage. Mais François Bayrou a préféré se contenter de rester un opposant ambigu, pour mieux préserver ses chances pour cette élection présidentielle. Il est bien tard de vouloir faire aboutir l'union a droite, alors qu'il aurait pu aider le faire en 2002. Quant à la faire avec la gauche, c'est illusoire.

Du reste, les difficultés qui ne manqueront pas d'être soulevées en cas d'une victoire de François Bayrou ne seront vraiment étudiées que s'il se révèle être vraiment en situation au fil du temps. Et passer au second tour ne sera pas si facile que ça en fait. D'abord, il lui faudra s'extraire du niveau atteint par Jean-Marie Le Pen, toujours sous évalue pendant la campagne. Jusqu'a la fin de la campagne, il ne sera pas aise de le défaire. En outre, François Bayrou devra surpasser l'un des deux principaux candidats. Nicolas Sarkozy semble pouvoir s'appuyer sur un socle fort d'électeurs, et dans les enquêtes d'opinion actuelles, ses "fondamentaux" sont bons. Ceux de Ségolène Royal le sont moins, et elle est plus basse dans les sondages. Néanmoins, ce serait un tort que de la sous estimer. Surtout que si elle devait trop baisser, un réflexe "vote utile" interviendrait parmi les sympathisants socialistes, traumatises par l'absence du candidat du PS au deuxième tour de l'élection présidentielle, qui l'empêcherait de descendre trop bas. Enfin, le chemin reste long pour François Bayrou, Ségolène Royal ayant encore deux fois plus d'intentions de vote que lui, une différence de 13 points n'est pas aisée à réduire a néant. Si François Bayrou profite donc incontestablement de la vague médiatique qui se fait autour de lui, il est encore loin d'être au niveau d'un favori.

mardi 13 février 2007

Barack Obama est-il assez noir ?

Le sociologue Orlando Patterson écrit dans le Time Magazine, que si Barack Obama, sénateur (métisse) de l'Illinois, est distance dans les sondages par Hillary Clinton chez les afro-americains, ce n'est pas parce que ceux si sont insensibles a la couleur de peau dans leurs choix de vote, mais parce que Hillary Clinton serait perçue comme plus proche des préoccupations de ce qui reste une "communauté", alors que Barack Obama ne serait pas vraiment noir. Ce qui le différencie des autres afro-americains, c'est que sa couleur de peau lui vient de son père, immigre kenyan. Sa mère est blanche, et il a été élevé par ses grands parents blancs. Il a suivi le parcours classique d'ascension sociale des blancs, qui eux se sentent très a l'aise avec lui. Ainsi, selon Orlando Patterson, Barack Obama serait perçu comme un blanc par des noirs qui ont fait du fait d'être les héritiers d'une histoire particulière un point de fierté. Le sociologue parle d'une identité noire aux Etats-Unis forgée par l'Histoire, des évènements qui auraient crée une conscience commune entre les noirs a l'origine descendants d'esclaves, puis également nouveaux immigres d'Afrique a condition qu'ils reprennent à leur compte cet "héritage". Ces derniers temps, cette identité noire se serait concentrée sur ce qui la différencie des blancs, faisant de cette façon de penser une sorte de réponse au racisme blanc. Orlando Patterson parle même d'une tendance croissante vers l'auto-segregation au sein de la classe moyenne noire américaine. Voila qui est troublant.

