mercredi 30 janvier 2008
Par xerbias,
mercredi 30 janvier 2008 à 18:03 :: Faits politiques
Les prochaines élections pour élire les députés européens auront lieu dans moins de 18 mois désormais. Actuellement, rares sont ceux qui s'en soucient. De toutes façons, les élections européennes sont celles qui sont les moins attendues et les moins commentées. A tort. Le Parlement Européen a la main mise sur un très grand nombre de sujets, ce sont les députés européens qui font la réglementation européenne qui doit ensuite être reprise telle quelle par les lois des différents pays. Les lobbys ne s'y trompent pas, vu que c'est à Bruxelles qu'ils vont tenter d'influencer les preneurs de décisions publiques, plutôt que dans les parlements locaux. Certes, la législation européenne se fait également en bonne partie au sein de la Commission Européenne. Mais celle-ci est désignée par les Chefs d'Etat, alors que le Parlement Européen est la seule instance véritablement démocratique (car fondée sur une représentativité directe) de toutes les structures européennes. Il a également un vrai rôle de contrôle sur la Commission Européenne, même s'il serait souhaitable qu'il ait davantage de pouvoir que cette dernière. Tout cela fait que les élections européennes ne sont certainement anodines, au vu de leurs conséquences.
Seulement l'Europe parait bien loin pour les électeurs, ou tout du moins c'est ce qu'estiment les partis politiques, qui peinent bien souvent à définir un véritable message pour ces élections, contribuant à l'effacement du scrutin dans un regrettable cercle vicieux. Pourtant ce désintérêt des partis pour les élections européennes n'est pas justifié. Au contraire, ce sont les partis qui arrivent le mieux à définir un message européen qui s'en sortent traditionnellement le mieux. Ainsi, au cours des élections européennes précédentes, les partis qui ont le mieux réussi sont l'UDF, les Verts (deux partis mettant en avant un projet fédéral pour l'Europe) et ceux représentant les souverainistes (en disant non à la construction européenne, ils ne sont au moins pas hors sujet). En 2004, le PS avait mollement parlé d'"Europe sociale" sans bien dire ce que voulait dire ce terme, mais s'était concentré sur la promotion d'un vote sanction contre la droite. L'UMP, elle, n'avait tout simplement pas de message audible, à l'instar de la coalition RPR-DL en 1999. Craignant peut-être de perdre des voix du côté des eurosceptiques, l'UMP n'assume pas sa volonté d'oeuvrer en faveur de la construction européenne. Peine perdue, puisqu'elle y perd sur les deux tableaux : ceux qui veulent davantage d'Europe politique a voté jusqu'à présent pour l'UDF, ceux qui en veulent moins ont toujours trouvé des souverainistes pour qui voter.
En prévision de cette échéance, l'UMP doit travailler dès maintenant sa doctrine européenne pour avoir vraiment quelque chose à dire en 2009. Et pour bien faire les choses, elle devrait, comme chaque parti, se concerter à l'intérieur de chaque parti européen pour qu'il y ait des programmes communs aux différents pays. Après tout, ce serait le concept le plus logique, dans la mesure où ce sont bien des politiques pan-européennes qui seront mises en oeuvre. Les Verts se déclinent dans l'Europe entière, le Parti Socialiste Européen regroupent les PS de chaque pays, et le Parti Populaire Européen permet la collaboration des droites modérées de toute l'Europe. Il y a déjà des avancées en ce domaine, puisqu'au sein de ce Parti Populaire Européen, l'UMP a déjà commencé à travaillé avec la CDU allemande pour le projet à présenter en 2009, notamment à la suite d'une rencontre entre Jean-Pierre Raffarin et Angela Merkel en juillet 2007. Evidemment, cette collaboration est plus difficile avec les conservateurs britanniques, qui sont largement anti-européens. Cela pointe aussi la nécessité de faire le ménage dans ces partis européens, pour aboutir à une meilleure convergence idéologique entre ses composantes.
