lundi 26 mars 2012
Par xerbias,
lundi 26 mars 2012 à 21:27 :: General
En 2010, la publication du livre "Absolument dé-bor-dée !" avait fait du bruit. Sa mise en cause des administrations territoriales, et plus généralement des fonctionnaires, était virulente. Le premier reproche était affiché dès la couverture : leur manque de vrai travail. A la lecture, ce livre interroge d'abord. Ce n'est pas un récit autobiographique, mais pas un roman non plus. L'auteur, écrivant sous le pseudonyme Zoé Shepard, appartient à la fonction publique territoriale et affirme retranscrire son quotidien dans ce livre, mais n'essaie pas de cacher que l'histoire qu'elle nous conte est très largement romancée. En tant que tel, il est par exemple difficile de croire qu'autant d'anecdotes navrantes s'accumulent en une si petite période de temps. On peut alors penser qu'elle les a regroupées pour rendre leur succession plus spectaculaires, et a parfois peut-être chargé le trait.
EN continuant ce livre, il devient évident que l'auteur a elle aussi un souci. Elle affuble ses collègues de divers noms, et liste impitoyablement leurs défauts, mais n'aborde pas vraiment sa propre nature profonde de langue de vipère, prête à dire les pires horreurs sur tous ceux dont elle partage les journées. Etre cynique, c'est vraiment donné à tout le monde, et ce n'est pas son style d'écriture qui la distingue. Un véritable écrivain aurait eu un regard malicieux et non purement cruel sur son environnement. Du haut de son complexe de supériorité, elle va tellement loin dans le mépris que ses cibles tendent à devenir plus sympathiques qu'elles. Qui n'a jamais fait d'erreur ?
A lui seul, ce livre ne signifierait donc pas grand chose. Ce qui est véritablement troublant, ce sont les suites qu'il a eues. En lisant ce livre, les employés du conseil régional d'Aquitaine (les collègues de l'auteur) se sont reconnus, et s'en sont émus. Deux constats s'imposent. Le premier, c'est que s'ils se sont reconnus, c'est que le portrait que Zoé Shepard faisait d'eux était donc fidèle. En effet, elle avait pris le soin de masquer l'environnement (en changeant les noms, et en plaçant l'action dans une mairie). Ne restait donc que la description des collègues et des anecdotes qui en découlent. Le deuxième constat est qu'en protestant, ils ont bel et bien prouvé leur stupidité. En effet, quelle envie pouvaient-ils avoir de signifier à l'extérieur de leur service la façon dont ils ont caractérisés ? Maintenant que l'anonymat que Zoé Shepard avait créé est tombé, tout le monde sait que le conseil régional d'Aquitaine est rempli d'un personnel incompétent.
Qu'il y ait des employés peu compétents ou peu productifs dans le service public n'est pas étonnant. Non seulement on peut en rencontrer lorsque l'on a à faire avec l'administration, mais en plus, il y en a également dans le privé. Néanmoins, s'il y en a trop dans une entreprise privée, les résultats de l'entreprise s'en ressentiront et sa survie sera menacée, alors que dans le public, tout est financé par l'impôt (ou la dette).
En fait, le vrai problème que montre ce livre, c'est l'empilement des collectivités locales, et leur obésité de plus en plus fréquente. Malheureusement, la décentralisation a favorisé la multiplication de ces collectivités, et elles ont tendance à s'attribuer des missions qui ne sont pas institutionnellement les siennes. Il y a les mairies, les collectivités de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux... A chaque fois, une administration entière. Pour les ceux qui les dirigent, être à la tête d'une grosse administration est valorisant. Mais les effectifs sont gonflés à coup de cadres, bien au delà des besoins. On se retrouve donc avec du personnel théoriquement qualifié, coûteux mais structurellement désœuvré. C'est une source immense de déficits publics, et donc une source aussi considérable d'économies à réaliser. Si ce livre permet de faire comprendre cela à plus de gens, il aura été utile.