Une telle analyse laisse penser que le multiculturalisme américain est bien un communautarisme dont on ne sort pas. Des gens qui vivent ensemble sur le même territoire, tout en étant profondément divises. Ainsi, il restera encore longtemps des différences autres que la seule couleur de peau entre noirs et blanc aux Etats-Unis, vu qu'il y aurait une culture noire qui ne serait pas celle dominante. Le multiculturalisme n'est donc pas un vrai vecteur de cohésion sociale. En France, Gaston Kelman a écrit un livre intitule "Je suis noir et je n'aime pas le manioc", suivi de "Au delà du noir et du blanc". Il y affirme qu'il n'a ni honte ni fierté d'être noir, car il est avant tout un homme. Dans son premier ouvrage, il énumère les cliches qui sont associes aux noirs, avant de déplorer que tant les noirs et les blancs agissent comme si le fait d'être noir faisait une différence. Lui, noir (comme l'est Orlando Patterson d'ailleurs), n'a pas envie d'être toujours ramené à sa couleur de peau, qu'on lui rappelle l'histoire africaine par laquelle il ne sent pas nécessairement concerne et regrette cette sorte de consensus autour du fait qu'être noir change fondamentalement quelque chose au fait d'être blanc.

Alors il est bien temps, aux Etats-Unis comme en France, d'oublier les couleurs de peau. Cela vaut tant pour les noirs que pour les blancs. Lors de son élection, en 2004, l'élection de Barack Obama avait été particulièrement remarquée car il devenait le seul noir présent au Sénat. Il est devenu populaire, et a fini par envisager une candidature a la présidentielle de 2008 alors qu'il n'y pensait pas vraiment, mais les médias s'étaient pris de frénésie pour cet homme qui semble sortir du lot, et le lui demandaient inlassablement s'il serait candidat. Barack Obama a certes de grands mérites, et s'il est suffisamment noir pour dénoter au Sénat, et pas assez pour conquérir un électorat qui est caractérisé et réduit par des sondages à la seule couleur de peau de ceux qui le composent, il n'en reste pas moins que fondamentalement Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste, avec seulement quatre ans de travail législatif au niveau fédéral, et sans expérience exécutive. Des lors, il serait étonnant (et il serait probablement le premier étonne) que l'investiture du parti démocrate lui soit donne. Dans la politique américaine, cette candidature peut néanmoins lui permettre de jouer place : une façon de prendre note pour 2012 ou plus tard pour une candidature sur son nom, ou d'être un nom envisageable pour le poste de vice-president.

samedi 10 février 2007

NIMBY

NIMBY comme "Not In My Back Yard" ("pas dans mon jardin"). Ce phénomène sociologique commence à être désormais bien connu : il s'agit de l'hostilité affichée par des gens à l'installation d'équipements porteurs de nuisances (réelles ou fantasmées) à proximité de chez eux. En somme, une attitude très naturelle qui consiste à protéger son cadre de vie immédiat. Par exemple, lorsqu'il était question de la construction d'un troisième aéroport pour desservir Paris, chaque zone envisagée pour une telle installation voyait les riverains potentiels se mobiliser contre le projet. Et pour cause, ils ne souhaitent pas souffrir les désagréments apportés par la proximité d'un aéroport, surtout lorsqu'ils ont choisi un lieu d'habitation calme. En conséquence, le nouvel aéroport n'est construit nulle part. Mais le devéloppement constant du traffic aérien sur Paris fait augmenter les rotations sur les aéroports existants, et augmente les nuisances sonores pour les riverains de Roissy et d'Orly, qui souhaitent beaucoup que leur mal ne s'aggrave pas plus qu'au niveau actuel. Ainsi, lorsque Gilles de Robien est devenu ministre des transports et de l'équipement en 2002, il a annoncé que la construction du troisième aéroport ne se ferait pas, essentiellement du fait qu'elle était prévue en Picardie, région dont il est le représentant. Jean-François Copé, député de la Seine et Marne (d'une circonscription proche de Roissy) qui venait également d'entrer dans ce gouvernement, a aussitôt protesté en rappelant que les nuisances pour les riverains de l' aéroport de Roissy étaient d'ores et déjà insoutenables, et qu'il fallait les alléger en construisant ce troisième aéroport. Au sein du même bord politique, les intérêts géographiques deviennent donc autant d'intérêts particuliers que chaque représentant défend. Le principe est normal, mais il apporte une sorte de perversion du processus de décision.