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mardi 22 janvier 2008
Par xerbias,
mardi 22 janvier 2008 à 19:42 :: Monde
Il y a un sujet qui n'est plus énormément évoqué dans l'actualité, c'est celui de l'Irak. Si les mauvaises nouvelles sont souvent au coeur de l'actualité, il est plus rare que les bonnes nouvelles le soient. En l'occurrence, en Irak, la situation s'améliore. Depuis la mi-2007, le nombre des victimes et l'intensité des violences ont sensiblement diminué par rapport à l'escalade qui avait cours depuis le début de l'invasion. Que s'est-il passé ? Il est peu probable que les terroristes irakiens se soient démotivés d'eux-mêmes. Par contre, au cours de l'année 2007, il y a bien eu un événement notable. Les Etats-Unis ont envoyé des renforts en troupe en nombre conséquent. Le "surge", pour reprendre le terme évoqué par l'administration américaine, semble fonctionner. Pourtant, tout laissait penser que l'envoi de soldats américains supplémentaires en Irak n'était que le signe d'une escalade incessante et d'un échec patent des Etats-Unis. Plusieurs décennies après la guerre du Viet-Nam, l'Amérique s'embourbait alors de nouveau dans une guerre en territoire étranger dans laquelle elle s'était lancée sans motifs clairs. Une commission bipartisane, l'Iraq Study Group avait demandé à ce que les troupes régulières irakiennes soient davantage en première ligne contre les terroristes, et que le départ de l'armée américaine commence à être organisé. Du côté démocrate, la pression était forte pour que le rapatriement des soldats américains soit planifié. Mais George Bush et une partie des républicains se sont obstinés à croire que des renforts seraient suffisant pour mettre fin aux violences.
Visiblement, et malgré la stupeur que provoque le constat, ils semblent avoir eu raison. Evidemment, l'Irak n'est pas un pays pacifié à l'heure actuelle. Le pays reste à feu et à sang. Seulement il l'est beaucoup moins qu'il y a un an. Les tueries massives conséquences d'attentats atroces ne sont plus quotidiens, ni même hebdomadaires. D'une manière générale, toutes les formes de violence sont en nettes diminution. Que ce soient les attaques contre les forces américaines ou les réglements de compte inter-religieux qui laissaient envisager une guerre civile, les différents conflits embrasant l'Irak semblent s'être relativement calmés. Le niveau des violences est revenu au niveau de début 2005. En chiffres absolus, cela fait toujours beaucoup trop. Mais en termes de tendances, l'évolution est très encourageante. Surtout que la diminution s'est faite beaucoup plus rapidement que ne s'était faite l'augmentation.
George Bush aurait donc eu raison seul contre tous ? Si l'on peut ne pas apprécier l'homme et ses idées, il semble difficile de contester actuellement que cette décision là a eu de bons résultats. Il reste toutefois le responsable de toute la situation, la violence passée comme celle actuelle étant la conséquence de son idée terrible d'envahir l'Irak sans véritable raison. Aujourd'hui, la priorité est surtout de limiter les dégâts. Si George Bush est désormais condamné à être impopulaire jusqu'à la fin de son mandat (à cause du déclenchement de la guerre en Irak, mais aussi de la gestion de l'ouragan Katrina ou de la situation économique), ce n'est pas forcément le cas de tous les républicains. Ainsi, le sénateur John McCain tire d'ores et déjà les premiers bénéfices du succès de l'envoi des renforts en Irak. Il avait été en première ligne pour défendre cette décision. Cela lui avait valu l'impopularité à l'été 2007, mais maintenant que la stratégie porte ses fruits, il est à nouveau très bien placé dans la présidentielle. Son retour en grâce est aussi spectaculaire que la difficile et relative stabilisation semblait improbable. L'Irak ne sera pas un dossier réglé à court terme. Mais l'on peut au moins se réjouir que la situation ne s'aggrave pas davantage.
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vendredi 18 janvier 2008
Par xerbias,
vendredi 18 janvier 2008 à 17:41 :: Europe
A observer l'Histoire, on peut être envahis par un sentiment d'impuissance. Tant de personnes interviennent, chacune avec ses propres objectifs, que l'évolution des choses peut souvent sembler incontrolable. C'est justement pour changer les choses que des hommes s'unissent, avec pour objectif d'avoir les moyens pour peser face à des contingences lourdes. Cette force donne une liberté à ceux qui la manient, avec les responsabilités que ça implique. Ces unions forment la démocratie, niveau par niveau. Maires, gouvernements, présidents, tous tirent leurs pouvoirs du peuple qui leur accorde en son nom. Au niveau européen, des interventions communes peuvent être utiles. Dans les champs de la politique économique, diplomatique ou militaire notamment, il peut être important que plusieurs pays agissent ensemble, quitte à mettre en place des institutions dans ce but.
