Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 31 janvier 2012

Les chiffres bidons de François Hollande

C'est bien connu, la presse traite les gens suivant la séquence suivante : d'abord elle lèche, ensuite elle lâche, enfin elle lynche. Il y a un an, Dominique Strauss-Kahn était au firmament, déjà élu Président de la République, plusieurs biographies étaient d'ores et déjà publiées pour présenter le nouvel homme fort de la France. C'était ça la, la lèche. La presse l'a totalement abandonné au moment du déclenchement de l'affaire du Sofitel, et fut finalement médiatiquement lynché en bonne et due forme par la suite. Ce n'est qu'à ce moment là que furent posées les questions sur ses liens avec certains milieux, son rapport inapproprié avec la gent féminine, les conflits d'intérêts qui en découlent et la façon dont cela impactait sa gestion des affaires. Persona non grata au PS, aujourd'hui il n'est plus rien. Mais ne nous inquiétons pas, le cirque médiatique continue, et la presse a trouvé un nouvel objet d'adoration. François Hollande est subitement devenu le nouvel horizon indépassable de la politique française, et le voilà amoureusement léché à son tour par la quasi totalité de notre paysage médiatique.

Cela fut particulièrement manifeste lors de son meeting du Bourget. Il faut dire que François Hollande ne prit pas trop de risque en s'inspirant méticuleusement de celui de Nicolas Sarkozy à la porte de Versailles cinq ans auparavant. Les commentateurs politiques vantent son programme qualifié de sérieux, sans s'être vraiment posés de questions à son sujet. Tout le monde gobe sans rechigner les chiffres fournis dans son programme, sans qu'ils ne recouvrent pour autant une réalité. Voilà la promesse : le coût du programme de François Hollande est évalué à 20 milliards d'euros, financé par la suppression de niches fiscales pour 29 milliards d'euros, le différentiel permettant de réduire le déficit. Seulement, dans le détail, c'est bidon.

La suppression des exonérations de charges sociales sur les charges sociales est abondamment cité en exemple, mais cela ne fait au mieux que 3,2 milliards d'euros de rentrées fiscales. Le reste est beaucoup plus folklorique : 2,1 milliards d'euros sont trouvés dans la maîtrise des effectifs de l'Etat. S'ils sont seulement "maîtrisés", c'est à dire qu'ils n'augmentent pas, ce n'est pas une rentrée d'argent, ce n'est même pas une économie sur de l'argent qui était prévu pour être dépensé. C'est comme si un particulier comptait comme rentrée d'argent le fait de ne pas acheter une Ferrari qu'il n'avait de toute façon pas budgétée. C'est ridicule d'un point de vue comptable. Et si la maîtrise des effectifs de l'Etat doit être compris comme une réduction supplémentaire par rapport à ce qui est d'ores et déjà prévu par le gouvernement, il faudrait le dire, car le reste du programme dit exactement l'inverse, en annonçant au contraire des recrutements.

De même, le redéploiement des crédits budgétaires (pour 2,4 milliards d'euros) n'est pas non plus une ressource financière. Pour bien faire, il faudrait remplacer cette expression vague par la mention des programmes qui ne seront plus financés, mais comme ce n'est pas le cas, cela veut dire que c'est de l'argent qui n'existe pas. Enfin, le Parti Socialiste trouve 4 milliards d'euros par la suppression de la déductibilité des intérêts d'emprunts... qui a été déjà supprimée en 2011. Du grand art... Ce programme fut célébré pour n'avoir retenu une hypothèse de croissance de 0,5 % au lieu des 2,5 % initialement prévus par François Hollande lors de la primaire socialiste... mais cela ne concerne que l'année 2012. Pour les trois dernières années de mandat, le PS est toujours certain d'avoir 2,5 % de croissance. Quel optimisme !

Donc les 20 milliards de dépenses supplémentaires sont en fait peu financés. Et dès lors, les 9 milliards d'euros d'euros supplémentaires mentionnés pour réduire le déficit ne sont pas du tout détaillés. C'est bien simple, ils n'existent pas. Le programme de François Hollande se contente de nous promettre un taux de prélèvements obligatoires de 46,9 % en 2017, une hausse de 4 points par rapport à 2010, ce qui ferait de la France le deuxième pays en la matière parmi les industrialisés. Il n'y a pas de véritables réductions de dépenses de prévu, seulement des impôts supplémentaires, et encore, insuffisants pour financer les nouvelles dépenses. Les prévisions de réduction des déficits sont donc fantaisistes, et l'on s'aperçoit rapidement que le chiffrage a dû être fait à la va vite sur une nappe en papier dans un restaurant au moment du digestif pour arriver à un tel résultat. Mais après tout, l'important doit être de donner des chiffres, peu importe s'ils sont bidons... Comme tout le monde, François Hollande sera un jour lui aussi lâché par les médias. La question qui reste désormais, c'est "ouvriront-ils les yeux avant ou après l'élection ?"

dimanche 29 janvier 2012

Pour une politique de l'offre

Pourquoi aussi peu de croissance en France ? A l'heure actuelle, celle-ci est quasi nulle. Cela s'explique par la crise économique et financière qui date de 2008. La crise de l'euro qui en découle n'aide pas, mais les pays situés en dehors de la zone euro ne font pas mieux, ce qui fait relativiser. Il y a aujourd'hui bien des pays qui en sont en pire état que la France, notamment ceux qui avaient une croissance forte auparavant mais qui vivaient en fait sur une bulle. Pour ceux-là, le retour à la réalité est à la fois brutal et terrible. Néanmoins, la France tend à avoir des taux de croissance inférieurs à ceux des autres pays développés depuis des décennies. Or quand la croissance est trop faible, le chômage augmente mécaniquement. Le manque de croissance structurel de la France lui assure un chômage tout aussi structurel.

