Réflexions en cours

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jeudi 30 août 2012

Un nouvelle bulle de l'high-tech ?

Il y a une dizaine de jours, l'annonce qu'Apple avait battu le record de la plus grosse capitalisation boursière de tous les temps a beaucoup impressionné. Surtout, le fait que le détenteur du précédent record soit Microsoft en 1999 a posé une question légitime : l'action Apple bénéficie-t-elle d'une bulle spéculative ? Après tout, en 1999, nous étions en pleine bulle internet, et Microsoft en était la valeur reine. Les bulles spéculative, cela paraît évident après éclatement, mais quand on est dedans, c'est bien compliqué. Encore dernièrement, le boom immobilier espagnol a fini par se révéler être une bulle immobilière, aujourd'hui, c'est manifeste lorsqu'on en constate les dégâts, mais auparavant, c'était surtout vu comme un facteur de croissance. C'était pareil pour la bulle internet : à l'époque, l'Internet et la téléphonie mobile étaient des ruptures technologiques majeures, entraînant la naissance de nombreuses innovations technologique, "révolutionnant" la société et l'économie. On parlait alors de "net économie", on voyait une nouvelle phase ascendante d'un cycle de Kondratiev (soit une bonne vingtaine d'années de croissance en prévision) à la faveur d'une vague d'innovations schumpéterienne. A ce moment là, on pensait que se lançaient les futurs acteurs majeurs du monde de l'économie, et il fallait en avoir sa part tant qu'il était encore temps.

Lorsque Microsoft fut l'objet d'enquêtes sur ses pratiques en position de monopole, cette seule inquiétude suffit pour que la musique arrête brusquement et qu'on commence à faire le tri. Bien des start ups côtées en bourse se révélait manquer d'un business model permettant de générer de l'argent. Elles disparurent, évidemment. D'autres étaient rentables, et restent importantes à ce jour, comme Amazon ou eBay. Microsoft, fort de ses deux vaches à lait Office et Windows, était également très rentable, mais sa valorisation revint à un niveau normal.

Les stars d'aujourd'hui s'appellent Apple, Google ou Facebook. Les trois disposent d'un modèle économique générant du cash. Apple est un revenant, très fort pour construire non pas des produits totalement nouveaux (le baladeur MP3 ou l'ordinateur portable tactile existaient auparavant), mais des systèmes qui arrivent à attirer les faveurs des clients. Entre la vente des produits électroniques, les gains venant des contrats téléphoniques et les commissions sur la vente en ligne de logiciels ou produits culturels, Apple génère beaucoup d'argent. L'action a monté en conséquence. Mais même en détenant ce record de capitalisation boursière, le Price/Earnings Ratio (PER) d'Apple reste tout à fait dans les moyennes historiques des entreprises côtées. En fait, le point le plus dérangeant était cette progression continue du cours de l'action, sans que des dividendes ne soient versés depuis 1995 : les actionnaires ne gagnaient rien à part la valorisation de leur action, fruit de leurs spéculations. Mais il a été annoncé qu'Apple verserait un dividende à partir de cette année. Enfin.

Google et Microsoft sont également dans des valorisations qui n'ont rien d'excessives, tirant profit de leurs quasi monopoles dans leurs produits respectifs. En revanche, celle de Facebook pose clairement problème : même en ayant perdu 50 % depuis son introduction, le PER de son action reste encore trop élevé par rapport aux niveaux normaux, même pour une entreprise en croissance comme elle. C'est plus un pari sur la faculté qu'aura cette entreprise totalitaire de prendre le contrôle de nos vies.

Pour l'instant, il n'y a donc pas de grande bulle de l'high-tech. C'est de toute façon difficile de voir se créer une vaste bulle économique, quand l'économie elle même est tellement morose à travers les pays développés. Mais ne nous voilons pas la face, des bulles économiques, il y en aura encore bien d'autres.

