Réflexions en cours

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mardi 30 octobre 2012

La taxe du jour : sur le référencement

Malgré 500 millions d'aides publiques, la presse française va mal. Les raisons sont anciennes : il y a non seulement la concurrence d'Internet comme partout dans le monde, mais aussi des circuits d'impression et de distribution dramatiquement inadaptés, la faute en revenant au poids des conservatismes. Pour résumer, personne n'a envie de changer ses vieilles habitudes, quitte à rester sur un chemin qui conduit vers un gouffre. Plutôt que de se remettre en question, il y a une méthode plus simple : se plaindre, et faire payer les autres. Cette tactique bien rodée a permis de grever le budget de l'Etat par toutes ces aides illégitimes. Mais cela ne suffit pas. Alors il faut piquer l'argent de quelqu'un d'autre, encore. Et ces temps-ci, la victime désignée du secteur s'appelle Google. En effet, cette entreprise innovante gagne beaucoup d'argent, et comme la presse n'en gagne pas assez, elle veut lui en prendre une partie. La justification relève de la haute acrobatie, et s'avère donc parfaitement fumeuse. Constatez...

Les investissements publicitaires sur les sites de presse en ligne (en affichant de la publicité au sein des contenus) sont bien plus faibles que ceux réalisés sur le site de Google lui-même (où la publicité est affichée au sein des pages de recherche). L'astuce, c'est de demander que Google "partage" cette manne, car Google peut proposer des résultats de recherche que dans la mesure où il a indexé d'autres sites auparavant. Evidemment, ce que propose Google, ce sont des liens vers ces sites, et Google leur fournit donc gratuitement du trafic. Mais les sites de presse considèrent que s'ils n'avaient pas été référencés, Google ne pourrait pas proposer ses pages de recherche, et donc y mettre de la publicité. Google devrait donc reverser une partie de ses revenus aux sites de presse. Et si Google ne veut pas, eh bien voilà que le gouvernement, toujours prêt à créer de nouveaux impôts sur tout et n'importe quoi, déclare vouloir créer un impôt spécial, similaire à la taxe sur la copie privée de sinistre mémoire.

C'est une démarche très prétentieuse de la part des sites de presse. Ils croient que le succès de Google leur revient. Seulement, ce raisonnement ne vaut pas que pour les sites de presse, mais également pour tous les sites. Le blog que vous lisez, Réflexions en cours, n'affiche pas de publicités. Mais avec ce genre de principes, il pourrait réclamer aux moteurs de recherche de l'argent, provenant de toutes les pages de résultats de recherche où un lien vers lui s'affiche. C'est de la folie, et ce serait bien sûr une incroyable usine à gaz à gérer. Et puis cela finirait par tuer le concept de moteur de recherche, bien pratique pour les utilisateurs, et qui permet d'amener des visiteurs aux sites.

Si cette n-ième taxe ne concerne que les sites de presse (au nom de quoi eux et pas les autres), Google trouvera certainement plus simple de les déréférencer. D'ailleurs, si ces sites détestent tellement se faire indexer par les moteurs de recherche, ils peuvent facilement s'en prémunir. Ce serait plus simple, mais il n'y aurait pas d'argent à piquer. Au final, ça gênera tout le monde, et ne règlera rien des difficultés de la presse. Inutile donc de vouloir créer une taxe absurde sur le référencement. Par ailleurs, Google est déjà champion dans la créativité pour éviter d'être imposé. Alors avant de vouloir lui faire payer des nouveaux impôts abscons, il faudrait déjà qu'il paye les impôts traditionnels à quelqu'un. Et dans ce cas, l'argent doit revenir aux Etats qui en ont toujours bien besoin, pas à d'autres sociétés privées.

lundi 29 octobre 2012

Le PS s'oppose subitement aux manifestations

A la base, on n'a pas envie de défendre Jean-François Copé. Ses dernières déclarations d'hier soir ne valent pas grand chose : nostalgique de la mobilisation pour l'école libre contre Pierre Mauroy en 1984, il souhaite faire appel à la rue pour s'opposer à la politique du gouvernement socialiste. Cela amène deux commentaires. Le premier, c'est qu'il s'agit évidemment d'une prise de position tactique, conçue dans le cadre de sa campagne pour devenir président de l'UMP. Comme d'habitude, il ne croit pas vraiment ce qu'il dit, et ce serait bien étonnant qu'il croit subitement au rôle important des manifestations comme moyen de gérer un pays. Le deuxième, c'est que la manifestation ne fait pas vraiment partie des outils traditionnels de la droite. Car de ce côté là, l'opinion majoritaire est que ce sont les élections qui déterminent la légitimité du pouvoir, et ce sont le gouvernement et le Parlement qui prennent les décisions dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Après, chacun a le droit de s'exprimer et de manifester en démocratie. Seulement, il faut bien comprendre que le manifestant ne représente que lui-même, et qu'une manifestation, même de deux millions de personnes, ne parle pas pour un pays entier.

