Réflexions en cours

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lundi 30 juin 2008

L'expression des idées de droite

Le positionnement politique de Jacques Chirac a beaucoup évolué au cours de sa carrière. D'une grande fidélité à Georges Pompidou, il fut très conservateur lorsqu'il était sous l'influence de Pierre Juillet et Marie-France Garaud dans les années 70, assez libéral dans les années 80, et enfin de compte plutôt centriste dans les années 90, lorsqu'il fut élu Président. Ses candidatures aux présidentielles de 1981 et 1988 furent deux échecs, et il finit par atteindre son but en 1995 lorsqu'il réussit à se positionner comme un candidat plus à gauche que son principal opposant, Edouard Balladur, à une époque où le Parti Socialiste avait perdu toute crédibilité après sa gestion du pouvoir. En 1974 aussi, Valéry Giscard d'Estaing avait du s'affirmer comme centriste plutôt que libéral, et il a pensé à rassurer en affirmant pendant le débat face à François Mitterrand que ce dernier n'avait pas le monopole du coeur. D'une manière générale, autant la gauche est fière jusqu'à l'excès de son positionnement et des valeurs qu'elle défend, autant les personnes de droite affirment plus difficilement la nature de leurs convictions politiques.

Peut-être ce du à la différence entre les valeurs défendues : il est certainement plus facile de basculer dans le manichéisme lorsque l'on promeut la générosité face à l'égoïsme que lorsque l'on adopte une approche basée sur le réalisme. Le degré de priorité variable mis entre l'égalité ou la liberté change aussi les approches. Toujours est-il que les activistes de gauche ont réussi à faire culpabiliser la droite sur ses convictions à partir de la fin des années 60. D'où le fait que les candidats de droite ont du faire oublier en quelque sorte leurs orientations pour être élus. Mais Nicolas Sarkozy fut le premier a assumer son appartenance à la droite, n'hésitant pas à s'y positionner clairement pendant la campagne de 2007. Néanmoins, cela n'a pas encore changé fondamentalement les habitudes. L'extrême gauche reste toujours aussi outrageusement manichéenne, et réussi à faire infuser les idées selon lesquelles la droite n'œuvre que pour les plus riches, met en place sournoisement les inégalités et est profondément inhumaine. Les journalistes, très majoritairement de gauche, vont dans ce sens, et la gauche réussit l'exploit de faire croire que les médias sont à la solde de la droite malgré tout.

La droite ne pèse pas forcément moins lourd que la gauche en France. Mais il est moins dans ses habitudes d'assumer ses opinions, d'exprimer ses idées. Un débat rééquilibré nécessite que les idées de droite soient exprimées avec une force semblable à ce qu'il se passe à gauche. Cela ne peut venir d'une quelconque campagne de publicité ou de communication, ni vraiment des personnalités politiques qui restent toujours soumises au jeu médiatique. Cela doit venir du peuple, par qui et pour qui est faite, in fine, la politique. L'intérêt général reste la référence de la mesure des décisions politiques, et c'est du cœur du peuple français que doit venir l'élan d'une force politique. C'est pour cela que l'expression des idées de droite doit se faire à travers le peuple, plutôt que de façon artificielle.

vendredi 27 juin 2008

Le social libéralisme

Au Parti Socialiste, une partie des militants regarde avec une profonde suspicion l'autre. Car les gens "vraiment" de gauche sont très fiers d'être à gauche, face à la droite, souvent considérée comme égoïste et inhumaine. Alors ces personnes se méfient de ceux qui se déclarent être de gauche mais qui prônent des idées qui se rapprochent sous certains aspects de celles défendues par la droite. Pour les vrais socialistes, la gauche est menacée par la présence en son sein de militants qui ont trahi leurs idéaux. Ce sont les "sociaux traîtres" : ceux qui ne se réclament plus du strict socialisme, mais plutôt de la social démocratie, ou pire encore, qui osent se revendiquer comme libéraux, ce qui s'apparente alors davantage au social libéralisme.