mercredi 22 août 2012

Les côtés positifs de la gauche au pouvoir

François Hollande est à l'Elysée, Jean-Marc Ayrault est à Matignon, on en a pour cinq ans de gauche au pouvoir. Pour l'instant, elle ne fait pas grand chose, il est même surprenant que les 100 premiers jours, période la plus favorable au pouvoir pendant un quinquennat, ait été marqué d'une si grande inactivité. Le Parti Socialiste avait un programme, mais il étant en grande partie inapplicable il est vrai. Il y a pourtant quelques points qui mériteraient de l'être, car la droite ne risque pas de s'en charger et ils peuvent être nécessaires :
  • La suppression du cumul des mandats. Jusqu'à présent, seule la gauche s'est engagée sur cette mesure fondamentale pour notre bon fonctionnement démocratique. Le cumul est une spécificité française, et pour deux mandats cumulés, on est sûr qu'un d'entre eux sera mal assuré. Généralement, c'est le mandat de parlementaire qui pâtit alors que le local est privilégié, être député ou sénateur n'est plus pour beaucoup qu'un titre honorifique. Néanmoins, cela n'a pas l'air d'être une urgence pour le nouveau pouvoir, et les élus socialistes semblent vouloir s'y opposer malgré tous les engagements pris.
  • Le mariage homosexuel. Ce n'est pas le mariage homosexuel qui nuira au mariage ou à la famille, celle-ci souffre bien davantage des divorces ou des séparations de couples qui ont des enfants. S'il doit y avoir des mariages homosexuels, que ce soient des mariages qui durent au moins. Une grande partie de la droite est loin d'être hostile au principe, mais comme une partie de son électorat est contre, elle ne s'engage pas sur ce point, assez accessoire par rapport aux autres il est vrai.
  • La tarification des actes médicaux. Les dépassements d'honoraires sont de plus en plus scandaleux, et méritent une action énergique à ce sujet. Le gouvernement semble en avoir pris conscience, et a déclaré vouloir agir à ce sujet. De son côté, la droite n'a pas voulu le faire, gardant le souvenir de la réforme de la Sécurité Sociale en 1995 : les médecins font partie de l'électorat de droite, et ils avaient mal pris cette tentative de réforme. Si la droite ne peut faire face à ce lobby, autant que la gauche s'en occupe quand elle en a l'occasion.
Ce doit être à peu près tout : pour le reste, il y a des réformes voulues par la gauche qui ne sont pas nécessaires, et il y a des réformes nécessaires qui ne sont pas voulues par la gauche...

dimanche 19 août 2012

Ayn Rand Paul Ryan

Le candidat républicain Mitt Romney a choisi le représentant Paul Ryan pour être son colistier lors de la prochaine élection présidentielle, et donc en cas de victoire, son vice président. Celui-ci dirige la commission du budget à la chambre des représentants, il est en vu non seulement pour son relatif jeune âge (14 ans d'ancienneté mais seulement 42 ans), mais aussi pour avoir proposé un plan de réduction des dépenses très sévère début 2011, taillant à la hache dans tous les programmes de sécurité sociale. Il est bien plus marqué idéologiquement que Mitt Romney, et de ce fait, lui permet d'accentuer le contraste entre le ticket démocrate et le ticket républicain.

On peut distinguer trois grandes tendances chez les républicains américains : les sociaux conservateurs (chrétiens avant tout, menant le combat sur les questions sociales), les néo-conservateurs (désignation faute de mieux, mais ils s'intéressent avant tout à la politique internationale) et les libéraux économiques. Paul Ryan fait partie de cette dernière catégorie. Pour ceux-là, augmenter le moindre impôt est une hérésie, et tous les problèmes de déficits publics doivent se régler uniquement par une baisse des dépenses. Dans leur esprit, diminuer le rôle de l'Etat est le meilleur moyen d'assurer les libertés. Ce n'est pas loin du libertarianisme cher à Ron Paul, qui a eu un beau succès aux primaires. Ce représentant du Texas se fait maintenant vieux pour pouvoir représenter l'avenir, mais ses campagnes présidentielles sont un investissement pour son fils, Rand Paul, sénateur du Kentucky. Rand Paul aura la possibilité de parler à la convention républicaine se déroulant à la fin du mois, et nul ne doute qu'il reprendra le flambeau laissé par son père, et se présentera un jour à son tour à la présidentielle pour que les républicains se convertissent au libertarianisme.