Une déclaration sans intérêt donc. Mais voilà qu'un phénomène presque incompréhensible se produit : les éminences socialistes semblent la prendre au sérieux, lui donne un écho médiatique bien plus important, et surtout, en réaction, commencent à dire que manifester contre la politique du gouvernement c'est appeler au chaos. Harlem Désir, premier secrétaire du PS délégué par l'Elysée aux indignations surjouées, parle ainsi d'"une surenchère dangereuse, irresponsable et indigne d'un républicain", qualifiant la proposition d'"agressive". Ministres et parlementaires socialistes sont sur la même ligne. Bruno Le Roux parle de tentative de "radicaliser la société", le ministre Jérôme Cahuzac parle d'appel au "désordre", Jean-Christophe Cambadélis parle de "guerre civile", David Assouline pense que "la rue contre la volonté populaire, c'est du jamais vu", et ainsi de suite...


Harlem Désir et François Hollande


Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal, Harlem Désir, Martine Aubry et Benoît Hamon


Jean-Paul Huchon, Jean-Christophe Cambadélis, Claude Bartelone et Harlem Désir


Martine Aubry, David Assouline, Claude Bartelone, Michel Berson et Benoît Hamon

Voilà qui est plus que surprenant, c'est totalement hallucinant. Quelle amnésie de la part de socialistes tout d'un coup ! Eux qui manifestaient tous les quatre matins pendant dix ans, précisément contre les politiques de gouvernements tenant leur légitimité du suffrage populaire ! Comment peuvent-ils croire qu'on a oublié cette habitude qui était la leur ? La manifestation contre le gouvernement, cela toujours été leur fond de commerce, et voilà qu'ils considèrent que c'est un dangereux acte de guerre civile ? Avec toutes les manifestations qu'ils ont faites, ils pourraient s'accuser eux-mêmes de haute trahison si l'on part dans cette logique... Le PS semble en roue libre, et en s'offusquant de façon disproportionnée à la suggestion de Jean-François Copé, ne fait que contribuer à lui faire de la pub. Mais il n'y a que ça : cette subite amnésie, et cette remise en cause si marquée de leurs propres méthodes les décrédibilisent également. Ce ne serait pas si grave, s'ils n'étaient pas aux responsabilités.


Photos : AFP/Jacques Demarthon, Hugues Leglise Bataille/Wostock Press/Maxppp France, Philippe Grangeaud/Solfé communications

dimanche 28 octobre 2012

François Hollande élit Harlem Désir à la tête du Parti Socialiste

C'est peu de dire que la compétition pour savoir qui deviendra président de l'UMP n'intéresse pas grand monde. Ce choix n'est accessible qu'aux adhérents de ce parti, et François Fillon et Jean-François Copé font plus campagne en direction des militants de droite qu'auprès de la population générale. Mais il y au moins un choix entre deux personnalités importantes, qui se sont nettement distinguées des autres via l'importance de leur parrainage, alors que les candidats ne manquaient pas. Pendant ce temps là, le suspense fut inexistant du côté du Parti Socialiste. Pour savoir qui en deviendrai le premier secrétaire, tout s'est réglé à l'Elysée. L'élection s'est donc réglée avec une seule voix, celle de François Hollande, de la même manière qu'il fut lui même élu à ce poste par Lionel Jospin en 1997. François Hollande avait le choix entre deux candidats notables, parfaitement similaires : Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. De la même génération, ils ont tous les deux commencé leur carrière politique au sein de mouvements satellites du PS, l'UNEF (tous les deux) et SOS Racisme (Harlem Désir). Etant de parfaits apparatchiks, ils se voient décerner de bonnes places politiques, via un bon positionnement dans le scrutin de liste des européennes pour Harlem Désir, et via une circonscription quasiment imperdable pour Jean-Christophe Cambadélis. Jusque là, rien que du très classique au Parti Socialiste.