Car ce qui doit prévaloir en toutes circonstances, c'est l'intérêt général. Alors on peut chercher ensuite à quel niveau ce critère doit être pertinent, par exemple la non construction d'un aéroport quelque part relève probablement de l'intérêt général qui prévaut dans le circonscription concernée. Mais dans un pays, le bon degré est celui de la nation lorsqu'un sujet dépasse les intérêts de plus d'un territoire. En fait, tout le monde sait bien cela, mais le principe moral est refusé en faveur d'un égoïsme plus ou moins assumé. Dans la conduite d'une politique, en chaque instant, l'intérêt général doit être le seul critère pertinent. Voilà pourquoi des mouvements politiques défendants des intérêts catégoriels, à l'instar de Chasse, Pêche, Nature et Traditions, sont absurdes. Et l'on ne peut que déplorer une société où les décisions sont parfois prises en fonction de la capacité de nuisance qu'a telle ou telle catégorie de personnes, plutôt qu'en fonction de l'intérêt commun de tout le monde, pris dans un ensemble.

jeudi 8 février 2007

Sectes et religions

Qu'est-ce qui définit une secte ? Le terme aujourd'hui est marqué très négativement. A vrai dire, en France, on lutte contre les sectes, car elles sont dangereuses. Et si elles sont dangereuses, c'est parce que ce sont des sectes. Les sectes sont des groupes religieux à taille réduite, en tous cas moins établies que les grandes religions. La comparaison avec celles-ci s'impose, tant on peut retrouver des éléments communs dans les fonctionnements des deux types d'entités. Jusqu'à se demander ce qui les distinguent vraiment. Après tout, avant que le christianisme devienne l'une des plus grandes religions au monde, les fidèles regroupés autour de Jésus Christ étaient considérés comme une secte par la religion dominante de Judée. Plus récente, la secte aurait en fait essentiellement le tord d'être trop éloignée des standards communément acceptés. Le pouvoir d'origine charismatique exercé par les gourous de telles sectes serait malsain, car il établirait une manipulation mentale faisant perdre à la victime sa liberté. Un pouvoir charismatique émanant du guide spirituel, est-ce si différent de ce qui a caractérisé tous les prophètes des grandes religions ? Si l'on reconnaît la liberté de culte, pourquoi estimer que tous les cultes ne se valent pas ? Il est pourtant nécessaire de considérer que chaque individu est suffisamment libre et fort spirituellement pour faire ses choix, sous peine de remettre en cause tout l'édifice de la liberté religieuse.

Dès lors, il devient difficile de comprendre la raison pour laquelle on s'attaquerait particulièrement aux sectes, qui ne sont alors que de nouvelles religions. Si quelqu'un souhaite dans la voie de la scientologie, croire in fine que nos esprits ont été apportés il y a des 75 millions d'années depuis l'espace par l'extra-terrestre Xenu, pourquoi pas ? Si quelqu'un souhaite "aider" Raël à établir une ambassade pour des extra-terrestres adeptes du clonage à Jérusalem, pourquoi pas ? Si quelqu'un souhaite vivre dans la rigueur et l'attente de l'apocalypse caractéristique aux Témoins de Jéhovah, pourquoi pas ? Certes, il y a des pratiques qui peuvent être effectivement dangereuses, pour les membres du groupe religieux, ou pour des extérieurs. Il faut aussi penser que cela concerne également ceux qui ont une interprétation délirante des textes des grandes religions. "Sectes" et religions se rejoignent donc sur ce point, surtout que l'Histoire a montré toutes les conséquences potentiellement néfastes que pouvaient avoir certains mouvements religieux (en même temps que positifs évidemment). La distinction entre sectes et religions n'est donc pas opportune, car elle remet en fin de compte la liberté religieuse.

