Réflexions en cours

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vendredi 28 mars 2008

L'atlantisme britannique

Au cours du voyage de Nicolas Sarkozy à Londres, celui-ci a pu faire le voeu que le Royaume-Uni devienne un partenaire de la France à l'égal de l'Allemagne dans la conduite des affaires européennes. L'idée n'est pas nouvelle, en son temps, le chancelier allemand Gerahrd Schröder avait lui aussi préconisé une Union Européenne à trois têtes, pour dépasser le traditionnel moteur franco-allemand. Mais si le Royaume-Uni apprécie généralement ces marques d'attention, la traduction des intentions à la réalité est souvent source de déceptions pour les continentaux. C'est que Londres reste en dépit de tout réticente à toute politique multi-latérale, n'assumant ainsi pas son rôle au sein de l'Europe.

Lorsqu'il était Président de la République, le Général de Gaulle avait toujours refusé l'entrée du Royaume-Uni dans l'Union Européenne. Le véto français ne fut levé qu'en 1972, à la suite d'un référendum où les électeurs français s'exprimèrent sur l'entrée du Royaume-Uni, du Danemark, de la Norvège et de l'Irlande dans la CEE. On pourrait s'étonner de l'hostilité envers la Grande-Bretagne montrée par le Général de Gaulle. Après tout, celle-ci l'accueilla en 1940, lui donna les moyens de créer un gouvernement et une armée d'exil, ce qui lui permettra d'affirmer que la France continuait le combat, en dépit de la défaite sur son propre territoire. Mais il avait surtout eu des relations exécrables avec les Etats-Unis, dont le Président, Franklin Delano Roosevelt, le voyait comme une gène au milieu de la guerre mondiale. Mais l'alliance qui unissa la Grande Bretagne et les Etats Unis pendant la guerre fonctionna très bien, et cette collaboration fructueuse permit l'affermissement de liens déjà forts, pour cause de liens historiques et de culture semblable.

Et même en étant rentrée dans l'Union Européenne, le Royaume-Uni a du mal à s'intégrer vraiment dans ce projet pan-européen. Elle se voit encore en grande puissance, et si ses colonies ont pris leur indépendance, elle rêve encore aux pays de la couronne britannique du Commonwealth, et croit voir les signes de sa puissance en apparaissant comme le bras droit de son ancienne colonie devenue première puissance mondiale, les Etats Unis. Et d'une certaine façon, ce que craignait le Général de Gaulle s'est produit. Six ans après l'entrée du pays dans l'Union Européenne, Margaret Thatcher devenait Premier ministre. Par son hostilité envers la construction européenne et son amour pour les Etats Unis, elle a mené une politique montrant que le Royaume Uni était de fait le cheval de Troie américain en Europe. Encore aujourd'hui, cela reste la base de la politique britannique. L'opinion, outre-manche, reste largement eurosceptique. Les plus euro-enthousiastes des Britanniques se révèlent être parmi les plus eurosceptiques des chefs d'États européens. Dans l'idée britannique, l'Union Européenne doit être une zone de libre échange, où l'organisation d'une concurrence toujours plus forte doit permettre la prospérité pour tous. Dans ce cadre, nulle place pour la concertation des politiques des différents pays, le Royaume Uni veille à rester d'autant plus indépendante de l'Europe qu'elle est complètement soumise aux Etats-Unis.

Au bout du compte, était-ce une bonne chose que le oui l'emporte au référendum de 1972 ? Géographiquement, le Royaume-Uni est bien en Europe, elle pouvait donc prétendre sans contestation adhérer à l'Union Européenne. Mais ce faisant, elle en a largement amoindri la dimension politique. Aujourd'hui, le départ du Royaume-Uni de l'Union Européenne est difficile concevable. Alors qu'il pourrait être l'un des moteurs de l'Union Européenne, le Royaume-Uni se révèle être un boulet à trainer pour le reste de l'Europe au niveau des avancées politiques. Il a évidemment le droit de mener une politique qu'elle croit être le signe de son indépendance, alors qu'elle ne fait que reproduire ce qu'il se passe en Amérique. Mais le pays rate actuellement ce qui pourrait être sa vocation, et nuit ce faisant à ces voisins européens. Il n'est pas nécessaire qu'il coupe les ponts avec les Etats-Unis, mais le Royaume-Uni doit tout simplement procéder à un rééquilibrage dans ses amitiés.