La figure marquante de la pensée libertarienne, c'est Ayn Rand, auteur du roman Atlas Shrugged, publié en 1957. Paul Ryan avait affirmé avoir été beaucoup influencé par ce livre, et souhaitait que les stagiaires travaillant avec lui le lisent. Quant à Rand Paul (né en 1963), on s'est même demandé s'il n'avait pas reçu son prénom du nom de la passionaria du libertarianisme, vu les fortes convictions de son père dans ce sens. En tout cas, il en étudié l'œuvre de près.

Lors de l'élection de George W. Bush en 2000, on avait beaucoup parlé de l'influence des sociaux conservateurs dans la politique américaine. Cette fois-ci, il n'est pas dit que Mitt Romney, mais l'influence du libertarianisme est d'ores et déjà non négligeable. Ayn Rand, Rand Paul, Paul Ryan, quatre prénoms pour désigner trois personnes, tel un signe de la propagation de ce courant d'idées...

Après vérification, il n'existe pas (encore) de Paul Ayn. Cela aurait été curieux !

lundi 13 août 2012

Etat des lieux des arts

Il existe un ministère de la culture, aux diverses missions. Selon son site Internet, "il conduit la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel dans toutes ses composantes", et "il favorise la création des œuvres de l'art et de l'esprit et le développement des pratiques et des enseignements artistiques". La première phrase résume bien quel devrait être son objet. En revanche, la création des oeuvres d'art ne devrait pas relever de l'autorité publique. Ce n'est pas à l'Etat de décider de la création artistique, son rôle est seulement de préserver le patrimoine artistique passé. Pour le reste, cela repose sur la relation entre les créateurs et leur public. Généralement, ça se passe pas mal. Voyons cela en détail, pour savoir où nous en sommes, artistiquement parlant.

Aujourd'hui, le théâtre est bien loin d'avoir l'influence qu'il avait autrefois. Bien entendu, de nouvelles pièces apparaissent encore constamment, et de nombreux acteurs y travaillent ardemment. Mais avec l'arrivée du cinéma et de la télévision, le format est moins pertinent pour raconter une histoire. En filmant une scène, on peut conserver sa meilleure version pour l'éternité, et les possibilités de mises en scène sont démultipliées. Si n'importe quelle pièce de théâtre peut être bien retranscrite en film, l'inverse n'est pas vrai, bien sûr. Et dès lors, malgré toutes les nouvelles pièces, presque aucune ne marque l'imaginaire collectif, et au cours des soixante dernières années, aucune n'est restée vraiment célèbre. On a le choix entre le théâtre de boulevard, populaire mais très éphémère, les pièces classiques pré-cinéma, et les créations prétentieuses et incompréhensibles, qui n'existent que grâce aux subventions. Une requête fréquente des milieux artistiques est qu'on en fasse plus pour le théâtre, en en diffusant davantage à la télévision ou en le rendant accessible au plus grand nombre. Mais à partir d'un moment, si le plus grand nombre n'y va pas spontanément, c'est qu'il a mieux à faire.

Le duo élitisme et subventions, l'opéra le connait bien, mais à un degré encore plus poussé encore. Là encore, on s'interroge sur ce qu'il faut faire pour pousser les gens à assister à des opéras, sans se demander s'il faut vraiment que les gens y assistent. Il n'y a plus vraiment de nouveaux opéras, ce sont globalement toujours les mêmes qui sont rejoués. Alors, les metteurs en scène essaient de prouver leur créativité en supprimant les décors, où en faisant des anachronisme dans les costumes. Cela manque d'intérêt.

En fin de compte, la chanson a quitté l'opéra, et elle a bien fait. Grâce aux disques, la musique en général est devenue très populaire, et la création musicale s'est engouffrée dans les foyers par ce biais. Pour le coup, on ne manque pas d'illustres créateurs depuis la seconde guerre mondiale, qu'ils s'appellent Elvis Presley, les Beatles, Michael Jackson ou Madonna à l'étranger, ou bien Johnny Halliday en France. Si la chanson française demeure bien vivante à l'heure actuelle, beaucoup plus que chez les chansons locales chez certains de nos voisins européens, on peut néanmoins regretter que de nombreux jeunes artistes français talentueux choisissent spontanément de chanter en anglais. Il serait intéressant de varier davantage les langues des chansons que l'on entend à la radio. En dehors de la chanson, même la musique classique arrive à rester créative, grâce aux apports des compositeurs de musiques de films (tel John Williams) ou de jeux vidéos (comme Nobuo Uematsu).