En fait, plutôt que de mettre à l'index ce que l'on caractérise par le mot secte en en faisant la liste dans des rapports parlementaires, il serait plus sain de tout simplement faire respecter la loi. Il ne doit pas y avoir de lois particulières contre tel ou tel mouvement considéré comme secte, mais les mouvements religieux et leurs adeptes doivent tous respecter la loi qui est générale. Qui interdit déjà le clonage, les violences, la non-assistance à personne en danger, et toutes les conséquences néfastes que peuvent avoir les "sectes", à l'instar des grandes religions... Il n'y a plus vraiment de problèmes de sectes si l'on associe la liberté religieuse avec le respect strict de la loi, appliquée de façon juste pour tous.

mercredi 7 février 2007

Le calcio dans la tourmente

Le football italien est assez mouvementé depuis un an : cela commence par le scandale de la corruption des arbitres de la Serie A qui a renvoyé la prestigieuse Juventus en Serie B, le renouveau au milieu du désarroi par la victoire lors de la Coupe du monde, et outre les deux coups de tête encaissés par Marco Materazzi, l'Italie voit à nouveau son football devenir un thème de tristesse, et cette fois-ci c'est autrement plus grave puisqu'il y a eu mort d'homme. Samedi en effet, un policier italien a été tué lors de heurts avec des hooligans. Les autorités sportives et gouvernementales ont réagi en suspendant toutes les compétitions de football, le temps au moins de se poser la question de la lutte contre les supporters violents. Bien sûr, cette situation n'est pas très éloignée de ce qu'il s'est passé en France, où cette fois c'était un hooligan qui a été tué en essayant de s'en prendre à un supporter adverse et au policier qui tentait de le défendre. Adversaires en finale en juillet dernier, l'Italie et la France se retrouvent piteusement sur le terrain de la lutte contre la violence aux bords des stades. Mais le hooliganisme est un phénomène bien connu aussi dans d'autres pays d'Europe, notamment en Angleterre.

Il est désespérant que le sport devienne un enjeu d'affrontements violents. Il faut certes beaucoup de passion pour soutenir une équipe semaine après semaine pendant des années, mais pour en arriver à l'hooliganisme il ne faut plus voir l'aspect sportif et se concentrer sur la notion de rapport de forces. Les supporteurs adhérents d'associations ont leur monde à eux, à côté du terrain, où en dehors des résultants de l'équipe qu'ils soutiennent ils passent beaucoup de temps et d'énergie dans leurs activités propres, et ils ont par exemple une grande fierté à réaliser de belles animations dans les tribunes, à créer une ambiance particulière et à être ensemble dans un cadre chaleureux. Le tout est de ne pas basculer ces énergies dans l'opposition franche à autrui : on peut être chauvin et de mauvaise foi pour défendre une équipe, il y a une limite claire avec les insultes et la violence avec ceux d'en face ou les forces de l'ordre.

L'Italie a mis en place des mesures sévères, comme l'obligation de jouer à huis clos si le stade n'est pas aux dernières normes. Les liens entre les clubs et les associations de supporters ultra sont également proscrits. Cette dernière pourrait aussi être appliquée en France, où les associations ont beaucoup de pouvoir. Ainsi, à Marseille, une partie des abonnements est vendue directement par ces associations, elles forment en fait une sorte de contrôle parallèle des à côtés du club, de par leur influence.

Du côté de l'Italie où le football a une place bien forte qu'en France, ces événements négatifs sont évidemment mal vécus. Et la résolution de ces problèmes semble cette fois prendre beaucoup de temps. Mais les championnats italiens avait déjà été longtemps dans le maëlstrom à propos des droits télévisés, entre autres. S'il y a autant de scandales, de difficultés et de conflits à propos d'un sport, n'est-ce pas le signe qu'il a pris trop d'importance, en dépit des joies qu'il peut susciter ?

lundi 5 février 2007

A quoi sert Windows Vista ?