lundi 24 mars 2008

La Chine, le Tibet et les Jeux Olympiques

Quelques mois après la Birmanie, c'est un autre peuple bouddhiste qui se rebelle contre un pouvoir despotique. Il s'agit cette fois-ci des Tibétains qui se soulèvent contre la colonisation chinoise qui vise explicitement à transformer le Tibet en une province ordinaire de la Chine. Après des décennies passées à respecter la ligne pacifiste du Dalaï Lama, chef spirituel et chef du gouvernement en exil du Tibet, les jeunes Tibétains semblent ne plus avoir de patience, alors qu'ils craignent que la disparition du Dalaï Lama n'enterre à jamais l'identité du Tibet. La Chine a d'ores et déjà prévenu qu'elle mettrait elle-même en place le Dalaï Lama de son choix lorsque Tenzin Gyatso décèderait. Du reste, les Tibétains ne réclament pas l'indépendance vis-à-vis de la Chine, mais seulement l'autonomie, et la limitation de la colonisation qui fait disparaître leur culture. Mais le pouvoir chinois voit la question du Tibet comme celle de Taïwan : ce sont des territoires qui lui reviennent, et cela n'est pas négotiable. Ces points sont au coeur de la doctrine nationaliste chinoise, et reculer reviendrait à perdre gravement la face pour les Chinois. S'il y a bien un domaine où le comportement chinois peut être prédit avec certitude, c'est celui-là. L'intérêt du Parti Communiste Chinois passe avant tout, viennent ensuite les intérêts vitaux de la Chine dont le Tibet fait parti, les questions d'image ou de commerce viennent bien, bien après.

L'Occident assiste désoeuvré à la répression chinoise au Tibet. Que peut-il faire ? Les économies occidentales sont désormais trop dépendantes de la Chine pour envisager sérieusement des sanctions commerciales. Les diplomates et les chefs d'Etat peuvent critiquer la Chine lors des rencontres officielles sur la question des droits de l'homme, c'est nécessaire pour pouvoir continuer à se regarder dans la glace, mais il n'y a aucune chance que cela fasse changer le gouvernement chinois de politique. Actuellement, un mouvement se créé pour appeler au boycott des Jeux Olympiques qui auront lieu à Pékin à l'été. L'idée serait de montrer que l'on ne cautionne pas les agissements chinois, de ne pas vouloir participer à ce qui risque une célébration de la gloire chinoise, rappelant un peu ce qu'il se passa aux Jeux de Berlin en 1936. L'intention est sincère et louable, mais en terme d'efficacité, cela ne peut être que limité.

En effet, l'arrivée des Jeux Olympiques est un motif de fierté nationale pour la Chine. Mais s'ils venaient à mal se dérouler, le gouvernement chinois viendrait à accuser les pays étrangers et "la clique du Dalaï Lama" d'avoir humilier la Chine. La conséquence serait surtout une nouvelle poussée nationaliste. Le Dalaï Lama se défend déjà de vouloir troubler l'organisation des Jeux, et affirme souhaiter qu'ils se déroulent en Chine. Il y a néanmoins une autre force qui proteste avec vigueur contre le boycott des Jeux Olympiques : les sportifs. Ceux-ci voient avec stupeur les nuages s'amonceler sur un événement dont ils rèvent toute leur vie. Les Jeux sont rares, et un athlète n'y va que quelques fois au mieux dans sa carrière. Les sportifs se préparent toute leur vie dans l'espoir de décrocher une médaille, ou tout simplement pour pouvoir y participer. Ils découvrent donc avec stupeur la remise en cause de leur objectif, du but de tous leurs efforts. Il n'est dès lors pas étonnant qu'ils se prononcent unanimement contre le boycott des Jeux Olympiques.

Ils devraient néamoins demander des comptes aux véritables responsables de la situation. Le Comité International Olympique savait, en attribuant les Jeux à Pékin en 2001, que la Chine faisait peu de cas des droits de l'homme. Son président, Jacques Rogge, peut déclarer de sa candeur la plus hypocrite qu'il croit que les Jeux Olympiques peuvent aider la Chine à changer en bien. Il n'en reste pas moins qu'il sait comme tout le monde que les Jeux de Pékin sont surtout vu par la Chine comme l'occasion de démontrer au monde sa puissance, comme ce sera également le cas lors de l'exposition universelle de Shangaï en 2010, et certainement pas comme un événement politique.