Le grand leitmotiv des politiciens français a donc été leur volonté de relancer la croissance pour créer des emplois. Seulement il faut se souvenir que, à moins d'embaucher des fonctionnaires en masse, ce ne sont pas les gouvernements qui créent des emplois, ce sont les entreprises. Et les politiques menées ne leur ont pas été favorables. Leur déficit de compétitivité ne les handicape pas seulement pour l'exportation, mais aussi pour la vente dans le marché intérieur. Voyons comment cela fonctionne...

Sur les trois dernières décennies, relancer la croissance a voulu dire, pour les politiciens, relancer la consommation. En donnant plus d'argents aux ménages français, ceux-ci le dépenseront, ce qui fera travailler les entreprises, et donc créera des emplois. Théoriquement, selon le mécanisme du multiplicateur keynésien, le surcroit d'activité engendré finirait par générer suffisamment de ressources fiscales pour au final compenser l'argent "investi" dans la relance. Cela paraît séduisant, mais ça ne fonctionne plus. Si les Français dépensent bien l'argent qu'on leur donne, ils l'utilisent pour acheter en grande partie des produits achetés à l'étranger. Plus innovants, de meilleure qualité ou moins chers, ils sont souvent plus compétitifs que les produits produits en France. L'argent investi dans la relance va donc bien générer de l'activité économique, mais de l'activité pour les entreprises chinoises. Evidemment, les ressources fiscales escomptées n'arrivent pas, et l'investissement, sans retour, se transforme en débit pur et simple, financé par la dette qui s'accumule.

Ces histoires de relance, c'est comme essayer de remplir le tonneau des Danaïdes, un récipient percé. On comprend donc la thématique de l'"acheter français", relancé par François Bayrou et le gouvernement : il s'agit de boucher le trou. Le concept n'a rien de nouveau. Mais plutôt que de prendre les consommateurs par les sentiments avec des slogans tels que "nos emplettes font nos emplois", il serait préférable de s'appuyer sur la rationnalité économique des acheteurs. Si le produit français est le meilleur (en innovation, solidité, voire prix), il aura beaucoup plus de chances de rencontrer le succès, en France, mais aussi à l'étranger.

On en revient donc à la question de la compétitivité des entreprises françaises. Au niveau des prix, la TVA sociale est une bonne piste pour améliorer cet aspect de la compétitivité, mais vu l'ampleur des sommes dépensées pour la protection sociale en France, une hausse de la TVA ne suffira jamais à tout compenser. Au niveau de l'innovation, la situation est bien sombre pour la France. Si la France n'arrive pas à atteindre l'objectif de 3 % du PIB dépensé en recherche et développement, c'est bien à cause de la faiblesse des investissements en la matière par les entreprises françaises. Il y a un soucis de mentalité, mais aussi un problème de marges suffisantes pour financer de tels investissements à long terme. On pointe souvent du doigt les profits des entreprises du CAC 40, mais ce n'est qu'une partie de l'économie française, et elles tirent une grande part de ces profits par des biens et services produits à l'étranger.

La croissance économique française est insuffisante car ses entreprises manquent de compétitivité. Le but de la politique économique française doit donc de permettre aux entreprises d'améliorer leur compétitivité. On pourra débattre des mesures à mettre en place pour cet objectif, mais on cela signifie d'ores et déjà une chose : la France n'a pas besoin d'une politique économique fondée sur la relance de la demande, elle a besoin d'une politique améliorant son offre de biens et services.

samedi 28 janvier 2012

La vraie menace sur les familles

La presse évoque le fait que Nicolas Sarkozy pourrait se déclarer favorable au mariage gay lors de la campagne présidentielle à venir. C'est un sujet qui divise la droite. Une partie n'y voit aucun problème. Une autre partie y est hostile, considérant qu'un mariage, c'est entre un homme et une femme. Aux Etats-Unis, certains voient dans le mariage gay une menace sur les familles, car il remettrait en question le modèle traditionnel de famille qui est le socle des sociétés occidentales. C'est à croire qu'une fois légalisé, un grand nombre d'hétérosexuels serait tout à coup attiré par les lueurs de l'homosexualité, et qu'en ne faisant plus d'enfants, l'espèce humaine serait condamnée à s'éteindre. C'est assez conceptuel, et à vrai dire, tout à fait ridicule. Un hétérosexuel ne se transforme pas en homosexuel par simple conversion.

Le mariage, c'est une déclaration mutuel d'amour devant le monde, un engagement d'être là pour l'autre jusqu'à ce que la mort sépare. S'il y a bien quelque chose de magique dans le monde, c'est le fait que la vie naisse de l'amour. Le mariage se base sur un amour véritable entre deux personnes, un engagement éternel. Le mariage gay n'est pas une menace pour le mariage, bien au contraire : tant mieux si des couples homosexuels reposent également sur un tel amour. Cela confirme même la force de ce sentiment. En fait, si on regarde notre société actuelle, on constate aisément que la vraie menace sur les familles est ailleurs. C'est le divorce.

C'est un sujet que les sociologues adorent, les articles abondent sur les familles recomposées ou sur la nouvelle vie après un mariage. Mais très souvent, le divorce est un abîme de désespoir. Sa possibilité même fragilise le concept du mariage, et introduit l'idée qu'il ne s'agit que d'un engagement temporaire. Il faut être deux pour se marier, on peut obtenir seul le divorce. Il s'agit d'un consumérisme des sentiments, on divorce et on se remarie au gré des années, sans qu'il n'y ait plus rien de stable. Dans ce qui est censé être de l'amour, on essaie de maximiser son gain personnel, révélant ainsi un égoïsme dans ce qui aurait du être un partage total.