Le secteur de la musique reste populaire, mais est confronté à une crise de son business model, à cause du piratage sur Internet. Le cinéma, lui, arrive toujours à remplir les salles sur ses nouveaux films. Les records de recettes en salle sont régulièrement battus pour les blockbusters américains. Le cinéma français s'en sort également pas trop mal, il a des réalisateurs et des acteurs de qualité, mais ses performances se limitent au domaine de la comédie. Le fait que la France fasse d'excellentes comédies est une bonne chose bien sûr, mais ce serait encore mieux si on pouvait faire d'autres films avec autant de succès. Pourquoi ne pas faire des films à grand spectacles, divertissants et attrayants pour le plus grand nombre ? Des films comme Pirates des Caraïbes ou Le Masque de Zorro peuvent être des modèles pour le cinéma européen. La France dispose d'ailleurs d'un grand réservoir culturel pour de tels films. Après tout, Alexandre Dumas ou Jules Verne font partie des auteurs qui ont favorisé une fiction spectaculaire et captivante. Il y a de nombreux romans, faits historiques ou mêmes bandes dessinées qui peuvent être adaptées au cinéma. Par exemple, pourquoi n'y a-t-il pas encore eu d'adaptation d'une BD à succès comme Lanfeust de Troy ? Si c'est une question de budget, les coproductions au niveau européen peuvent être la solution.

En matière de fiction télévisée, la France est touchée par les mêmes problèmes qu'en cinéma, mais en plus prononcée. Seules les comédies surnagent (et encore, essentiellement les programmes courts), mais cela reste le marasme pour les séries et les téléfilms, de manière bien plus prononcée qu'à l'étranger. Il y a de graves problèmes de réalisation, de scénarios, et mêmes parfois d'acteurs. De ce fait, notre fiction télé s'exporte médiocrement.

La littérature francophone n'a pas ce genre de soucis. On peut même être marqué par son abondance. Contrairement à d'autres arts, les importations restent très mesurés en fin de compte. Il n'y a pas vraiment de grands nouveaux ouvrages de poésie, les poètes étant désormais auteurs de textes de chansons. En revanche, en matière de romans, il y a de quoi faire. Si l'on trouve encore trop d'écrivains à la vision du monde sordide comme Michel Houellebecq, d'autres se distinguent par leur inventivité, comme Amélie Nothomb. Ces grands auteurs se vendent encore très bien.

Le secteur de la bande dessinée a également de grandes performances, même si la frénésie frôle parfois la surproduction. La BD franco-belge a beaucoup de qualités, mais s'exporte encore assez peu par rapport aux comics et aux mangas. C'est dommage. Plutôt que de multiplier le nombre de séries différentes, la course au productivisme devrait plutôt s'efforcer d'accélérer le rythme des sorties pour les séries les plus fortes. Attendre un an pour la sortie d'un album de 44 pages, c'est déjà trop long pour si peu.

En ce qui concerne la peinture et la sculpture, nous sommes face à un naufrage mondial. Ces arts plastiques ont été gravement atteints par la vague de l'abstraction, ce qui fait qu'ils ne représentent plus rien. On a atteint le fond avec les monochromes ou les colonnes Buren, ces escroqueries honteuses. Certains essaient de promouvoir le retour d'un art figuratifs de qualité, en passant d'abord par la réhabilitation d'artistes oubliés, comme William Bouguereau. Il est à espérer qu'à l'avenir, nos musées d'art contemporains ne seront plus remplis par des objets simplement laids.

jeudi 2 août 2012

La légitimité du Président roumain

Lorsqu'en 1991, la Roumanie voulut se donner une nouvelle constitution en sortant de l'ère communiste, elle choisit curieusement de s'inspirer fortement de la constitution française de la Vème République française. En conséquence, le Président est élu directement par le peuple, ainsi que les députés. Contrairement à la France, les durées des mandats de Président et de député n'ont pas été égalisés, le gouvernement change donc au gré des coalitions ou des élections législatives, sans lien avec les élections présidentielles. En 2004, Traian Basescu (centre droit) avait été élu Président de la Roumanie sur la base d'une programme anti-corruption. Ne se contentant pas du simple rôle de figure tutélaire de la nation, il avait prévenu qu'il voulait influer sur les politiques menées. Alors qu'il était Président, la Roumanie a rejoint l'Union Européenne en 2007. Mais ils semble qu'en se montrant trop impliqué en politique, il énerve profondément ses adversaires politiques.