Lors de l'attribution des Jeux à une ville, le CIO affirme toujours publiquement prendre prioritairement en compte l'intérêt des athlètes. Comment la situation actuelle pourrait-elle être davantage un énorme ratage ? De voir les jeux boycottés à cause du mauvais choix du CIO, voilà quel serait le pire événement pour les athlètes. Ce ratage se comprend mieux lorsque l'on se décide à appréhender la réalité : l'intérêt des athlètes n'est pour le CIO qu'un prétexte. Le mouvement olympique est notoirement corrompu, cela a été prouvé lors de l'attribution des Jeux de Salt Lake City, et une équipe de journalistes britanniques l'avait à nouveau démontré avant l'attribution des Jeux de 2012. Peu importe l'intérêt des athlètes, le CIO est vulnérable aux lobbyings les plus crasseux de la part des Etats, de ses sponsors, et des volontés d'expansion de ses propres dirigeants. Dans l'éventualité d'un boycott, ce serait le CIO qui aurait le plus à perdre. Il n'est alors pas étonnant qu'il soit prêt à toutes les compromissions morales pour s'en sortir. Mais dans tout cela, où sont les valeurs de l'Olympisme ?

samedi 22 mars 2008

La crise de l'autorité

Nous sommes en mars et déjà, le grand cirque de la célébration des 40 ans de mai 68 a commencé. On peut donc compter pour les mois à venir sur une overdose d'images d'archives, d'interviews de contemporains et de débats s'émerveillant sur la grandeur de l'événement. Il n'y a pourtant pas de quoi se réjouir : l'événement en question se résume à une crise d'adolescence d'étudiants bourgeois croyant changer le monde en lançant des pavés sur les policiers, un mouvement qui s'est ensuite transformé en une très classique grève générale. Les conséquences économiques furent limitées : les augmentations concédées aux syndicats lors du Traité de Grenelle ont été logiquement effacées par l'inflation qu'elles entrainèrent. Au niveau politique, après un doute, le Général de Gaulle en sortit vainqueur avec une majorité renforcée à l'Assemblée Nationale. Mais c'est au niveau social que les changements ont été les plus évidents. La remise en cause de la société qui était le mot d'ordre des émeutiers de mai 68 s'est transformée en une crise de l'autorité aux conséquences néfastes.

Cela se traduit notamment chez certaines familles par la façon d'élever les enfants. Il est surprenant de voir les parents d'enfants délinquants défendre contre tout leur progéniture, sans se poser la question de la façon dont elle a pu en arriver là. Cela se traduit par un irrespect généralisé, où chacun cherche à voir comment il peut profiter au maximum de la société, tout en évitant au maximum de se soumettre aux règles. Cela se traduit encore de nos jours par l'état de nos universités, malades d'avoir refuser pendant 40 ans la sélection à l'entrée, et toujours régulièrement bloquées par de nouvelles générations d'étudiants faisant leurs gammes de militants d'extrème gauche. La crise de l'autorité se répercute également dans le système judiciaire français, où règne une certaine doctrine de la larme à l'oeil, un syndicat de magistrat n'hésitant pas à introduire un biais politique dans sa conception de l'application de la loi.

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui sont mal à l'aise vis-à-vis du concept d'autorité. Ils le voient comme un élément visant à limiter la liberté. Pourtant, il ne peut y avoir de réelle liberté sans un cadre fixe établi. Ce cadre, c'est déjà celui de la loi. C'est aussi celui de la morale. De nos jours, le mot semble tabou. Or c'est précisément ce qui semble nous manquer le plus à l'heure actuelle. Sans prendre en compte cela, la liberté totale entraîne souvent à être victime de la liberté des autres. Que celui qui respecte la loi, les autres, et qui travaille dur soit davantage récompensé par la vie par rapport à celui qui se comporte mal est la base d'un certain ordre qui est trop souvent oublié. Raymond Aron craignait la décadence de l'Europe, voire de l'Occident, à force de la voir remettre en cause de façon si violente l'autorité des institutions. Depuis, la situation n'est plus tout à fait la même, mais l'on ne peut manquer le problème en voyant la force de la délinquance et de la criminalité juvénile. Elles doivent être combattues au quotidien, mais un nouveau changement sociétal aiderait à calmer les choses. Remettre à leurs justes places les concepts d'autorité et de morale serait un bon début.

mardi 18 mars 2008

Les leçons des municipales

Voilà, les municipales sont passées. Comme prévu, ce fut globalement une défaite pour la droite. Mais elle ne fut pas plus forte qu'annoncée. En fait, elle était du même ordre que celle encaissée par la gauche lors des municipales de 2001. Les villes qui avaient alors basculé à droite de façon inattendue sont pour la plupart repassée à gauche. Grâce à leurs réussites dans la gestion de leurs villes, Bertrand Delanoë et Gérard Collomb étaient assurés d'être confortablement réélus. En fin de compte, la surprise est surtout venue du côté de la droite : les réélections de Jean Tibéri, d'Alain Juppé et de Jean-Claude Gaudin paraissaient sérieusement remises en cause. Alain Juppé fut réélu dès le premier tour, et la majorité des membres du gouvernement qui se sont présentés aux municipales ont été élus. Retour de balancier, c'est probablement le terme qui décrit le mieux ces dernières élections.

