Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 31 octobre 2011

L'Irak, un pari perdu

L'annonce récente par Barack Obama du retrait des troupes américaines d'Irak lui a valu les critiques des républicains. Pourtant, il n'a fait que confirmer un accord conclu par son prédécesseur, George Bush, avec le gouvernement Irakien il y trois ans de cela, peu avant la fin de son mandat. Tous les soldats américains actuellement stationnés en Irak devraient donc pouvoir passer noël chez eux, en famille. Les économies réalisées par ce retrait ont d'ailleurs d'ores et déjà été comptabilisées dans les mesures prises pour la réduction du déficit américain. Depuis le départ des Britanniques en mai dernier, les Américains étaient les derniers présents de la coalition internationale qui avait été mise en place en 2003. Tous les participants sont partis un par un, et comme les autres, les Américains partiront par la petite porte.

C'est que le bilan de l'intervention américaine est pour le moins mitigé. Son motif initial, les armes de destruction massive, s'est révélé un pari perdu. L'administration Bush croyait qu'il y en avait, il n'y en avait pas. Le temps de s'en rendre compte et un pays avais déjà été envahi. Désormais, George Bush met en avant le fait que cela a permis d'instaurer la démocratie en Irak. Mais les choses restent compliquées. La coalition croyait l'Etat irakien solide, mais ils s'est effondré avec la chute de Saddam Hussein, plus personne ne se sentait obligé d'occuper sa place. La dissolution arbitrale des forces de sécurité fut une catastrophe monumentale, toujours payée par les Irakiens. Surtout, les Américains n'avaient pas vraiment prévu de solution à long terme, ils ne savaient pas par quoi remplacer Saddam Hussein. Ce vide béant a favorisé l'éruption de violences quasi-généralisées, contre les troupes américaines, mais surtout entres Irakiens.

Plus d'américains sont morts en Irak que lors du 11 septembre 2001. Ce ne peut donc pas être considéré comme une bonne affaire pour la sécurité des Américains. Certes, l'Irak est désormais une démocratie. Les cyniques diraient que vu les violences qui font toujours rage entre factions irakiennes, il n'est pas sûr que ça apporte de meilleures conditions de vie à ce peuple. Certains géopolitologues américains pensent que la démocratie irakienne a inspiré les manifestants du Printemps arabe de cette année. On pourrait aussi se dire que la transition de l'Irak vers la démocratie se serait mieux déroulée si elle avait dès le départ opérée par la population irakienne, éventuellement dans la foulée de ce Printemps arabe. Difficile à dire. Actuellement, la démocratie irakienne est loin d'être optimale. Que ce soit dans les violences armées ou au Parlement, oppositions entre sunnites, chiites et kurdes restent vivent et handicapantes.

Au bout du compte, ce qui s'est passé en Irak ne pourrait être considéré comme un modèle à reproduire, c'est même certainement l'inverse. Une guerre pour de mauvaises raisons avec de mauvaises conséquences... Le peuple irakien ne regrettera pas le départ des troupes américaines.

mardi 25 octobre 2011

Le cas Pulvar

Le fait que la journaliste Audrey Pulvar se soit affichée aux côtés de son compagnon Arnaud Montebourg lors de la clôture de la campagne présidentielle de celui-ci a pu légitimement faire débat. Auparavant, il n'y avait que la question des liaisons entre journalistes et hommes politiques. Anne Sinclair, Christine Ockrent, Béatrice Schönberg, Valérie Trierweiler... les cas similaires ne manquaient pas. On se demandait alors si une journaliste pouvait rester neutre politiquement parlant, tout en ayant une relation affective avec un homme politique forcément engagé d'un côté. Ce n'est pas impossible, cela dépend du professionnalisme de la journaliste en question. Après tout, il y a des journalistes qui ont des problèmes avec la neutralité politique, même en ne partageant pas la vie de politiciens. Dans le cas d'Audrey Pulvar, c'est encore assez différent des situations précédentes. Non seulement elle est en relation avec Arnaud Montebourg, mais en plus elle est apparue à un meeting politique du côté des engagés, et non des journalistes. L'illusion de la neutralité n'est donc plus possible.

Néanmoins, il faut bien avouer que cette illusion ne tenait pas auparavant non plus. Quand elle présentait le Soir 3 en tandem avec Louis Laforge, elle formait un duo rigoureux et peu attaquable. Mais quand elle prit seule les commandes du 19/20, elle se révéla être une journaliste nettement engagée à gauche. Que ce soit au niveau des choix de rédaction ou de sa façon de mener les interviews, il était difficile de ne pas remarquer ses préférences idéologiques, et sa volonté de présenter une réalité biaisée. Elle s'en cachait d'autant moins qu'elle n'était pas la dernière à manifester contre le gouvernement. Et on retrouve également cet engagement dans ses choix de carrière : France 3, i-Télé et France Inter, soit uniquement des médias orientés à gauche. Cela a au moins une certaine cohérence.

Aujourd'hui, Audrey Pulvar a deux activités. D'une part, elle est polémiste dans l'émission de Laurent Ruquier, On est pas couché. Son tropisme de gauche n'y pose pas problème, c'est même la raison de sa présence. A l'instar de Eric Naulleau et d'Eric Zemmour précédemment, elle forme un duo avec une polémiste de droite, Natacha Polony, ce qui permet un certain équilibre. D'autre part, elle présente la tranche d'informations de France Inter de 6h à 7h. Cette fois, c'est plus délicat. Une journaliste engagée politiquement peut-elle assurer la présentation des informations, avec tous les biais que cela suppose ?