Deux conceptions s'affrontent quant à la construction européenne : celle de "l'Europe Espace" en tant que zone de libre échange, et "l'Europe Puissance", qui permet de mettre en oeuvre de vraies politiques publiques au niveau européen. Pour ce qui est du libre échange, c'est d'ores et déjà un succès, et tous les objectifs ont été à peu près atteints. Seuls des libéraux extrémistes estiment qu'il faut encore déréglementer davantage pour ne créer plus qu'un seul marché aux caractéristiques unifiées, et aux règles peu nombreuses. Par contre, faire de l'Europe une très grande puissance économique et diplomatique. Pour l'instant, la Grande Bretagne, la France ou l'Allemagne ne sont que des puissances moyennes depuis les deux guerres mondiales. La capacité d'influence de chacun de ces pays sur le monde est très limitée. Mais si les différents pays d'Europe s'unissent et agissent en ayant des vues communes, ils peuvent former la plus grande puissance au monde. Cela peut être utile voire même nécessaire pour peser face aux Etats-Unis, la Chine ou la Russie.
"Faire l'Europe, c'est faire le poids". Ce slogan reste toujours aussi vrai. Et pour s'extraire de leur impuissance actuelle, les pays européens n'ont pas d'autres moyens que de construire, brique par brique, ce qui pourra être une véritable superpuissance à terme. L'Europe puissance est, comme toujours en matière d'Europe, un objectif ambitieux, mais dont on peut difficilement se faire l'économie. Elle devra se faire par les peuples d'Europe, pour qu'ils ne soient plus laissés pour compte dans l'évolution du monde et de l'Histoire.
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samedi 12 janvier 2008
Par xerbias,
samedi 12 janvier 2008 à 15:08 :: Economie
Depuis le 9 janvier, c'est les soldes dans la plupart des magasins de France, et ce pour six semaines. Dans le secteur de l'habillement, le but est de se débarasser des stocks invendus de la saison passée pour faire de la place pour la nouvelle collection. Ainsi, le 9 janvier, alors que l'hiver a commencé depuis 19 jours, les commerçants commencent à solder les vêtements de la collection d'automne/hiver. Et début juillet, ils feront le maximum pour ne plus avoir de vêtement d'été à proposer aux clients pendant le mois d'août, pourtant le plus chaud de l'année, généralement. Pour respecter une vieille tradition, tous s'efforcent donc de solder leur collection en plein milion de la saison, pour mettre à la place des articles d'été qui seront bien peu utiles aux consommateurs en février. A ce rythme, il n'est pas étonnant que ceux-ci n'achètent pas lorsque le climat va à contre-sens de ce qui est proposé en magasin. De plus, avec ce système de deux collections par an qui doivent être changées impérativement à dates fixes, les commerçants sont obligés de pratiquer les soldes. Les consommateurs peuvent donc compter dessus avec certitude. Dès lors, l'incitation est très forte pour eux d'attendre les soldes pour faire les achats dont ils auront besoin pour le reste de la saison. Ils n'achètent donc plus qu'en période de soldes, ou presque. Il leur faudra donc des diminutions de prix toujours plus fortes à ce moment-là . Elles ne seront possible que si les prix sont suffisamment augmentés le reste de l'année pour afficher des prix cassés aux périodes fatidiques. En conséquence, les consommateurs sont encore plus dissuadés d'acheter en temps normal.