Le phénomène le plus marquant de l'élection n'est pas la victoire de la gauche, mais bien la forte absention. Cela montre la démobilisation de l'électorat de droite, celui qui avait fait la victoire de Nicolas Sarkozy, et qui continue de plébisciter dans les sondages François Fillon, l'homme qui a toujours défendu le besoin de réformer la France. Le Président de la République, lui, connait les affres de l'impopularité. Ce n'est pas son programme qui est remis en cause, mais son style personnel, ses coups étranges, de l'invitation de Kadhafi à l'abolition de la publicité sur France Télévisions, alors que les réformes semblent ne plus être au coeur de l'action présidentielle. Nicolas Sarkozy, en souhaitant politiser au niveau national des élections locales, est bien un responsable de cette défaite. On peut également s'interroger sur sa volonté de ne pas sanctionner les ministres battus dans cette élection, au contraire de ce qu'il s'est passé lors des législatives. Du reste, aucun ministre n'aurait du être candidat pour devenir maire, alors qu'ils en ont de toute évidence pas le temps.

Du côté de la gauche, il n'y a pas de quoi se réjouir énormément non plus. Les socialistes savent que les électeurs ne sont pas revenus vers eux pour leur projet. Ils savent au moins parfaitement qu'ils n'en ont pas. Chacun se prépare aux grandes manoeuvres pour remplacer François Hollande, un premier secrétaire qui a longtemps cru que les votes contre la droite validaient sa stratégie de non-choix idéologique à gauche. Il est temps qu'il n'ait plus de rôle national, mais il serait tout de même préférable que l'on ait la certitude que l'on aura mieux à la place. Ce n'est pas certain.

Au bout du compte, la plus grande leçon de ces municipales aura été le comportement du Modem de François Bayrou. Celui-ci se voulait être l'apôtre de l'indépendance politique, son mouvement aura prouvé dans toute la France qu'il était prêt à toutes les alliances du moment qu'il y avait des postes à la clé. L'opportunisme aura été la grande constante de l'action du Modem ces dernières semaines. C'est à vrai dire le lot de la plupart des politiciens, mais en annonçant vouloir faire de la politique autrement, le Modem aura surtout étalé son hypocrisie. En se voulant au centre, François Bayrou pense pouvoir devenir incontournable. Il ne l'a pas été : son parti a souvent snobé la droite pour se détacher de son image d'ancien parti composant la majorité présidentielle, et il n'a souvent pas réussi à s'allier à la gauche, qui n'en avait pas besoin. A Pau, François Bayrou, battu, a rejeté la faute sur le maintien du candidat de l'UMP qu'il a qualifié de manoeuvre destinée à le faire battre. Mais au nom de quoi l'UMP aurait-elle du se retirer quand le Modem se maintient lorsqu'il est en troisième position, dans des cas similaires ? Il n'aura fait que gouter à sa propre cuisine. François Bayrou peut bien prôner un système constitutionnel dont il serait le principal vainqueur. Mais au vu des arrangements bien peu clairs qui se sont faits à travers la France pour faire élire des adjoints Modem ici et là, on a désormais confirmation de ce qu'était le projet politique de ce parti : compter sur les combines entre officines politiques pour arriver au pouvoir plutôt que sur l'expression de la majorité des suffrages. Et surtout, il semble difficile d'accorder à François Bayrou le fait qu'il soit sincère dans sa démarche.

Photo : AFP

dimanche 16 mars 2008

Comédie autour du livret A

Auparavant, les taux des livrets d'épargne réglementés étaient fixés par le gouvernement. En conséquence, celui-ci prenait une décision populaire lorsqu'il augmentait leurs taux, et une décision impopulaire lorsqu'il les baissait. Ces dernières années, les taux d'intérêt avaient baissé régulièrement, les gouvernements successifs étaient amenés à baisser le taux d'intérêt du livret A, sur lequel est basé les autres livrets réglementés. Ils ont fini par trouver cela tellement fâcheux qu'une formule mathématique a été mise en place pour déterminer automatiquement, deux fois par an, le taux du livret A, en fonction du taux d'inflation et du taux Euribor, un taux de marché déterminé par la Banque Centrale Européenne. Ces derniers mois, la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt laisser présager une forte hausse du taux du livret A. Au 1er février, celui-ci aurait ainsi du passer de 3% à 4%. Pourtant, l'augmentation n'aura été que d'un demi-point. En effet, François Fillon a décidé de ne pas appliquer la formule, en prétextant de circonstances exceptionnelles. Il se permet tout de même de s'afficher comme celui qui augmente la rémunération du livret A, alors qu'il en a limité l'ampleur. Les circonstances exceptionnelles sont tout simplement la renchérissement du crédit, logique et normale lorsque les taux d'intérêts augmentent.