Pour France Inter, la réponse est oui. Mais pour travailler à France Inter, mieux vaut être de gauche de toute façon. Sur France Inter, la gauche est à l'honneur toute la journée, et Stéphane Bern confiait récemment avoir quitté la station car elle ne le considérait pas assez conforme avec les valeurs d'une certaine gauche. La présence d'Audrey Pulvar n'est donc en aucun cas une anomalie, et la vraie question est surtout de savoir s'il est normal que l'argent des contribuables finance un groupe médiatique aussi politiquement marqué. Un véritable service public médiatique devrait s'adresser à tout le monde, plutôt qu'à la seule gauche satisfaite d'elle-même.

Reste la question de la déontologie personnelle. En avril 2006, un homme politique dénonçait le "conflit d'intérêts évident" à propos du lien entre Béatrice Schönberg et Jean-Louis Borloo. Il rajoutait " Dans le monde politico-médiatique actuel, ceux qui ont le pouvoir se permettent de piétiner les règles du jeu. Il est temps que cela change !" L'homme politique en question ? Arnaud Montebourg. S'il était cohérent avec lui-même, il serait le premier à demander le retrait de sa compagne de l'antenne, ou à cesser son propres engagement politique. Cela reste un très gros "si".

Image : AFP

dimanche 23 octobre 2011

Trois autocrates, trois choix

La mort brutale de Mouammar Kadhafi a de quoi laissé songeur. Il y a encore moins d'un an, il était solidement accroché au pouvoir, comme d'ailleurs ses voisins de Tunisie et d'Egypte, Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak. Certes, des trois, il était celui qui était considéré comme le plus dangereux, tant pour sa propre population que pour les pays étrangers. Son soutien passé à des actes terroristes lui ont d'ailleurs valu d'être autrefois sur la sellette. Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont lancé un avertissement au monde : les pays au comportement douteux doivent coopérer, ou bien ils seront frappés militairement. Alors que l'Irak fut vue comme une menace trop sensible, des pays comme le Pakistan et la Libye préférèrent courber l'échine et montrer patte blanche pour éviter tout risque d'attaque. C'est grâce à la bonne volonté affichée par la Libye que Kadhafi put être traité comme un chef d'Etat comme un autre, reçu par tous les dirigeants occidentaux. Il affichait même son envie de paraître à nouveau pour le monde, troquant les infirmières bulgares contre une réception à l'Elysée, ou tentant de créer une union politique africaine.

Pourtant, la révolution du peuple libyen a changé cette perspective. Quand les Libyens ont rejeté Kadhafi suite à l'impulsion donnée par la Tunisie, conformément à la théorie des dominos, les pays occidentaux ne pouvaient plus ignorer le despotisme de ce régime. Ils en étaient bien conscients auparavant, mais ce n'est pas eux de changer les dirigeants politiques des autres pays. Par contre, ils peuvent aider un mouvement démocratique si celui-ci existe, et sous l'impulsion de David Cameron, Nicolas Sarkozy et Barack Obama, c'est ce qui a été fait. C'est donc bien par la volonté du peuple libyen que ceux qui recevaient Kadhafi autrefois ont décidé de hâter son éviction.

En Tunisie, en Egypte et en Libye, il y eut des moments similaires. Les protestations étaient à chaque fois si fortes que les dirigeants occidentaux ont appelé les autocrates respectifs de ces pays à quitter le pouvoir pacifiquement. Ils ont chacun eux une réponse différente. D'abord, il y a eu Ben Ali, qui choisit de quitter le pouvoir et son pays, la Tunisie. Il fut jugé par contumace, mais reste à l'étranger. Ensuite, il y a eu Moubarak, qui choisit lui aussi de quitter le pouvoir, mais préféra rester en Egypte, devenant en quelque sorte un Egyptien parmi les autres. En conséquence, il assiste à son procès. Et puis il y a Kadhafi, dont la morgue ou la bravade lui ont laissé croire qu'il finirait toujours par s'en sortir. Il refusa à la fois de quitter le pouvoir et de quitter le pays. Son obstination eut tôt fait de tranformer la situation en une authentique guerre civile, qui décupla la rage de ses opposants. Dans un tel contexte, il n'y eut même pas de procès : il fut semble-t-il exécuté peu après sa capture, alors qu'il était déjà blessé.

En partants de situations semblables, on arrive donc à des situations différentes, suivant les choix des dictateurs déchus. Ce genre d'événements est marquant pour un pays, et a tendance à se transformer en légendes fondatrices pour les régimes qui en sont issus. Peut-on alors déjà imaginer que les mentalités seront différentes entre les Tunisiens, qui se montrèrent peu violents dans leur révolution, et les Libyens, qui durent faire la guerre pour la faire aboutir ?

jeudi 20 octobre 2011

Une taxe européenne sur les transactions financières

En août dernier, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont souhaité que soit mise en place une taxe sur les transactions financières. La proposition est désormais reprise par la Commission Européenne, et son président, José-Manuel Barroso souhaite la voir à l'œuvre d'ici 2014. Il s'agit là tout simplement d'un vieux serpent de mer, la taxe Tobin, du nom d'un ancien prix Nobel d'économie. A l'origine, il s'agissait de taxer faiblement toutes les transactions financières pour limiter la spéculation et financer l'aide au développement. Avec l'émergence d'Attac à la fin des années 90, la taxe Tobin avait le vent en poupe chez les alter-mondialistes, et l'idée s'est popularisée. Au cours de la décennie, la possibilité d'une taxe sur les transactions financières était souvent brandie comme une solution magique pour financer un peu tout et n'importe quoi.