Bill Gates s'est déplacé en France pour l'occasion, et le budget de publicité de Microsoft a explosé pour l'occasion, c'est donc que l'heure de la sortie d'une nouvelle version de Windows a sonné. Cela faisait longtemps, à vrai dire il ne s'est jamais écoulé autant de temps entre les sorties de deux versions consécutives de Windows qu'entre XP et Vista. On peut alors se demander pour quelle raison Windows Vista n'est pas sorti plus tôt. Il y aurait eu des difficultés de développement, mais force est de constater que les utilisateurs d'informatique n'ont pas vraiment souffert de l'absence de nouvelle version. Tant et si bien que Windows Vista n'est pas un produit qui semble fait pour le salut de l'utilisateur, il est davantage orienté vers celui des constructeurs de PC.

En effet, le marché du PC est devenu pour les pays développés un marché mature : les progrès de l'informatique étant tels que les machines en sont arrivées à un point qui satisfait une grande majorité des utilisateurs. Pour celui qui voudra faire un peu de bureautique, lire des DVD et aller sur Internet il n'y a nul besoin d'une bête de course. La baisse tendancielle des prix pour un produit donné, caractéristique du secteur, fait que désormais les ordinateurs d'entrée de gammes sont capables de faire tout cela pour un prix ridicule. Ceux qui voudront jouer à des jeux très récents ou faire de l'édition multimédia regarderont surtout la qualité de la carte graphique, d'autres utilisateurs évolués feront attention à la mémoire vive, ou au disque dur, mais la puissance du microprocesseur n'est déjà plus vraiment le critère le plus intéressant pour juger un PC. Et à vrai dire, le système d'exploitation non plus. On peut certes regretter que Windows XP ait toujours quelques soucis d'instabilité ou de sécurité, mais malgré toutes les promesses de Microsoft, on peut douter que Windows Vista soit véritablement incomparablement meilleur sur ces points là.

Les fabricants d'ordinateurs sont donc entraînés dans une concurrence forte entre eux sur les prix, ils doivent diminuer leurs prix de production pour les ordinateurs d'entrée de gamme qui satisfont la plupart des gens, et où la différenciation est faible. Même Dell, qui a cru trouver un modèle innovant, est durement touché par la concurrence des assembleurs asiatiques aux faibles coûts comme Acer. Microsoft dispose toujours de ses rentes sur Windows et Office, mais pour en rehausser la valeur il faut que cela puisse être justifié par une nouvelle version. Les assembleurs attendent justement cette nouvelle version : elle sera le prétexte pour augmenter le prix de leurs machines (vu que Windows XP disparaîtra rapidement des configurations de base proposées), et donc augmenter la marge par PC vendu. L'augmentation de prix sera d'ailleurs probablement supérieure à la seule hausse de coût engendré par la licence plus coûteuse du système d'exploitation : la caractéristique de Windows Vista étant d'avoir une interface graphique plus gourmande en ressources système (pour que les fenêtres puissent être vues en 3D, ce qui ne manquait pas à beaucoup de monde), toute la configuration de l'ordinateur devra suivre pour tenir la route. Les ordinateurs qui seront ne serait-ce qu'apte à supporter Windows Vista seront donc bien plus chers que ceux qui ne le sont pas, qui disparaîtront de toutes façons. Dès lors, on peut douter d'une ruée du public pour l'achat d'un nouveau système d'exploitation, mais au fur et à mesure des renouvellements se seront bien des PC aux marges rehaussées qui seront vendues. On voit alors pourquoi Microsoft occupe une telle place dans le monde informatique : sa domination du marché des systèmes d'exploitations entraîne toute une industrie dans le sillage de sa stratégie. A quoi sert Windows Vista ? A augmenter les marges de tous les intervenants du marché du PC, tout simplement.