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dimanche 25 mars 2012
Par xerbias,
dimanche 25 mars 2012 à 23:23 :: Economie
La
TVA sociale a été votée le mois dernier par le Parlement, et sera appliquée d'ici la fin de l'année. C'est une bonne mesure, dont le principal tort est de ne pas avoir été appliquée plus tôt. Pour ceux qui peineraient encore à en comprendre le principe, son principe peut parfaitement être résumé en un tableau que voici :
Améliorer notre compétitivité prix, réduire notre déficit commercial et préserver ainsi des emplois ? Tout ce qu'il nous fallait.
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mercredi 21 mars 2012
Par xerbias,
mercredi 21 mars 2012 à 23:46 :: Pensée politique
Au nom d'une conception paraît-il hégélienne de l'Histoire, Karl Marx en cherchait le moteur, et croyait l'avoir trouvé dans la lutte des classes. C'est une vision des choses. Mais quand on regarde l'Histoire en général, et celle de France en particulier, ce n'est pas forcément le plus frappant. D'autres questions semblent se poser avec une très belle constance. La plus notable est sans conteste celle de la place de l'Etat. L'Empire Romain avait une administration gigantesque, relevant de Rome en dernier ressort, mais permettant une certaine décentralisation pour gérer les territoires au plus près. Par la suite, c'est l'ensemble du Moyen Age qui voit s'affronter le roi et les seigneurs. Cela traduisait à chaque fois une opposition entre Etat et féodalité.
En France, les dynasties mérovingiennes et carolingiennes sont justement tombées car elles n'ont pas réussi à garder leur prééminence face aux seigneurs locaux. Le maire du palais Charles Martel prit le pouvoir aux rois mérovingiens en étant le seigneur le plus puissant, à tel point que l'Etat n'était plus l'administration royale, mais la sienne. Mais la dynastie carolingienne qu'il fonde est elle aussi en proie aux conflits avec les seigneurs locaux. Si ceux-ci veulent leur indépendance vis-à -vis du pouvoir central, si l'un d'entre eux est en position de force, il n'hésite pas pour autant de recréer un pouvoir central autour de lui. Ce qui se traduit par un changement de dynastie. C'est ce qui arriva quand le duc Hugues Capet s'empara à son tout de la couronne. Les carolingiens étaient devenus trop faible, et lui était le plus puissant d'un milieu profondément divisé.
Les premiers capétiens n'étaient eux-mêmes que modérément puissants, la féodalité étant encore très présente dans la mentalité. Elle apportait une certaine autonomie aux seigneurs, qui la défendaient jalousement. Le domaine royal n'était de toute façon que guère étendu. Ce n'est que plus tard que le roi a vu ses pouvoirs s'accroître, notamment sous le règne de Philippe Auguste, lorsqu'il prit le contrôle de l'Anjou et de la Normandie aux Anglais. Le pouvoir restait toutefois très féodal encore sous Saint Louis, et son règne restera d'ailleurs comme une référence pour les seigneurs. Cela change nettement sous Philippe le Bel, qui met en place toute une administration, et perfectionne le circuit judiciaire, engendrant de multiples mécontentements chez les vassaux.
C'est à la suite de cette évolution que la guerre de cent ans prendra son essor : les Anglais, beaucoup moins nombreux, ont presque constamment pu compter sur les divisions des Français, avec comme leitmotiv, l'hostilité de potentats locaux à la nécessité de respecter les décisions du roi, puis de payer l'impôt servant à financer la guerre. Après la bataille de Poitiers, l'Etat s'effondrera, mais comme les seigneurs n'étaient plus capables de prendre le relais, l'anarchie s'installa. Les rois français ont été régulièrement trahis par les membres les plus éminents de leur propre famille, avec d'abord le roi de Navarre pendant la première moitié de la guerre, puis le duc de Bourgogne dans la deuxième. Tous justifiaient leur opposition au roi au nom de la défense des libertés locales, quitte à pactiser avec l'ennemi. Mais quand la couronne anglaise voulait imposer sa propre administration sur les territoires français, ça ne se passait pas mieux.