Dans le projet actuel, les revenus de la taxe seraient partagés entre les Etats membres, désespérément en recherche de fonds, et l'Union Européenne, qui aurait là enfin une source supplémentaire de revenus propres. Alors que le monde traverse une crise financière terrible, l'idée de récolter des fonds sur le dos d'un secteur financier coupable apparaît plus que jamais séduisante. A force de spéculations, parfois même à très court terme et automatisées, les marchés financiers se sont progressivement déconnecté de l'économie concrète. La sophistication et la dérégulation des produits financiers depuis les années 80 a créé des forces turbulentes que plus grand monde ne comprend totalement. Et à côté de cela, les PME peinent parfois à se voir octroyer des crédits ordinaires. On comprend alors que la France, qui veut une politique économique européenne, et l'Allemagne, qui souhaite faire payer les banques dans la crise de la dette actuelle, mettent en avant cette taxe sur les transactions financières.

Seulement, elle doit faire face aux mêmes arguments qu'autrefois. En premier lieu, les théoriciens d'une économie libérale expliquent qu'une telle taxe nuirait à la fluidité des mouvements de fond, et en conséquence, rendrait plus cher le crédit et limiterait donc les investissements. L'argument est connu, mais douteux. Surtout, cet inconvénient pèse peu par rapport aux problèmes causés par une fluidité excessive. Les variations trop brusques des marchés financiers ont des externalités négatives qui dépassent le problème d'une baisse (certainement très limitée) des investissements. Et puis il est certainement préférable d'investir sur le long terme, plutôt que pour trois heures.

Le deuxième argument est beaucoup plus lourd, et justifie presque à lui la réputation d'impossibilité de la taxe Tobin. En effet, pour qu'elle soit parfaitement efficace, il faudrait qu'elle soit adoptée au niveau mondial. Le moindre passager clandestin aurait une grosse opportunité, celui d'accueillir les marchés financiers fuyant ladite taxe. Les Anglo-Saxons pointent déjà du doigt les centres financiers émergents tels que Singapour. Et à vrai dire, ils n'ont strictement aucune envie de s'y mettre. Aux Etats-Unis, Wall Street combat vigoureusement et efficacement toute régulation. Le Dodd-Frank Act adopté par le Congrès l'année dernière pour réguler davantage Wall Street n'est tout simplement pas mis en œuvre. Les mouvements d'opinion hostiles à tout nouvel impôt sont puissants, et se concrétisent via l'influence des lobbys dans la vie politique américaine. Les Britanniques, eux, considèrent qu'une telle taxe serait en fait une taxe sur la City, vu qu'elle est la première place où s'opère cette frénésie boursière que l'on veut limiter. Vu l'importance du secteur financier dans leur économie, ils combattront eux-aussi de toute leur force cette taxe.

La mettre en place au niveau mondial est donc une illusion, et même au niveau de l'Union Européenne, ce serait extrêmement compliqué. Certains souhaitent qu'elle se fasse au niveau de la zone euro, mais elle serait alors très facile à éviter. De toute façon, elle n'aurait probablement pas réussi à vraiment limiter la spéculation, mais au moins on en aurait eu des revenus intéressants. La France et l'Allemagne peuvent donc toujours la souhaiter, mais la vraie difficulté ne réside pas chez eux.

mardi 18 octobre 2011

Pour deux semaines de campagne de plus

Si l'on en croit les médias, François Hollande a été élu hier Président de la République française. Les mauvaises langues trouveront que la France n'a pas beaucoup changé depuis son élection, mais il faut bien constater que c'est là un bilan conforme aux attentes que l'on pouvait former en lui. Certains observateurs avisés de la vie politique croient néanmoins que le peuple sera quand même appelé aux urnes en avril prochain, probablement pour déterminer lesquels des adversaires du nouveau Président ont été battus au premier tour plutôt qu'au second. Alors, qui aura l'honneur d'être battu au second tour par notre nouveau chef de l'Etat ?

En 2007, François Bayrou n'avait pas été loin d'atteindre le second tour. En octobre 2006, il était crédité de 8 % d'intentions de vote, mais une campagne réussie lui permit de recueillir 18 % des suffrages exprimés. Il rêve évidemment de faire autant, voire plus. Ce ne sera pas évident, les dernières années lui ayant été défavorables. Son nouveau parti, le MoDem, s'est révélé être une usine à déceptions, ce qui est un exploit car n'étant même pas au pouvoir. Pour un mouvement démocratique, le culte du chef comme horizon indépassable s'est avéré éprouvant. Les militants sont donc un peu démobilisés, mais le pire reste encore les difficultés de positionnement de François Bayrou. Ses attaques quasi-systématiques et sans mesure contre la droite ont affaibli son image d'homme politique raisonnable, s'élevant au delà du jeu politicien manichéen habituel. L'absence de Jean-Louis Borloo de la course peut encore lui permettre de dépasser les 10 %, mais ceux qui haïssent Nicolas Sarkozy iront directement confirmer l'élection du nouveau Président.