dimanche 4 février 2007

La réflexion continue

Voilà plus d'un an que ce blog a été créé si l'on compte son ancienne et éphémère première version, et il a désormais une centaine de billets à son actif. Beaucoup de commentaires politiques en fait, que ce soient sur la politique intérieure ou sur les relations internationales, mais aussi des billets sur des thématiques plus vastes. J'essaie de traiter du fond, et donc de développer un minimum mes billets, que je n'écris pas d'ailleurs pour être lus par un public incroyablement nombreux, vu que je ne fais rien dans cette optique. Mes réflexions sont toujours en cours, elles peuvent être changeantes mais elles reflètent mes idées et mes interrogations à un moment donné. A chacun d'en apprécier la qualité, je sais néanmoins qu'il faudra que j'en vérifie l'orthographe billet par billet, car je me doute que bon nombre de billets doivent manquer de relecture. Bienvenue néanmoins si vous êtes arrivés par hasard sur ce blog, et félicitations si vous avez réussi à comprendre le fil de mes pensées.

samedi 3 février 2007

Une faucille, un marteau, voilà José Bové

L'automne dernier, l'extrême gauche essayait de se mettre en ordre de marche pour les présidentielles. La capacité de nuisance dont elle avait fait preuve lors du référendum sur le traité constitutionnel européen l'a encouragé à croire qu'elle pouvait jouer un rôle important lors des prochaines élections. L'idée a donc couru sur l'opportunité d'une candidature unitaire "anti-libérale". Seulement, il en était hors de question pour Lutte Ouvrière, et Arlette Laguiller a promis d'entrer en lice seule. Pour la Ligue Communiste Révolutionnaire, l'idée était envisageable, à condition que ce soit Olivier Besancenot qui en soit le représentant. Certains prétendaient qu'une telle candidature ne pouvait être représentée par une personnalité politique dirigeante de l'un des partis composant l'alliance. C'est ce qui faisait Clémentine Autain ou José Bové penser qu'ils pouvaient être la bonne personne. Parmi les Verts, ce dernier en particulier avait des soutiens, séduits par son extrémisme sur l'écologie. Mais lorsque les dirigeants de ce parti ont rejeté une candidature pouvant venir d'en dehors leurs rangs. José Bové, voyant qu'il ne serait pas le grand candidat unitaire qu'il souhaitait, décida de se retirer. Accessoirement, le Parti Communiste a réussi à faire de Marie-George Buffet la candidate unitaire de son parti, et de quelques autres collectifs par une manoeuvre. L'objectif recherché n'est donc pas atteint, et la division que l'on constate dans ce camp est un échec pour ceux qui souhaitaient une candidature véritablement unitaire. En fait, tout le monde est d'accord pour l'unité, mais à condition que l'unité se réalise autour de soi-même. Cela n'a pas empêché José Bové de refaire surface ces dernières semaines, pour faire lui aussi sa propre candidature unitaire devant laquelle les autres devraient s'effacer. Peu importe qu'il ait dit qu'il n'était plus candidat, les prises de positions fermes ne semblent pas être sa tasse de thé. Il rejoint en cela Noël Mamère, qui en dit clamait haut et fort sa décision irrévocable de ne plus être candidat à l'élection présidentielle, pour le devenir très peu de temps après. On peut aussi penser au retrait très relatif de Lionel Jospin de la vie politique. Toujours est-il que José Bové semble décider à profiter du personnage médiatique qu'il s'est forgé pour qu'on puisse parler de lui pendant les trois prochains mois.