Quand Richelieu dirige la France sous Louis XIII, la centralisation du pays sous une administration efficace est un de ses objectifs. On retrouve donc à nouveau cette opposition fondamentale dans la Fronde, lorsque Louis XIV était jeune. Celui-ci profita de sa victoire en décidant de tout ramener vers lui, ancrant une monarchie absolue qui durera. Cette force de l'Etat restera si bien dans les mentalités que lorsque la Révolution se déclenche, les révolutionnaires, malgré l'opposition du parti girondin, finissent par conserver cette centralisation administrative, ne lui reprochant dans sa forme d'ancien régime que son absence de démocratie.
Depuis que la démocratie est établie, soit depuis 1870, l'Etat jacobin perdure toujours. Mais on continue de se demander s'il faut encore plus d'Etat (à travers l'Etat Providence), ou s'il en faut moins (et qu'il se recentre sur ses compétences régaliennes). Pour ce qui est de l'administration, la France est est abondamment servie. C'est plus au niveau de l'efficacité qu'elle est en manque. Il est néanmoins remarquable que cette question continue de nous ajouter à travers les siècles.
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jeudi 15 mars 2012
Par xerbias,
jeudi 15 mars 2012 à 23:46 :: Faits politiques
La seule expérience dont peut se targuer François Hollande est sa présence à la tête du Parti Socialiste pendant onze années consécutives. Vu les résultats piteux qu'il y a obtenu, on comprend bien pourquoi il essaie de garder le profil bas sur son passé. Mais plus ça va, et plus on découvre que le Parti Socialiste est un parti enfoncé dans les magouilles de toutes sortes. On avait commencé à s'en douter lorsque Ségolène Royal n'eut pas peur de dénoncer des fraudes électorales lors de l'élection du premier secrétaire du PS, en succession de François Hollande justement.
Les affaires locales, autour de Georges Frêche et de Guérini notamment, sont à ce titre stupéfiante, et révèlent un système visant à protéger des barons locaux socialistes, dont le principal talent est de bien tenir leur fédération. Dans cette catégorie, la gestion de la mairie de Hénin-Beaumont a montré un système de corruption endémique, à proximité de la mairie de Lille dirigée par Martine Aubry, la première secrétaire actuelle. L'ancien mairie a d'ailleurs écrit un livre, Rose Mafia, qui décrit un ensemble de pratiques, d'arrangements et de combines au service d'une caste au pouvoir. L'exaspération de la population locale est telle que c'est aujourd'hui le Front National qui tient la vedette là -bas. Autant d'agissements qui ont duré des années, sans que la direction du Parti Socialiste ne dise quoi que ce soit à ce sujet.
Si l'on en croit Jean-Luc Mélenchon, ces pratiques ne datent pas d'hier. Il raconta même dans une vidéo que la plupart des gens découvrent aujourd'hui comment il s'était arrangé avec François Hollande pour se partager les résultats d'un vote, mais finit par avoir moins que son véritable résultat.
On pourrait se dire que tant que ça ne concerne que le Parti Socialiste, ce n'est pas bien grave pour l'ensemble de la population. Seulement, cela démontre quand même une certaine approche du pouvoir et de la démocratie. En cas de victoire socialiste aux prochaines élections, il n'y aura pas de contre pouvoir. L'Elysée, l'Assemblée Nationale, le Sénat, les régions, les départements, les communes, les médias et la magistrature seront tous majoritairement à gauche. Les citoyens devront alors redoubler de vigilance au quotidien. Et aux élections, on pourra se féliciter que les assesseurs doivent venir de bords différends. C'est déjà ça.