Marine Le Pen souhaite elle aussi faire durer sa campagne présidentielle deux semaines de plus que les autres, comme l'avait fait son père dix ans avant. Une forte abstention lui serait théoriquement profitable. La présidence de Nicolas Sarkozy, bien plus à droite dans les paroles que dans les actes, lui ouvre normalement un boulevard. L'exercice de la prédiction, déjà habituellement difficile, l'est encore plus pour la candidate de l'extrême droite, et les surprises les plus marquantes viennent généralement de ce côté.

Enfin, Nicolas Sarkozy n'a jamais fait l'unanimité, c'est le moins qu'on puisse dire. Lorsqu'il n'était encore que ministre, toute une frange de la population se roulait déjà dans la satisfaction de haïr cet homme. Chez ceux qui ne comprennent qu'il existe une droite, cette haine n'a évidemment pas diminué après plusieurs années à l'Elysée. Par rapport à la précédente élection, il a également perdu de nombreuses personnes, déçues pour une raison ou une autre. Reste à voir si ceux-là passeront du côté de l'opposition, de l'abstention, de l'extrême droite, ou bien pourront être convaincus à nouveau. Nicolas Sarkozy a déjà un atout : la légitimité. Ceux qui n'aimeront pas notre nouveau Président François Hollande le verront comme le choix d'en face. En plus, le respect de l'autorité est une valeur qui a cours à droite. Le risque d'une guerre de chefs ou de profondes divisions est donc faible en présence d'un Président sortant. Et puis ceux qui verraient dans l'UMP un navire qui coule n'ont aucune envie d'être le capitaine qui reste à bord jusqu'au bout. Toutes les spéculations sur un changement de candidat sont en conséquence un peu vaines, et Nicolas Sarkozy reste celui qui a la plus forte probabilité d'accéder au second tour.

vendredi 14 octobre 2011

Un non choix

Dimanche prochain, c'est le second tour de la primaire socialiste. Un débat a eu lieu entre les deux candidats restants, il ne fut pas d'un grand intérêt. Il faut dire que Martine Aubry et François Hollande ne génèrent pas beaucoup d'enthousiasme sur leur personne. Si l'on compare avec les enthousiasmes qu'avaient su réunir autour d'eux Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy ou François Bayrou en 2007, ou même que l'on voyait naître en faveur de Dominique Strauss-Kahn en début d'année, on ne peut que constater qu'il n'y a pas de vague pour qui que ce soit. Le principe de la primaire rencontre le succès, mais les votants expliquent eux-même qu'il s'agit de choisir le candidat qui aura le plus de chances de gagner, et non pas de choisir celui qui sera le meilleur Président de la République. Et depuis le retrait forcé de DSK, Martine Aubry et François Hollande ne peuvent être que des candidats de second choix, présents à ce rendez-vous par un coup du sort.

Comme au jeu des sept différences, en recherchant ce qui diffère, on se rend compte de tout ce qu'ils ont en commun. Deux énarques de la même génération, deux apparatchiks du Parti Socialiste, en théorie devant se soumettre au même programme... Avec Martine Aubry et François Hollande, on a donc le choix entre un mauvais bilan et l'absence de bilan, entre la gauche sectaire et la gauche molle, pour reprendre leurs propres mots. Mais même s'il y a des nuances entre ces deux candidats, il n'est pas certain que cela se concrétise une fois au pouvoir. Si l'un des deux est élu Président, qui sera Premier ministre, si ce n'est l'autre ? Certes, Martine Aubry a d'ores et déjà prévenu qu'elle donnerait une grande place dans la République à Ségolène Royal, mais ce serait encore pire si celle-ci devait accéder à Matignon.

C'est donc un tiercé dont on a les gagnants, mais dont on ignore l'ordre. Le vote de dimanche sert alors à déterminer qui ira à Matignon, et qui ira à l'Elysée. L'amplitude de ce choix est des plus restreintes, et ce second tour ne démontre, en fin de compte, que le manque de leadership naturel de nos deux postulants.

jeudi 13 octobre 2011

Que la Turquie reconnaisse le génocide arménien

En visite dans le Caucase la semaine dernière, Nicolas Sarkozy s'est fait applaudir par des dizaines de milliers de Géorgiens en critiquant le maintien de forces armées russes en Ossétie du Sud. Mais il a également marqué un autre coup diplomatique en déclarant en Arménie que la Turquie devait reconnaître le génocide arménien qu'elle a commis en 1915. En l'absence d'une telle reconnaissance, le chef de l'Etat a annoncé que la loi punissant le négationnisme du génocide arménien serait adoptée. Cela a bien évidemment provoqué la fureur d'Ankara, qui y a vu une mesure politicienne, et en a profité pour critiquer la France sur sa crise économique. La presse turque diagnostique chez le Président français "une aversion culturelle et historique solidement ancrée en lui" envers la Turquie et les Turcs, et se targue que la Turquie ait fait capoter le projet d'Union Pour la Méditerranée. D'une manière générale, la France serait jalouse de l'influence croissante turque et de son dynamisme économique, et souhaiterait ainsi la gêner par tous les moyens.

