Réflexions en cours

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samedi 23 février 2013

La folle course à l'écran

Quand on créé une administration, elle doit se trouver une raison d'être. Et cette administration essaiera par la suite de justifier son existence en essayant de prendre part à un nombre croissant de dossier, favorisant bureaucratie et processus alambiqués. C'est comme ça que le CSA aimerait voir ses prérogatives s'amplifier, récupérer l'ARCEP pour pouvoir "réguler" télécoms et Internet. Le seul contrôle des programmes télés ne lui suffit pas, il faut qu'il puisse contrôler le destin de la télé en France, et aussi régulièrement que possible. On a déjà vu qu'il multipliait dans cette optique les changements de normes de diffusion. Malheureusement, il continue de travailler dans cette voie. Dans un rapport publié en début de mois, le CSA demande au Parlement de changer encore les diffusions de normes à travers une politique ubuesque à courte vue.

Le premier grand tort du CSA fut d'avoir voulu que la Télévision Numérique Terrestre se fasse au format de compression MPEG-2. On savait alors que le format MPEG-4 était plus performant et permettait la haute définition, mais il était alors considéré comme plus facile et plus rapide de passer au MPEG-2. C'est ainsi que la TNT fut lancée sous cette norme, et une longue, pénible et coûteuse campagne pour la transition entre l'analogique et cette TNT fut mis en route.

Quand il fallut décider comment utiliser les canaux libérés par l'extinction de l'analogique, le CSA décida de lancer six nouvelles chaînes... exclusivement en MPEG-4. Donc inaccessibles à ceux qui venaient tout juste de s'équiper en matériel compatible uniquement en MPEG-2. L'intérêt de ces nouvelles chaînes est d'ailleurs bien discutables : elles font doublon par rapport aux chaînes déjà existantes de la TNT (pas toutes utiles), et celle consacrée aux documentaires a même eu l'autorisation de diffuser des programmes radios nullement documentaires le matin.

Dans son nouveau rapport, le CSA découvre donc qu'il faudrait qu'il y ait plus de chaînes en HD. Pour commencer, avant d'en lancer de nouvelles, il aurait d'abord fallu permettre aux anciennes d'être toutes en HD. Pour le CSA, cela implique de laisser tomber le MPEG-2 et de forcer la conversion en MPEG-4. Il veut donc une nouvelle transition avec tout le fatras de la dernière fois dès 2015... et la nécessité pour les gens de changer à nouveau de matériel. Tout cela sera encore coûteux, puisque le CSA veut encore une aide financière pour aider les gens à changer de téléviseurs. L'Outre mer est passé directement de l'analogique au MPEG-4, mais pour la métropole, il faudrait donc faire deux fois ce qui aurait pu être fait en une seule fois. Quel gâchis ! Et 12 chaînes ne seraient pas encore en haute diffusion, même après tout ça.

Mais cela ne s'arrête pas là ! Le CSA veut également qu'une fois la norme MPEG-4 généralisée, on fasse encore un changement qui implique un rééquipement complet des appareils audiovisuels, avec les normes DVB-T2/HEVC. Le CSA pointe qu'il faudra rendre ce changement attractif pour que le public ne trouve pas cela totalement scandaleux. Or c'est là bel et bien un scandale. Ces changements de normes ne profitent qu'aux fabricants de produits audiovisuels. Le rapport du CSA reprend ainsi benoîtement leurs arguments de ventes : les normes DVB-T2/HEVC seront nécessaires pour diffuser de l'"Ultra Haute Définition", qui sera, oh, oui, beaucoup mieux qu'avant, qui était déjà la perfection.

"Selon ces experts [du secteur de la télévision], les avancées en termes de qualité d’image de la télévision en ultra-HD s'apparenteront à celles vécues lors du passage de la télévision analogique à la télévision en haute définition. La qualité ultra-HD s'accompagne d'une meilleure restitution de la couleur et le nombre d'images par seconde est plus élevé que dans les systèmes de télévision en vigueur aujourd'hui. Elle offrira des images d'un réalisme saisissant pour la plus grande satisfaction du téléspectateur."

Mais... qui donc se plaint de la qualité d'image des téléviseurs existants ? Est-ce vraiment le téléspectateur qui est satisfait de devoir changer tout son équipement régulièrement ?