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mercredi 14 mars 2012
Par xerbias,
mercredi 14 mars 2012 à 19:34 :: Europe
Contrairement à ce qui est souvent dit, il n'y a pas de perte de souveraineté d'un Etat dans la construction européenne. Il y a un partage de souveraineté : chaque gouvernement participe aux décisions qui affecteront son pays et les autres. Il est donc légitime que lors des élections nationales, les candidats expliquent quel projet européen ils souhaitent et exposent les mesures qu'ils défendront. Seulement, il ne faut pas oublier que ce sont des décisions qui se prennent à plusieurs, et qu'un seul pays ne peut décider à la place des autres. C'est ce que l'on voit actuellement dans la campagne présidentielle.
En affirmant vouloir renégocier les accords de Schengen, quitte à mettre une date butoir, Nicolas Sarkozy a surtout fait un coup politique, purement électoraliste. Mais comme souvent avec lui, le mouvement est savamment calculé pour être en fait aussi réaliste qu'impressionnant. Avec une telle déclaration, il prend en effet peu de risques, puisque les accords de Schengen sont déjà en cours de renégociation, et que leur nouvelle version arrivera certainement avant un an, ce qui rend peu probable l'idée d'un "clash" entre la France et les autres pays de l'Union Européenne à ce sujet.
La volonté de François Hollande de ne pas ratifier le traité budgétaire européen est en revanche bien plus problématique. Déjà , parce que la France a elle-même était aux premiers plan de sa création, ensuite, parce qu'il a été accepté par presque tous les autres pays européens, et enfin, car il vise à régler la crise des dettes souveraines européennes. Depuis l'accord européen à ce sujet, celle-ci s'est d'ailleurs très nettement calmée. Les taux d'intérêts payés lors des emprunts d'Etats ont largement diminué, ce qui montre le retour d'une certaine confiance. Or vouloir renégocier ce traité, alors qu'il est au contraire si urgent de l'adopter partout, c'est justement vouloir réouvrir les plaies de cette crise. Cela n'a rien de responsable.
Surtout qu'il n'y a pas vraiment de raison de le renégocier. Les socialistes refusent l'idée d'inscrire l'interdiction des déficits publics dans la Constitution car ils sont partisans d'un Etat Providence financée par la dette publique. Ce n'est pourtant une politique souhaitable. François Hollande veut qu'un traité budgétaire prenne en compte l'objectif de croissance en plus de celui d'équilibre des comptes publiques. Mais la croissance économique ne se décrète pas. Ce qu'il appelle "politique de croissance", ce sont les sempiternelles "relances" keynésiennes financées par le déficit. Cela ne fonctionne plus aujourd'hui. Aujourd'hui, pour avoir de la croissance, il faut de l'innovation, de la compétitivité, un dynamisme qui ne dépend pas du budget de l'Etat. La croissance économique vient du secteur privé, et les socialistes français tendent à l'oublier systématiquement.
Le reste de l'Europe est conscient de ces principes économiques de base. Chacun voit bien comment la Grèce a été acculé à la misère à force de vivre à crédit. A part la France, les pays européens savent bien que l'équilibre des comptes publics est désormais un impératif. Même la Grande Bretagne, qui n'a pas voulu ratifier ce traité, est favorable à la discipline budgétaire, et tend à vilipender les institutions européennes pour leur propension à la dépense. En cas de victoire de François Hollande, la France serait le seul pays à vivre encore dans l'époque révolue de la dépense publique. François Hollande veut renégocier un traité sans que ce ne soit bénéfique pour personne. Les gouvernements européens en place, ceux avec qui il devrait négocier, sont contre une telle démarche. Il isolerait ainsi la France et nuirait à l'économie européenne. Ce n'est pas souhaitable.
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lundi 12 mars 2012
Par xerbias,
lundi 12 mars 2012 à 23:57 :: General
Miracle au ministère de l'Education Nationale !