Le social libéralisme, considéré comme une hérésie à gauche en France, est pourtant un courant d'idée majeur dans le reste du monde, en particulier dans les pays anglo-saxons. Le parti démocrate américain et le labour britannique se sont considérablement repositionnés au centre pendant les années 90, sous l'impulsion respective de Bill Clinton et de Tony Blair. La "troisième voie" défendue par ce dernier, entre interventionnisme étatique et libéralisme économique total, s'inscrit dans le social libéralisme. Ce courant accepte le capitalisme et le libéralisme comme la combinaison la plus efficace pour favoriser la prospérité, mais préconise une intervention de l'Etat modérée pour en faire la régulation et corriger certaines injustices que le libre jeu du marché a créé ou n'a pas pu empêcher. Cette influence des politiques publiques peut être décisive dans certains domaines, tels que l'assurance santé. En matière de valeurs sociétales, le social libéralisme est très ouvert, ne voyant pas d'inconvénient à des évolutions tels que le mariage homosexuel ou l'avortement. L'immigration est également moins considérée comme un problème qu'à droite.

La différence entre la social démocratie et le social libéralisme est donc le degré de libéralisme, plus prononcé dans le second. En France, alors que Dominique Strauss-Kahn a déjà du mal à promouvoir la social démocratie comme doctrine principale du PS, le social libéralisme, aussi appelé "blairisme", est considéré comme non-grata à gauche. Le maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, a bien tenté d'y défendre cette troisième voie. Sa motion n'a fait que 0,65 % des voix des adhérents du PS au congrès du Mans en 2005. Il est vrai que la gauche française est particulièrement à gauche en comparaison de ses voisines, et dès lors, on peut s'interroger sur la pertinence de l'alliance entre le social libéralisme et un socialisme doctrinal. Surtout que le social libéralisme est compatible avec la démocratie chrétienne ou avec le mélange de libéralisme et de volontarisme d'un Nicolas Sarkozy. Il n'est alors pas étonnant de voir des personnalités n'ayant pas peur de se réclamer de ce courant d'idée accepter de gouverner aux côtés de l'UMP, comme elles auraient certainement répondu à l'appel de François Bayrou si celui-ci avait remporté la dernière présidentielle. A l'heure où les problèmes les plus graves en France sont d'ordre économiques, les différences modérées sur les valeurs sociétales ne sont pas en mesure de faire obstacle à une collaboration entre ces mouvements. Les socialistes doctrinaux peuvent se plaisir en accusant les sociaux libéraux de traîtrise, mais ces derniers peuvent en retour mettre en exergue l'archaïsme des derniers, et la volonté d'agir efficacement pour la prospérité de leur pays.

Photo : AFP

mercredi 25 juin 2008

Le référendum pan-européen

L'échec du référendum irlandais portant sur le Traité de Lisbonne a porté un nouveau coup dur à la construction européenne. La participation a été très faible, l'abstention atteignant 47 %. En conséquence, seuls 109 964 suffrages ont fait la différence, et bloquent l'adoption d'institutions européennes plus efficaces. C'est bien peu, par rapport au 500 millions d'habitants de l'Union Européenne. Certains parmi les fédéralistes européens refusent ce blocage démocratique par une si petite minorité. Comme après les référendums français et néerlandais, ils préconisent l'utilisation d'un référendum pan-européen, qui poserait la même question le même jour à l'ensemble des électeurs de l'Union Européenne. Dans leur idée, cela éviterait qu'un pays bloque tous les autres, tout en faisant appel à la légitimité populaire. C'est aussi le raisonnement adopté dans le cadre d'éventuels référendums sur l'adhésion de nouveaux membres : la France n'aurait pas le droit de décider seule d'un possible refus de la Turquie par exemple, il faudrait que tous les citoyens européens s'expriment sur la question.

Mais cela veut dire qu'un pays qui ne serait majoritairement pas d'accord sur une décision fondamentale pourrait se la voir imposée. Cela n'a de sens que si le concept de nation n'est plus opérant, si la souveraineté s'exprime uniquement au niveau européen. La prise de décision au niveau européen peut très bien se concevoir pour les affaires dont le traitement est pertinent à ce niveau-là, et ces domaines doivent être acceptés au préalable par tous les pays. Mais pour cela, il faut que chaque pays ait auparavant donné son accord sur ce transfert de compétence. Ici, les partisans d'un référendum pan-européen souhaitent donc créer une Europe fédérale en s'appuyant sur une disposition qui présuppose déjà l'existence d'un fédéralisme très poussé. Ils s'illusionnent malheureusement en croyant que c'est possible. La construction européenne ne doit pas être forcée à ce point.

