Le président du conseil général de Seine Saint-Denis, le socialiste Claude Bartolone, est vent debout contre des emprunts aux collectivités locales qu'il qualifie de "toxiques". Dans son département, son prédécesseur communiste avait emprunté des sommes importantes à taux variable. Le taux évolue en fonction des variations de cours de monnaies étrangères. Et avec les difficultés budgétaires européennes et américaines, le franc suisse devient une monnaie refuge, et son envolée multiplie considérablement les intérêts demandés aux collectivités locales qui ont souscrit de tels emprunts. De nombreuses communes se retrouvent en conséquence dans des situations budgétaires graves à cause de cela, et Claude Bartolone ne veut plus payer tant que ses procès contre les banques n'auront pas abouti.

Les principaux coupables de cette situation dramatique ne sont pourtant pas les banques, mais bien les collectivités coupables. En finance, on dit qu'un prêt est toxique quand le risque de ne pas être remboursé est très élevé. Ici, le problème, c'est le taux variable. Il en est de même pour les collectivités locales que pour les particuliers : les prêts à taux variables sont par définition risqué, et c'est donc un risque pris en connaissance de cause. On peut difficilement ensuite reprocher à une banque sa propre signature sans avoir lu les petites lignes. Un particulier doit déjà être prudent, la plupart des collectivités locales ont du personnel pour étudier ce genre d'affaires. Et dans le cas de la Seine Saint-Denis, le véritable problème pourrait bien d'avoir été dirigé par des communistes, idéologiquement peu intéressés par l'optimisation financière.

Si les banques sont si diaboliques, il ne faut tout simplement pas signer de pactes avec elles. Les politiques publiques "généreuses" oublient trop souvent qu'un manque de rigueur budgétaire nécessite d'emprunter pour terminer un exercice, et qu'en conséquence, on est alors soumis à des obligations. Dans ce cas, mieux vaut savoir précisément à quoi l'on s'engage. On peut bien ensuite créer des commissions d'enquête pour trouver des coupables, mais on gagnerait du temps en présentant des miroirs aux responsables locaux concernés.

Le plus singulier dans cette histoire, c'est que l'on ne peut même pas accuser la cupidité des banques privées aux mains de la bourgeoisie. La principale banque mise en cause par Claude Bartolone pour ces crédits est Dexia, spécialiste du crédit aux collectivités locales, qui est majoritairement détenue par des organismes publics français et belges. Dexia, qui a été si mal gérée, et dont la situation financière est si mauvaise qu'elle actuellement en voie de démantèlement. Dexia, dont la situation inquiète aujourd'hui le même Claude Bartolone, qui craint un affaiblissement du financement des investissements locaux...