A droite, l'été aura marqué par les campagnes de différents candidats, non pas tant pour la présidence de l'UMP que pour avoir leur nom sur le bulletin de vote de cette élection. Pour la plupart, le seuil de 8 000 parrainages d'adhérents semblait insurmontable, et ils n'ont pas tardé à se plaindre de cette obligation. Seulement, deux d'entre eux n'eurent aucun problème à atteindre ce chiffre, mais arrivèrent même à plusieurs dizaines de milliers de parrainages, asséchant d'autant le vivier disponible pour les autres. Au final, il ne reste donc que François Fillon et Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP. Si tout le monde semble s'en défendre, l'enjeu reste bien le leadership de la droite, et à terme, la possibilité de la mener à la prochaine présidentielle. Si l'UMP ne choisira son nouveau président qu'en novembre, nous pouvons d'ores et déjà voire l'alternative qui se présente.

D'un côté, il y a Jean-François Copé. Il a toujours voulu devenir Président de la République, étant prêt à sacrifier tout pour cela. Cette élection est importante pour lui dans cette optique. Il a passé le précédent quinquennat à défendre ses propres intérêts, se créant un réseau de politiciens fidèles. Jusqu'à présent, il était totalement dépourvu de ligne politique, malgré la création d'un think tank, Génération France, qui n'était qu'un support d'autopromotion. Mais ces derniers mois, il semble s'en être trouvé une : "la droite décomplexée", ce qui pour lui, semble s'apparenter à désigner du doigt l'influence de l'immigration sur la France. Ce qui est bien plus choquant que ses propos, c'est le fait qu'il ne les tient que parce qu'il se croit obligé de le faire, par souci tactique. Ce n'est même pas une quelconque conviction ou analyse personnelle. Le but est simplement de provoquer, créer des réactions hostiles de la part des éternels donneurs de leçons de la gauche, pour que la droite se regroupe autour de lui afin de le défendre par réflexe. La manœuvre est grossière, mais on trouve quelques activistes pour marcher dans son jeu.

Une autre tactique consiste à se faire passer pour le grand héritier du sarkozysme, allant jusqu'à déclarer qu'il ne passe pas un jour sans penser à Nicolas Sarkozy. Celui-ci n'en demande pas tant. Surtout que Jean-François Copé n'a jamais été véritablement sarkozyste. S'il n'a pas été son ministre, ce n'est pas pour rien. Il s'est opposé à lui quand c'était son intérêt, il s'est servi de lui à d'autres occasions (par exemple en mettant en gros le nom de Nicolas Sarkozy, alors populaire, sur ses bulletins de vote pendant les régionales de 2004, même si celui-ci ne se présentait pas). Comme Nicolas Sarkozy reste une référence à droite, le voici devenu l'idole de Jean-François Copé. Tout cela n'a pas grand sens...

De l'autre côté, il y a François Fillon. Plusieurs fois ministre, ayant occupé des ministères importants (comme les affaires sociales) où il avait mené les quelques réformes notables du deuxième quinquennat de Jacques Chirac. Son envergure lui avait permis de négocier son rapprochement avec Nicolas Sarkozy avant la campagne présidentielle de 2007, et c'est ce qui lui permit de rester cinq ans à Matignon. Certes, il passa au second plan derrière le Président, mais il fit bien son travail, gardant encore une image de sérieux qui correspond à l'époque actuelle. De même, ses soutiens dans cette élection sont plus rassurants que ceux de Jean-François Copé. Le principal point d'achoppement pourrait être son refus du traité de Maastricht, à la suite de Philippe Séguin, mais il soutint le Traité Constitutionnel Européen de 2005.

Au final, il y a donc un choix, et ce choix est vite fait. Il faut souhaiter que François Fillon prenne la tête de l'UMP. Quant à Jean-François Copé, une défaite cinglante serait l'occasion pour lui de se remettre en question.