Les prochaines élections présidentielles françaises sont dans un an et demi. Nous pouvons d'ores et déjà nous hasarder à quelques analyses et pronostics pour tenter de voir comment ça se passera.

Du côté de la droite : avec le vote des militants pour le soutien du candidat de l'UMP, Sarkozy se voit presque déjà dans la course finale. Il tient très bien le parti, il n'a quasiment aucune chance de perdre ce vote, et de ne pas avoir le soutien des militants. Vu l'âge et les échecs de Chirac, il serait illusoire pour ce dernier de vouloir rester à l'Elysée. Dupont-Aignan et Boutin n'auront pas "l'investiture UMP" s'ils la demandent. Si cela leur chante, ils pourront néanmoins se rallier à la candidature de de Villiers, qui lui est mieux parti : il s'est fait une base partisane sur le dos du non au référendum sur la Constitution européenne, il peut prétendre aspirer les signatures de maires à qui l'on reproche (à juste titre d'ailleurs) de soutenir Le Pen ou Mégret lors des précédentes élections présidentielles, et si Le Pen ne peut se présenter pour ce motif, de Villiers peut en prendre la relève à bon compte, avec une figure légèrement plus respectable que celui-ci.

Plus délicat est le cas de Villepin : nul doute aujourd'hui qu'il voudra être candidat, mais il est plus incertain qu'il y parvienne. Déjà, il ne sera pas fortement soutenu par l'UMP. D'autres parts, les cas de Balladur et Jospin l'ont montré, il est extrêmement difficile pour un Premier ministre en exercice de passer le premier tour, quelles que soient les côtes de popularités ou les réussites accomplies pendant le mandat. Il est difficile de vouloir dire "on continue comme avant" dans un pays marqué par une perpétuelle insatisfaction et le désir de changer (d'où l'alternance). Bayrou se présentera aussi, tapera davantage sur Villepin et Sarkozy pour se démarquer d'eux. Ceux qui ne rejettent la politique de droite de Sarkozy mais ne sont pas prêt à voter à gauche suivront Bayrou dans son aventure. Ceux qui assument leur appartenance à la droite voteront pour Sarkozy. La gauche votera pour le candidat socialiste ou pour l'extrême gauche. Difficile dès lors pour Villepin de vouloir ratisser large, lorsqu'il y a profusion des candidats.

Du côté de la gauche, désigner Fabius serait un suicide électoral vu qu'il n'est apprécié de personne, y compris dans son propre camp, à part par ceux qui y trouvent un intérêt dans le jeu des courants du PS (il est réputé pour être influent dans les investitures socialistes). Le choix se fera donc à peu près entre Strauss Kahn, Lang, Royal et quelques autres moins importants, mais qui suivront tous de toutes façons le même programme. Le reste de la gauche (celle du non) peut avoir un rôle important à jouer si elle n'est pas trop dispersée. LO fera cavalier seul, on le sait déjà. Mais si les Verts, le PC, la LCR et le reste arrivent à se mettre d'accord sur un candidat commun malgré tout ce qui les sépare, il représentera une force d'attraction pour ceux qui trouvent que la politique n'est jamais assez à gauche - bref, le parti de l'irréalisme. Alors, tel Le Pen en 2002, ce candidat peut prétendre aller au second tour si les autres votes sont suffisamment éparpillés entre les différents candidats.

Entendons-nous bien : il est peu probable qu'il y ait plus d'un candidat extrémiste au second tour. Et il est (heureusement) logiquement impossible qu'il soit élu. Le premier tour sera donc très important, le gagnant sera celui qui aura réussi à limiter au mieux la fuite de son électorat naturel vers les candidats extrémistes (grosso modo, les partisans du non au dernier référendum). Si le PS et l'UMP y arrivent tous les deux, alors ce sera un duel à l'issue actuellement imprévisible, mais qui aboutira à une certaine forme d'alternance quel qu'en soit le résultat. La gauche sera probablement plus à gauche qu'elle ne l'était sous Jospin, Sarkozy sera certainement plus à droite que l'était Chirac. Si l'un des deux échoue et qu'un candidat extrémiste arrive au second tour, le modéré restant sera élu. Et il fera aussi une politique plus marquée qu'auparavant.

Donc pour 2007, prévoyez un virage à droite, ou un virage à gauche, sans toutefois tomber aux extrêmes.