Les divorces ont bien sûr des conséquences pour les enfants. Voir leurs parents ne plus être là l'un pour l'autre fragilise la protection que devrait offrir la famille. La vie au sein des familles monoparentales reste tout de même plus dure, et devenir un objet de négociation et de division n'a rien de satisfaisant pour les enfants. Et au final, il y a la solitude, qui contrairement à un deuil, pouvait être évitée.

Il ne s'agit évidemment pas de dire qu'il faudrait interdire le divorce. On peut toutefois regretter qu'il soit aujourd'hui si répandu. Le gouvernement souhaite mieux préparer les couples qui veulent passer par le mariage civil pour leur faire comprendre la portée de leur engagement. Ce n'est pas une mauvaise idée. Au delà de ça, c'est toute une mentalité qui est à changer, celle du mariage conditionnel. Mais, cela ne passe pas par des décrets ou des textes de loi.

mardi 24 janvier 2012

C'est l'heure de payer !

La perte du AAA de la France chez l'agence de notation Standard & Poors a, comme on pouvait s'y attendre, permis un bel exercice de pointages du doigt de tous les côtés. La gauche a parlé d'une "présidence dégradée", reprenant exactement les mêmes mots que ceux utilisés par les républicains pour critiquer Barack Obama lorsque les Etats-Unis ont connu un sort similaire. La droite a fait remarquer que l'ampleur de la dette publique tient pour beaucoup à son explosion lors de la présidence de François Mitterrand. En réalité, c'est plus simple que ça. C'est de notre faute à tous, nous, l'ensemble des Français. On le savait que notre dette était importante, et qu'il était malsain que le budget de l'Etat n'ait pas été à l'équilibre pendant des décennies. On le savait qu'il n'était pas normal d'emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement. On le savait que l'on ne pouvait indéfiniment durer comme ça. Et pourtant, on ne s'en préoccupait pas vraiment. Pire, nos revendications, nos exigences portaient toujours sur de l'octroi d'argent pour de nouvelles dépenses. Quand on manifeste dans la rue, le mot d'ordre en général, c'est "on a besoin de davantage de moyens pour"... quoi que ce soit.

Voilà le résultat :

Le PIB et la dette publique en France 1980-2010


Les dépenses publiques ont bien plus augmenté que le PIB, alors qu'en même temps, les recettes fiscales le suivaient assez fidèlement. Le taux de prélèvements obligatoires est resté à peu près stable sur les 30 dernières années, et pour cause, puisqu'on difficilement prélever plus sur l'économie. En 2008, la France avait le quatrième taux de prélèvements obligatoires le plus élevé dans l'OCDE (à 43,5 %), devant la Finlande, l'Allemagne (36,4 %), l'Espagne (33,3 %) ou le Japon (28,3 %). D'après l'OCDE, nous sommes le pays où il y a le plus grand nombre de taxes.

Jusqu'à présent, les investisseurs acceptaient de financer la dette de la France en considérant qu'elle pourrait toujours créer de nouveaux impôts pour rembourser. Mais la dette s'accumule, et notre faible croissance structurelle met en doute la durabilité d'un tel système. Ceux qui avaient voulu mettre en avant le besoin de rigueur budgétaire étaient vilipendés pour leur libéralisme économique néfaste aux conditions sociales de la population. Cassandre avait raison. Aujourd'hui, ce que nous signifie cette dégradation de la dette, c'est qu'il est finalement l'heure de payer. On savait que ça allait arriver, on disait "un jour, nos enfants auront à rembourser tout cela, ils naissent avec des dettes", on l'a dit pendant des décennies. C'était vrai, et c'est pour maintenant. Reste désormais à voir comment on fera avec nos nouvelles conditions sociales.

dimanche 22 janvier 2012

Guerre économique en Iran

Le dernier rapport de l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) sur l'Iran fut loin d'être positif, c'est le moins que l'on puisse dire. Le pays progresse dans sa quête de l'arme nucléaire, et s'approcherait même du but. Israël, cible directe d'éventuels projectiles de la sorte, est d'ores et déjà sur le pied de guerre, et menace de commencer les bombardements d'un instant à l'autre. Le reste des pays occidentaux ont une approche différente. Il s'agit de la mise en place de nouvelles sanctions. Bien sûr, cela fait plus de trente ans que l'Iran est l'objet de sanctions de toute sorte. Mais ces dernières années, elles ont été particulièrement sévères, avec des effets sensibles sur l'économie iranienne. Celle-ci est sur la voie du délabrement, et la population ressent l'impact non pas d'une guerre militaire conventionnelle, mais bien d'une guerre économique qui est d'ores et déjà en cours.

Et avec les conclusions apportées par ce rapport de l'AIEA, cela ne risque pas de s'améliorer. L'Union Européenne et le Japon vont désormais arrêter d'acheter le pétrole iranien. Certes, il restera d'autres clients potentiels, mais selon la loi de l'offre et de la demande, les prix baisseront fortement. Alors que 80 % des revenus de l'Iran proviennent du pétrole, voilà qui asséchera encore plus l'économie iranienne. Les décisions politiques prises par le pouvoir iranien a dès lors des conséquences très concrètes pour la population, et le doute s'installe dans la population. Le pays s'oriente vers un cul de sac.

