Réflexions en cours

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vendredi 30 novembre 2012

Le mariage pour tous, c'est pour qui ?

Même en étant favorable au mariage homosexuel, on peut regretter la tournure que prend le "débat" sur cette question. Les opposants au mariage gay, à la base inspirés par des valeurs religieuses chrétiennes, mettent en avant le bien de l'enfant en cas d'adoption. Cela montre déjà que l'interrogation porte moins sur le mariage que l'homoparentalité. Du côté des partisans les plus vocaux du mariage homosexuel, la réaction est tout simplement de traiter les opposants d'homophobes, voire d'appeler au meurtre dans les cas les plus extrêmes. Difficile, dès lors, de se croire champion de la tolérance.

Mais il n'y a pas que les chrétiens qui soient défavorables au mariage homosexuel. L'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) a ainsi pris position contre en utilisant un raisonnement par l'absurde : "Qui pourra délégitimer la zoophilie, la polyandrie, au nom du sacro-saint amour ?" La référence à la polyandrie (le fait pour une femme d'avoir plusieurs époux simultanément) est surprenante, mais également un peu savoureuse. Dans ce texte, l'UOIF met en avant la menace de la polyandrie, mais ne cite absolument pas l'autre forme bien plus courante de polygamie, la polygynie, où un homme a plusieurs épouses en même temps. Et pour cause, puisqu'elle est autorisée dans les textes islamiques. Evidemment, l'UOIF ne défend pas la polygynie, incompatible avec la culture française. Mais craindre la polygamie féminine en oubliant la masculine, souvent reprochée à l'Islam, fait sourire, et semble montrer deux poids deux mesures sur la polygamie si elle concerne l'homme ou la femme.

La référence à la zoophilie est elle bien plus classique. On la retrouve fréquemment dans les discours des opposants, et a le don de rendre furieux les homosexuels, qui trouvent naturellement insultant d'être comparés à des zoophiles. A la base, cette comparaison est assez facile, puisqu'il s'agit de mettre en relation deux formes d'attirances sexuelles qui ne peuvent engendrer de naissances, et donc perçues comme non naturelles. Mais la zoophilie est bien sûr un épouvantail, un comportement unanimement considéré comme repoussant, sans même parler des questions de consentement.

L'argument de la pente glissante est utilisé quotidiennement sur tous les sujets, généraliser un raisonnement étant vu comme un moyen de l'invalider la plupart du temps. La plupart du temps, la réponse est plutôt simple : il suffit de ne pas généraliser ce raisonnement, et de s'en tenir à la position défendue sans vouloir l'étendre. Dès lors, pourquoi le gouvernement a-t-il commencé à parler de "mariage pour tous", provoquant lui même cette généralisation du raisonnement ? Le terme "mariage homosexuel" suffisait déjà et était extrêmement clair, le gouvernement n'assume-t-il plus la référence à l'homosexualité ? On dit que François Hollande est mal à l'aise sur la question, ce que sa brève volonté de laisser un droit de réserve aux maires semble montrer. Mais après tout, le mariage pour tous est pour qui si ce n'est pour les homosexuels ?

C'est assez troublant de voir que la gauche, au moment d'accomplir une ancienne revendication, semble se cacher derrière des artifices lexicaux et n'assume plus les évolutions qu'elle prône. C'est pourtant une réforme bien plus facile à faire que celles économiques que l'on retarde éternellement. On pourrait donc s'attendre à une défense bien plus vaillante du mariage homosexuel que ce que l'on voit actuellement. Mais la gêne est aussi étrange que perceptible. Il est vrai qu'à l'époque du PACS, les députés socialistes avaient déjà du se faire tirer l'oreille pour apparaître en séance pour voter la mesure...