En plus, rien ne permet d'être vraiment sûr que les résultats de tels référendums pan-européens seraient conformes aux souhaits de ceux qui en préconisent l'utilisation. Les blocages seraient alors vraiment définitifs. Et il n'est pas dit qu'il soit possible d'organiser un référendum dans toute l'Europe, dans la mesure où le référendum n'est plus une pratique allemande depuis le IIIème Reich. Les partisans du référendum pan-européen sont donc sincères dans leur démarche, mais ils souhaitent voir arriver la construction européenne à son terme bien plus tôt que ce qui est possible. Ils oublient surtout que la démarche fédéraliste ne doit pas aller contre les nations qui composent l'Europe, elles forment le socle solide de ses différents pays et l'Histoire a prouvé les échecs de ceux qui ont cru pouvoir ignorer ce facteur. La construction européenne est un travail long et difficile, elle prendra encore des décennies avant d'arriver à sa forme finale, et même à ce moment là, elle devra respecter avec soin les différentes nations européennes. En conséquence, il ne peut être question d'un référendum pan-européen dans un avenir proche.

samedi 21 juin 2008

Le CO2 allemand

Le bonus/malus est la première mesure du Grenelle de l'environnement à avoir été appliquée, elle consiste à taxer les achats des voitures les plus polluantes, taxes qui servent à financer une prime à l'achat des voitures les moins polluantes. Le mécanisme est populaire dans la mesure où il œuvre en faveur de la réduction de l'effet de serre et il ne représente pas un coût pour l'Etat. Il se trouve que ce sont les voitures les plus petites qui polluent le moins, et le bonus/malus a fortement encouragé leur achat, et a naturellement découragé l'achat des grosses voitures. En Allemagne, cette mesure a été immédiatement mal vue. Elle a été considérée comme une mesure protectionniste de la part de la France, car les constructeurs automobiles français couvrent largement les gammes de petites voitures, quand ceux allemands ont un avantage sur les voitures plus lourdes et puissantes. La défense de l'environnement fut donc vue comme un prétexte outre-Rhin, la presse, les industriels et les politiciens s'émouvant d'une seule voix contre ce mauvais coup fait aux entreprises allemandes.

Ce cri du cœur leur évite surtout de se remettre en question. Les constructeurs automobiles allemands devraient plutôt se lancer dans la fabrication de modèles moins gourmands en énergie. Les consommateurs allemands sont certes friands de grosses voitures, mais elles sont clairement nuisibles pour l'environnement. Alors Angela Merkel peut, pendant la présidence allemande de l'Union Européenne, faire de la réduction des émissions de CO2 une priorité européenne, c'est un objectif louable et nécessaire, mais elle doit en tirer les conséquences. Pendant qu'elle bataillait ferme pour faire admettre aux autres pays des réductions drastiques de leurs émissions, elle oubliait que l'Allemagne est un pays où les émissions de CO2 restent très fortes. C'est du d'une part à ces automobiles puissantes et polluantes, d'autre part à leurs choix en matière de production d'électricité, privilégiant largement le charbon et le pétrole, par peur du nucléaire.

L'environnement sera l'un des dossiers que Nicolas Sarkozy aura à traiter lors de la présidence française de l'Union Européenne, et pour lutter contre les émissions de CO2, il devra rappeler les méfaits des énergies fossiles sur lesquelles se repose justement l'Allemagne. Avec ses centrales nucléaires et sa préférences pour les voitures économes, la France peut être fière d'avoir des émissions modérées en comparaison de ses voisins. Elle doit à ce titre jouer le rôle d'exemple. Mais ce constat ne doit pas mener à l'autosatisfaction. Si les émissions de CO2 sont modérées, elles ne doivent pas moins en être réduites. Angela Merkel aura certainement la volonté politique de réduire celles qui sont réalisées dans son pays, la France doit être aussi exemplaire dans ces nouvelles réductions de CO2. C'est de loin la priorité en matière environnementale. Et économiquement, une moindre utilisation du pétrole ne peut être que bénéfique pour la France et l'Europe.

jeudi 19 juin 2008

L'avantage comparatif de Ricardo

Lorsqu'on lui demanda quelle théorie économique était à la fois vraie et essentielle, le prix Nobel d'économie Paul Samuelson répondit le principe de l'avantage comparatif de Ricardo. Alors que le père de l'économie libérale classique, Adam Smith, avait théorisé l'avantage absolu, selon lequel un pays peut être plus productif qu'un autre sur tous les produits, David Ricardo avait quelques temps après considéré que même dans cette situation, tous les pays pouvait bénéficier du libre échange, à condition de laisser le pays à l'avantage absolu se concentrer sur le produit pour lequel il a l'avantage le plus élevé comparativement parlant.