Tout cela fait que le système actuel des soldes est absurde. Les commerçants pourront toujours continuer à se plaindre que seules les soldes sauvent leur saison, ce sont eux qui ont voulu le mécanisme commercial qui aboutit à cette situation. Pour commencer, il faudrait mettre fin au fait qu'il n'y a que deux collections de vêtements par an. Le règne de la mode éphémère n'a pas à obliger tous les magasins à changer forcément de gamme au même moment. L'offre devrait évoluer progressivement, au cours de l'année, selon les circonstances et les goûts des consommateurs. Les soldes telles qu'elles sont actuellement pratiquées n'existeraient plus. Elles seraient remplacées par des soldes tout au long de l'année, qui ne seraient alors plus réglementées par l'Etat. Elles seraient alors occasionnelles, pour se débarasser des produits ne se vendant vraiment pas à prix normal. Un prix normal qui n'aurait alors pas besoin d'être artificiellement haut.
L'idée n'est pas de faire des soldes permanentes, mais bien d'avoir une consommation mieux répartie tout au long de l'année, au bénéfice tant des consommateurs que des commerçants. Cela se pratique déjà à l'étranger avec succès. La France devrait donc en finir avec l'absurdité du système actuel, pour introduire davantage de fluidité dans la vente de vêtements en France.
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mercredi 9 janvier 2008
Par xerbias,
mercredi 9 janvier 2008 à 20:26 :: Pensée politique
Le parti républicain américain peut se décomposer en trois familles de pensée. Les néo-conservateurs se préoccupent essentiellement de politique internationale et veillent à ce que l'influence américaine soit inégalée. Les libéraux souhaitent surtout que l'économie ne soit pas entravée de réglementations et de taxes en tous genres. Le troisième et dernier courant, la droite chrétienne, n'est pas le moindre. Il rassemble ceux pour qui la religion est la chose la plus importante, et qui veulent que les affaires publiques soient gérées en prenant en compte les enseignements de la doctrine chrétienne. La religion a toujours été forte aux Etats-Unis, c'est même un lieu commun que de le dire. Ce sont après tout d'ancien rigoristes protestants qui ont donné naissance à cette nation, et Tocqueville n'avait pas manqué de noter la force du sentiment religieux qui y règne dans son ouvrage de référence,
De la Démocratie en Amérique. Si l'on a pu momentanément oublier ce fait autrefois, la religion s'impose à nouveau dans le débat public depuis l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, un président qui est vu comme la référence du parti républicain aujourd'hui, car il avait précisément su unifier ces trois tendances.
Les échecs de George Bush père et de Bob Dole aux élections ne sont pas sans lien avec leur faible interaction avec la droite religieuse. Il faut maintenant compter cette dernière comme une force influente, faiseuse de roi. C'est d'ailleurs elle qui avait permis l'élection de George Bush fils en étant la colonne vertébrale de ses supporters pendant sa campagne. George Bush lui-même en fait partie, en n'hésitant pas à se définir comme un "born again christian", un homme qui a redécouvert la foi après avoir erré dans l'erreur. Il n'a pas hésité pendant ses deux mandats à agir comme le lui dictait sa foi, et à oeuvrer sur des questions telles que l'interdiction de l'avortement ou du mariage homosexuel, deux sujets chers aux évangélistes.
Au début de la campagne présidentielle en cours, la droite religieuse semblait dans le désarroi. Elle rejetait l'ensemble des candidats démocrates, qui agissent directement contre elle, mais ne semblait pas trouver de candidat à son goût parmi les républicains. Les plus connus, John McCain et Rudolf Giuliani, apparaissaient comme des centristes, l'ancien maire de New York étant même pour le droit à l'avortement. Quant à Mitt Romney, s'il avait bien la religion ancrée en lui, il avait le tort de ne pas avoir la bonne : être mormon c'est être définitivement dans l'erreur pour les évangélistes. Mais au fur et à mesure de la campagne, elle apprit à connaître en Mike Huckabee l'un des siens. L'ancien gouverneur de l'Arkansas s'était d'abord fait connaître pour son livre de régime, inspiré par sa propre spectaculaire perte de poids. Mais lorsqu'il se lança dans la présidentielle, il connut longtemps des scores ridicules dans les sondages, avant d'émerger comme le candidat des évangélistes, étant lui même un pasteur protestant. C'est ainsi qu'il a fini premier dans le caucus de l'Iowa du 3 janvier dernier.
Mike Huckabee a le vent en poupe. Il peut avoir du mal à rassembler derrière lui les deux autres familles de pensée démocrate, mais il semble indispensable au parti républicain pour l'élection à venir, dans la mesure où le ticket qui se présentera devra pouvoir compter sur le vote évangéliste. D'une manière ou d'une autre, il comptera à l'avenir du côté de la droite américaine.