mercredi 28 novembre 2012

Un président de parti d'opposition élu triomphalement

La nouvelle est tombée lundi : le président d'un parti d'opposition français de centre droit a été élu par l'ensemble des adhérents, et cette élection s'est passée sans souci. Jean-Louis Borloo a en effet été réélu président du Parti Radical. Certes, les possibilités de contestation étaient réduites, vu qu'il était le seul candidat. Du coup, il n'y eu que 4 % de vote blanc, et une participation de 65 %. Cette nouvelle est passée inaperçue. Comme à peu près toutes les autres informations d'ailleurs. On a peu entendu parler également des errements de François Hollande sur le mariage homosexuel, de la dégradation financière de la France, des rodomontades d'Arnaud Montebourg, des derniers soubresauts du conflit israélo-palestinien, et évidemment de la guerre civile syrienne, dont tout le monde se désintéresse maintenant semble-t-il. L'ensemble des journalistes de l'Hexagone n'a d'yeux que pour un seul événement : la farce jouée par Jean-François Copé et François Fillon autour de l'élection du président de l'UMP. S'il faut en passer par là, eh bien, allons-y ! Voici un résumé des épisodes précédents :
  1. Le soir de l'élection, Jean-François Copé a annoncé sa victoire le premier avec 1000 voix d'avance, François Fillon a ensuite également déclaré avoir remporté ce scrutin, ils dénoncent tous deux des irrégularités.
  2. La commission organisant l'élection ne prend en compte aucune irrégularité, et annonce une victoire de Jean-François Copé avec 98 voix d'avance. Les deux candidats acceptent ce résultat.
  3. Il s'avère que la commission en question avait "oublié" les résultats de certains DOM-TOM, qui auraient entraîné une victoire de François Fillon par une vingtaine de voix d'avance. Une fois cela clairement établi, François Fillon réclame la victoire.
  4. Non non non, dit Jean-François Copé, si cette méthode auparavant acceptée par les deux candidats ne lui octroie pas la victoire, alors il faut changer de méthode. Il remet alors les irrégularités sur le tapis, et engage la commission des recours, qu'il contrôle en sous-main, à tripatouiller les chiffres pour qu'ils aillent dans son sens.
  5. François Fillon, voyant le coup venir, n'accepte cet arbitrage de la commission des recours que si elle est indépendante, donc sans soutien de François Fillon et de Jean-François Copé
  6. Non non non, dit Jean-François Copé. Ce sera d'ailleurs sa réponse à toute hypothèse de sortie de crise qui puisse induire qu'il ne soit pas à terme président de l'UMP. Les médiations d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy arrivant à l'échec de ce fait.
  7. Pendant ce temps, la commission des recours a bien travaillé, et a réussi à faire coïncider les résultats électoraux avec la parole de Jean-François Copé, sortant de son chapeau les 1000 voix d'avance dont il se targuait le soir même de l'élection quand les résultats précis n'étaient pas connus. Malheureusement pour lui, personne n'est dupe.
Voilà grosso modo où on en est. Evidemment, la solution la plus simple serait de faire revoter les adhérents, et pas à la socialiste avec des bureaux de vote où, semble-t-il, tous les doutes sont permis, mais de faire comme au Parti Radical la semaine dernière, avec un vote électronique organisé par une société indépendante. L'UMP connait pourtant bien ce principe, puisqu'il s'en est servi systématiquement par le passé, par exemple pour désigner son candidat à la présidentielle en 2007, ou dans un cadre plus compétitif, organiser des primaires pour désigner les candidats aux régionales de 2010. Avec un vote électronique, le résultat est connu rapidement, et les magouilles sont plus difficiles à organiser. Celui qui a décidé de passer par un vote papier pour une élection aussi disputée est un âne, ou bien quelqu'un qui avait intérêt à pouvoir jouer des marges liées à ce mode de scrutin.

Difficile de savoir où tout cela les mènera, mais si Jean-François Copé croit vraiment que tout cela lui profitera in fine, il se met un doigt dans l'œil.

mardi 13 novembre 2012

Le rapport Gallois

Après avoir évité le thème de la compétitivité comme la peste pendant la campagne électorale et ses premiers mois au pouvoir, François Hollande a commencé à s'intéresser à la question en juillet, quand Jean-Marc Ayrault a commandé un rapport sur ce thème à Louis Gallois. Alors que sa publication approchait, les fuites se multipliaient, et laissaient entrevoir des propositions bien éloignées des positions habituelles de la gauche. Mais le gouvernement assurait que ce rapport ne serait pas enterré, et que les mesures préconisées seraient appliquées. Qu'en est-il ?

Après un rapide état des lieux, le rapport aborde les mesures à mettre en oeuvre. Surtout, pas de politique de la demande (où l'on cherche à favoriser la consommation), puisque cela ne fait que profiter aux importations ! On pourrait croire que tout le monde le sait, mais comme on continue d'en entendre beaucoup, y compris au gouvernement, qui réclament une telle politique, ce rappel reste utile. Il faut donc favoriser une politique de l'offre, en donnant la priorité à l'investissement, qui permet d'être moins sensible à la compétitivité prix des salaires. Et puis le rapport continue avec des idées bien éloignées de celle de la majorité jusqu'à présent : halte à la sur-réglementation et vite un choc de compétitivité... à travers le transfert d'une partie du financement de la protection sociale (30 milliards d'euros) vers la baisse des dépenses publiques et la fiscalité : au choix, la TVA ou la CSG. Le festival continue avec la volonté de mener des recherches sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste.