C'est pour échapper à de telles sanctions que l'Iran a voulu faire pression sur les pays occidentaux, en menaçant de fermer le détroit d'Ormuz, passage important pour l'acheminement du pétrole. C'est en fait un aveu de faiblesse, puisque l'Iran ne ferait pas de telles menaces s'il n'était pas acculée. En prenant en otage une part importante du pétrole mondiale, il cherche à préserver ses intérêts, mais le blocage en lui-même desservirait le pays. En outre, il s'agit d'un casus belli évident, et chercher à prendre le contrôle d'une zone ne relevant pas de ses eaux territoriales l'exposerait à la répression armée de ses opposants, notamment américains mais pas seulement. On arriverait à une situation inverse à celle irakienne. En Irak, les Etats-Unis ont déclenché le conflit sur le concept de guerre préventive. Là, ce serait l'Iran qui forcerait les hostilités en mer. Mais il s'agit là de guerre conventionnelle, et l'on peut douter de la capacité de résistance de l'armée iranienne lors d'une bataille navale face aux Etats-Unis, qui ont plus de porte-avions que tout le reste du monde réuni.

Personne n'a donc vraiment intérêt à ce qu'il y ait une escalade de la violence. L'idéal serait que les islamistes iraniens cèdent, par pression diplomatique ou sous la pression de la population. Malheureusement, les élections présidentielles de 2009 ont été trafiquées, et le voile vaguement démocratique qui perdurait a disparu. Les dirigeants ne sont pas soumis au peuple par les urnes, et à moins d'une révolte populaire, ne changeront pas de ligne de conduite. Difficile d'être optimiste dans une telle situation, et c'est le peuple iranien qui subit le premier les conséquences de tout ça.

mercredi 18 janvier 2012

Enrichissez-vous !

Les thèmes de la campagne présidentielle n'auront, a priori, rien d'inédit. Du côté de la gauche, on aura à nouveau le droit au couplet sur la relance de la consommation en donnant de l'argent aux plus défavorisés. C'est ce qui s'appellerait de la redistribution, car l'argent serait prélevé chez les riches, qui ne sont qu'une minorité. L'intérêt de la majorité primant, ils devront procéder à ces transferts. Ce grand classicisme appelle quelques observations. Pour commencer, être riche c'est forcément être dans une minorité. En effet, de nos jours, la richesse ou la pauvreté sont considérées en des termes relatifs. Etre pauvre, c'est gagner moins de 60 % du revenu médian de la population. Etre riche, c'est avoir les revenus ou le patrimoine les plus importants. Ce sont ces principes là qui sont utilisés quotidiennement, dans les médias et les statistiques. Si tout le monde venait à gagner deux fois plus d'argent du jour au lendemain, avec des prix stables, il y aurait alors toujours autant de pauvres que de riches. Voilà qui est décourageant.

Mais partons du principe que cette redistribution est effectivement positive pour l'économie. On constate alors qu'en France, on a déjà l'un des taux d'imposition les plus élevés au monde. Les riches sont tellement une minorité qu'ils ne sont pas assez pour tout payer. Les classes moyennes sont déjà lourdement sollicités. Notre incapacité à limiter nos dépenses est accompagnée par une incroyable créativité fiscale. Il y a de nouvelles taxes chaque années, sur tout et n'importe quoi. Problème : cela ne suffit pas, le déficit public reste colossal. On s'aperçoit alors qu'il s'agit d'une redistribution des revenus des générations futures vers celles actuelles. On est plus du tout dans la quête de justice sociale ni de recherche de l'égalité, on ne fait que nuire à l'avenir. Voilà qui est effrayant.

Le problème de la richesse est mal posé. Le problème, ce n'est pas qu'il y ait des riches alors qu'il y a des pauvres. Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de riches. Il faut alors raisonner en termes absolus, et considérer qu'un riche, c'est quelqu'un qui vit à l'abri du besoin, qui peut loger et nourrir sa famille et éduquer ses enfants sans difficulté. Dans les pays développés, c'est le cas d'une majorité. Plutôt que de redistribuer les richesses, il est certainement préférable de les créer.

"Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne" aurait dit, parait-il, François Guizot au XIXème siècle. Le leader communiste chinois Deng Xiaoping aurait lui aussi encouragé sa population à s'enrichir. Ils ont tous deux raison. Le travail et l'épargne créent la richesse, et la richesse permet une vie confortable. Ils ne sert donc à rien de craindre ni le travail, ni l'épargne, ni la richesse. Notre vrai souci, c'est notre manque global de ces trois choses, pas leur répartition.

lundi 16 janvier 2012

Ron Paul, l'idole des jeunes

"Dans les années 70, Nixon avait dit aujourd'hui, nous sommes tous keynésiens. Je rêve d'un jour où nous dirons aujourd'hui, nous sommes tous Autrichiens !" Ces mots marquaient un moment marquant du discours que Ron Paul prononçait le soir du caucus républicain en Iowa, il y a de cela deux semaines. Il faisait référence à l'école autrichienne économie, farouche partisane du libéralisme. Aux Etats-Unis, il en est lui-même le combattant le plus acharné. Représentant du Texas au Congrès, il s'est à nouveau présenté à la présidentielle cette année. En lice dans les primaires américaines, il est arrivé deuxième à la fois en Iowa et dans le New Hampshire, un résultat significatif. Il dépasse ainsi tous les candidats qui ont été plus en vue les mois précédents, mis à part Mitt Romney, le probable futur nominé.