David Ricardo s'impliqua en tant que membre du parlement britannique pour la diminution du protectionnisme et la promotion du libre échange. Le Royaume-Uni allait ensuite s'ouvrir de plus en plus, et reste à ce jour l'un des pays les plus fervents défenseurs du libre échange. Le GATT, et maintenant l'OMC oeuvrent en fonction de cette doctrine de l'avantage comparatif, devenu pierre angulaire de la pensée du commerce mondial. De nombreux prix Nobel ont été attribués à des économistes ayant prolongé la réflexion sur l'avantage comparatif, et le principe reste très communément accepté par les élites mondiales. Autant que l'idée de la main invisible, l'avantage comparatif est totalement fondateur du libéralisme. Le célèbre hebdomadaire britannique The Economist base ses prises de position sur cette base, à tel point que l'on pourrait croîre que l'économiste pris en référence dans le titre du magazine est David Ricardo.

Le principe de l'avantage comparatif n'est pas sans faille : il suppose les termes de l'échange fixes, donnés. Or ils évoluent avec le temps, et pour certains pays s'étant spécialisés dans les matières premières destinées à l'exportation, tels qu'une bonne partie des pays d'Afrique noire qui s'étaient conformés à cette division internationale du travail, il y a eu une dégradation de ces termes de l'échange. En effet, le revenu apporté par la vente de ces matières premières restaient stables au mieux, quand les technologies exportées par les pays développés avaient une valeur de plus en plus importante. Ces pays pauvres ont donc difficilement connu la prospérité en se concentrant sur leur avantage comparatif, négligeant ainsi de mettre en place les moyens de production pour nourrir leurs populations avec leurs propres récoltes, et voyant leur retard de développement croître avec le temps.

D'une manière générale, si le libre échange peut apporter beaucoup, il ne doit pas devenir une fin en soi. L'OMC bloque depuis des années dans les rounds de négociation visant à la levée de protectionnismes. Ces résistances forment surtout un signal dans ce domaine : n'est on pas déjà arrivé à un stade satisfaisant et suffisant ? Le principe de l'avantage comparatif n'est pas assez fort pour aller jusqu'à justifier un marché unique mondial.

mardi 17 juin 2008

L'aménagement de l'Ile de France par ses transports en commun

Alors que l'essence coûte de plus en plus cher et que la défense de l'environnement demande de faire des efforts pour réduire les émissions de CO2, il est nécessaire d'avoir des transports efficaces pour permettre de diminuer, ou au moins ralentir la progression de la voiture. En Ile de France, la situation à ce niveau va en empirant. Les lignes de transport en commun les plus importantes sont de plus en plus saturées. Cela devient insupportable pour les voyageurs qui sont obligés de le prendre quotidiennement. La ligne 13 du métro est notoirement considérée comme un enfer, la ligne A du RER craque et devient de plus en plus irrégulière, bloquant ainsi des axes majeurs de circulation des voyageurs. Lors d'une interview sur RTL en mai dernier, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a du intervenir pour annoncer l'intervention de l'État pour augmenter les capacités de transport de voyageurs du RER A. Ce n'était pas son rôle, mais il fut obligé d'intervenir pour remédier à l'inaction du conseil régional d'Ile de France.

Cela fait maintenant 10 ans que Jean-Paul Huchon est à la tête du conseil régional d'Ile de France. Il a inauguré les projets qui ont été lancés avant son arrivée, comme la ligne 14 du métro et la ligne E du RER. Mais pendant ces 10 ans, ses propres réalisations ont été plus que faibles. Il s'agit essentiellement de projets de tramways, quelques uns ont aboutis, telle la ligne 3 qui a été surtout portée par la mairie de Paris, d'autres restent à l'état de dossiers s'empilant sur son bureau. Face au défi que représente le transport de millions de voyageurs, ce ne peut être des solutions de taille suffisante. Il faut davantage de fiabilité et de capacité, et cela ne peut se faire qu'avec des lignes plus lourdes, seules à utiliser les réseaux qui leurs sont dévolus. En souterrains, le métro peut être conduit de manière automatique, ce qui améliore grandement ses possibilités d'utilisation et sa fiabilité. En terme de mise en place, cela coûte évidemment plus cher, mais c'est un investissement dont le besoin sera toujours croissant.