Le rapport souhaite que l'industrie française puisse monter en gamme grâce à l'innovation, et met l'accent sur le maintien du crédit impôt recherche et des pôles de compétitivité aux bilans positifs. Il évoque également le problème du transfert de la recherche vers l'innovation, dont les raisons sont idéologiques lorsqu'il s'agit de transformer la recherche publique en innovation dans le privé. Il est également question d'orienter l'action des pouvoirs publics vers trois priorités techniques et industrielles : les technologies génériques, la santé et l'économie du vivant et la transition énergétique. La plupart des propositions restantes ne mangent pas de pain, même si elles ne sont pas toutes évidentes à mettre en place (comme la systématisation de la présence des entreprises aux conseils d'administration des établissements d'enseignement technique et professionnel).

Alors, que reste-t-il de ces mesures une fois passées par le gouvernement ? La vraie question est bien évidemment celle de la survie des plus audacieuses, celles les plus aptes à changer quelque chose. Pour ce qui est du gaz de schiste, la politique gouvernementale ne peut être qualifiée d'"écologiste" mais bien d'"obscurantiste". En effet, il est tabou ne serait-ce que de chercher une manière peu polluante d'exploiter le gaz de schiste, dont la France est, dit-on, bien pourvue, alors que ces nouveaux apports d'énergie font actuellement le bonheur inespéré des Etats-Unis. Si les techniques d'exploitation actuelles sont polluantes, il faudrait justement en trouver de meilleures, mais il en est hors de question pour raisons politiciennes ! En France, on a peut-être du pétrole (de schiste), mais visiblement, on ne veut même pas avoir des idées.

Pour trouver l'usine à gaz, il faudra se tourner vers le mécanisme retenu pour diminuer les charges sociales des entreprises. Baisser les taux serait bien sûr trop simple, il y aura donc "un crédit d'impôt basé sur la masse salariale" versé avec une année de décalage. Fini le choc de compétitivité, visiblement, il n'y a pas de raison d'être pressé en France. C'est un pacte pour les cinq prochaines années, on peut donc prendre notre temps. En revanche, il est bien question d'augmenter la TVA, quelques mois à peine après avoir remis en cause sa hausse voulue par le gouvernement précédent. François Hollande clamait partout qu'il n'augmenterait pas la TVA, Jean-Marc Ayrault critiquait durement la droite sur ce sujet, ils s'y mettent également malgré tout ce qu'ils ont pu dire ! Dans sa première année de mandat, François Hollande aura passé les six premiers mois à défaire ce que Nicolas Sarkozy avait fait, et va passer les six prochains à le refaire lui-même. En fin de compte, c'est une sorte d'hommage.

Seuls les taux changeront. L'objectif est d'augmenter les marges des entreprises plutôt que de leur permettre d'avoir des prix plus faibles à l'exportation. Du coup, l'essentiel de la hausse se fait bien plus sur les produits à taux réduits que sur la majorité des biens et services. Mécaniquement, les importations contribueront bien peu au financement de la protection sociale, et ce n'est donc plus de TVA sociale dont il est question. La compétitivité prix des entreprises ne profitera donc pas directement de ces taux. Et puis, cela ne dégage que six milliards d'euros au mieux, sur les 30 milliards nécessaires selon le rapport Gallois. Qu'à cela ne tienne, le gouvernement limite ce crédit d'impôt à 20 milliards, dont 10 viendront de la baisse des dépenses publiques. Le reste ? Le reste viendra d'une nouvelle "fiscalité écologique" qui ne sera pas en place avant 2016. Autant dire à la Saint Glinglin... Pendant ce temps, les sommes prévues ne seront tout simplement pas financées (une solution qui s'appelle l'emprunt et donc l'augmentation de la dette publique).

Sur les grands principes, le rapport est donc positif, et même mieux accueilli à droite qu'à gauche. L'exécution, en revanche, risque bien de pécher. Le gouvernement, tel Perséphone, se retrouve à retricoter ce qu'il a détricoté la veille. Autant dire qu'il navigue à vu, et que cela laisse quand même une impression d'amateurisme. On a perdu bien du temps !

mercredi 7 novembre 2012

Plus d'espoir

Barack Obama restera Président des Etats-Unis pour les quatre années à venir. C'est un grand soulagement pour les millions de démocrates américains, ainsi que pour la plus grande partie des pays monde, qui le voyaient comme le candidat le plus proche de leurs idées. C'est un soulagement, car cette élection a été très disputée, bien plus que ce que l'on aurait pu penser il y a quatre ans. En 2008, il s'agissait de l'élection d'un Président incarnant l'espoir et le changement, la conjonction de son apparence physique et de son talent oratoire laissait croire à bien des gens qu'il serait un Président historique, une figure transformative pour l'Amérique. Pour ce qu'on a vu jusqu'à présent, ce n'est pas le cas.