Par rapport aux autres candidats, il a un mérite flagrant : celui de la cohérence. Ses convictions libertariennes ne font aucun doute, il ne saurait être accusé d'adopter une posture pour avoir des voix. D'ailleurs, il ne se fait probablement aucune illusion sur ses chances à la présidentielle. Il ne sera pas nominé, mais par rapport à il y a quatre ans, son score progresse, ce qui signifie que ses idées sont plus répandues. Il n'hésite pas à être à la marge de son parti sur des questions importantes. Toujours partisan d'un Etat le plus minimaliste possible, il se prononce contre les opérations militaires américaines à l'étranger, alors que se montrer belliciste est plutôt bien vu chez les autres candidats (cela prouve les capacités de commandant en chef).

Les années précédentes, d'autres candidats avaient obtenu un soutien fort des jeunes pour leurs engagements clairs et leur refus de la guerre en Irak. Howard Dean avait ainsi été un candidat démocrate influent pendant les primaires de 2004, pour ces raisons. C'est son opposition à la guerre qui permit à Barack Obama de se démarquer des autres sénateurs, qui s'y étaient presque tous montré favorables. Curieusement, de l'autre côté du prisme politique, les mêmes convictions (bien que pour des raisons différentes) apportent les mêmes effets. Les militants de Ron Paul sont dévoués et énergiques, bien plus que chez les autres candidats. Grâce à eux, il pourra continuer son plaidoyer du libertarianisme jusqu'à la fin des primaires, il est sûr qu'ils seront toujours là pour le soutenir. Son fils, Rand Paul, est d'ores et déjà sénateur, et s'apprête à poursuivre le combat quand lui, du haut de ses 76 ans, ne le pourra plus.

Aux Etats-Unis, le libertarianisme est toujours une idée neuve. Comme le fut le communisme chez nous, cette doctrine économique poussée à l'extrême offre une solution incroyable à tous les problèmes. Et comme toutes les utopies, elle ne pourra jamais être totalement appliquée. Mais il est déjà intéressant de noter qu'elle pourrait avoir de plus en plus d'influence dans les décennies à venir.

dimanche 15 janvier 2012

Guy Mollet, le fantôme de l'incompétence

Il y a 56 ans, Guy Mollet devenait président du conseil dans le cadre de la IVème République. Cela faisait déjà 10 ans qu'il était à la tête de la SFIO (qui s'appellera plus tard le Parti Socialiste). Suite à la victoire de la coalition hétéroclite du Front Républicain, il y a une incertitude : est-ce que ce sera lui, ou le populaire Pierre Mendès-France qui sera à la tête du gouvernement ? Ce sera finalement Guy Mollet. Le Front Républicain avait au moins quelque chose de clair dans son programme : arriver à la paix en Algérie en prenant soin de négocier avec les insurgés. Cela tournera mal dès les premiers jours du gouvernement. Venu voir la situation sur place, Guy Mollet subit l'opprobre de la population européenne, et suite à la quasi-émeute que suscite sa visite, il décide de changer sa trajectoire à 180°. Il donne raison aux protestataires européens en acceptant la démission du trop modéré général Catroux du poste de ministre résident en Algérie, et y nomme le plus bien plus vindicatif Robert Lacoste. A partir de là, la situation ne fera qu'empirer.

Plus question de paix négociée ou d'amnistie, il n'est plus question que de menaces envers les insurgés fanatiques. Pour rétablir l'ordre, le gouvernement socialiste n'hésite pas à donner de larges pouvoirs à l'armée. Un mois et demi après son arrivée au pouvoir, le ministre de la Justice François Mitterrand signe ainsi un texte de loi donnant la possibilité aux forces militaires de perquisitionner et de juger elles-mêmes tous les crimes commis en Algérie. La guerre d'Algérie est définitivement lancée. Quant aux négociations, il n'y en a plus pour une bonne raison : le 22 octobre 1956, les cinq principaux leaders du FLN dont Ahmed Ben Bella voient leur avion détourné et ils sont arrêtés. Ils resteront en prison jusqu'à la fin du conflit. Guy Mollet n'a pas pris lui-même la décision de cette arrestation. C'est pire que ça : il n'était pas au courant avant qu'elle ne se fasse, et mis devant le fait accompli, il décide de l'assumer, bien qu'il s'agisse là d'une preuve de la perte de contrôle du politique ou du judiciaire envers les autorités militaires.

C'est à cette époque que la torture se systématisa en Algérie. N'importe quel musulman pouvait être embarqué et torturé par l'armée si tel était le bon plaisir des soldats. De telles exactions ne pouvaient passer inaperçues. Plusieurs fois alerté, Guy Mollet choisit de passer ces faits sous silence et fait régner la censure pour garder le contrôle, plutôt que de mettre un terme aux abus. Robert Lacoste lui assure que tout se passe bien. Il le croit ou tout du moins s'en contente. Il ne souhaite pas le désavouer : c'est un camarade socialiste, et le remettre en cause serait nuisible au socialisme.

Guy Mollet cherche alors d'autres voies pour régler cette guerre. Persuadé que le conflit est attisé par le leader égyptien Nasser, il décide de lancer une opération visant à sa chute. Avec comme prétexte la nationalisation du canal de Suez, il incite le Premier ministre britannique Antony Eden à engager une action militaire. Il amadoue également le gouvernement israélien en le fournissant massivement en armes, et conçoit un plan navrant pour déstabiliser Nasser. La tragi-comédie est rapidement perçue par tout le monde, et l'intervention des Etats-Unis et de la Russie transforment l'opération en une humiliation pour la France et la Grande-Bretagne.