Il y a de nombreux projets qui doivent avancer. Ils prennent des ampleurs conséquentes, mais il n'y a rien d'impossible. Pour preuve, le projet de métrophérique, une ligne de métro entourant Paris dans sa petite couronne, fait l'unanimité autour de lui, étant approuvé de façon enthousiaste par la RATP, la mairie de Paris, l'Etat et les communes des départements concernés. Pourtant, le conseil régional d'Ile de France bloque le projet, empêchant tout progrès sur la question. Jean-Paul Huchon ne veut entendre parler que de sa propre initiative, Arc Express, deux morceaux de lignes plus éloignées de Paris.

En matière de RER, les désagréments sont légions, mais rien n'est fait non plus. Il y a pourtant tant à faire. Une première initiative serait de faire basculer les lignes de RER de la SNCF sous l'égide de la RATP, au minimum pour qu'il n'y ait plus d'interconnexion mais bien une intégration de l'ensemble. Le service minimum doit être mis en place de façon plus fiable, c'est une nécessité, vu l'importance cruciale des transports en commun pour ceux qui en dépendent. Mais par considération idéologique, Jean-Paul Huchon et sa majorité ne risquent pas de peser en ce sens.

Cet immobilisme a des conséquences immédiates. Alors qu'on commence à mettre à l'étude des projets de soulagement des lignes existants, maintenant qu'elles sont déjà saturées, un meilleur conseil régional aurait lancé l'exécution de ces projets dès 1998. La liaison entre la ligne E du RER et la Défense, ainsi que sa prolongation vers l'ouest, était prévue dès la création de cette ligne. Mais rien n'a été fait dans ce sens. Les Franciliens attendent encore, alors que la Défense a largement besoin d'être désengorgée. Pour bien faire, c'est maintenant qu'il faudrait commencer à préparer la création d'une ligne F, qui via une liaison souterraine entre la gare Montparnasse et la gare Saint Lazare par les stations Invalides ou Musée d'Orsay, reprendrait les lignes J (en partie) et N du Transilien. Or actuellement rien n'est en discussion, encore une fois, il faudra attendre qu'il soit trop tard.

Cette inaction du conseil régional d'Ile de France est paradoxale dans la mesure où les transports en commun sont l'une de ces deux principales missions, avec la gestion des lycées. Les impôts régionaux n'ont cessé d'augmenter, et pour de tels projets, le conseil régional peut compter sur un impôt spécial, le versement transport. Tout cet argent disparaît dans les méandres du conseil régional, et l'État est obligé de reprendre en main ces questions, notamment via la création d'un secrétariat d'Etat consacré à la question, occupé par Christian Blanc. Il semble que Jean-Paul Huchon n'apprécie pas cette remise en ordre, mais s'il faut cela pour le réveiller, alors ce sera déjà un grand progrès.

dimanche 15 juin 2008

Tim Russert, l'excellence journalistique

En octobre dernier, l'ex-senateur américain John Edwards était l'invité de l'émission politique "Meet the Press" sur NBC, dans le cadre de sa campagne présidentielle. L'interviewer, Tim Russert, a fait comme il le fait avec chacun de ses invités : il lui a posé des questions pertinentes, sur le fond, n'hésitant pas à le mettre face à ses contradictions et à le relancer lorsque nécessaire. De son côté, John Edwards, a répondu tant en usant de la langue de bois la plus insupportable qu'en tentant des diversions tout à fait transparentes, échouant en fin de compte lamentablement à donner l'image d'un homme honnête et sincère. Sous la direction de Tim Russert, "Meet the Press" était devenu une sorte de test obligatoire pour les personnalités politiques américaines de premier plan. Tim Russert, chef du bureau de Washington de NBC, préparait ses interviews en profondeur, et était donc toujours capable de poser les questions les plus pertinentes. Ceux qui n'arrivaient pas à y répondre de façon pertinente finissaient par perdre leur crédibilité.