Un rapport des inspections générales dit enfin explicitement
ce que tout le monde savait déjà : le baccalauréat ne sert plus à grand chose. Voilà ce qu'on feint de découvrir : "des modifications réglementaires ont joué un grand rôle dans l'amélioration des résultats". Les barèmes sont moins exigeants, les questions moins pointues, les TPE aident les candidats, les deux tiers des candidats au rattrapage sont repêchés, les points gagnés dans les épreuves facultatives sont multipliées... Autant de facteurs cités qui transforment le bac en une épreuve de moins en moins difficile. En même temps, il ne permet plus d'ouvrir l'accès aux formations supérieures : la grande majorité des admissions se font sur dossier scolaire, et la plupart des décisions sont prises avant même l'examen en lui-même.
En même temps, l'organisation des épreuves du baccalauréat est coûteuse. "57 langues peuvent être évaluées au bac alors même qu'elles ne sont pas toutes enseignées dans le système éducatif", note le rapport. Cela justifie pourtant la conception de plusieurs sujets par langue, et la recherche d'examinateurs extérieurs. Les options sont des gouffres financiers. Au final, cela fait donc un rapport qualité/coût particulièrement défavorable.
Heureusement, le rapport indique également des voies de réforme possible :
- la suppression des épreuves de rattrapage
- la diminution du nombre de langues pouvant être présentées. On garderait 12 langues européennes, 4 langues internationales et 8 langues régionales. Cela fait encore beaucoup.
- moins valoriser les épreuves facultatives
- mettre des notes éliminatoires pour les matières les plus importantes
D'autres paraissent plus fumeuses, comme lorsque le rapport évoque l'interdisciplinarité ou l'autonomie de l'étudiant, qui ne sont pas des concepts pertinents à ce point des études. On tombe dans le grotesque lorsque les questionnaires à choix multiples sont mis en avant, certainement car leur coût est le moins élevé. Si on ne doit donc pas tout garder, ce rapport est néanmoins une bonne base de départ, dont le principal mérite est de poser enfin un constat clair sur l'état du bac aujourd'hui.
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jeudi 8 mars 2012
Par xerbias,
jeudi 8 mars 2012 à 19:09 :: Monde
De nos jours, on peut distinguer une démocratie par trois critères : liberté de se présenter aux élections, liberté d'expression et sincérité des scrutins. A l'aune de ces critères, la Russie n'en est pas une. En effet, à la dernière présidentielle, plusieurs candidats ont été empêchés de se présenter alors qu'ils étaient les plus menaçants pour le pouvoir en place. Le Kremlin contrôle en grande partie les médias, et veille à ce qu'ils lui soient favorables. Et selon les observateurs, le scrutin à été trafiqué dans de nombreux bureaux de vote. La Russie n'est peut-être pas une dictature en bonne et due forme, mais il s'agit quand même d'un pouvoir autoritaire qui veille à ne pas être trop contesté. C'est pour cela que quand Vladimir Poutine annonçait pendant son deuxième mandat de Président que, conformément à la Constitution, il ne chercherait pas à rester en place, on doutait franchement de sa parole.
Alors en effet, il n'est pas resté Président de la Fédération de Russie en 2008, mais il a envoyé son Premier ministre Dmitri Medvedev prendre sa place, alors que lui-même redevenait Premier ministre. Néanmoins, tout le monde était bien conscient qu'il gardait le pouvoir effectif en Russie, et que Dmitri Medvedev n'était que son valeureux homme de main. Et constitutionnellement, rien ne les empêchait d'échanger à nouveau de bureaux quatre ans plus tard. C'est ce qu'ils ont fait sans sourciller, et Vladimir Poutine vient donc d'être élu Président. Il est de retour à ce poste, sans l'avoir vraiment quitté. La seule différence, c'est que maintenant un mandat six ans au lieu de quatre. En faisant deux mandats, il pourrait durer jusqu'en 2024. Il n'aura alors que 72 ans, et pourrait continuer ce petit manège jusqu'à sa mort. Au moins, avec des mandats plus longs, il aura moins d'élections à trafiquer.