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samedi 5 janvier 2008
Par xerbias,
samedi 5 janvier 2008 à 17:35 :: Faits politiques
Début 2007, l'année qui s'annonçait paraissait assez intéressante. Il y avait en effet au programme une élection présidentielle, ce qui veut dire une longue campagne électorale, un choix, et l'application d'une nouvelle orientation. Et au moins la campagne électorale a tenu toutes ses promesses. Les Français se sont d'autant plus passionnés à la suivre qu'elle présentait des orientations claires, avec de vrais débats sur les idées et les pratiques à mettre en place. La pré-campagne avait commencé dès la rentrée 2006, avec les primaires socialistes qui furent elles-mêmes assez tendues. A cette occasion, les militants socialistes avaient préféré choisir une candidate médiatique et portée par la mode plutôt que de trancher le débat sur la ligne directrice du PS, ce que se proposaient de faire Laurent Fabius, favorable au socialisme à l'ancienne, et Dominique Strauss-Kahn, militant pour l'affirmation de principes sociaux démocrates. En conséquence, Ségolène Royal est la candidate du PS avant même le début de l'année 2007, mais doit toujours faire face à un problème de crédibilité, et n'a pas ligne directrice claire. Elle refuse ainsi le programme socialiste, qui aurait pourtant du être prêt à l'emploi, pour préférer lancer des débats participatifs dont la synthèse devrait lui donner un programme.
Le congrès de l'UMP, porte de Versailles le 14 janvier 2007, marque l'entrée en course de Nicolas Sarkozy, ou plutôt la dernière ligne droite pour quelqu'un qui n'aura jamais caché ses ambitions présidentielles. Par un long discours lyrique et volontariste, il réussit d'emblée à reprendre la tête de la course dans les sondages, après avoir été dépassé pendant quelques mois par Ségolène Royal. Aujourd'hui, on ne peut plus sous-estimer l'importance de ce discours, qui donna non seulement le ton de la campagne du candidat, mais aussi présenta une vision complète pour la France. Il lui permit de dominer la campagne pendant plusieurs semaines, et ce d'autant plus que Ségolène Royal enchaîna une incroyable série d'erreurs politiques, qualifiées de "bourdes". Celles-ci furent d'autant plus dévastatrices qu'elles représentaient la seule actualité de la candidate, n'ayant pas de programme à présenter. Les faiblesses de Ségolène Royal étaient telles qu'elles l'amenaient à perdre toujours plus de terrain, ses électeurs potentiels commençant à lui préférer François Bayrou, qui s'était lancé dans une diatribe anti-médias, et qui présentait son désir de réaliser l'union nationale autour de lui. Tant et si bien que le PS risquait à nouveau de ne pas être présent au second tour. Si Nicolas Sarkozy se maintenait grâce à une campagne menée en direction de sa droite comme de sa gauche, Ségolène Royal provoquait l'inquiétude parmi les siens en chutant trop rapidement, même lorsqu'elle eut enfin dévoilé son programme.
En fin de compte, nombreux sont ceux qui ont refusé de voir la gauche absente du second tour une nouvelle fois, et ont voté pour Ségolène Royal, laissant François Bayrou avec un très beau score au premier tour. Mais pour le deuxième, celui-ci refusa de choisir, et Ségolène Royal avait un retard trop important, et d'autant plus que la campagne ne lui avait pas permis de lever les doutes qui pesaient sur ses capacités ou son programme. Elle misa alors tout sur le débat télévisé, et perdit, en se montrant trop agressive. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy applique une politique qu'il appelle de rupture. La façon de faire change sans l'ombre de doute : voici le Président toujours en première ligne, refusant de se cacher derrière son Premier ministre et mettant toute son énergie à mettre en place les mesures qu'il pronait en campagne. Il est pourtant moins brutal qu'annoncé, vu la révision à la baisse des ambitions de certaines ce ces mesures. Ainsi, la réforme des universités est restée incomplète, il n'existe toujours pas de vrai service minimum et les employés des régimes spéciaux de retraite doivent seulement cotiser plus longtemps, contre de nouveaux avantages salariaux et ils ont gardé l'indexation sur les six meilleurs mois de leur carrière.