Mais le mimétisme va plus loin. Alors que François Hollande avait déclaré pendant la campagne présidentielle ne pas vouloir s'entourer de personnes condamnées, voilà que ses deux candidats pour la tête de son parti sont tous deux des repris de justice. Ils ont tous les deux été punis pour recel d'abus de biens sociaux pour avoir bénéficié d'emplois fictifs, ces mécanismes qui permettent de recevoir des rémunérations de la part d'organismes sans effectuer de travail en contrepartie. Qu'à cela ne tienne, les promesses n'ayant aucune importance, François Hollande n'a aucun problème à travailler avec ces deux éminents condamnés. Il choisira Harlem Désir, et le congrès socialiste n'a plus qu'à procéder à l'adoubement...

Cette intronisation a donc eu lieu ce matin. Dans son discours, Harlem Désir ne s'est pas livré en un vibrant plaidoyer pour l'action du gouvernement, contrairement à ce que l'on pouvait attendre. En effet, il n'y a pas de bons résultats à mettre en avant. Pas de bonnes mesures prises à défendre non plus, la politique gouvernementale se limitant à augmenter ou à créer des impôts, sans vraiment limiter les dépenses. Pas de projet enthousiasmant à venir, le PS payant le prix de l'absurdité de ses programmes présidentiels. Alors... Alors Harlem Désir se contente d'attaquer l'UMP, dont on entend pourtant plus parler. Il ne semble pas être au courant que son camp qui dirige la France, la gauche ayant même tous les pouvoirs. En prononçant des mots qui n'ont pas vraiment de réalité, Harlem Désir prend la tête du PS, mais il semble que c'est un PS qui s'apprête à être mis en sommeil. Tel est bien souvent le sort du parti majoritaire.

lundi 22 octobre 2012

Ça alors, Lance Armstrong se dopait !

Honnêtement, comment être surpris ? Tout le monde a toujours pensé que Lance Armstrong était dopé. Difficile dès lors d'être déçu. A vrai dire, qui est-ce que ça intéresse encore ? Une bonne partie des téléspectateurs qui regardent le Tour de France à la télévision le fait pour voir de beaux paysages, et à ce titre, sont pleinement satisfaits. Sur le bas côté de la course, à moins de se trouver dans une rude montée, les spectateurs ne voient défiler les cyclistes en peloton à très haute vitesse. En quelques secondes, tout le monde est passé sans qu'on ait pu reconnaître qui est qui. On vient y assister car c'est un phénomène rare, donc curieux, et puis la caravane publicitaire a le mérite de faire l'animation et de distribuer toute sorte de colifichets. Au fond, peu importe qui est sur les vélos.

Dans le cas de Lance Armstrong, les présomptions de dopage ont été immédiates, au regard de ses performances écrasantes. Lui montrait le nombre de contrôles anti-dopage négatifs, et quand on lui demandait pourquoi il était toujours autant suspecté, il répondait que cela devait être car ça agaçait les Français de voir un Américain gagner chez eux. Il valait mieux donc que ce soit l'autorité anti-dopage américaine qui l'accuse officiellement. Dans le cyclisme, les scandales de dopage s'enchaînent, en 2006, il n'avait fallu que quelques jours pour que la victoire de Floyd Landis soit remise en question. Il a d'abord fermement démenti de tout son être s'être dopé, avant finalement de le reconnaître et de faire tomber tous ceux qui étaient dans le même lot que lui. Cela comprenait son ancien coéquipier, Lance Armstrong. Si Lance Armstrong a été champion, ce fut champion de gruge aux contrôles anti-dopage. Un véritable génie en la matière. Il n'a bien sûr pas pu faire tout seul. Cela montre comment tout le milieu est corrompu, et trempe allègrement dedans.

Visiblement, le dopage ne dérange pas grand monde. Les Français Richard Virenque et Christophe Moreau, dont le dopage apparu lors de l'affaire Festina, continuent à trôner sur les plateaux télé en qualité de consultant. Une bonne partie des anciens cyclistes s'énervent d'ailleurs lorsqu'on leur parle de dopage. C'était le cas de Laurent Fignon, dont on saura sur le tard qu'il avait pris des produits, et qui mourra à 50 ans. Du reste, la pratique semble tellement généralisée qu'on ne sait pas à qui réatribuer les maillots jaunes perdus par Lance Armstrong, tellement on retrouve des impliqués dans des affaires de dopage dans les places suivantes, chaque année.