Début 1957 commence la violente bataille d'Alger, où l'armée française agit sans aucun contrôle politique. Au niveau économique, la situation n'est pas excellente. Les déficits publics sont élevés (l'envoi du contingent en Algérie est encore une charge supplémentaire), et l'inflation est très forte. Décision est prise de trafiquer les chiffres officiels de l'inflation pour ne pas que les prestations indexées augmentent à la même vitesse. D'une manière générale, le régime de la IVème République est plus discrédité que jamais.

La vraie expertise de Guy Mollet résidait en fait dans les mécaniques de parti. Militant socialiste très jeune, il a constamment navigué dans les questions de motions, de discipline interne du parti, de congrès et de tripatouillages électoraux. La IVème République était le terrain rêvé pour les obscures combinaisons de partis, et c'était ce que savait faire Guy Mollet. Il avait une grande capacité à renoncer à ses propres idées pour adopter envers et contre tout la position officielle du parti. Il était passionné par les théories marxistes, et l'idéal collectif du socialisme passait avant tout. La SFIO était pour lui l'alpha et l'omega de la politique. Il en restera le secrétaire général jusqu'en 1969. A ce moment là, le parti était devenu plus que moribond. Le candidat socialiste à l'élection présidentielle de cette année là n'était que quatrième, avec 5 % des voix. La grande longévité de Guy Mollet à la tête de son parti n'aura été en fin de compte bénéfique ni à la SFIO, ni à la France.

L'histoire de tant d'échecs fait frémir. On peut se rassurer en se disant que c'est le passé, et que l'énergie du général De Gaulle a permis de remettre la France sur de meilleurs rails. Mais il faut savoir en retenir les leçons. Aujourd'hui, il y a un homme au profil étonnamment similaire qui peut accéder au pouvoir. François Hollande a été premier secrétaire du Parti Socialiste depuis plus longtemps que quiconque depuis... Guy Mollet. Il doit lui aussi sa longévité à ce poste à sa capacité à plier l'échine devant les courants et les alliances très mouvantes qui font les congrès socialistes. Mais quand il a l'a quitté, personne ne le regrettait, le parti étant devenu bien informe. Son manque constant d'autorité l'handicapait pour fixer un but clair. Cette expérience à la tête du PS est en fait bien la seule dont il peut se prévaloir. Il pourrait devenir Président de la République... L'exemple que nous montre le fantôme de l'incompétence qu'est Guy Mollet peut-il nous éclairer pour les choix à faire d'ici quelques mois ?

jeudi 12 janvier 2012

Jeanne d'Arc, une héroïne française

Jeanne d'Arc a 600 ans ! Joyeux anniversaire ! Cela ne la rajeunit pas, mais comme elle n'a même pas atteint les vingt ans, elle n'eut pas à connaître les affres du vieillissement. La guerre de cent ans remonte à loin maintenant, ses détails ne sont plus très bien expliqués en cours d'histoire. Néanmoins, le souvenir de Jeanne d'Arc reste vivace. Son parcours exceptionnel, son ardeur pour défendre sa conviction et les conséquences immenses de ses actes lui assure une place de choix parmi les figures marquantes de l'Histoire européenne. Elle fut ainsi dépeinte et commentée régulièrement pendant chacun des siècles qui nous sépare d'elle. On peut même voir un hommage paradoxal dans la façon dont le célèbre dramaturge anglais William Shakespeare la décrit : dans la première de ses pièces Henri VI, elle devient une sorcière menteuse de petite vertu. En la voyant traitée plus bas que terre, on ressent toute l'amertume que ressent l'auteur envers celle qui a sonné le glas de ses compatriotes en France. 160 ans après sa mort, Jeanne d'Arc était déjà solidement ancrée dans les esprits comme étant une héroïne française.

L'histoire est bien connue : simple bergère, elle décide suite à une révélation de bouter les Anglais hors de France et de faire couronner le dauphin roi de France. Encore adolescente, elle remotive des troupes françaises jusque là apathique et participe même aux campagnes militaires. Les succès sont éclatants, mais elle est capturée suite à une trahison, et finit sur le bûcher. Plus qu'une personnalité symbolique, c'est un symbole, à l'instar d'autres héros qui forment le panthéon français. Il y a par exemple Vercingétorix, ou plus récemment Jean Moulin. Ce sont des personnes ordinaires qui décident de se battre de toutes leurs forces contre l'adversité. Ce sont des exemples qui nous parlent encore aujourd'hui.

Le Front National célèbre Jeanne d'Arc pour une raison simple : ils considèrent qu'ils veulent comme elle virer les étrangers. Comme ils ont évoqué sa mémoire tous les ans au cours d'une manifestation politique, elle est désormais bizarrement dépeinte comme "symbole fort du nationalisme", et non du courage. On ne peut pas interdire à l'extrême droite d'utiliser son image. On aurait pu croire qu'il était inutile d'organiser des contre-manifestations, certains que l'on pouvait être que Jeanne d'Arc était dans le cœur de tous. Chaque pays a ses héros qui lui sont chers, sans pour que cela tourne pour autant au nationalisme. Il n'y a rien d'anormal à ce qu'on leur rende ponctuellement hommage. Célébrer la naissance de Jeanne d'Arc rentre dans cette catégorie, et l'on peut d'ores et déjà se donner rendez-vous en 2031 pour les 600 ans de sa disparition.

mardi 10 janvier 2012

Sur le harcèlement scolaire

La semaine dernière, les médias ont raconté l'histoire d'une jeune fille de douze ans qui s'est suicidée, laissant une lettre d'adieux dans laquelle elle évoquerait ses problèmes au collège. Sa mère explique qu'elle était victime de harcèlement de la part de certains d'autres élèves. La jeune fille en avait également parlé à une voisine, et plusieurs de ses camarades confirment qu'elle était bien l'objet de moqueries sur son physique. Mais de son côté, la direction du collège repousse ses accusations, expliquant ne rien savoir à ce sujet. C'est bien le problème.