Ce qui a marqué 2007, ce sont aussi les événements inattendus favorisés par ces changements. Ce qui s'est passé autour d'Eric Besson, puis des autres personnalités de l'ouverture était loin d'être prévisible. La victoire de Nicolas Sarkozy n'était d'ailleurs pas gagnée d'avance, vu que la France s'était habituée à jour l'alternance systématique, et que le bilan de la législature précédente était contrasté. Doit-on être surpris que le PS soit toujours dans un état aussi délètère, bientôt six ans après le 21 avril 2002 ? Au moins pourra-t-on lui souhaiter de faire en 2008 une clarification idéologique trop longtemps repoussée. La vie privée de Nicolas Sarkozy peut aussi étonner, mais elle est surtout une source de non informations, de faits qui éloignent les médias des vrais dossiers. Au final, ce qu'il reste, c'est que l'année 2008 devra être une année de changements à apporter, après six mois où ceux-ci ont débuté, et six autre de mois de débats sur leur nature.
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jeudi 3 janvier 2008
Par xerbias,
jeudi 3 janvier 2008 à 18:24 :: General
Quelqu'un a laissé traîner des morceaux de béton dans la cour du Palais Royal, à Paris. Etant donné qu'ils sont visiblement incrustés dans le sol, pour que le lieu devienne un peu plus présentable il faudrait faire des travaux pour les remplacer, voire les détruire. Car cela fait tout de même une vingtaine d'années que cette situation déplorable perdure. Quelqu'un s'est récemment exprimé pour réclamer cette destruction, et c'est justement celui qui a mis ces morceaux de béton là où ils sont. En théorie, c'est d'ailleurs censé être une oeuvre d'art : la plantation de colonnes rayées dans un grillage sous lequel s'écoule de l'eau a été le plus beau coup de la carrière de Daniel Buren, il fut d'ailleurs fort bien rémunéré lorsqu'il le réalisa en 1986. Evidemment, l'escroquerie fit couler de l'encre, mais un artiste peut se rassurer à bon compte en se disant que c'est là le lot de tous les innovateurs. Mais vingt ans plus tard, l'installation vieillit mal et n'a jamais convaincu en dehors de ceux qui croient que tout est de l'Art, les mêmes qui se réjouissent de l'aspect extérieur du Musée Pompidou.
Daniel Buren, au nom du droit moral du créateur, réclame la destruction des "Deux plateaux", le nom de l'installation. Il a bien raison. Mettre du gazon à la place suffirait à réhausser un lieu initialement majestueux. Plutôt que la démolition, on pourrait aussi bien essayer de revendre aux enchères les colonnes en questions aux rares personnes qui les apprécient. Au moins, elles rembourseraient une petite partie du prix qu'elles ont coûté. Malheureusement, il semble que l'Etat ait oublié l'état désastreux de ses finances, outre les critères purement esthétiques, puisque le ministère de la culture a annoncé avoir un plan de réhabilitation de l'"oeuvre" qui coûterait pas moins de 3,2 millions d'euros. Au moins cela apporte un précieux enseignement sur le fait que ce ministère est bien loin d'être sous-financé pour se permettre de telles dépenses inconsidérées. Et donc que son budget peut représenter une source d'économie à l'avenir.
Car il ne faudrait pas confondre audace et arnaque. Ce n'est pas parce qu'un créateur fait dans l'art contemporain qu'il doit oublier de respecter le public, et croire que laideur est forcément synonyme d'originalité géniale. Certes, des oeuvres peuvent casser des codes, des habitudes pour rajouter quelque chose, sublimer ce qui existe déjà . Mais le résultat se juge au temps, et alors que les pyramides de verre dans la cour du Louvre sont désormais acceptées (outre la valeur de leurs éclairages et de leur sobriété, elles ont une véritable utilité dans l'architecture des lieux), les colonnes Buren restent après deux décennies toujours aussi conspuées. Il faudrait en tirer les conséquences. Et se demander si le rôle de l'Etat est vraiment de soutenir la création en achetant n'importe quoi sur le compte des finances publiques.
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