La banque Rabobank a décidé de ne plus soutenir d'équipe cycliste, convaincue que le problème n'aurai pas de solution en vue. Elle n'a pas tort. Pour commencer, ce serait pas mal que tous ceux qui trempent ne serait-ce qu'un tout petit peu dans ces histoires soient mis à l'index définitivement. Cela vaut pour les coureurs actifs, les anciennes gloires, les responsables, tout le monde. Ensuite, on ne perdrait pas grand chose à choisir des équipes beaucoup moins expérimentées pour courir le Tour. Certes, cela irait moins vite, mais ce serait toujours des hommes sur des vélos, et le public n'en demande pas plus depuis une centaine d'années. Et puis, pourquoi pas, limiter la difficulté de certaines étapes de montagne ? A les voir monter le Mont Ventoux, parfois, c'est le télespectateur qui a besoin d'un remontant !

jeudi 18 octobre 2012

L'Union Européenne nobélisée

Ces temps-ci, le prix Nobel de la Paix a perdu de sa superbe. Le comité s'était ridiculisé en le descernant à Barack Obama, alors que celui-ci venait à peine d'arriver à la Maison Blanche et n'avait rien fait de significatif. Le comité ne l'avait pas attribué à Vaclav Havel quand il en était encore temps, pourtant le chef d'orchestre d'une révolution majeure parfaitement pacifique et d'un passage à la démocratie réussi. Il ne pourra plus le recevoir, étant décédé en décembre dernier. Mais la décision de récompenser l'Union Européenne est parfaitement justifiée. Certes, cela amusera les Américains qui croiront que l'Europe se récompense elle-même, ignorant que la Norvège est justement en dehors de l'Union Européenne. Mais si l'on parle d'efforts pour la paix, alors la construction européenne est la plus belle réussite en la matière.

"Faire l'Europe, c'est faire la paix", a-t-on coutume de dire, à tel point que pour certains, cela n'a plus vraiment de réalité concrète. Car on a tendance à oublier que notre état de paix permanente n'a pas toujours existé, que des relations commerciales et amicales avec nos voisins européens n'allaient pas toujours de soi. Pour la France, le résultat est plus spectaculaire à l'échelle de l'Histoire. Cela fait 67 ans maintenant qu'elle n'a plus été en conflit armé avec un de ses voisins directs. Une éternité, et un record. Jusqu'à quand faut-il remonter pour voir un phénomène comparable ? A la pax romana de l'Empire romain peut-être ? Mais elle n'était pas sans soucis du côté de la frontière germaine.

La paix perpétuelle rêvée par Kant, nous l'avons à portée de main en Europe, au moins entre Etats membres de l'Union Européenne. La performance est impressionnante, et mérite notre gratitude. L'Union Européenne est un superbe projet, dont les effets bénéfiques se font sentir au quotidien, avec une telle réussite qu'on en oublie comment ce fut auparavant. Oui, elle a aidé la paix comme nul autre, et ce prix Nobel est parfaitement justifié.

mercredi 17 octobre 2012

Taxes ! Taxes ! Taxes !



La France est célèbre pour son concours Lépine fiscal permanent, mais ces temps-ci, on bat des records en matière d'inventivité en la matière. On a ainsi vu passer la possibilité d'assujettir à la redevance audiovisuelle les résidences secondaires, en considérant probablement que les propriétaires étaient capables de regarder la télévision à deux endroits différents en même temps. Le pire, c'est qu'il ne s'agissait même pas de désendetter l'Etat, mais simplement de donner de nouvelles ressources à France Télévisions. Qui peut croire qu'on peut sortir de la crise économique actuelle en augmentant le budget du divertissement public ?