Le propos manque pour le moins de nuance. Il révèle néanmoins toutes les différences que l'on peut sentir entre les positions turques et françaises. Contrairement à la France qui n'en finit pas de douter d'elle même, la Turquie déborde de confiance en elle, c'est vrai. Mais cette auto-glorification turque constante n'est pas loin du nationalisme. La Turquie veut entrer dans l'Union Européenne, et ne comprend pas que cela ne se passe pas aussi vite qu'elle le souhaite. Selon elle, l'Union Européenne a besoin d'elle, et elle considère que son rang est naturellement au sein des pays les plus développés. Pourquoi alors, se dit-elle, toutes ces contraintes ?

De part et d'autres, on semble en fait avoir oublié la raison de la candidature turque à l'Union Européenne. Le processus d'adhésion n'avance plus du tout. Ce n'est pas étonnant. Plusieurs pays comme la France, l'Allemagne ou l'Autrice sont résolument contre cette adhésion. La Turquie ne reconnaît même pas l'un des pays membres de l'Union, Chypre. Et culturellement, on ne l'a jamais sentie aussi éloignée de l'Europe occidentale. Son nationalisme l'empêche d'être traversée par les mêmes courants d'idées que l'Europe, et la liberté d'expression y est limitée sur des bases très subjectives. Insulter la Turquie y est ainsi un crime puni de deux ans d'emprisonnement, et affirmer que la Turquie a commis un génocide constitue une telle insulte. Pour la Turquie, elle ne peut tout simplement avoir commis de tels massacres, vu qu'elle est bien au-dessus de cela.

Il y a des situations où avoir un peu d'humilité n'est pas forcément dévalorisant. Le génocide des Arméniens n'est pas contesté par les historiens, et la Turquie s'honorerait plus que s'humilierait à reconnaître ce pan de son passé. Certes, ces années là étaient aussi celles de la refondation de la Turquie, une période révérée pour les Turcs. Mais personne n'est parfait, et la Turquie devrait reconnaître qu'elle est une nation parmi d'autres, avec ses qualités et ses défauts, plutôt qu'un pays à qui l'on ne peut rien reprocher. Et cela passera tôt ou tard par la reconnaissance du génocide arménien.

mardi 11 octobre 2011

Des attentes différentes pour l'Union Européenne

Avec 17 % des voix, Arnaud Montebourg a réussi à se faire remarquer lors de la primaire socialiste. Avec son concept de "démondialisation", il s'est positionné comme le plus à gauche des candidats, et comme il y a toujours de nombreuses personnes pour penser que le PS n'est jamais assez à gauche, il a pu les attirer ainsi. Concrètement, cette "démondialisation" passe par la mise en place d'un solide protectionnisme aux frontières européennes. Voilà le genre de mesures que réclame l'extrême droite, et elle ne s'y est pas trompée, en déclarant qu'il était de loin leur candidat préféré dans le lot. Mais quand bien même Arnaud Montebourg serait resté dans la course à la présidentielle, il aurait fait une promesse électorale qu'il ne pouvait pas tenir. En effet, ce n'est pas le Président de la République Française qui décide de la politique européennne d'échanges internationaux. Ce sont les institutions européennes qui en décident. Certes, la France a voix au chapitre dans la Commission Européenne et dans le Conseil Européen. Mais il faut que les autres pays soient d'accord avec une telle proposition française, et c'est là que le bât blesse.

Il est évident que l'amour que porte les peuples européens pour les institutions européennes n'est pas extraordinaire. Tous les eurosceptiques ont le sentiment que la construction européenne va dans le mauvais sens. En 2005, à quelques jours d'intervalle, la France et les Pays Bas ont rejeté le Traité Constitutionnel Européen, signifiant qu'ils n'étaient pas satisfaits de la politique européenne menée. Mais suivant les pays, il s'avère que les eurosceptiques réclament des choses diamétralement opposées. En France, on reproche aux institutions européennes d'être trop libérales, de favoriser le dumping social et de ne pas protéger assez la population. Mais dans de nombreux autres pays européens, on reproche aux institutions européennes de limiter les libertés, de leur coûter trop d'argent et de trop protéger ceux qui ne font pas d'efforts.

La France a donc le sentiment que l'influence des pays anglo-saxons et des pays de l'est est trop forte au sein de l'Union Européenne, alors que ceux-ci ont le sentiment contraire. La vérité doit être que ça se tient quelque part au milieu des deux, mais cela ne satisfait aucun "camp". Arnaud Montebourg peut bien souhaiter un protectionnisme européen, mais il y a-t-il beaucoup d'autres pays qui désirent la même chose ? Déjà lorsque la France voulait privilégier ses bananes antillaises par rapport à celles d'Amérique du sud, les Allemands étaient mécontents car cela renchérissait le coût de ce produit... Dans de nombreuses capitales, un tel protectionnisme ne signifierait que se voiler la face vis à vis de son propre manque de compétitivité. Mais le mot compétitivité ne rentre probablement pas dans le vocabulaire d'Arnaud Montebourg...

lundi 10 octobre 2011

En politique, ça va, ça vient...

