Le football italien est assez mouvementé depuis un an : cela commence par le scandale de la corruption des arbitres de la Serie A qui a renvoyé la prestigieuse Juventus en Serie B, le renouveau au milieu du désarroi par la victoire lors de la Coupe du monde, et outre les deux coups de tête encaissés par Marco Materazzi, l'Italie voit à nouveau son football devenir un thème de tristesse, et cette fois-ci c'est autrement plus grave puisqu'il y a eu mort d'homme. Samedi en effet, un policier italien a été tué lors de heurts avec des hooligans. Les autorités sportives et gouvernementales ont réagi en suspendant toutes les compétitions de football, le temps au moins de se poser la question de la lutte contre les supporters violents. Bien sûr, cette situation n'est pas très éloignée de ce qu'il s'est passé en France, où cette fois c'était un hooligan qui a été tué en essayant de s'en prendre à un supporter adverse et au policier qui tentait de le défendre. Adversaires en finale en juillet dernier, l'Italie et la France se retrouvent piteusement sur le terrain de la lutte contre la violence aux bords des stades. Mais le hooliganisme est un phénomène bien connu aussi dans d'autres pays d'Europe, notamment en Angleterre.

Il est désespérant que le sport devienne un enjeu d'affrontements violents. Il faut certes beaucoup de passion pour soutenir une équipe semaine après semaine pendant des années, mais pour en arriver à l'hooliganisme il ne faut plus voir l'aspect sportif et se concentrer sur la notion de rapport de forces. Les supporteurs adhérents d'associations ont leur monde à eux, à côté du terrain, où en dehors des résultants de l'équipe qu'ils soutiennent ils passent beaucoup de temps et d'énergie dans leurs activités propres, et ils ont par exemple une grande fierté à réaliser de belles animations dans les tribunes, à créer une ambiance particulière et à être ensemble dans un cadre chaleureux. Le tout est de ne pas basculer ces énergies dans l'opposition franche à autrui : on peut être chauvin et de mauvaise foi pour défendre une équipe, il y a une limite claire avec les insultes et la violence avec ceux d'en face ou les forces de l'ordre.

L'Italie a mis en place des mesures sévères, comme l'obligation de jouer à huis clos si le stade n'est pas aux dernières normes. Les liens entre les clubs et les associations de supporters ultra sont également proscrits. Cette dernière pourrait aussi être appliquée en France, où les associations ont beaucoup de pouvoir. Ainsi, à Marseille, une partie des abonnements est vendue directement par ces associations, elles forment en fait une sorte de contrôle parallèle des à côtés du club, de par leur influence.

Du côté de l'Italie où le football a une place bien forte qu'en France, ces événements négatifs sont évidemment mal vécus. Et la résolution de ces problèmes semble cette fois prendre beaucoup de temps. Mais les championnats italiens avait déjà été longtemps dans le maëlstrom à propos des droits télévisés, entre autres. S'il y a autant de scandales, de difficultés et de conflits à propos d'un sport, n'est-ce pas le signe qu'il a pris trop d'importance, en dépit des joies qu'il peut susciter ?