Revenons en arrière. A l'époque des tubes cathodiques, la qualité d'image n'était déjà pas un problème. La vraie limite, c'était la taille de l'écran. Le tube cathodique prenait de la place derrière l'écran, et une diagonale d'écran élevée faisait des appareils proportionnellement volumineux en profondeur. La vraie innovation, ce fut donc les écrans plats, pas tant sur la place qu'ils permettaient de gagner que sur l'augmentation de tailles d'écrans qu'ils permettaient sans accroissement de l'emprise derrière. Or avec la définition utilisée dans les normes analogiques, cela rendait mal sur les écrans de tailles aussi grandes (plus de 70 cm). D'où l'introduction de la haute définition. Et upscaling ou pas, un signal basse définition rend mal sur un écran haute définition. C'est pour ça que la transition au numérique basse définition était une belle imbécilité. Voilà où on en est actuellement.

Ces dernières années, les constructeurs de téléviseurs sont en désarroi : tout le monde a fini par s'équiper en écran plat et les prix de ceux-ci, grâce à la concurrence, se sont effondrés. Ils cherchent donc de nouveaux relais de croissance, des nouveautés qui forceront les gens à changer de télé encore une fois. Auparavant, ils croyaient fort dans la 3D. Seulement, le public n'est pas intéressé par le fait de devoir porter des lunettes pour regarder la télé quotidiennement. Il s'agit donc d'un échec cuisant. Leur nouvel espoir est donc dans l'Ultra HD, avec beaucoup plus de pixels. Vu qu'il fallait déjà des écrans d'une belle taille pour que les bénéfices de la HD se fassent percevoir, quel est l'intérêt de la UHD ? Il y a deux possibilités :

La première est que cette meilleure résolution permettra de se rapprocher de l'écran. Mais à part les écrans d'ordinateurs et de tablettes, bénéficiant déjà d'excellentes résolutions, quel intérêt pour une télé ? S'imagine-t-on les gens rapprocher leur télé de leur canapé, ou l'inverse ? Généralement, cela dépend de la configuration des pièces uniquement.

La seconde possibilité est que cette meilleure résolution permette de fabriquer des écrans encore plus grands. Pour qu'on voit la différence avec la HD simple, il faudra des écrans de 2 mètres. A tout hasard, combien de personnes s'imaginent avoir un écran de 2m chez soi ? Pour ce "home cinema", il faudrait avoir vraiment avoir une grande pièce dédiée, et ne pas avoir peur de tourner la tête pour voir tel ou tel élément. Il peut y avoir un marché pour de tels monstres, mais il ne pourra concerner la majorité d'entre nous. Seuls les plus riches seront concernés.

Le CSA peut bien expliquer que des petits écrans existent déjà, ils ne serviront à rien du tout ! La seule perspective qu'on nous laisse, ce sont des murs écrans... ce qui nous envoie directement à l'anticipation faite par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 : des écrans envahissant l'espace et les vies, et dont l'acquisition devient la seule ambition d'une population décérébrée. C'est ce qu'on voudrait nous vendre, mais la limite sera quand même atteinte. Le CSA s'est planté sur le MPEG-2, la Radio Numérique Terrestre, la Télévision Mobile Personnelle, les industriels sur la 3D... Il est désormais question de remettre ça avec l'Ultra Haute Définition. Cela commence à bien faire. Le CSA devrait arrêter de suivre chaque mode pour se rappeler que l'intérêt du consommateur n'est pas le gâchis en matière d'électronique.

jeudi 14 février 2013

La gauche, comme la droite, mais en plus hypocrite

En janvier 2007, François Hollande dénonçait "la République des drôles d'amis", à propos des nominations présidentielles à d'importants postes, comme la tête du CSA. "On a un président de la République qui recase ses amis dans les plus hautes fonctions", disait-il alors. Il s'est dit "consterné" par la nomination de Michel Boyon à ce poste, car ne respectant pas le pluralisme. Ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de droite) Jean-Pierre Raffarin, Michel Boyon ne pouvait, selon François Hollande, faire respecter le pluralisme. Exactement six ans plus tard, voilà que nous avons François Hollande qui nomme... l'ancien directeur de cabinet du Premier ministre (de gauche) Lionel Jospin, Oliver Schrameck, au même poste, pour succéder à Michel Boyon. Fi des inquiétudes sur le pluralisme ! Fi des questions sur la neutralité du président du CSA ! Fi des velléités de réforme du mode de désignation du président du CSA, exprimé en 2007 ! En matière de "République des drôles d'amis", la politique de François Hollande est bien de recaser ses amis dans les plus hautes fonctions, soit exactement ce qu'il reprochait à Jacques Chirac autrefois. Quand c'est la droite qui le fait, c'est scandaleux, mais quand c'est la gauche, voilà qui est tout à fait normal et même vertueux. C'est bien évidemment indéfendable, et quand on pose la question aux ministres du gouvernement actuel, ils n'ont plus qu'à dégainer langues de bois et mauvaise foi particulièrement risibles.

