C'est un lieu commun de le dire : l'actualité politique française ne rime à rien, elle n'est constituée que d'un flux interminable de polémiques absurdes qui semble être le quotidien des politiciens et des éditorialistes qui les commentent. Le travail des journalistes politiques n'a rien de commun avec ceux des journalistes dédiés à l'international, chargés de couvrir de vrais événements tels que les révoltes en Afrique du Nord, les conséquences du tremblement de terre japonais ou la guerre civile ivoirienne. Qui se soucie réellement du dernier sujet de polémique amplement traité, le "débat sur la laïcité" ? Un nombre restreint de personnes s'écharpe dessus, sans jamais aborder le fond du sujet. En fait, personne n'y comprend quoi que ce soit. On ne sait pas trop d'où toute cette agitation sort, et on a du mal à croire qu'une banale "convention sur la laïcité" ayant lieu au sein d'un parti politique, comme il y en a déjà eu bien d'autres auparavant, puisse entraîner autant de panique de part et d'autres.

Cela avait déjà été le cas lors du débat sur l'identité national. Débat qui, dans les faits, n'a pas eu lieu. Le seul débat qui apparaît vraiment dans l'actualité est celui sur l'opportunité d'aborder des questions telles que l'immigration ou les religions, et non pas sur les questions elles-mêmes. Ce débat peut d'ailleurs être entièrement résumé en deux phrases :
- Si on aborde de telles questions, on fait monter le Front National, puisque, paraît-il, les gens "préfèrent l'original à la copie" et que parler de ces thèmes dédiabolise l'extrême droite.
- Si on n'aborde pas de telles questions, on fait monter le Front National, puisqu'on crée des tabous qui ne sont traités que par le parti lepéniste.

En bref, c'est un jeu où la droite est toujours perdante. Quoi qu'elle fasse, elle fera monter le FN, ou sera accusée de le faire. Il n'est donc pas étonnant que l'on baigne dans l'hystérie collective.

On peut toutefois tenter d'aborder les choses de façon plus posée. On le constate, la majorité actuelle a un problème de dosage, il a du mal à déterminer quel positionnement adopter face à l'extrême droite. Elle est d'ores et déjà accusée d'être trop à droite : le discours de Grenoble par le Président de la République a été par exemple très mal perçu. La proposition de déchoir de leur nationalité certains criminels fut considéré comme digne de l'extrême droite, et fut justement rejetée par les députés. En même temps, lorsque tous les partis politiques perdent des voix aux élections cantonales, le FN est le parti qui en perd le moins, et les sondages annoncent la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle si l'élection avait lieu demain. Ce peut difficilement être le signe que les électeurs réclament une politique plus centriste. Alors, comment résoudre ce dilemme ?

Pour être élu, Nicolas Sarkozy a voulu ratisser large, en s'adressant tant aux centristes qu'à ceux tentés par l'extrême droite. Une fois au pouvoir, il a mené une politique qui reste, dans les faits, assez centriste. Il a néanmoins continué de tenir un discours bien plus à droite que sa politique ne l'était. Voilà où est le problème de dosage. Il aurait probablement du faire l'inverse : avoir un discours plus modéré, mais mener une politique de droite.

Foin des débats, qui ne s'avèrent être que des polémiques incompréhensibles. Il aurait fallu réaffirmer le modèle assimilationniste de la France, et appliquer la laïcité fermement. Pour la plupart des questions que l'on se pose, il existe d'ores et déjà des règles. Appliquons-les, voilà tout. A l'hôpital, un homme n'a pas à refuser que sa femme soit examiné par un docteur masculin. Quel besoin d'aller plus loin que ça ? De même, en matière d'insécurité, rien n'a été résolu. Des lois ont été votées, mais ont elles été toutes bien appliquées ? En fin de compte, le kärcher, mot qui a fait tellement polémique, n'aurait-il pas fallu tout simplement le passer plutôt que de pérorer ? Et la droite qui a tant vanté le mérite personnel, a probablement perdu plus d'électeurs dans des affaires où celui n'était pas reconnu (cf Jean Sarkozy), plutôt qu'en le vantant face à la solidarité nationale en toute occasion. Pour Nicolas Sarkozy, décrit comme volontariste, privilégier l'action face au discours devrait être possible.