Mais l'on est désormais obligé de parler de cela au passé. Tim Russert est décédé vendredi dernier, alors qu'il préparait son émission du dimanche matin. Immédiatement, l'ensemble du monde médiatique et politique américain lui a rendu hommage, pointant à la fois ses qualités humaines et l'excellence de son travail. Il suffisait de regarder ses émissions pour s'en rendre compte : il était tout simplement le meilleur journaliste politique des Etats-Unis. A 58 ans, il pouvait encore espérer contribuer au débat politique américain pendant de longues années, et toujours pour le réhausser. Il en est privé par une crise cardiaque, et c'est une perte pour tout un pays. Tim Russert était non seulement un modèle pour les journalistes américains, mais il doit également l'être pour les journalistes du monde entier.

samedi 14 juin 2008

Jean Sarkozy ou le pouvoir héréditaire

A quoi peut penser Nicolas Sarkozy lorsqu'il lance en piste son fils cadet, Jean Sarkozy, pour récupérer sans réelle résistance les postes qu'il occupait lui-même avant de devenir Président de la République ? La volonté de donner un avenir à son enfant ? La volonté de contrôler en sous main ses anciens fiefs ? C'est possible, mais il n'a probablement pas réfléchi à l'image que ce genre de manœuvre donne de lui en dehors de Neully-sur-Seine.

Car qui peut croire que le mandat de conseiller général de Jean Sarkozy puisse avoir une autre origine que sa filiation avec son père ? Annoncer la candidature du fils du Président, âgé de 21 ans seulement, sur la liste UMP pour le conseil municipal de Neuilly était déjà de mauvais goût. Transformé en homme de paille de la figure paternelle, il est aussitôt devenu l'une des principales figures de l'élection municipale. Son désaveu de la candidature de David Martinon, qui menait pourtant la liste sur laquelle il se trouvait, peut facilement être vu comme un artifice visant à pousser le candidat UMP au conseil général, Arnaud Teullé, à changer d'objectif en faveur de la mairie. Jean Sarkozy récupère sa place, et se fait élire quasi automatiquement conseiller général. Et voilà que moins de trois mois après, celui-ci souhaite déjà prendre la tête du groupe UMP au conseil général des Hauts de Seine, et est bien parti pour l'obtenir. Pour quelles raisons ? Il n'a pas de véritable expérience politique, et son expérience professionnelle est tout aussi limitée. Il n'a pas de mérites à faire valoir, ni de prises de positions politiques qui le différencieraient des autres personnes de son âge. Sa seule différence est son nom de famille, et le fait que l'UMP des Hauts de Seine semble prête à acquiescer benoitement à tous les ordres réels ou supposés qui viendraient de l'Élysée.

Nous sommes donc dans un cas avéré de népotisme dans ce parti politique. L'UMP semble oublier que le pouvoir n'a pas à être autoritaire, et les manœuvres visant à instituer une dynastie Sarkozy vont terriblement dans le mauvais sens. Si l'UMP avait vraiment eu le désir de renouveler le personnel politique, elle aurait pu trouver un jeune de 21 dont le seul mérite ne serait pas d'être bien né, mais bel et bien d'apporter quelque chose de nouveau. évidemment, au niveau de l'égalité des chances, le compte n'y est pas du tout. Et l'UMP se décrédibilise considérablement en étant complice de cette transmission de pouvoir par l'hérédité. Elle devrait être le parti de l'effort, du mérite et de l'audace, et elle offre une image de servilité et d'aristocratie.

Photo : AFP

mercredi 11 juin 2008

La roulette irlandaise

En Irlande, tous les traités européens doivent être approuvés par référendum. Cela avait déjà été difficile pour le Traité de Nice, cela semble être encore plus dur pour le Traité de Lisbonne, dont le sort s'y joue demain. Les sondages se contredisent sur l'issue du scrutin, mais se rejoignent pour noter la forte proportion d'indécis. Si les choses sont aussi incertaines, c'est que le débat n'est pas clair en Irlande. A l'instar de ce qu'il s'était passé en France en 2005, les arguments les plus improbables sont mis en avant par les partisans du non dans le but d'instaurer la confusion dans la tête des électeurs. L'analyse réfléchie n'a pas voix au chapitre, et cette consultation sert surtout à faire la liste des préoccupations des Irlandais. Mais pour résumer, si l'Irlande a beaucoup profité de son intégration dans l'Union Européenne, les Irlandais angoisseraient de l'arrivée des pays de l'est en son sein, menaçant de se voir attribués une grande partie des aides structurelles européennes qui ont fait leur bonheur jusqu'à présent. Hors c'est justement l'arrivée de ces nouveaux pays que le Traité de Lisbonne encadre, entre autres.