Tout le long de l'année 2012, François Hollande a réaffirmé que la France était partie pour retourner à 3 % de déficit public par rapport au PIB à la fin 2013. Il faut dire qu'en tant que candidat, François Hollande a bâti tout son projet présidentiel sur des hypothèses économiques notoirement fantaisistes. Il nous promettait pas moins de 1,7 point de croissance pour 2013, soit bien au-dessus de ce qu'imaginaient tous les experts en conjecture. Selon Michel Sapin, alors en charge du projet économique du candidat socialiste, expliquait que cet objectif pouvait être atteint "dès lors que les politiques adaptées seront adoptées". Et les années suivantes, les hypothèses de croissance tiennent du rêve éveillé : 2 % en 2014, pour finalement atteindre 2,5 % par la suite. Au final, l'équilibre budgétaire serait atteint à la fin du quinquennat.

Une fois élue, l'hypothèse de croissance pour 2013 n'était finalement plus que de 0,8 point, soit deux fois moins qu'espéré auparavant, mais ça ne remettait nullement en cause le retour aux 3 % de déficit selon l'Elysée. "La crise rend cet exercice plus ardu, mais d'autant plus nécessaire" expliquait François Hollande en septembre dernier. Il n'a pourtant pas fait grand chose pour diminuer les dépenses de l'Etat. Et maintenant, il s'avère qu'on n'aura même pas 0,8 point de croissance cette année, et évidemment on ne sera pas à 3 % de déficit en décembre prochain. Et le gouvernement d'expliquer que l'on pourra peut-être avoir un délai auprès de la commission européenne, la croissance n'étant pas au rendez-vous. Mais il a toujours été évident que la croissance serait très faible, et construire un programme économique sur ce genre d'hypothèses délirantes était dès le départ un non sens ! Il faudrait une bonne fois pour toute arrêter de financer des dépenses publiques ahurissantes par des paris perdus d'avance sur une croissance qui vient d'autant moins qu'on la fantasme.

On pourrait aussi parler de notre virée au Mali, dont on nous avait dit qu'elle n'aurait en aucun cas lieu, ainsi que de nombreux autres sujets du même tonneau. Mais le point final est que rien ne change : la gauche fait exactement ce qu'elle reprochait à la droite de faire, et ce retournement de veste expose une incroyable hypocrisie tout du long. Il ne faut pas s'étonner que les résultats ne soient donc pas meilleurs, loin de là.

lundi 4 février 2013

Bientôt, les cabines à suicide !

Le gouvernement français souhaite faciliter l'euthanasie à l'avenir, c'était un des engagements de François Hollande. La population est généralement pour, même si elle ignore ce qu'il est déjà possible de faire en la matière. Le but est de ne plus souffrir. Et il n'est plus question d'être débranché ou maintenu en vie artificiellement, mais bien d'une intervention extérieure pour tuer quelqu'un qui aurait sinon pu continuer à vivre. Un meurtre consenti en fait. Et encore, le consentement peut venir de la famille ou du médecin, ça fera l'affaire, le tout étant d'en finir avec une vie. Reste à savoir quelle genre de souffrance justifie de se faire suicider. Des souffrances physiques insupportables ? Cela va sans dire. Un handicap empêchant une vie normale ? Visiblement, c'est négociable. Le mal être, la dépression ? On arguera que la souffrance psychologique est une souffrance comme une autre. Voilà comment on en arrive à souhaiter que soit mis à disposition de tout à chacun un moyen de mourir rapide et indolore, à volonté. Ce doit être ça, le progrès social. Et c'est comme ça qu'on en arrive aux cabines à suicide...



Pouvoir mourir à tous les coins de rue, quand on veut, pour pas cher, sans souffrance (à moins qu'on préfère une mort douloureuse) est bien parti pour être l'avenir de l'humanité. Le dessin animé Futurama, créé à l'approche de l'an 2000 en imaginant l'an 3000, fait pour le coup preuve d'une belle anticipation. Dès son premier épisode, il introduit brillamment le concept de "cabine à suicide" qui semble bien parti pour être un objet quotidien. Certes, le concept n'a pas été mis en place en 2008 comme annoncé, mais au rythme actuel, ça ne saurait tarder.

La vie va bientôt devenir une valeur dépassée. Pourquoi lutter pour après tout ? Vous avez un coup de blues, vous êtes déprimés ? Plutôt que de chercher le soutien d'amis ou de la famille, suicidez-vous ! Voilà bien le message qu'on adresse à l'espèce humaine. On comprend bien que la société, plutôt que d'offrir une aide bienveillante à celui qui peine à surmonter de quelconques problèmes, préfère l'aider à en finir et ainsi à s'en débarrasser. Comme ça, le "souffrant" meurt rapidement, et il ne gène plus personne. Quel progrès enthousiasmant...

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