Après le projet du PS version Benoît Hamon (qui paraît-il doit s'imposer au candidat du parti à la présidentielle), nous avons désormais le projet du PS version Guillaume Bachelay (qui paraît-il doit s'imposer au candidat du parti à la présidentielle). Il n'est guère mieux. Au pire funestes, au mieux grotesques, les 30 mesures emblématiques présentées ont été choisies pour montrer que ce projet est "bien à gauche", sans autre considération sur ce que la France a réellement besoin. On doute déjà que quelqu'un comme Domnique Strauss-Kahn en reprenne beaucoup à son compte, et ce projet serait bien inspiré de rester dans un tiroir. On a au moins l'occasion de rire à bon compte lorsqu'on nous annonce par exemple que 300 000 emplois jeunes seront financés par le "maintien de l'ISF" (soit par définition, par aucune nouvelle rentrée d'argent).

L'une des mesures souhaitées est la limitation des écarts de rémunération de 1 à 20 entre la plus faible et la plus haute dans les entreprises à participation publique. Il est surprenant que sur 30 propositions, il y ait ne serait-ce qu'une ligne consacrée à quelque chose d'aussi gadget. Le nombre de personne concerné est très faible, il n'y a que quelques dirigeants de telles entreprises dont la rémunération dépasse 20 fois le SMIC. Il ne s'agit pas de dire que tous les chefs de grandes entreprises sont rémunérés à leur juste valeur. Dans plusieurs grandes entreprises privées, les comités de rémunération se montrent généreux par pure complaisance et grâce aux renvois d'ascenseurs par conseils d'administration interposés. Mais la façon de faire du PS n'est pas la bonne pour autant.

L'idée d'un salaire plafond préjuge de la valeur de l'employé. Le message envoyé n'est autre que "il ne faut pas être trop riche", ou bien "il ne faut qu'il y ait trop de riches". Il est simple de constater qu'il y a de grandes inégalités de rémunération. Mais la solution est-elle de limiter la richesse des chefs d'entreprise, sans que cela ne bénéficie à autrui ? En effet, rien ne permet de dire qu'une rémunération revue à la baisse de dirigeants par contrainte étatique profitera aux autres employés. Après tout, ce pourrait être ça en plus pour les bénéfices de l'entreprise. L'Etat pourrait y gagner en impôt sur les sociétés ou en tant qu'actionnaire, mais les ordres de grandeur restent faibles.

La notion même de richesse et de pauvreté est relative avec les critères couramment employés. Si demain, tout le monde voit ses revenus doubler, et les prix rester constants, chacun aura davantage de moyens... mais il y aura toujours autant de pauvres. Plutôt que de s'évertuer à diminuer les revenus des dirigeants d'entreprises, on ferait certainement mieux à privilégier l'augmentation des revenus de toutes les professions. Cela veut dire favoriser la richesse en termes absolus, soit en d'autres termes, le pouvoir d'achat. Cela passe par le travail et l'épargne, deux notions qui sont vues avec méfiance par le PS. L'égalité parfaite dans la pauvreté n'est pourtant pas une perspective réjouissante.