Au delà de ce fait divers, on retrouve un vrai sujet, celui du harcèlement scolaire. Le collège est certainement la période où ce phénomène est le plus marqué. Les élèves sont suffisamment vieux pour se soucier des questions de statuts et de jugement de valeurs, mais pas assez pour avoir la maturité qui permet de relativiser. Pour la cible des moqueries, c'est une dévalorisation gratuite et quotidienne, à l'âge où l'on construit sa personnalité. C'est dur à encaisser, et peut avoir des effets bien plus dévastateurs à long terme que le fait de voir un film violent, pourtant bien souvent plus cité comme chose "traumatisante". Pour les moqueurs, il n'y a aucun enjeu. S'en prendre à un souffre douleur est une activité ludique, une occasion de rigoler pratiquée en groupe. Peut-être que cela leur permet de renforcer leur confiance en eux, d'avoir la certitude d'être du côté de ceux qui dominent... Mais à vrai dire, ils n'y pensent pas plus que ça avant ou après. C'est vraiment l'occasion fait le larron.

La plupart du temps, les adultes ne se rendent compte de rien. "Rapporter" ce genre de comportement aux surveillants ou professeurs peut-être l'occasion de brimades supplémentaires. Ceux-ci sont de toute façon prompts à évacuer un signalement d'un revers de main, mettant ça sur le compte de banals conflits entre gamins sans conséquence, où au mieux, tout le monde est coupable. Les parents des victimes sont parfois mis au courant, mais ne savent pas vraiment comment réagir. Quant aux parents des moqueurs, ils sont bien loin d'imaginer cet aspect de la vie de leurs enfants.

Ce n'est pas le genre de problème qui se réglera avec une loi, ou même qui pourra être réglé tout court. Mais avec plus de sensibilisation sur cette question (notamment via la médiatisation de telles affaires), au moins peut-on espérer que familles et équipes éducatives ne croient plus que c'est sans conséquence.

dimanche 8 janvier 2012

Président jusqu'au bout

Cette semaine, François Hollande s'est mis en campagne. Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire. Le projet prévu par le Parti Socialiste il y a un an de cela, et qui devait obligatoirement être promu et appliqué par le candidat quel qu'il soit, semble à peu près oublié. Ce serait une bonne chose si cela se confirme, vu qu'il était tout à fait consternant. Les rares idées brandies par François Hollande dans sa campagne des primaires sont également remises au placard : ce qui était considéré comme réaliste hier est bel et bien décrédibilisé aujourd'hui. On navigue donc à vu sur ce que compte faire François Hollande. Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, revendique le fait que le candidat ait son propre programme par rapport au Parti Socialiste, quitte à ce qu'il arrive plus tard, et que c'est une tradition socialiste. En effet, c'est exactement ce qu'avait fait Ségolène Royal il y a cinq ans, en se mettant en campagne en attendant que quelque chose sorte de ses ateliers de démocratie participative. Même cause, mêmes effets : Ségolène Royal ne pouvait pendant ce laps de temps rien dire d'intéressant, étant réduite à parler de "bravitude" à la presse. Et maintenant, François Hollande en est réduit à traiter le Président de la République de "sale mec" devant les journalistes. Voilà qui augure d'une belle campagne, l'insulte succédant au néologisme.

Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy ne fait pas campagne, et continue de faire le travail pour lequel il est élu. Plutôt que d'attendre un nouveau mandat, il lance dès maintenant deux nouveaux projets. Ce n'est pas forcément pertinent pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières à l'échelle française : il est bien plus intéressant de la lancer au niveau au moins européen, et c'était déjà en cours. Par contre, pour ce qui est de la TVA sociale, il était bien temps. Idéalement, il aurait même fallu le faire depuis longtemps. Et puisqu'il n'est pas sûr de pouvoir la faire voter lors de la prochaine législature, autant le faire immédiatement.

Voilà un mécanisme qui permet d'améliorer la compétitivité des entreprises françaises sur les marchés intérieurs et extérieurs. Certes, ce n'est pas une solution miracle qui réglera tout, mais le fait de faire financer la protection sociale par la consommation plutôt que par le travail assure que les produits français sont moins désavantagés par cette importante protection sociale dont bénéficie les Français. La gauche critique la mesure car susceptible de gêner une relance de la consommation. Or, d'une part, les baisses de cotisations sociales peuvent être répercutés en gains pour la population. Et d'autre part, le problème de la France n'est pas qu'il n'y a pas assez de consommation. C'est que cette consommation est largement financées par la dette, et profite massivement aux produits étrangers, d'où notre balance commerciale déficitaire. La TVA sociale ne peut aller que dans le bon sens sur ces points là.

Pourquoi remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même ? En mettant en place la TVA sociale, Nicolas Sarkozy prouve qu'il travaille le plus longtemps possible pour les Français. Espérons maintenant que la campagne présidentielle ne soit pas un prétexte pour s'attaquer à cette bonne idée, approuvée d'ailleurs par une partie de la gauche (Manuel Valls s'en était ainsi fait l'avocat pendant la primaire socialiste).

jeudi 5 janvier 2012

Tout sauf Romney ?

