Jeanne d'Arc a 600 ans ! Joyeux anniversaire ! Cela ne la rajeunit pas, mais comme elle n'a même pas atteint les vingt ans, elle n'eut pas à connaître les affres du vieillissement. La guerre de cent ans remonte à loin maintenant, ses détails ne sont plus très bien expliqués en cours d'histoire. Néanmoins, le souvenir de Jeanne d'Arc reste vivace. Son parcours exceptionnel, son ardeur pour défendre sa conviction et les conséquences immenses de ses actes lui assure une place de choix parmi les figures marquantes de l'Histoire européenne. Elle fut ainsi dépeinte et commentée régulièrement pendant chacun des siècles qui nous sépare d'elle. On peut même voir un hommage paradoxal dans la façon dont le célèbre dramaturge anglais William Shakespeare la décrit : dans la première de ses pièces Henri VI, elle devient une sorcière menteuse de petite vertu. En la voyant traitée plus bas que terre, on ressent toute l'amertume que ressent l'auteur envers celle qui a sonné le glas de ses compatriotes en France. 160 ans après sa mort, Jeanne d'Arc était déjà solidement ancrée dans les esprits comme étant une héroïne française.

L'histoire est bien connue : simple bergère, elle décide suite à une révélation de bouter les Anglais hors de France et de faire couronner le dauphin roi de France. Encore adolescente, elle remotive des troupes françaises jusque là apathique et participe même aux campagnes militaires. Les succès sont éclatants, mais elle est capturée suite à une trahison, et finit sur le bûcher. Plus qu'une personnalité symbolique, c'est un symbole, à l'instar d'autres héros qui forment le panthéon français. Il y a par exemple Vercingétorix, ou plus récemment Jean Moulin. Ce sont des personnes ordinaires qui décident de se battre de toutes leurs forces contre l'adversité. Ce sont des exemples qui nous parlent encore aujourd'hui.

Le Front National célèbre Jeanne d'Arc pour une raison simple : ils considèrent qu'ils veulent comme elle virer les étrangers. Comme ils ont évoqué sa mémoire tous les ans au cours d'une manifestation politique, elle est désormais bizarrement dépeinte comme "symbole fort du nationalisme", et non du courage. On ne peut pas interdire à l'extrême droite d'utiliser son image. On aurait pu croire qu'il était inutile d'organiser des contre-manifestations, certains que l'on pouvait être que Jeanne d'Arc était dans le cœur de tous. Chaque pays a ses héros qui lui sont chers, sans pour que cela tourne pour autant au nationalisme. Il n'y a rien d'anormal à ce qu'on leur rende ponctuellement hommage. Célébrer la naissance de Jeanne d'Arc rentre dans cette catégorie, et l'on peut d'ores et déjà se donner rendez-vous en 2031 pour les 600 ans de sa disparition.