Le 16 novembre 2006, Ségolène Royal était désignée candidate du Parti Socialiste à l'élection présidentielle dès le premier tour de la primaire socialiste, avec 60 % des voix. A l'époque, on met en avant le fait qu'elle ait réussi à gagner contre l'appareil et les éléphants socialistes, grâce à un afflux d'adhérents qui sont venus en prenant une cotisation à tarif réduit seulement pour pouvoir voter pour elle. Deux ans plus tard, en novembre 2008, elle obtient 42,9 % et 49,96 % des voix aux premier et second tours de l'élection du premier secrétaire du PS. Mais hier, elle n'a plus récolté que 7 % des suffrages lors de la primaire socialiste. Certes, celle-ci était désormais ouverte au-delà des seuls adhérents socialistes. Mais Ségolène Royal aurait justement du pouvoir compter sur des sympathisants non strictement socialistes, comme par le passé. Elle n'a pourtant pas été aux responsabilités, et ce n'est donc pas son bilan qui explique sa subite impopularité.

De tels variations brusques de popularité sont assez fréquents en politique. Ainsi, François Bayrou fut à deux doigts d'arriver au second tour de la présidentielle en 2007 (et donc de l'emporter). Son parti, le MoDem, resta ensuite au premier plan, et fut même dans de nombreuses villes l'arbitre des municipales de 2008. Pourtant, lors des élections européennes de 2009, il perdit la moitié de ses sièges, et actuellement, le MoDem ne pèse plus grand chose.

Les Verts ont connu des revirements de fortune similaires. Après un score minimal de Dominique Voynet en 2007, les Verts ont multiplié ce score par cinq en 2009. Renommés "Europe Ecologie", ils avaient même devancé le Parti Socialiste lors de ce scrutin. Ils prirent immédiatement la grosse tête, mais ils baissèrent sensiblement aux élections régionales de 2010 (à 12 % des voix), ce qui rendit un peu plus difficile le passage d'accords électoraux avec le PS. Surtout, suite à la désignation d'Eva Joly comme candidate à la prochaine présidentielle, leur poids dans les sondages s'est nettement évaporé, et la perspective de dépasser les 10 % des voix n'est plus en vue.

Aujourd'hui, c'est François Hollande le champion de la popularité. Peut-être cela durera assez longtemps pour qu'il soit élu Président, mais après cela, après la période de grâce, combien de temps avant qu'il ne connaisse à son tour l'impopularité ? Après tout, Lionel Jospin qui fut relativement populaire (d'après les sondages) lorsqu'il était à Matignon, n'a même pas réuni assez de voix pour arriver au second tour de la présidentielle de 2002...

vendredi 7 octobre 2011

Et si j'allais voter aux primaires socialistes ?

Des primaires pour désigner le candidat d'un parti à une présidentielle, il y en a déjà eu. Lionel Jospin en 1995, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en 2007, les Verts régulièrement également. Le procédé n'a rien de nouveau. L'innovation de cette année au Parti Socialiste, c'est de permettre aux non adhérents de voter également. Et ils acceptent large : sur leur site, il est indiqué que "tout le monde peut voter !" Et comme le candidat du Parti Socialiste a une probabilité non nulle d'être élu, autant qu'il soit au maximum à mon choix. Voyons donc les critères requis pour pouvoir voter plus en détail... Je suis bien citoyen français inscrit sur les listes électorales. Et il faut également signer un engagement dans les valeurs de la gauche.

Le texte est court. "Je me reconnais dans les valeurs de la Gauche et de la République, dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire." Je suis républicain, et à ce titre, j'adhère aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui sont proclamées par la Constitution. Je suis pour la justice également (rares sont ceux qui affirment être pour l'injustice, d'ailleurs). Pour le progrès, bien sûr, pour le solidaire, il faudrait mieux définir le concept : est-ce créer des opportunités pour autrui, ou simplement lui piquer son argent dans son portefeuille ? Quant à se réclamer de la gauche, cela pourrait être plus difficile, pour qui tient un blog de droite. Mais l'on peut fort bien se réclamer de la gauche d'autrefois. Ainsi, Georges Clémenceau a commencé à l'extrême gauche de l'échiquier politique (d'où la dénomination de "radical") pour finir à son centre droit, et ce, sans changer d'idées. L'apparition des socialistes puis des communistes avait provoqué cette glissade. Je me reconnais donc tout à fait dans les valeurs de gauche du début de la IIIème République.

La déclaration ne posant plus de problème, reste un euro à payer. Le Parti Socialiste ressuscite ainsi le suffrage censitaire. Cela peut surprendre, à moins qu'il ne s'agisse d'une adhésion très bon marché au PS. Mais quelques éléments demeurent qui rendent réticents. Déjà, la sincérité du scrutin reste très suspecte, on a vu lors de la dernière élection de la première secrétaire du PS que les élections socialistes étaient sujettes à toutes les manipulations possibles. Ensuite, il y a le fait que le PS se vantera de la participation à leur primaire de façon interminable. Voilà qui n'est pas forcément enthousiasmant, mais ça reste à voir.

