Réflexions en cours

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dimanche 23 juin 2013

Obama is watching you

Par rapport au scandale Wikileaks, la révélation du programme d'espionnage PRISM est bien plus troublante. Après tout, balancer une quantité énorme de transmissions diplomatiques internes au département d'Etat américain avait certes le fâcheux effet d'afficher les pensées de l'administration américaine, mais montrait également que les personnes concernées pouvaient se tromper, et après tout, personne ne pouvait affirmer faire mieux que les Etats-Unis en terme de double langage. "Parler de façon diplomatique" est bien un synonyme de "être hypocrite", et ça vaut pour tout le monde.

En revanche, dans le cas de PRISM, on tombe dans le genre de choses que seuls les Etats-Unis peuvent commettre, et qui sont au désavantage de tout le monde, Américains compris en fin de compte. L'administration Obama a en effet un accès libre aux données des différents géants de l'Internet américains, autant dire la plupart. Plus de secret, plus de vie privée face à l'Etat américain, celui-ci peut tout consulter de façon discrétionnaire, sans contrôle.

Quand ils étaient dans l'opposition, c'était exactement le genre de dérives auxquelles Barack Obama et Joe Biden s'opposaient. Mais arrivée au pouvoir, ils ont non seulement repris et poursuivi les programmes d'espionnage massif hérités du Patriot Act de George Bush, mais ils les ont également fait se développer. Alors ils pourront affirmer que leur raison d'être est la lutte contre le terrorisme, mais voilà, il n'y a aucun moyen d'en être sûr, vu que tout est secret. En théorie, c'est supervisé par le Congrès, mais rien ne ressort de là non plus. Sans aucune transparence, pas de "check and balance". Quelle est cette démocratie où ses propres citoyens sont constamment espionnés en toute opacité ? Le Président américain estime qu'il s'agit là du bon équilibre entre sécurité et respect de la vie privée. Il faut croire que dans ce bon équilibre, le bon niveau de vie privée est "aucune", reste à savoir si c'est vraiment utile à la sécurité du plus grand nombre, ou bien à qui cela profite vraiment.

En tant que telle, cela ravira les paranoïaques de tout poil, puisque l'ampleur de ce programme confirme de nombreuses sombres peurs. On se retrouve plongé en plein 1984, où toute notre vie est épiée, analysée par un système insondable. On nous dit que c'est pour notre bien, de faire confiance, mais cela se prête à toutes les dérives possibles en l'absence de contrôles. Les citoyens non Américains, innocents et même de pays alliés aux Etats-Unis ont encore moins de possibilités de s'inquiéter du programme PRISM, alors qu'ils en sont l'objet direct, les victimes quotidiennes. Cela rappelle bien des souvenirs aux Allemands de l'ex-RDA, qui croyaient s'être enfin débarrassés de la Stasi il n'y a pas si longtemps.

Mais aux Etats-Unis, le souci des politiciens est surtout de faire payer celui qui a révélé ce scandale, et le voilà qualifié de traître. Il n'a pourtant rien fait pour aider une puissance étrangère ni des terroristes, il a montré une dérive antidémocratique inquiétante, parfaitement contraire aux valeurs mêmes des Etats-Unis. Décidémment, le retour de l'idéalisme promis par Barack Obama est bien loin. Celui-ci, en bon Big Brother, pourra d'ailleurs bientôt compter sur le télécran, cet appareil essentiel à la domination des masses dans 1984. Il permet de regarder et d'être surveillé à la fois. Concrètement, il s'appellera "XBox One". Sous des airs de console de jeu, ce produit Microsoft permettra de filmer la population à tout moment, et devait obligatoirement être connecté à Internet quotidiennement. Sachant que les données collectées par Microsoft finissent aux mains du gouvernement américain, on avait enfin bouclé la boucle. Heureusement, les protestations homériques des consommateurs ont fait reculer la firme de Redmond. Mais pour combien de temps encore ?