Vladimir Poutine s'est fait élire au premier tour avec une majorité énorme pour montrer que c'était l'indiscutable patron. Après cela, il est difficile de soutenir que la Russie est une authentique démocratie. De nombreux russes, lorsqu'ils comparent leur vie politique avec celles européennes, s'en inquiètent et protestent. Pourtant, si la Russie était vraiment une démocratie, cela ne voudrait pas dire que Vladimir Poutine ne remporterait pas les élections. Là est justement le paradoxe : il n'a pas besoin d'éliminer ses opposants, de bâillonner la presse et de trafiquer les votes. Il pourrait tout à fait se faire élire à la régulière. Certes, son total de voix serait nettement moins élevé, et il serait obligé de passer par un second tour contre un adversaire coriace. Mais Vladimir Poutine reste quelqu'un de populaire, dont l'action a permis de changer la Russie. En mieux, pensent les Russes.
S'ils comparent la Russie d'aujourd'hui aux démocraties européennes, ils la comparent aussi à la Russie d'hier, dans les années 90. A cette époque, ils la voyaient ravagée par les mafias, humiliée sur le plan international, en perdition sur le plan économique. En bref, c'était le chaos. La sortie du totalitarisme soviétique ne s'était pas bien passé, et les Russes ont, en majorité, appréciés que le pays ait été repris en main d'une main forte. Le nationalisme russe, qui s'exprimait autrefois masqué derrière la propagande soviétique, n'avance plus masqué désormais, et le retour de l'autorité soulage de larges pans de la population. Pour les démocrates russes, le travail à faire, c'est donc surtout de démontrer que leur retour aux affaires ne signifierait pas une résurgence de l'anarchie.
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mardi 6 mars 2012
Par xerbias,
mardi 6 mars 2012 à 22:07 :: General
La France est endettée, et son déficit public annuel est très important. Trop important. Il doit être réduit. Normalement, ce devrait être un sujet de cette campagne présidentielle. Seulement, on ne parle quasiment pas de programmes de réductions de dépenses. En revanche, il y a du monde pour créer de nouvelles taxes et de nouveaux impôts. C'est la grande spécialité des socialistes, et ce même alors que la France a déjà un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus hauts du monde. Ainsi, le Sénat, depuis qu'il est passé à gauche, a voté des taxes par dizaines. Et dernièrement, François Hollande est allé jusqu'à annoncer la taxation à 75 % des contribuables gagnant plus d'un million d'euros par an. C'est consternant pour plusieurs raisons.
Déjà , parce qu'avec cette annonce, François Hollande se renie lui-même. En janvier 2011, il expliquait qu'il n'était pas normal qu'il y ait un taux supérieur à 40 %, disant alors qu'au delà , ce serait "confiscatoire". Ce revirement a bien évidemment été opéré à des fins politiciennes et démagogiques. Le but, c'est d'accuser les riches, devenus boucs émissaires de la société, comme dans l'ancien temps marxistes. En confisquant 75 % des revenus supplémentaires, le signal est fort. A ce niveau là , pour montrer sa haine du succès, ça aurait été plus vite de promouvoir l'élimination physique des concernés par lapidation. C'est lamentable, et c'est oublier qu'en France, le problème, ce n'est pas qu'il y ait des riches, mais bien qu'
il n'y en a pas assez.
Ensuite, François Hollande avait raison de dire il y a un an que des taux trop élevés ne feraient pas une grande différence au niveau des comptes de l'Etat. Et sur ce point là , même le PS en est conscient actuellement, alors qu'il continue de promouvoir cette mesure. Ce sont les riches qui ont le plus de possibilités pour échapper à l'impôt. Il y a l'exil fiscal, cher à certains soutiens médiatiques du PS. Il y a aussi les niches fiscales, qui permettent de réduire légalement les montants versés au fisc. Tout cela, ce n'est accessible qu'à ceux qui peuvent se payer des fiscalistes.