On ne sait pas bien ce qu'il pourrait apporter à la France en tant que Président. Ce n'est de toutes façons pas ce qu'il souhaite être. Le problème est qu'on ne voit pas bien non plus ce qu'il pourrait apporter au débat. Sa volonté est d'incarner une candidature anti-libérale. C'est donc une candidature qui s'inscrit en négatif, mais qui ne dit pas ce qu'elle souhaite. Cela s'inscrit dans un refus épidermique du libéralisme, qui est toujours considéré comme ultra, et une croyance qui considère que la France entière refuse le jeu de la concurrence, le capitalisme en fait. José Bové et ses amis ont quelques slogans qui délimitent leur pensée : "le monde n'est pas une marchandise", ou bien "un autre monde est possible". Au fait, quel autre monde ? Comment se fait-il que si le constat est toujours aussi sévère, on soit autant épargné par les solutions qui permettrait de sauver le monde ? Les alter-mondialistes n'ont en fin de compte réussi à se faire entendre que sur une seule mesure : la taxe Tobin. L'idée est de prélever un petit montant des énormes transactions financières qui ont lieu chaque jour pour financer à peu près tout et n'importe quoi. Seulement pour que cela soit possible il faudrait que tous les pays mettent en application cette mesure en même temps, afin d'éviter les fuites de capitaux. C'est d'ores et déjà utopique. Mais en plus, James Tobin, l'économiste qui a eu l'idée de cette taxe a d'ores et déjà dénoncé l'application que les mouvements alter-mondialistes voulaient en faire. Subsiste alors la grande inconnue sur le monde qui est censé remplacer notre ère capitaliste.

Voyons voir, peut-être pouvons-nous rechercher des éléments dans le parcours de José Bové pour découvrir la philosophie qui l'anime. Issu d'un milieu aisé, il entre dans la mouvance soixante-huitarde et décide d'aller garder des chèvres dans le Larzac, ce qui n'était pas si rare à l'époque. Par le biais de la Confédération Paysanne, il réussit à apparaître dans les médias en détruisant un restaurant. Il est alors consulté à propos de tous les sujets, et continue d'entretenir le spectaculaire de son engagement en usant de la violence. Il se sert d'ailleurs d'un vocable étonnant pour tenter de justifier ses actions. La mise à sac d'un restaurant devient un "démontage", alors qu'il n'était pas vraiment question d'y dévisser des ampoules. La destruction de plants génétiquement modifiés est un "acte de désobéissance civile" qui se voudrait dans la lignée de Gandhi, alors que celui-ci se réclamait de la non-violence. Utilisé de cette façon, le concept devient troublant : ainsi, si l'on a un problème avec quelque chose et que la loi ne permet pas de faire ce que l'on voudrait contre, il suffirait de mépriser la loi et de faire ce que l'on veut si l'on estime cela juste. Dès lors, tout est justifiable et la loi n'a plus aucune justification, il ne reste que l'anarchie. A ce titre là, ceux qui estiment que détruire la maison de José Bové pourrait être une bonne action n'auraient pas à se priver. José Bové, lui, se présente à l'élection présidentielle tout en assumant le non-respect des lois. Heureusement qu'il ne souhaite pas véritablement être élu, les lois auraient du mal à être respectées dans une telle situation.

A moins que ce soit un tout autre ensemble de loi qu'il reconnaisse et souhaite faire appliquer. Une faucille pour arracher les cultures qui lui déplaisent, un marteau pour détruire le restaurant qui a le tort de servir une cuisine d'origine étrangère, on pourrait retrouver dans ce marteau et cette faucille les symboles d'un communisme que le candidat ne semble pas assumer publiquement. Après tout, le communisme est la seule alternative disponible sur le papier au capitalisme, mais l'expérience a invalidé ce modèle après les cuisants échecs que causèrent son application dans le monde. L'anti-libéralisme n'est alors que le masque d'un communisme non avoué qui tente de faire oublier ses échecs en critiquant le capitalisme sans proposer d'alternative nouvelle. Dans l'extrême gauche, le marxisme prédomine donc toujours, divisé en trotskistes et non trotskistes, en communistes avoués et en anti-libéraux qui n'assument pas leur pensée, le fond reste le même. Mais le communisme reste une douloureuse utopie, et le propre de l'utopie est qu'elle ne peut pas être appliquée, et donc qu'on ne doit pas chercher à le faire.