En 2007, l'opposition avait demandé sa destitution, arguant qu'il n'était pas dans son rôle de Président. La cour constitutionnelle roumaine n'avait pas vu de faute de sa part dans l'exercice de son mandat, mais il se trouva quand même une majorité du parlement pour le suspendre et organiser un référendum sur sa destitution. Le résultat fut clair : 75 % des votants s'opposèrent à ce qu'il soit destitué. En 2009, Traian Basescu fut réélu à la Présidence. Réélu de peu, certes (avec 51 % des voix), mais réélu légitimement quand même, pour un second mandat de cinq ans.

Comme en France, la Roumanie peut donc connaître des périodes de cohabitation. Depuis mai dernier, le nouveau Premier ministre est ainsi un social démocrate, Victor Ponta. Bien qu'englué dans son propre scandale (la thèse qu'il écrivit plus jeune était truffée de copier-coller), Victor Ponta a voulu une nouvelle crise politique. Considérant que son arrivée au poste de Premier ministre n'était pas compatible avec la présence d'un libéral à la Présidence, il souhaite pousser Traian Basescu à la sortie. Et il a lui même engagé la procédure de référendum pour destitution visant le Président. Considéré comme sortant, Traian Basescu est d'autant plus impopulaire que la crise économique mondiale est passée par là, et s'est traduit par une politique de rigueur pour les Roumains. Le référendum a eu lieu dimanche dernier, mais le parti de Traian Basescu préféra demander à ses soutiens de s'abstenir, le référendum n'étant pas valide si la participation est en dessous de 50 %. Le résultat fut donc de 88 % de oui, mais seulement 46 % de participation. Victor Ponta écume, considère que Traian Basescu doit partir quand même, et a essayé de bidouiller le seuil de validité avant et après l'élection.

Cela fonctionnera peut-être, d'ailleurs. Mais le principe n'en est pas bon pour autant. Traian Basescu a été élu pour cinq ans, pas pour être destitué en cours de route par un coup politique. Si les Roumains n'étaient pas contents de lui, ils pouvaient tout à fait le remplacer en 2014. Mais tenir des référendums pour destituer tel ou tel homme politique est destructeur, car renforce l'instabilité politique, alors que la fonction de Président est justement de permettre une certaine stabilité. Le référendum sur le nom d'une seule personne créé un climat politique malsain, et lance une véritable chasse à l'homme qui n'aide jamais à faire avancer la chose publique. Ce système existe dans d'autres pays, avec des effets souvent néfastes.

Aux Etats-Unis, la procédure du "recall" existe dans plusieurs Etats, permettant d'organiser un référendum sur la destitution d'un élu local, s'il se trouve suffisamment de gens pour signer une pétition. Quand le gouverneur californien Gray Davis dut affronter une telle procédure, la Californie fut un véritable cirque politique où n'importe qui s'est présenté pour le remplacer. Arnold Schwarzenegger fut élu. Plus récemment, le gouverneur du Wisconsin fit face à cette menace, l'élection créant un climat de guerre civile. Pendant ce temps, il n'est jamais question de résoudre les problèmes des électeurs. Et ce genre de menaces empêche les décisions impopulaires, mais parfois nécessaires. Dans nos démocraties, les élus ont le pouvoir pour un temps limité. Il doit être respecté, ce qui suppose de ne pas rester après la fin de son mandat (n'en déplaise à Laurent Gbagbo), mais cela suppose aussi de laisser le temps imparti à l'élu. Pour qu'il soit viré en cours de mandat, il faut que de vraies fautes graves soient établies, et non pas de simples divergences de politiques à appliquer. Dès lors, il faut espérer que Traian Basescu termine normalement son mandat, et ne soit plus inquiété par ce genre de coup fourré.

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