Au bout du compte, on veut augmenter les impôts. Mais attention, car n'est pas les riches qui vont les payer, puisqu'ils peuvent d'autant plus y échapper qu'ils deviennent délirants. Ce n'est pas les pauvres non plus qui vont les payer, puisqu'ils ne sont pas imposables. Ce sont donc les classes moyennes qui doivent supporter le poids de la dette, et à travers les augmentations d'impôts, elles doivent payer maintenant. En visant les riches, les socialistes manquent leur cible, et tant qu'ils voudront régler les problèmes à coup d'impositions, ils ne réussiront qu'à mettre les classes moyennes en coupe réglée. L'alternative, c'est bien de s'attaquer aux dépenses pléthoriques de l'Etat.
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dimanche 4 mars 2012
Par xerbias,
dimanche 4 mars 2012 à 19:16 :: Economie
Le groupe Carrefour a de nouveau changé de dirigeant. Le suédois Lars Olofsson a été remplacé par Georges Plassat, auparavant dirigeant de Vivarte. Lars Olofsson n'aura pas été à la tête de Carrefour très longtemps, n'y étant arrivé qu'en 2009, à la suite de l'Espagnol José Luis Duran, lui même remplaçant en 2005 la figure marquante qu'était Daniel Bernard (resté 12 ans à ce poste). Pour un poste de dirigeant d'un si grand groupe, cela dénote quand même d'une certaine instabilité. Mais le groupe Carrefour était à la peine en France, ses hypermarchés ayant même connu une baisse d'activité en 2011. Il faut dire qu'il rencontre plusieurs problèmes stratégiques.
Son premier problème est son positionnement. José Luis Duran avait voulu une stratégie agressive de prix bas, plus ou moins bien suivie concrètement. Lars Olofsson avait surpris en réorganisant ses surfaces de ventes sous trois enseignes principales : Carrefour City, Carrefour Market (ancien Champion) et Carrefour Planet. Renommer les supermarchés Champion en Carrefour Market n'a pas eu de grand bouleversement sur la structure de ces magasins. En revanche, le passage des hypermarchés en mode "Planet" s'est accompagné d'importantes modifications dans les magasins, avec beaucoup d'efforts faits sur la présentation des produits. Les lumières, les linéaires, les sons d'ambiance... on trouve même des artisans sushi à temps plein dans les rayons poissonnerie de certains des Carrefour Planet. Avec tout cela, on se croirait dans un grand magasin, et moins dans un hypermarché.
Le but de ce concept était de "réenchanter l'hypermarché", ce qui donnerait davantage envie d'acheter. Seulement, tous les signaux envoyés sont clairement ceux de la montée de gamme. Et pour la grande majorité des consommateurs, le terrain qui compte, c'est celui des prix. Ils n'ont alors pas envie de se fournir dans un cadre luxueux, car ils savent que ce sera répercuté dans le ticket de caisse. Quand tous ses concurrents faisaient la guerre des prix, Carrefour a voulu se démarquer sur la présentation. Paradoxalement, c'est mal connaître le marché, et il est étonnant que des spécialistes aient pu faire ce genre d'erreurs. La formule n'a pas les effets escomptés, et demande trop d'immobilisations, d'investissements. Ce n'est pas vraiment une surprise.
Le deuxième problème de Carrefour en France est son organisation. Certains de ses concurrents comme Leclerc, Intermarché ou Système U opèrent selon des systèmes de franchise ou de coopératives. Cela leur permet plus facilement des initiatives locales, au plus proche des attentes de leurs clients. La montée en puissance des "drive", ces magasins où le panier est préparé suite à une commande sur un internet, et est directement chargé dans le coffre de l'automobile du client, est d'abord le fait de propriétaires, et non de directeurs salariés. Pour Carrefour, cela nécessite de remonter la chaîne de direction pour qu'une décision soit prise, d'où une réactivité moindre. Mais Carrefour n'est certes pas le seul groupe à opérer d'abord comme un grand groupe intégré.
