A quoi peut penser Nicolas Sarkozy lorsqu'il lance en piste son fils cadet, Jean Sarkozy, pour récupérer sans réelle résistance les postes qu'il occupait lui-même avant de devenir Président de la République ? La volonté de donner un avenir à son enfant ? La volonté de contrôler en sous main ses anciens fiefs ? C'est possible, mais il n'a probablement pas réfléchi à l'image que ce genre de manœuvre donne de lui en dehors de Neully-sur-Seine.

Car qui peut croire que le mandat de conseiller général de Jean Sarkozy puisse avoir une autre origine que sa filiation avec son père ? Annoncer la candidature du fils du Président, âgé de 21 ans seulement, sur la liste UMP pour le conseil municipal de Neuilly était déjà de mauvais goût. Transformé en homme de paille de la figure paternelle, il est aussitôt devenu l'une des principales figures de l'élection municipale. Son désaveu de la candidature de David Martinon, qui menait pourtant la liste sur laquelle il se trouvait, peut facilement être vu comme un artifice visant à pousser le candidat UMP au conseil général, Arnaud Teullé, à changer d'objectif en faveur de la mairie. Jean Sarkozy récupère sa place, et se fait élire quasi automatiquement conseiller général. Et voilà que moins de trois mois après, celui-ci souhaite déjà prendre la tête du groupe UMP au conseil général des Hauts de Seine, et est bien parti pour l'obtenir. Pour quelles raisons ? Il n'a pas de véritable expérience politique, et son expérience professionnelle est tout aussi limitée. Il n'a pas de mérites à faire valoir, ni de prises de positions politiques qui le différencieraient des autres personnes de son âge. Sa seule différence est son nom de famille, et le fait que l'UMP des Hauts de Seine semble prête à acquiescer benoitement à tous les ordres réels ou supposés qui viendraient de l'Élysée.

Nous sommes donc dans un cas avéré de népotisme dans ce parti politique. L'UMP semble oublier que le pouvoir n'a pas à être autoritaire, et les manœuvres visant à instituer une dynastie Sarkozy vont terriblement dans le mauvais sens. Si l'UMP avait vraiment eu le désir de renouveler le personnel politique, elle aurait pu trouver un jeune de 21 dont le seul mérite ne serait pas d'être bien né, mais bel et bien d'apporter quelque chose de nouveau. évidemment, au niveau de l'égalité des chances, le compte n'y est pas du tout. Et l'UMP se décrédibilise considérablement en étant complice de cette transmission de pouvoir par l'hérédité. Elle devrait être le parti de l'effort, du mérite et de l'audace, et elle offre une image de servilité et d'aristocratie.

Photo : AFP