Barack Obama s'est présenté à l'origine pour montrer aux jeunes noirs que eux aussi pouvaient accomplir leur rêve, qu'aucun métier ne leur était inaccessible. A cela s'est ajouté la volonté de faire de la politique autrement, sur des bases non partisanes. L'Amérique pouvait être unie, pensait-il, et c'est en l'affirmant haut et fort lors de son discours à la convention démocrate de 2004 qu'il devint instantanément une célébrité. Il ne l'a pas prouvé par les actes. Pendant ces quatre années au pouvoir, il n'a pas réussi à faire bouger les lignes, et le climat politique est resté aussi malsain qu'autrefois à Washington. Il n'a pas réussi non plus à vraiment améliorer la situation économique néfaste dont il a hérité. Ses réformes progressistes ont été réduites à la portion congrue, il a réussi à faire passer sa réforme de la sécurité sociale lorsqu'il avait encore le contrôle du Congrès, mais après les élections de mi-mandat, plus rien n'a été possible. On peut le comprendre, les déceptions ont été nombreuses, et cette personnalité qui devait être historique est redevenu un Président comme un autre aux yeux des Américains.

Un Président sortant est toujours favori dans les élections présidentielles américaines, mais certains se démarquent par rapport aux autres. Ainsi, Ronald Reagan avait remporté 49 Etats sur 50 en 1984, et avait obtenu 19 points de plus que son adversaire. Aujourd'hui encore, Ronald Reagan est considéré comme une référence dans la politique américaine, à tel point que son nom est désormais à tort et à travers pour appuyer n'importe quel argument. De son côté, Barack Obama fera probablement mieux que la réélection de George W. Bush (qui était sur le fil du rasoir), mais la carte des résultats montre un pays toujours aussi sévèrement divisé. Il n'aura pas l'aura de Ronald Reagan. Et cette faiblesse se retrouve dans la façon dont il a mené sa campagne électorale.

Finie, l'Amérique bipartisane. Finis aussi, les discours plein d'inspiration. Il a fait la même chose que son adversaire lors de cette campagne, soit bombarder les Etats clés de publicité négatives critiquant violemment son adversaire. L'argument n'était plus de le reconduire, mais d'éviter un plus grand mal. Le champ des candidats républicains était pourtant d'une extraordinaire faiblesse, et même Mitt Romney, le plus solide d'entre eux, avait eu bien des peines à s'en sortir. Il a fallu attendre le discours de Bill Clinton, à la convention démocrate, pour que Barack Obama soit dans la position dans laquelle on l'attendait. Et ce qu'il avait gagné grâce à un autre, il l'a presque perdu de par sa propre faute, en se montrant peu impliqué lors du premier débat avec Mitt Romney. A l'heure actuelle, en nombre de voix décomptés, il est même en dessous de son adversaire, bien qu'en ayant gagné l'élection en remportant l'Ohio.

Que fera Barack Obama pendant ces quatre prochaines années ? On ne sait pas trop. Si les démocrates ont conservé le Sénat, les républicains contrôlent toujours la Chambre des représentants. Cela veut dire que le blocage institutionnel a encore de beaux jours devant lui. Il est certain que la politique de Mitt Romney, influencée par des républicains bien plus féroces que lui, aurait été dommageable pour la majorité. Alors on se réjouit de la victoire de Barack Obama, pour ce qu'il n'est pas. Voilà ce qu'est l'espoir aujourd'hui.

lundi 5 novembre 2012

La redevance télé devrait être optionnelle

Ces temps-ci, à l'Assemblée Nationale, les jours se passent tranquillement en jouant au jeu du "quel impôt va-t-on pouvoir créer ou augmenter ?" Cela fait bien longtemps que le pouvoir en place ne se soucie plus des effets des hausses d'impôts sur l'économie, le maintien de dépenses publiques énormes pour raison idéologiques étant de loin la priorité. Si seulement ces dépenses pouvaient toutes être nécessaires, voire même utiles... Mais non, on continue de se faire plaisir en augmentant les impôts afin de financer des postes parfois très accessoires. Tel est le cas des débats actuels sur la hausse de la redevance audiovisuelle. En effet, la question n'est pas de savoir s'il faut l'augmenter, mais bien jusqu'à quel point il faut l'augmenter. 4 euros d'augmentation (soit déjà plus que l'inflation) sont déjà actés, entre le Parlement et le gouvernement, on tergiverse désormais pour savoir s'il faut passer cette augmentation à 6 euros. Jamais, au grand jamais, on ne se soucie des contribuables qui auront à la payer. Envolés, tous les discours sur le pouvoir d'achat, l'essentiel de nos jours, c'est le pouvoir de payer l'impôt.