Le troisième problème lui est plus spécifique : c'est son actionnariat. Par rapport à ses concurrents français, le capital de Carrefour est beaucoup moins stable, avec une part majoritaire d'actions "flottantes". Cela a permis à Bernard Arnault et à Colony Capital de monter jusqu'à 16 % du capital (et 22 % des droits de vote). Mais ce n'est pas là un placement de long terme, ils veulent que l'investissement soit rentable au plus vite... alors que l'action baisse nettement. C'est comme ça que Carrefour a du subir un débat en temps normal invraisemblable, sur la vente des murs de son immobilier. Le but est alors de profiter des rentrées d'argent venant de ces sessions, tout en sachant que l'acquéreur se remboursera sur les loyers qu'il touchera. A long terme, c'est évidemment une mauvaise opération. La filiale gérant l'immobilier des grandes surfaces a vu sa mise sur le marché suspendue, mais les murs de 97 supermarchés ont bien été vendus.
Au bout du compte, la structure de l'actionnariat influe sur chacun de ces problèmes. Qu'une grande entreprise soit contrôlée par des actionnaires instables est trop souvent une mauvaise chose. Les grands propriétaires familiaux sont vilipendés pour leur richesse, mais eux peuvent se permettre de voir à long terme pour leurs actifs. Cela donne une certaine sécurité en soi. En période de développement, la recherche de capitaux pour investir est certes moins évidente, mais les avantages des entreprises familiales ne sont pas négligeables.
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jeudi 1 mars 2012
Par xerbias,
jeudi 1 mars 2012 à 17:34 :: General
Depuis que Nicolas Sarkozy est officiellement candidat, la campagne est vraiment lancée et bat désormais son plein. C'est ce qu'attendaient tous les autres candidats, qui estimaient que cette absence limitait l'enjeu, et donc l'intérêt des électeurs. Eh bien nous y voilà donc. On peut maintenant se faire réveiller par la voix de Marine Le Pen, invitée à commenter l'ensemble de la matinale d'une radio, comme d'autres. Les candidats se succèdent dans les émissions, bénéficient d'un temps d'antenne important... et peinent toujours autant à susciter l'intérêt.
S'il y a bien quelque chose qui est frappant dans cette campagne, c'est l'absence totale d'enthousiasme de la part d'à peu près tout le monde. Certes, les candidats accomplissent le marathon habituel. Les journalistes semblent les seuls à se délecter des polémiques fréquentes qu'ils aident à entretenir. En dehors d'eux, ça n'accroche pas. Les émissions politiques de TF1 en prime time font un bide. Le favori des sondages, François Hollande, ne suscite l'adhésion de personne. On est loin du "désir d'avenir" qui avait porté en son temps Ségolène Royal, avec ses militants dévoués. La plupart des socialistes semblent eux-mêmes surpris de l'avoir comme candidat, alors que Dominique Strauss-Kahn était le plan initial. Il n'y a personne pour expliquer quelle est la raison d'élire François Hollande, si ce n'est qu'il ne s'appelle pas Nicolas Sarkozy.
La campagne de 2007 avait été très différente. A cette époque, on sentait une grande énergie de la part du PS, de l'UDF et de l'UMP autour de leur candidat respectif. Le débat était vif, et l'intérêt du public manifeste. Le taux de participation aux deux tours de la présidentielle avaient été très forts, et même les perdants avaient récoltés plus de voix qu'accoutumés. On ne voit pas comment un tel scénario peut se reproduire aujourd'hui. Si on devait comparer cette campagne à une autre, la référence serait plutôt celle de 2002 : les candidats sont connus, il n'y a pas de grand thème qui se dégage fortement, la campagne sert un peu de bruit de fond à l'actualité. Les sondages évoluaient alors lentement, mais de façon sensible, dans l'indifférence quasi-générale. Avec le résultat que l'on sait. Il serait préférable que le Président de la prochaine législature soit élu avec l'adhésion des Français sur son projet, ou au moins sur son nom. Mais on semble plutôt s'orienter sur un taux d'abstention inquiétant pour tout le monde.
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