La campagne présidentielle américaine a commencé au printemps dernier, et la première primaire républicaine a eu lieu mardi. On a très vite compris quelle serait la question posée par les primaires républicaines : il y a-t-il quelqu'un pour contrer Mitt Romney ? Sarah Palin et Mike Huckabee ne se sont pas présentés. L'ancien gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, s'est retiré très (trop ?) vite de la course. En conséquence, il ne restait plus comme candidats que Mitt Romney et une incroyable brochettes de personnalités assez consternantes. Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts, a les mêmes atouts à faire valoir qu'il y a quatre ans. Mais aujourd'hui, être "modéré" est presque une insulte pour les conservateurs américains, et ceux-semblent être prêts à se jeter dans les bras de n'importe qui pour éviter cette personnalité qui se détache de la tête et des épaules des autres.

Au cours des derniers mois, des candidats différents se sont succédés en tête des sondage, alors que Mitt Romney restait solidement installé à la deuxième place. Mais rapidement, leur incompétence s'est révélée au grand jour l'un après l'autre, forçant les anti-Romney à changer de champion. Il y a d'abord eu Michelle Bachmann, sorte de clone de Sarah Palin. Puis il y a eu Rick Perry, doublon de George W. Bush : lui aussi gouverneur du Texas aux ambitions intellectuelles limitées, très religieux et fan des armes à feu. Ses performances lamentables aux débats ont provoqué sa chute. Il y a eu également l'homme d'affaires Hermann Cain qui était fier de ne savoir presque rien sur le monde en dehors des frontières américaines. De multiples scandales sexuels l'ont poussé vers la sortie. Puis il y a eu Newt Gingrich, speaker de la chambre des représentants dans les années 90. Certains le décrivent comme "brillant", mais à vrai dire, il est surtout sournois. Handicapé par un égo démesuré, tout le monde savait qu'il avait une quantité incroyable de squelettes dans le placard. Il a suffi de mentionner qu'une petite partie d'entre eux pour qu'il tombe lui aussi. Reste le libertarien Ron Paul, dont les vues extrême l'empêchent de rassembler une majorité autour de lui, et le dernier choix, Rick Santorum. Celui-ci a eu la chance de voir son tour venir au bon moment, lors de primaire de l'Iowa. Mais il n'est pas du tout à la hauteur, et il fut battu de façon embarrassante de son poste de sénateur en 2006.

Globalement, les candidats sont bien plus mauvais en 2012 qu'en 2008. John McCain, Mike Huckabee ou même Rudy Giuliani semblaient plus au niveau que les candidats actuels. Peut-être que les meilleurs républicains ont préféré attendre 2016 pour se présenter, préférant (probablement à raison) éviter un duel avec Barack Obama. Mais toujours est-il que Mitt Romney est le meilleur des choix proposés. Il est beaucoup haï, et il n'est pas dit du tout que les républicains ont une chance cette fois-ci. Seulement, si ça doit être l'un d'entre eux, autant que ce soit lui.

mardi 3 janvier 2012

Shimon Peres, l'Histoire d'Israël

En 1955, Shimon Peres a déjà 32 ans. Dans le nouveau pays qu'est Israël, il y a beaucoup à faire, et il a déjà eu l'occasion de prendre de multiples responsabilités en faisant partie de ceux qui ont créé cette nation. Il occupe le poste de directeur général du ministère de la défense. Le ministre en titre n'est autre que le Premier ministre, David Ben Gourion. Celui-ci délègue donc les responsabilités à des personnalités non élues : Moshé Dayan pour le côté strictement militaire, Shimon Peres pour le côté politique. Shimon Peres a donc l'autorité nécessaire pour négocier avec d'autres pays des contrats d'armement, et c'est ainsi qu'il passera beaucoup de temps avec la France de la IVème République pour équiper l'armée israélienne. La France acceptera d'autant plus de vendre ces armes qu'Israël accepte de participer à l'opération de Suez contre l'Egypte de Nasser (considéré par le gouvernement français comme étant la force derrière le soulèvement algérien).

C'était il y a 56 ans, et Shimon Peres était déjà au centre du jeu politique du Proche Orient, voire sur certains aspects, du monde, par répercussion. Il est élu député en 1959, et n'a plus quitté la politique après cela. Plusieurs fois Premier ministre, encore plus souvent ministre, c'est en tant que ministre des affaires étrangères qu'il se voit descerner le prix Nobel de la paix en 1994 pour son implication dans le processus d'Oslo. Ce processus ne répondra finalement pas aux espoirs, mais Shimon Peres est désormais Président de la République israélienne. Il a 88 ans, et témoigne d'une longévité politique incroyable. C'est bien simple, il a tout vu de l'Histoire de son pays, il a même bien connu ceux qui ont fait émerger l'idée du sionisme.

Même aux Etats-Unis, où les carrières de sénateurs s'étalant sur des dizaines d'années ne sont pas rares (l'influence s'obtient avec l'ancienneté), personne n'est en politique depuis plus longtemps que Shimon Peres. On peut avoir l'impression que pas grand chose ne change dans la situation du Proche Orient. Ce conflit quasiment inextricable se pose à peu près dans les mêmes termes depuis des dizaines d'années. Mais on se rend compte que le renouvellement politique est relativement faible. Les têtes d'affiche d'aujourd'hui (le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre de la défense Ehud Barak) sont les mêmes qu'hier (ils ont tous deux été Premier ministre auparavant). On a désormais l'impression qu'Israël est presque intemporel, mais en voyant que ceux qui ont créé ce pays sont toujours aux affaires, on se rend compte que c'est une nation encore très jeune en fin de compte.

free hit counter