jeudi 20 juin 2013

Comment sortir du débat sur le mariage gay

La condamnation à deux mois de prison ferme avec mandat de dépôt d'un manifestant hostile au mariage gay dimanche dernier interpelle forcément. A l'heure où on nous dit qu'il faut sortir du "tout carcéral" et que dealers et cambrioleurs sont relâchés promptement malgré de nombreux antécédents, la mise sous les verrous de quelqu'un qui n'a pas usé de violence, et qui en fait, n'a pas causé de tort à qui que ce soit passe ni plus ni moins pour de la répression idéologique. Le malheureux devient donc de facto un prisonnier politique, quelque chose que l'on n'avais pas vu depuis bien longtemps en France. Alors que les parlementaires de gauche oeuvrent pour l'amnistie des personnes ayant commis des violences lors de mouvements syndicaux, les non-violents hostiles au gouvernement sont mis au cachot. Pour rappel, José Bové n'a jamais purgé de peine de prison pour tous les saccages et destructions qu'il a commis devant les caméras. Où est la justice ? On peut être favorable au mariage homosexuel et dénoncer les traitements détestables réservés à ceux qui s'y opposent.

Au delà de ça, la question se pose sur la façon de sortir de ce débat sur le mariage gay qui n'en finit pas. Il parait que les opposants veulent profiter du tour de France pour manifester sur ce thème. C'est une très mauvaise idée. De même qu'il était inutile de perturber la finale de Roland Garros, il ne faut pas polluer de politique des événements qui ne le sont pas. Ou sinon, le seul résultat pour ces opposants sera de passer pour d'insupportables rabats joie et non pour des citoyens inquiets. Interpeller le Président de la République sur son passage est un geste démocratique, gêner un sportif quelconque dans l'effort est la marque des égocentriques.

Une partie de l'UMP, Jean-François Copé en tête, prévient d'ores et déjà qu'elle annulera cette loi lors de son retour au pouvoir. Une autre partie estime que c'est là mentir, et elle a raison. Comment "démarrier" des couples ? Ce serait bien une mesure insensible désastreuse face à l'amour. Du reste, ce n'est pas vraiment le problème. Car en fin de compte, ce qui d'un point de vue rationnel, gênait le plus de personnes, ce n'est pas tant le mariage civil homosexuel que l'adoption par des couples gays. On a appris pour l'occasion qu'il était déjà possible pour des célibataires d'adopter. Or le nombre de bébés français à adopter est en fait très faible. Du coup, ceux qui veulent un très jeune enfant se tournent du côté de pays étrangers, alors que la France a surtout des enfants âgés à placer en dehors de situations familiales compliquées. Et dans ces questions, le point primordial doit être celui du bien-être de l'enfant.

En premier lieu, un enfant doit pouvoir grandir dans une famille qui pourra prendre soin de lui, l'élever convenablement et l'aimer. Autant dire qu'avec ces critères, le processus d'adoption déjà très long et compliqué élimine les familles potentielles inconséquentes. Il sera donc moins probable pour un enfant adopté de tomber sur une mauvaise famille que pour un enfant naturel : il n'y a évidemment aucun permis à avoir pour faire un enfant de façon ordinaire.

Ensuite, les familles mono-parentales sont souvent le cadre de situations plus difficiles que celles où il y a deux parents. Evidemment, la quasi totalité de ces mères ou de ces pères font tout ce qui est en leur pouvoir pour bien éduquer leurs enfants, mais en étant seul, c'est forcément plus compliqué en termes de temps ou de revenus. Enfin, dans la mesure où les deux parents aimeront leur enfant de la même façon, s'il est possible de choisir, il est préférable pour l'enfant d'avoir à la fois un référent paternel et un référent maternel : un homme et une femme, ce n'est pas la même chose, et l'enfant pourra mieux s'appuyer sur ces complémentarités s'il a des parents de sexe différent.

L'opposition ne doit donc pas promettre d'abroger cette loi sur le mariage homosexuel. Toutes ces questions qui fâchent peuvent être résolus en mettant un système de priorités pour le choix des familles qui veulent adopter un enfant :
  1. Il est préférable pour un enfant d'avoir une famille plutôt que d'être dans un orphelinat.
  2. S'il est possible de choisir, il est préférable pour un enfant d'avoir deux parents, y compris du même sexe, qu'un seul célibataire.
  3. S'il est possible de choisir, il est préférable pour un enfant d'avoir deux parents de sexe différent plutôt que de même sexe.
Voilà qui pourrait suffire pour mettre fin à ce débat.

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