Si le "non" venait à l'emporter, et que cette explication venait à s'imposer, cela montrerait surtout les considérations égoïstes qui demeurent dans l'Union Européenne. Dès lors, quelle peut être l'avenir de celle-ci ? Après la crise de 2005, l'Europe se relèverait encore plus difficilement d'un nouveau coup fatal. Les anti-Européens fondent de grand espoir dans le résultat de demain, et le risque pour la construction européenne n'est pas faible. Pour ceux qui sont en faveur de cette dernière, l'inquiétude est grande. Cela revient à jouer l'avenir sur un coup de roulette russe, avec un barillet assez bien remplie. Mais en attendant le résultat, face à l'impuissance des pro-Européens non Irlandais dans ce débat, la seule chose à faire reste de compter sur la sagesse du peuple irlandais, ils ont eux au moins pu voir où les "non" français et néerlandais avaient aboutis : au recul de l'Europe. Ils doivent pouvoir en tirer les conséquences.

vendredi 6 juin 2008

Qui est votre candidat ?

Plusieurs associations pro-européennes (dont le Mouvement Européen) ont décidé de lancer une initiative demandant aux différents partis politiques de chaque pays de l'Union Européenne de désigner leur candidat au poste de Président de la Commission Européenne, et ce avant les élections européennes de 2009. L'idée est que celles-ci se fassent avec un enjeu clair : le parlement européen qui en sera issu aurait alors un mandat pour désigner le Président de la Commission, ce qui se ferait concrètement lors de l'approbation de celui-ci par le parlement (ou même de sa désignation, si le Traité de Lisbonne est opérationnel d'ici là). Si les partis politiques annoncent le candidat qu'ils soutiennent, la désignation du Président de la Commission Européenne se ferait alors de manière transparente et démocratique, et vu l'influence qu'a celui qui occupe ce poste, il est largement souhaitable que l'on sorte des désignations faites à la suite de négociations obscures lors des Conseils Européens. De plus, cela permettrait de donner un élément de débat pour l'élection du parlement européen, et ainsi de favoriser la discussion sur l'évolution de l'Europe que souhaite les peuples européens, en lieu et place des débats purement nationaux souvent accompagnés d'absentéisme élevé.

Cette initiative en faveur de la démocratie européenne est donc une bonne idée qu'il faut aider. Pour cela, une pétition a été mise en place sur un site expliquant également cette prise de position en détails. Tous les courants d'idée d'Europe ont à y gagner.

lundi 2 juin 2008

La boucherie chevaline

A l'hiver dernier, la Fondation Brigitte Bardot a lancé une grande campagne de publicité, affichage et internet, contre la boucherie chevaline. Elle exposait deux photos, l'une d'un cheval en liberté, l'autre sous forme de viande en barquette. L'un slogans de la campagne était par exemple, "Le cheval, vous le préférez en ami ou en roti ?". Deux petites cases étaient situées sous les deux photos, celle sous la photo le cheval "ami" en liberté étant cochée.

Mais pourquoi devoir choisir ? Cette campagne veut lutter contre la boucherie chevaline en partant du principe que manger du cheval revient à nuire grandement aux chevaux. Ce raisonnement ne vaut que pour ceux qui sont végétariens. Quelle est la différence entre un cheval, une vache ou un cochon à ce niveau-là ? Le cheval sert de monture et de compagnon à l'homme ? Certes, mais dans ce genre de raisonnement, il est aussi possible de dire que la vache lui fournit du lait. Et au fond, la question de la viande se pose après la mort de l'animal, ce qu'il a fait pendant sa vie importe moins à ce moment-là.

Les habitudes de consommation sont essentiellement culturelles. Les Hindous ne mangent pas de vaches, juifs et musulmans ne mangent pas de cochons, les occidentaux ne mangent pas de chiens. Dès que l'on a conscience de ce fait, il est inutile de réclamer aux gens d'avoir mauvaise conscience pour le simple fait de manger de la viande. Du moment que celle-ci est saine, que les animaux ne pas en voie de disparition, qu'ils sont correctement traités pendant leur vie et pendant leur abattage, elle peut être mangée par l'homme, qui est par nature omnivore.

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