Et pourquoi faudrait-il payer cette redevance ? Elle finance les chaînes et les radios publiques, on peut parfaitement vivre sans y avoir recours, mais il faut s'en acquitter à partir du moment où l'on possède un téléviseur. La redevance, c'est un bouquet de chaînes payantes obligatoire. De la vente forcée, en somme. Contrairement à d'autres services publics, celui-ci n'est pas forcément d'intérêt général, et il coûte plus cher que la concurrence privée. Pour bien faire, il faudrait que le paiement de la redevance soit optionnel, pour permettre à ceux qui ne le souhaitent pas d'économiser cet argent.

Alors bien sûr, cela réduirait considérablement les ressources de l'audiovisuel public. Eh bien justement, cela permettrait de s'interroger enfin sur notre politique audiovisuelle afin de la rendre plus pertinente. Pour commencer, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques après 20 h n'était pas utile, et a fait perdre des ressources. Il conviendrait donc de la rétablir, contrairement aux vœux du gouvernement actuel. Ensuite, est-ce bien nécessaire qu'il y ait autant de chaînes publiques ? En métropole, on a sur la TNT :
  • France 2
  • France 3
  • France 4
  • France 5
  • France Ô
  • Arte
  • LCP/Public Sénat
  • Gulli, détenue à 34 % par France Télévisions
Et on peut rajouter à cela France 24 en trois déclinaisons (français, anglais, arabe) sur le satellite, et TV5 Monde, détenue en grande partie par la France. Pourquoi autant de chaînes ? Est-ce bien nécessaire pour le public ? On pourrait commencer par supprimer France 4, qui n'est qu'une chaîne de plus qu'on ne peut pas distinguer des autres sur la TNT. Laissons le secteur privé s'en occuper, ou bien libérer cette fréquence pour qu'une autre chaîne puisse diffuser en haute définition à la place. Même chose pour France Ô. Est-ce une chaîne régionale, ou bien une chaîne communautaire ? Si c'est une chaine régionale, une simple diffusion gratuite des programmes produits en outre-mer sur le satellite et l'ADSL suffirait, on ne peut pas supporter le coût énorme de diffusion sur l'ensemble du territoire métropolitain en TNT. Si c'est une chaîne communautaire, elle n'a pas sa place du tout dans l'audiovisuel public.

La logique est la même pour LCP/Public Sénat. Il est utile que chacun puisse avoir accès aux débats du Parlement, seulement, il faut s'en tenir à ça, et ne pas ajouter en plus des programmes de flux ou de stock qui alourdissent le coût. Le problème de ces chaînes est bien qu'absolument personne ne les regarde, à tel point qu'elles refusent de souscrire aux données d'audience. La plupart du temps, quand le public regarde l'Assemblée Nationale, ce sont les questions au gouvernement sur France 3... Le flux des débats en assemblée plénière ou en commission doit donc pouvoir être accessible sur internet, avec possibilité de revoir les séances passées, mais une diffusion sur la TNT ne se justifie pas. Economisons l'argent public !

De même, si l'audiovisuel public français a besoin d'argent, il peut revendre sa participation dans Gulli, à moins que d'éventuels dividendes constituent une rentrée d'argent en soi. Un service public de l'audiovisuel doit se concentrer sur des missions que ne peuvent pas assurer le privé. En tant que chaîne de culture et de documentaire, la présence d'Arte se justifie pleinement, et représente des programmes de qualité. L'audiovisuel extérieur français est également un outil utile, en l'occurrence pour l'influence de la France dans la monde.

France 2, France 3 et France 5 ne sont-elles pas en surnombre ? Si l'argent manque, on pourrait rationaliser tout ça. France 3 garderait les informations et les programmes régionaux, France 2 l'information nationale, et les meilleurs programmes de France 5 pourrait alimenter les grilles de ces deux chaînes, qui garderaient également les programmes religieux et les clips électoraux. Et du côté de Radio France, la publicité pourrait faire son entrée. Une privatisation de France Inter est également une idée intéressante. Voilà bien des manières de maîtriser les coûts de l'audiovisuel public, et ainsi, permettre le maintien du pouvoir d'achat des Français.

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