jeudi 19 juin 2008
L'avantage comparatif de Ricardo
Par xerbias, jeudi 19 juin 2008 à 23:31 :: Pensée politique

David Ricardo s'impliqua en tant que membre du parlement britannique pour la diminution du protectionnisme et la promotion du libre échange. Le Royaume-Uni allait ensuite s'ouvrir de plus en plus, et reste à ce jour l'un des pays les plus fervents défenseurs du libre échange. Le GATT, et maintenant l'OMC oeuvrent en fonction de cette doctrine de l'avantage comparatif, devenu pierre angulaire de la pensée du commerce mondial. De nombreux prix Nobel ont été attribués à des économistes ayant prolongé la réflexion sur l'avantage comparatif, et le principe reste très communément accepté par les élites mondiales. Autant que l'idée de la main invisible, l'avantage comparatif est totalement fondateur du libéralisme. Le célèbre hebdomadaire britannique The Economist base ses prises de position sur cette base, à tel point que l'on pourrait croîre que l'économiste pris en référence dans le titre du magazine est David Ricardo.
Le principe de l'avantage comparatif n'est pas sans faille : il suppose les termes de l'échange fixes, donnés. Or ils évoluent avec le temps, et pour certains pays s'étant spécialisés dans les matières premières destinées à l'exportation, tels qu'une bonne partie des pays d'Afrique noire qui s'étaient conformés à cette division internationale du travail, il y a eu une dégradation de ces termes de l'échange. En effet, le revenu apporté par la vente de ces matières premières restaient stables au mieux, quand les technologies exportées par les pays développés avaient une valeur de plus en plus importante. Ces pays pauvres ont donc difficilement connu la prospérité en se concentrant sur leur avantage comparatif, négligeant ainsi de mettre en place les moyens de production pour nourrir leurs populations avec leurs propres récoltes, et voyant leur retard de développement croître avec le temps.
D'une manière générale, si le libre échange peut apporter beaucoup, il ne doit pas devenir une fin en soi. L'OMC bloque depuis des années dans les rounds de négociation visant à la levée de protectionnismes. Ces résistances forment surtout un signal dans ce domaine : n'est on pas déjà arrivé à un stade satisfaisant et suffisant ? Le principe de l'avantage comparatif n'est pas assez fort pour aller jusqu'à justifier un marché unique mondial.