jeudi 1 février 2007

La victime

Quinze jours après l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal semble à la peine. Alors que le candidat de la droite enchaîne les déclarations sur sa volonté de restaurer la valeur travail, notamment en défiscalisant les heures supplémentaires, la candidate socialiste se traîne dans les discours vagues sur l'ordre juste, et essaie de justifier l'absence de propositions par la procédure du débat participatif, où ses sympathisants parlent entre eux et pourront éventuellement donner l'impression que le futur projet de la candidate sera l'émanation des Français. En attendant, pour meubler le temps, les responsables socialistes ont décidé de miser sur le plus grand atout de la candidate : sa capacité à se faire passer pour une victime.

C'était déjà la stratégie qu'elle avait employée lors de la campagne interne au Parti Socialiste pour l'investiture : le but était alors de faire passer ses rivaux Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn pour des machistes répugnants à ce qu'une femme puisse être à leur place. Le problème n'était pas que c'était une femme, c'était que ce soit cette femme-là. Emportée par les sondages et sa stratégie du miroir, elle parvint à avoir cette investiture. Contre la droite, il s'agit de recréer cette illusion. Et tout est bon pour faire croire qu'on en veut à la pauvre Ségolène Royal par de viles méthodes inavouables. Cela a commencé par l'histoire de ses impôts. Le fait qu'elle et François Hollande aient créé la société La Sapinière pour la possession de leur patrimoine se savait depuis des mois, mais elle décida d'en faire un événement en se déclarant "harcelée" par un coup tordu venu des "proches de Nicolas Sarkozy", rien de moins, où se trouverait une accusation de chercher à contourner l'impôt sur la fortune. Puis ce fut le tour des piteuses histoires de Renseignement Généraux, où le fait qu'un membre de son équipe de campagne ait une fiche à son nom dans cet organisme (du fait qu'il provient de Greenpeace, organisation commettant des actes parfois délictueux) a été transformé en une tentative de salir la campagne de la candidate par les moyens obscurs de l'Etat. Le but avoué étant d'accuser Nicolas Sarkozy de mauvais coups, de lui demander sa démission au motif que son maintien "entraîne des suspicions" (surtout de la part du Parti Socialiste, qui voit un intérêt à créer de telles suspicions) alors que plus ses adversaires la lui demanderont, moins il y aura de chances qu'ils l'obtiennent. Mais Ségolène Royal serait également victime des attaques verbales de la droite, qui n'aurait pas le droit de critiquer les innombrables fautes qui émaillent les propos de la candidate, car ce serait un crime de lèse-majesté. Bref, si vous ne faites pas partie des adorateurs de Ségolène Royal, c'est que vous êtes l'un de ses persécuteurs.

Le plus intéressant est la façon dont sont mises les accusations de coup bas sur la place publique. Lorsque la droite critique Ségolène Royal, elle le fait sur la base de ses déclarations dont chacun peut retrouver la source. Lorsque la gauche critique Nicolas Sarkozy, elle le fait en prenant appui sur des éléments non prouvés, des sources anonymes que l'on nous demande de croire car cela collerait bien avec le personnage fantasmé qui a été fait du ministre de l'Intérieur. Ces éléments resteraient bien du niveau des vagues rumeurs imprimées par des journalistes peu regardants si le Parti Socialiste n'avait pas décidé de tout miser sur ses accusations, en hurlant au crime sans que rien ne montre une quelconque forme de concrétisation de ces supposés mouvements. Il n'y a nul besoin de coups bas pour attaquer Ségolène Royal, son propre discours suffit à l'affaiblir. Par contre le Parti Socialiste est obligé de faire feu de n'importe quelle supposition improuvée pour tenter d'exister et d'attaquer Nicolas Sarkozy, ce qui laisse une impression étrange. Dans tout cela, la véritable victime n'est pas celle qui essaie de se faire passer pour telle.

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