Le budget de l'Etat 2013 n'est dédié qu'à une seule chose : les impôts. La France était déjà un des pays de l'OCDE au plus fort taux de prélèvements obligatoires, mais ses services publics n'avaient pour autant les mêmes performances que les pays comparables. Le choix a été fait d'augmenter encore davantage la pression fiscale, sans se soucier de l'utilisation de l'argent public. C'est bien évidemment le contraire de ce qu'il aurait fallu faire. Plutôt que d'accabler la classe moyenne de nouveaux impôts oblitérant son pouvoir d'achat et son épargne, il fallait réduire la dépense publique en améliorant l'organisation du secteur public. Par exemple, le député socialiste René Dosière a pointé du doigt l'incongruité des communautés de communes lorsqu'existent encore les municipalités. Il a raison. Ces communautés de communes se justifient lorsqu'il s'agit de rassembler de petites communes ne pouvant assumer des équipements publics seuls, mais dans ce cas, il faut remettre en cause l'existence de l'échelon communal, quitte à opérer des fusions de municipalités. Pour les communes plus grandes, l'intérêt est beaucoup moins flagrant, et dans bien des cas, il ne s'agit que de créer un nouvel échelon, pouvant lever son propre impôt, sans que diminuent les autres impôts locaux.

De même, la remise en cause des conseils généraux semble avoir enterrée par la nouvelle majorité, alors que personne n'est capable d'expliquer pourquoi il y a à la fois un échelon politique régional et un échelon politique départemental. Mais les communautés de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux sont autant d'endroits où l'on peut caser du personnel politique dans des postes d'élus, et pendant qu'on y est, se mettre à la tête d'une administration dédiée souvent noyautée par des apparatchiks du parti. A ce propos, on apprend que les élections régionales et cantonales ont été fort opportunément repoussées d'un an. Pendant ce temps là, les gâchis continuent.

La France ne peut plus se payer toute cette bureaucratie, mais la frénésie des taxes perdurent malgré tout. Ursaff, Cancras et Carbalas ont encore de beaux jours devant eux. La dépense publique et la compétitivité des entreprises françaises restent deux dossiers cruciaux que le gouvernement refuse obstinément d'ouvrir, alors que ce devraient être deux priorités. Combien de temps cela pourra encore durer ? Ronald Reagan avait bien résumé cette philosophie économique : "Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue de bouger, régulez-le. Et si ça s'arrête de bouger, subventionnez-le." On comprend mieux comment on en est arrivé là...

samedi 13 octobre 2012

Imbroglios à gauche sur le traité européen

Cette semaine a été l'occasion d'un singulier spectacle médiatique au parlement. En effet, le gouvernement s'était fixé comme objectif de montrer que le nouveau traité européen (sur des règles budgétaires plus contraignantes) avait le soutien de la gauche. Tout ne relevait plus que du symbole, il fallait montrer à tout prix que ce traité était adopté à l'Assemblée Nationale grâce aux voix de gauche, et qu'elles étaient suffisantes. Au fond, l'idée est de faire oublier que ce traité a été négocié par deux gouvernements de droite, en Allemagne et en France, et que Nicolas Sarkozy en était le grand promoteur. François Hollande, pendant la campagne électorale, avait promis qu'il renégocierait ce traité car il le considérait comme pas acceptable. Or ce traité était déjà signé et était satisfaisant, aucun des autres signataires n'aurait accepté de le remettre sur la table. Si François Hollande croyait vraiment pouvoir le renégocier, c'est qu'il était sacrément stupide. Mais il faut être indulgent, et bien considérer qu'il ne le croyait évidemment pas. En conséquence, il a tout simplement menti en toute conscience.

Seulement, il arrive à un moment où les mensonges d'hier font face à la réalité. Et c'est ce qui s'est passé lorsqu'il a voulu faire adopter le traité "Merkozy" par l'Assemblée. Plutôt que d'admettre son revirement à 180 degrés sur la question, il a préféré faire croire que ce traité a toujours été convenable pour lui, et qu'il ne posait pas de problème à la gauche. Reste à convaincre la gauche. Et à éviter de s'associer à la droite... Les socialistes ont du coup été pris d'étranges scrupules, craignant que l'on voit qu'ils votaient la même chose que la droite à l'Assemblée. Les centristes ont bien évidemment voté en faveur du texte, puisqu'ils sont favorables au projet européen. L'UMP était également heureuse de le voter, puisqu'il a été voulu et négocié par Nicolas Sarkozy. En en arrive donc à cette mascarade autour d'un tout petit enjeu, le fait que les voix de gauche suffisent pour voter ce traité. Hé, il ne faudrait pas faire croire que la France puisse arriver à un consensus sur quelque chose...

