Le positionnement politique de Jacques Chirac a beaucoup évolué au cours de sa carrière. D'une grande fidélité à Georges Pompidou, il fut très conservateur lorsqu'il était sous l'influence de Pierre Juillet et Marie-France Garaud dans les années 70, assez libéral dans les années 80, et enfin de compte plutôt centriste dans les années 90, lorsqu'il fut élu Président. Ses candidatures aux présidentielles de 1981 et 1988 furent deux échecs, et il finit par atteindre son but en 1995 lorsqu'il réussit à se positionner comme un candidat plus à gauche que son principal opposant, Edouard Balladur, à une époque où le Parti Socialiste avait perdu toute crédibilité après sa gestion du pouvoir. En 1974 aussi, Valéry Giscard d'Estaing avait du s'affirmer comme centriste plutôt que libéral, et il a pensé à rassurer en affirmant pendant le débat face à François Mitterrand que ce dernier n'avait pas le monopole du coeur. D'une manière générale, autant la gauche est fière jusqu'à l'excès de son positionnement et des valeurs qu'elle défend, autant les personnes de droite affirment plus difficilement la nature de leurs convictions politiques.

Peut-être ce du à la différence entre les valeurs défendues : il est certainement plus facile de basculer dans le manichéisme lorsque l'on promeut la générosité face à l'égoïsme que lorsque l'on adopte une approche basée sur le réalisme. Le degré de priorité variable mis entre l'égalité ou la liberté change aussi les approches. Toujours est-il que les activistes de gauche ont réussi à faire culpabiliser la droite sur ses convictions à partir de la fin des années 60. D'où le fait que les candidats de droite ont du faire oublier en quelque sorte leurs orientations pour être élus. Mais Nicolas Sarkozy fut le premier a assumer son appartenance à la droite, n'hésitant pas à s'y positionner clairement pendant la campagne de 2007. Néanmoins, cela n'a pas encore changé fondamentalement les habitudes. L'extrême gauche reste toujours aussi outrageusement manichéenne, et réussi à faire infuser les idées selon lesquelles la droite n'œuvre que pour les plus riches, met en place sournoisement les inégalités et est profondément inhumaine. Les journalistes, très majoritairement de gauche, vont dans ce sens, et la gauche réussit l'exploit de faire croire que les médias sont à la solde de la droite malgré tout.

La droite ne pèse pas forcément moins lourd que la gauche en France. Mais il est moins dans ses habitudes d'assumer ses opinions, d'exprimer ses idées. Un débat rééquilibré nécessite que les idées de droite soient exprimées avec une force semblable à ce qu'il se passe à gauche. Cela ne peut venir d'une quelconque campagne de publicité ou de communication, ni vraiment des personnalités politiques qui restent toujours soumises au jeu médiatique. Cela doit venir du peuple, par qui et pour qui est faite, in fine, la politique. L'intérêt général reste la référence de la mesure des décisions politiques, et c'est du cœur du peuple français que doit venir l'élan d'une force politique. C'est pour cela que l'expression des idées de droite doit se faire à travers le peuple, plutôt que de façon artificielle.