La vraie leçon à tirer de ce scrutin sera surtout de savoir si les électeurs seront plus éclairés que les militants socialistes ordinaires. En 2006, ces derniers avaient choisi Ségolène Royal dès le premier tour. Les sondages la donnait alors gagnante face à Nicolas Sarkozy. Ce choix fut désastreux, et s'il ne l'avait été pour les socialistes, il l'aurait été pour la France. Aujourd'hui, Ségolène Royal accuse le pouvoir de manipuler les sondages pour lui être défavorables. Elle ne s'en plaignait pas il y a cinq ans. Après les primaires, il faudra voir si François Hollande n'aura été qu'un candidat de sondages...

mardi 4 octobre 2011

Pacte avec le diable pour les collectivités locales

Le président du conseil général de Seine Saint-Denis, le socialiste Claude Bartolone, est vent debout contre des emprunts aux collectivités locales qu'il qualifie de "toxiques". Dans son département, son prédécesseur communiste avait emprunté des sommes importantes à taux variable. Le taux évolue en fonction des variations de cours de monnaies étrangères. Et avec les difficultés budgétaires européennes et américaines, le franc suisse devient une monnaie refuge, et son envolée multiplie considérablement les intérêts demandés aux collectivités locales qui ont souscrit de tels emprunts. De nombreuses communes se retrouvent en conséquence dans des situations budgétaires graves à cause de cela, et Claude Bartolone ne veut plus payer tant que ses procès contre les banques n'auront pas abouti.

Les principaux coupables de cette situation dramatique ne sont pourtant pas les banques, mais bien les collectivités coupables. En finance, on dit qu'un prêt est toxique quand le risque de ne pas être remboursé est très élevé. Ici, le problème, c'est le taux variable. Il en est de même pour les collectivités locales que pour les particuliers : les prêts à taux variables sont par définition risqué, et c'est donc un risque pris en connaissance de cause. On peut difficilement ensuite reprocher à une banque sa propre signature sans avoir lu les petites lignes. Un particulier doit déjà être prudent, la plupart des collectivités locales ont du personnel pour étudier ce genre d'affaires. Et dans le cas de la Seine Saint-Denis, le véritable problème pourrait bien d'avoir été dirigé par des communistes, idéologiquement peu intéressés par l'optimisation financière.

Si les banques sont si diaboliques, il ne faut tout simplement pas signer de pactes avec elles. Les politiques publiques "généreuses" oublient trop souvent qu'un manque de rigueur budgétaire nécessite d'emprunter pour terminer un exercice, et qu'en conséquence, on est alors soumis à des obligations. Dans ce cas, mieux vaut savoir précisément à quoi l'on s'engage. On peut bien ensuite créer des commissions d'enquête pour trouver des coupables, mais on gagnerait du temps en présentant des miroirs aux responsables locaux concernés.

Le plus singulier dans cette histoire, c'est que l'on ne peut même pas accuser la cupidité des banques privées aux mains de la bourgeoisie. La principale banque mise en cause par Claude Bartolone pour ces crédits est Dexia, spécialiste du crédit aux collectivités locales, qui est majoritairement détenue par des organismes publics français et belges. Dexia, qui a été si mal gérée, et dont la situation financière est si mauvaise qu'elle actuellement en voie de démantèlement. Dexia, dont la situation inquiète aujourd'hui le même Claude Bartolone, qui craint un affaiblissement du financement des investissements locaux...

lundi 3 octobre 2011

Borloo toujours dans la présidentielle, mais autrement

Depuis le départ du Parti Radical de l'UMP il y a quelques mois, une candidature de Jean-Louis Borloo était probable, mais pas certaine. Il a annoncé hier qu'il ne se présenterai pas, citant comme première raison la division du centre. Cela gène fort ses soutiens, qui ne s'étaient pas gênés pour critiquer très voire trop rudement le gouvernement, alors que Jean-Louis Borloo s'en gardait bien. Mais en soi, il n'avait pas tort sur le fond. Pendant plusieurs mois, il a effectivement cru qu'il se présenterait. Et s'il le lançait, d'après ce qu'il disait et dit encore, cela aurait été pour gagner. Or il a tout simplement constaté que les conditions de la victoire n'étaient pas réunies, et qu'il avait très peu de chances d'arriver au second tour. Et comme être Président n'a jamais été le rêve de sa vie, et qu'il ne voyait pas l'intérêt d'une candidature de témoignage comme il y en a bien d'autres, il a préférer se retirer de la course.

Mais s'il s'est retiré de la course officielle, il pourrait très bien rester dans la présidentielle d'une autre manière. Son enjeu serait alors non pas d'être élu Président, mais d'arriver à un résultat presque semblable : que ses idées politiques soient appliquées. En 2010, Nicolas Sarkozy a humilié les centristes par un remaniement qui les écartait de la gestion du pays, et qui récompensait des personnalités à la loyauté éprouvée mais aux considérations simplistes, telles que celles de la droite populaire. C'est peut-être une façon de circonscrire le Front National, mais pour remporter la prochaine présidentielle, cela ne suffira pas. Nicolas Sarkozy devra se montrer rassembleur, mais après cinq années au pouvoir, ce sera sans doute très compliqué.