A l'Assemblée, le vote a au final recueilli 282 voix de gauche, soit 6 de moins que la majorité absolue des sièges. Mais le gouvernement s'est consolé en voyant que c'était huit de plus que la majorité absolue des suffrages exprimés, l'abstention étant bien pratique dans cette situation. Evidemment, il n'était pas question pour les communistes de voter un texte parlant de finances saines et empêchant de dépenser l'argent que l'on a pas. Plus étonnant, les députés d'Europe Ecologie ont majoritairement voté contre. Leur parti s'était déjà exprimé contre le traité. Pourtant, Europe Ecologie fait partie de la majorité, et ce texte est un acte majeur de la politique du gouvernement. S'il y a des députés écologistes au gouvernement, c'est parce que les Verts sont censés le soutenir. Qui peut croire que Cécile Duflot a obtenu un portefeuille uniquement sur ses grandes compétences en matière de logement ? A ce propos, comment expliquer qu'elle ne se soit pas exprimé sur ce texte, et montré un minimum de solidarité gouvernementale ? Le quotidien Le Monde a estimé qu'il fallait en tirer les conséquences et que les Verts devaient quitter le gouvernement, et il avait raison.

Ce qui est encore plus grave, c'est que de nombreux députés socialistes ont également voté contre le texte défendu par le gouvernement. On voit qu'au PS, il n'y a toujours pas de ligne directrice sur la politique européenne à mener. A ce propos, François Hollande a pris une décision insensée en nommant deux opposants au Traité Constitutionnel Européen aux ministères diplomatiques, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve aux Affaires étrangères et aux Affaires européennes respectivement, assurant ainsi la faible influence de la France au sein des institutions européennes...

Au Sénat, le PS n'a pas la majorité absolue sans les communistes et les Verts. Cette fois-ci il fallut bien compter sur les voix de la droite pour adopter le texte, mais comme le Sénat est moins exposé médiatiquement, ce n'était pas grave. Et il faudra aussi passer par l'étape du Congrès, pour modifier la Constitution. Là encore, les voix de droite seront indispensables. Elle, au moins, saura prendre ses responsabilités en dehors des considérations d'affichage politiciennes.

mardi 9 octobre 2012

Voyons la main invisible

Puisque la question se pose, essayons de voir ce qu'est la célèbre "main invisible". A la base, le concept vient de l'économiste Adam Smith, et signifie qu'en cherchant son intérêt personnel, un individu peut également bénéficier à l'intérêt de la société toute entière. Un exemple simple permet de comprendre de quoi il s'agit : un boulanger fabrique du pain dans le seul espoir de bénéficier du bénéfice lors de la vente, mais son action égoïste permet de nourrir ses clients, procurer un revenu au meunier et à ses éventuels employés, etc. La main invisible, c'est ces effets économiques non directement voulus, mais néanmoins indispensables au bon fonctionnement de l'économie. Répercuté à l'ensemble des agents économiques, cela permet la richesse de la société toute entière. Il suffit de voir les conséquences néfastes lorsqu'un agent disparait : une faillite d'entreprise peut être mauvais pour ses clients, ses fournisseurs, ses employés, et tous ceux qui dépendent de ceux-ci. Par ricochet, cela fait beaucoup de monde.

La main invisible est partout dans le système capitaliste. Il n'y a de toute façon pas beaucoup d'alternatives. Un système peut-être vu dans les tribus isolées consiste à ce que chacun produit en ne pensant qu'au bien de la communauté entière. C'est forcément limité à une petite communauté. Dans les faits, le système communiste consistait à charger l'Etat de décider de ce que chacun devait faire, en espérant que chacun oublie l'intérêt individuel. Cela ne fonctionnait pas. La recherche de l'intérêt individuel est le meilleur moteur de productivité et d'efficacité. On le sait, le communisme n'est jamais parvenu à dépasser son handicap consubstantiel : le passager clandestin. Mais il faut également reconnaître que la main invisible n'est pas parfaite, comme illustré par l'exemple du dilemme du prisonnier.

