Avec 17 % des voix, Arnaud Montebourg a réussi à se faire remarquer lors de la primaire socialiste. Avec son concept de "démondialisation", il s'est positionné comme le plus à gauche des candidats, et comme il y a toujours de nombreuses personnes pour penser que le PS n'est jamais assez à gauche, il a pu les attirer ainsi. Concrètement, cette "démondialisation" passe par la mise en place d'un solide protectionnisme aux frontières européennes. Voilà le genre de mesures que réclame l'extrême droite, et elle ne s'y est pas trompée, en déclarant qu'il était de loin leur candidat préféré dans le lot. Mais quand bien même Arnaud Montebourg serait resté dans la course à la présidentielle, il aurait fait une promesse électorale qu'il ne pouvait pas tenir. En effet, ce n'est pas le Président de la République Française qui décide de la politique européennne d'échanges internationaux. Ce sont les institutions européennes qui en décident. Certes, la France a voix au chapitre dans la Commission Européenne et dans le Conseil Européen. Mais il faut que les autres pays soient d'accord avec une telle proposition française, et c'est là que le bât blesse.

Il est évident que l'amour que porte les peuples européens pour les institutions européennes n'est pas extraordinaire. Tous les eurosceptiques ont le sentiment que la construction européenne va dans le mauvais sens. En 2005, à quelques jours d'intervalle, la France et les Pays Bas ont rejeté le Traité Constitutionnel Européen, signifiant qu'ils n'étaient pas satisfaits de la politique européenne menée. Mais suivant les pays, il s'avère que les eurosceptiques réclament des choses diamétralement opposées. En France, on reproche aux institutions européennes d'être trop libérales, de favoriser le dumping social et de ne pas protéger assez la population. Mais dans de nombreux autres pays européens, on reproche aux institutions européennes de limiter les libertés, de leur coûter trop d'argent et de trop protéger ceux qui ne font pas d'efforts.

La France a donc le sentiment que l'influence des pays anglo-saxons et des pays de l'est est trop forte au sein de l'Union Européenne, alors que ceux-ci ont le sentiment contraire. La vérité doit être que ça se tient quelque part au milieu des deux, mais cela ne satisfait aucun "camp". Arnaud Montebourg peut bien souhaiter un protectionnisme européen, mais il y a-t-il beaucoup d'autres pays qui désirent la même chose ? Déjà lorsque la France voulait privilégier ses bananes antillaises par rapport à celles d'Amérique du sud, les Allemands étaient mécontents car cela renchérissait le coût de ce produit... Dans de nombreuses capitales, un tel protectionnisme ne signifierait que se voiler la face vis à vis de son propre manque de compétitivité. Mais le mot compétitivité ne rentre probablement pas dans le vocabulaire d'Arnaud Montebourg...