Le pouvoir a donc voulu se débarasser du mistigri grâce à un mécanisme automatique, mais n'hésite pas à le reprendre quand ça l'arrange. Le message qui est ici passé auprès de la population est qu'il ne faut surtout pas toucher au taux du livret A quand il descend, mais qu'il faut néanmoins en limiter la hausse. A ce jeu là, les épargnants sont certains d'être toujours perdants. Ils peuvent donc avoir légitimement avoir le sentiment que l'on se moque d'eux. Le livret A n'est pourtant pas un instrument d'épargne pour personnes riches qui devraient consommer davantage. Au contraire, il est le compte épargne privilégié de ceux qui ont peu d'économies, mais qui les amassent lentement en prévision de coups durs ou d'investissements. Les revenus issus de l'épargne sont pourtant bien des revenus, et à ce titre, participent au pouvoir d'achat. François Fillon n'aurait pas dû jouer cette comédie autour du livret A. Elle ne rend service à personne, et surtout elle exaspère les Français.

Photo : Réa

mercredi 12 mars 2008

La colonisation israélienne

La visite du président israérlien Shimon Pérès en France se fait à l'occasion du salon du livre de Paris, dont Israël est l'invité d'honneur. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est, à 84 ans, un vieux routier de la politique israélienne, pour avoir servi dans l'armée lors des guerres ayant eu lieu lors de l'indépendance d'Israël, et pour avoir été élu à la Knesset pour la première fois en 1959. Il est désormais surtout connu pour avoir été l'un des artisans de la paix au proche-orient, ayant été le ministre des affaires étrangères d'Yitzhak Rabin lorsque celui-ci mis en place les accords d'Oslo en 1993. Il fut pour cela récompensé du Prix Nobel de la Paix. Mais l'assassinat d'Yitzhak Rabin, l'arrivée du Likud au pouvoir et la montée de l'islamisme en Palestine brisèrent cet espoir de paix. Aujourd'hui, les tentatives de paix existent toujours, mais le quotidien reste marqué par de fréquentes périodes de tensions, nourri de tirs de roquettes palestiniennes sur les habitations israéliennes, les incursions de Tsahal dans les territoires palestiniens en représaille, et le terrorisme suicidaire de fanatiques palestiniens, même si la construction du mur autour de la Cisjordanie semble avoir réduit cette source de violences.

Ce mur n'est pourtant pas forcément un bienfait pour la région, loin de là. Sa construction parfois à l'intérieur de la Cisjordanie fait perdre aux Palestiniens des parties de leur territoire, dont les limites sont fixées comme celles du cessez-le-feu du 1967. Il entraîne une annexion de fait de territoires palestiniens de la part d'Israël. Le procédé entérine le processus de colonisation de la Cisjordanie, alors que cette colonisation ne fait que de mettre de l'huile sur le feu dans cet interminable conflit. A ce titre, Ariel Sharon avait eu raison de démanteler les colonies israéliennes de la bande de Gaza. Mais désormais, il faut penser à faire de même en Cisjordanie. Or c'est l'inverse qui se produit, à la stupéfaction de la communauté internationale. Le gouvernement israélien vient en effet d'accepter l'agrandissement d'une colonie en banlieue de Jérusalem, montrant sa bienveillance envers la colonisation en Cisjordanie, celle-ci étant assez ouvertement tolérée.

Il ne manque pas de fanatiques israéliens pour lire dans la Torah une injonction de coloniser toute la Palestine pour créer une grande Israël. Ils se moquent bien des problèmes que cela peut créer. Car en alimentant la haine chez les Palestiniens, ils handicapent le processus de paix. La priorité est surtout de sécuriser Israël dans ses frontières existantes. La grande majorité des Israéliens veut la paix avec les pays voisins. Les colons, en poursuivant leur objectif délirant, mettent en danger l'ensemble des leurs. A ce titre, ils ne valent pas mieux que les extrémistes palestiniens. Ces derniers sont aussi des fanatiques religieux prompts à la violence. Seulement, la Palestine n'est pas vraiment un Etat souverain et démocratique, en tous cas biens moins que ne l'est Israël. Et c'est justement pour cela qu'il est dommage que l'Etat israélien ne soit pas capable de contrôler ses propres éléments perturbateurs. Cela, Shimon Pérès doit être le premier à le penser.

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