La main invisible est généralement efficace, mais ce sont ses ratés qui créent le besoin de nécessaires régulations de la part de l'Etat. Alors, certes, les vrais libéraux (ou plutôt libertariens) diront que toute réglementation est toujours mauvaise, que cela empêche la main invisible de jouer à plein. Dans ce cas, c'est la confondre avec l'équilibre général de concurrence parfaite chère à l'économiste néo-classique Léon Walras. Théoriquement, cet équilibre général est possible. Mais est-ce la meilleure situation pour l'ensemble de la population ? S'il y a une insuffisance de nourriture par rapport à une population donnée, l'équilibre se fera bien nécessairement, mais si cela doit passer par la mort d'une partie de cette population pour que le nombre de bouches corresponde à la nourriture disponible, on ne pourra pas dire que la situation est satisfaisante. La croyance inébranlable en cet équilibre général comme situation optimale relève de la religion panthéiste. Sa forme théorique reste une utopie, et comme toutes les utopies, mieux vaut ne pas tenter de la voir.

dimanche 7 octobre 2012

Entre Copé et Fillon, le choix est vite fait

A droite, l'été aura marqué par les campagnes de différents candidats, non pas tant pour la présidence de l'UMP que pour avoir leur nom sur le bulletin de vote de cette élection. Pour la plupart, le seuil de 8 000 parrainages d'adhérents semblait insurmontable, et ils n'ont pas tardé à se plaindre de cette obligation. Seulement, deux d'entre eux n'eurent aucun problème à atteindre ce chiffre, mais arrivèrent même à plusieurs dizaines de milliers de parrainages, asséchant d'autant le vivier disponible pour les autres. Au final, il ne reste donc que François Fillon et Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP. Si tout le monde semble s'en défendre, l'enjeu reste bien le leadership de la droite, et à terme, la possibilité de la mener à la prochaine présidentielle. Si l'UMP ne choisira son nouveau président qu'en novembre, nous pouvons d'ores et déjà voire l'alternative qui se présente.

D'un côté, il y a Jean-François Copé. Il a toujours voulu devenir Président de la République, étant prêt à sacrifier tout pour cela. Cette élection est importante pour lui dans cette optique. Il a passé le précédent quinquennat à défendre ses propres intérêts, se créant un réseau de politiciens fidèles. Jusqu'à présent, il était totalement dépourvu de ligne politique, malgré la création d'un think tank, Génération France, qui n'était qu'un support d'autopromotion. Mais ces derniers mois, il semble s'en être trouvé une : "la droite décomplexée", ce qui pour lui, semble s'apparenter à désigner du doigt l'influence de l'immigration sur la France. Ce qui est bien plus choquant que ses propos, c'est le fait qu'il ne les tient que parce qu'il se croit obligé de le faire, par souci tactique. Ce n'est même pas une quelconque conviction ou analyse personnelle. Le but est simplement de provoquer, créer des réactions hostiles de la part des éternels donneurs de leçons de la gauche, pour que la droite se regroupe autour de lui afin de le défendre par réflexe. La manœuvre est grossière, mais on trouve quelques activistes pour marcher dans son jeu.

Une autre tactique consiste à se faire passer pour le grand héritier du sarkozysme, allant jusqu'à déclarer qu'il ne passe pas un jour sans penser à Nicolas Sarkozy. Celui-ci n'en demande pas tant. Surtout que Jean-François Copé n'a jamais été véritablement sarkozyste. S'il n'a pas été son ministre, ce n'est pas pour rien. Il s'est opposé à lui quand c'était son intérêt, il s'est servi de lui à d'autres occasions (par exemple en mettant en gros le nom de Nicolas Sarkozy, alors populaire, sur ses bulletins de vote pendant les régionales de 2004, même si celui-ci ne se présentait pas). Comme Nicolas Sarkozy reste une référence à droite, le voici devenu l'idole de Jean-François Copé. Tout cela n'a pas grand sens...

De l'autre côté, il y a François Fillon. Plusieurs fois ministre, ayant occupé des ministères importants (comme les affaires sociales) où il avait mené les quelques réformes notables du deuxième quinquennat de Jacques Chirac. Son envergure lui avait permis de négocier son rapprochement avec Nicolas Sarkozy avant la campagne présidentielle de 2007, et c'est ce qui lui permit de rester cinq ans à Matignon. Certes, il passa au second plan derrière le Président, mais il fit bien son travail, gardant encore une image de sérieux qui correspond à l'époque actuelle. De même, ses soutiens dans cette élection sont plus rassurants que ceux de Jean-François Copé. Le principal point d'achoppement pourrait être son refus du traité de Maastricht, à la suite de Philippe Séguin, mais il soutint le Traité Constitutionnel Européen de 2005.

Au final, il y a donc un choix, et ce choix est vite fait. Il faut souhaiter que François Fillon prenne la tête de l'UMP. Quant à Jean-François Copé, une défaite cinglante serait l'occasion pour lui de se remettre en question.

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