Il aura donc besoin d'un souffle d'air nouveau, pouvant compenser au moins partiellement l'image d'usure du Président sortant. Jean-Louis Borloo, en étant sorti du gouvernement depuis près de deux ans et en apportant une inflexion centriste, pourrait apporter cet atout stratégique. Il y a cinq ans, l'hypothèse d'un ticket Sarkozy-Borloo avait déjà des partisans. Pendant la campagne électorale, Jean-Louis Borloo avait déjà été l'une des dernières personnalités de la majorité à déclarer son soutien à Nicolas Sarkozy. Il cherchait certainement des garanties pour apporter son soutien, mais fort de sa popularité d'alors, le candidat pouvait s'en passer. Il n'est pas sûr que ce soit le cas aujourd'hui, et on peut imaginer que Jean-Louis Borloo soit tenté d'un calcul similaire, espérant plus de succès cette fois-ci.

L'intérêt de Jean-Louis Borloo serait donc de continuer à essayer de faire monter son profil et son capital politique (ce qui suppose d'entretenir son réseau de soutiens), sans risquer les coups d'une campagne. Il affirme ne pas avoir négocié un poste avec l'Elysée, mais il pourra toujours le faire pendant la campagne, au moment où on aura le plus besoin de lui à droite. Dès lors, il pourrait endosser lui-même la fin de la campagne de Nicolas Sarkozy, luttant à son tour pour le pouvoir sous le prête nom présidentiel. Bien sûr, un tel calcul est très incertain, et n'évite pas le risque de la défaite. Mais c'est au moins une hypothèse intéressante.

dimanche 2 octobre 2011

Une incroyable disparition des professeurs... dans les classes seulement

A l'occasion de la grève de l'Education Nationale du 27 septembre dernier, l'association SOS Education a fait une vidéo que l'on découvre progressivement.



Son propos est clair, et s'appuie sur l'état de l'école, qui compile des indicateurs donnés par l'Education Nationale elle-même, datant d'il y a moins d'un an. Les grévistes demandaient davantage de moyen pour l'Education Nationale, et protestaient contre la diminution du nombre d'enseignants. SOS Education veut montrer qu'il y a déjà largement suffisamment d'enseignants, et que c'est plus un problème de méthode qu'autres choses. Vérifions ce raisonnement.

D'après l'état de l'école, début 2010, il y avait 852 907 enseignants, relevant tant du primaire que du secondaire, du public que du privé. Ce chiffre est corroboré par les indicateurs de l'INSEE, qui permet d'en comprendre la répartition : 368 928 enseignants dans le primaire, et 483 979 enseignants dans le secondaire
. Par le même moyen, on sait qu'il y 6 647 000 élèves dans le primaire, et 5 332 000 élèves dans le secondaire. Le total est donc de 11 979 000 élèves, correspondant aux 12 millions indiqués par SOS Education.

11 979 000 divisé par 852 907 donne bien 14 élèves par classe. Dans la réalité, on en est loin. On continue donc de chercher ce qui créé cette différence. Dans le primaire, il n'y a normalement qu'un seul professeur par classe. 6 647 000 élèves divisés par 368 928 donnent une moyenne de 18 élèves par professeur, et donc par classe. Dans le secondaire, c'est plus compliqué, vu qu'un professeur, suivant s'il est certifié ou agrégé, fera 15 ou 18 heures. Arrondissons une moyenne pondérée largement en dessous, et disons un temps de cours de 17 heures par professeur.

Si l'on fait la moyenne des heures de cours reçues par chaque élève dans le secondaire, sans option (et en se basant sur les voies générales au lycée), on arrive à un chiffre de l'ordre de 26 heures de cours. Le ratio de professeurs nécessaires par classe (pour faire ce nombre d'heures) est donc d'environ 1,5. Or 5 332 000/(483 979/1,5) donne 16,55 élèves par classe. Que ce soit en primaire ou dans le secondaire, il ne devrait donc pas y avoir de classes surchargées, et SOS Education a raison sur cet argument que l'on vérifie sans peine.

Alors, où passe la différence ?

La vidéo de SOS Education pointe quelques éléments. Elle ne parle pas du banal absentéisme, qui semble toucher les professeurs en plus des élèves. On découvre ainsi que les congés maladie sont bien plus fréquents dans l'Education Nationale qu'ailleurs, n'étant pas contrôlés. Il faut tenir également compte des stages et formalités demandés par l'Education Nationale aux profs, mais à vrai dire, les absences courtes sont rarement remplacées au pied levé (et ne demandent donc pas d'enseignants supplémentaires).

Dans le secondaire, les options semblent nécessiter des effectifs d'enseignants considérables, et, en rapport avec leur utilité, représentent donc un gaspillage financier de premier ordre. Les décharges, syndicales ou non, sont également pointées du doigt, et devraient être supprimées : un salarié doit être rémunéré par l'organisme qui l'emploie réellement. Par ailleurs, de nombreux professeurs sont tout simplement mis au placard s'ils sont trop mal notés : ils ne peuvent être virés, mais restent rémunérés.

Le gouvernement peut donc encore largement continuer à tailler dans les effectifs de l'Education Nationale, à charge pour lui de savoir réorganiser tout cela et de mettre fin aux gabegies qui l'empoisonnent de toute évidence. A ce titre là, il pourrait même réussir l'exploit de faire baisser le nombre réel d'élèves par classe, tout en diminuant le nombre de professeurs.

free hit counter