Réflexions en cours

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dimanche 29 juillet 2012

Les Jeux Olympiques à Paris en 2024

Le Président de la République et le Premier ministre se sont récemment exprimés sur l'opportunité d'organiser les Jeux Olympiques d'été à Paris en 2024. L'idée n'est pas récente, puisqu'évoquée depuis l'échec de notre précédente candidature, celle de Paris 2012. Il faudra d'abord voir qui organise les Jeux de 2020, et cela se décidera l'année prochaine. Pour que Paris conserve ses chances en 2024, il faudrait que ce soit Tokyo qui soit choisie en 2020. La candidature de Madrid pour 2020 est particulièrement incongrue, l'Espagne ayant organisé les Jeux d'été pas plus tard qu'en 1992, et en plus, elle est exsangue financièrement. Si l'horizon est libre, il faudra alors se pencher sur notre dossier de candidature, et déterminer quelle doit être la priorité des Jeux Olympiques :
  • Est-ce le fait que les athlètes se voient tout servi sur un plateau, et qu'en conséquence, tous les lieux de compétition soient strictement regroupés pour qu'ils n'aient pas de temps de transport pour s'y rendre ? Pour le dossier de 2012, ce fut le choix retenu, et avoir le meilleur dossier ne nous a pas aidé à l'emporter.
  • Est-ce qu'il faut maximiser le nombre de places de spectateurs ? Cela ne sert pas forcément, si les prix sont trop élevés. Même aux Jeux de Londres, on voit actuellement de nombreuses places libres dans les gradins.
  • Est-ce qu'il faut que l'opération soit financièrement la plus durable possible ? Cela suppose d'éviter le gigantisme et les surenchères. Cela fait peut-être un peu moins rêver, mais la population apprécie largement de ne pas avoir à supporter des dettes supplémentaires pour ce genre d'événements.
Ce dernier choix est le bon. Dès lors, cela a des conséquences sur les emplacements des compétitions. Certes, construire des emplacements temporaires coûte moins cher que de fabriquer des installations permanentes. Le dossier de Paris 2012 était rempli de ces pavillons et autres dômes montés spécialement pour l'occasion. Mais mettre les compétitions dans des lieux déjà existants est encore moins coûteux.

Ainsi, le Stade France serait évidemment notre stade olympique, puisqu'il fut dès l'origine conçu pour accueillir de grande compétitions d'athlétisme. Le Tennis irait à Rolland Garros, l'équitation à l'hippodrome de Longchamp, et Paris 2024 pourrait reprendre plusieurs idées déjà présentes dans Paris 2012 : le hockey au (nouveau) stade Jean Bouin, le tir à l'arc à l'hippodrome d'Auteuil, le Beach Volley à la Tour Eiffel, le Pentathlon à la Croix Catelan, et certains sports nautiques à la base de Vaires-sur-Marne. Le Vélodrome de Saint Quentin en Yvelines et la grande piscine d'Aubervilliers étaient des projets de Paris 2012 risquant de se transformer en équipements inutiles après coup, mais ils sont de toute façon en cours réalisation, Jeux ou pas. On pourra alors s'en servir. La voile pourra se dérouler à La Rochelle, comme prévu autrefois, par contre, les stades de football changeront au gré des rénovations faits pour l'Euro 2016. Le Parc des Princes et le Stade Vélodrome auront été rénovés, à Lyon, ce ne serait plus au stade Gerland mais au nouveau grand stade de l'OL, dans le nord, on irait dans le nouveau stade de Lille plutôt qu'à Lens, et le nouveau stade de Bordeaux pourrait également être mis à contribution plutôt qu'à Nantes.

Pour les autres sports, il ne saurait être question de faire autant appel à des pavillons temporaires que lors de notre précédente candidature. Les Anglais logent actuellement sept sports dans l'Excel Center, un centre modulable de 100 000 m². Nous avons à notre disposition le Parc des expositions de la porte de Versailles, déjà habitué à accueillir de grands événements, sur une surface de plus de 220 000 m². Pour Paris 2012, il n'était sollicité que pour des entraînements, mais il peut tout à fait recevoir les compétitions en elle-même. Seraient concernés la lutte, le judo, le taekwondo, le tennis de table, la gymnastique, le badminton et l'haltérophilie. La boxe irait au bien nommé Palais des sports adjacent. L'escrime serait très bien au Grand Palais, et si le volley ball doit aller à Bercy, l'Arena 92 de Nanterre pourrait accueillir le basketball. Le handball devrait alors bénéficier d'une salle prévue à Colombes par la fédération française.

Faire appel à l'existant réduirait considérablement la facture, et cette profitabilité serait attractive pour le Comité Olympique. Le point le plus problématique ne serait pas les lieux de compétition, mais bien l'emplacement du village olympique, le terme "village" étant bien relatif lorsqu'on parle de logements pour plus de 10 000 personnes. Les Batignolles, lieu annoncé pour les candidatures de 2008 et 2012, ne sont plus libres comme prévus. Mais puisqu'on parle d'infrastructure sportive, profitons-en pour rappeler que le projet de grand stade de Rugby de 80 000 personnes à Evry porté par la FFR est une profonde stupidité, une absurdité économique parfaitement inutile sportivement qui ruinera le Stade de France, la FFR, et très certainement les contribuables également.

jeudi 26 juillet 2012

UMP : où sont les femmes ?

L'élection d'un président à la tête de l'UMP sera peut-être l'occasion de poser une question simple aux candidats : que comptent-ils faire pour améliorer la parité dans ce parti ? Après tout, il ne s'agira pas seulement de déterminer qui prendra la tête de l'opposition en France, mais bien aussi que la droite s'interroge sur son fonctionnement. Pour commencer, ce sera un ticket de trois personnes qui sera élu (président, vice-président et secrétaire général). En 2002, c'était le trio composé d'Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin et de Philippe Douste-Blazy qui avait été élu. En 2004, c'était celui composé par Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie. En 2012, il semble difficilement imaginable qu'il n'y ait pas au moins une femme sur chacun des tickets. Nathalie Kosciusko-Morizet visant la présidence, elle est naturellement parée de ce côté. Du côté de François Fillon, Valérie Pécresse est déjà assurée d'avoir une des deux places restantes. Il serait également étonnant que Jean-François Copé ne propose pas à une femme une telle place.

Mais cela ne sera pas suffisant. L'idéal, c'est qu'il y ait autant de femmes que d'hommes à tous les niveaux. Les médias ont beaucoup évoqué la parité réalisée au sein du gouvernement Ayrault (quitte à aller chercher des inconnues), en oubliant qu'elle avait été également réalisée dans le premier gouvernement Fillon. Cela s'est déséquilibré ensuite. Plus embarrassant pour l'UMP, la faible proportion de femmes parmi les candidats à la députation. Certes, Jean-François Copé pouvait évoquer le fait qu'il est difficile de ne pas soutenir un sortant masculin qui souhaite se représenter. La défaite électorale devrait alors permettre à l'UMP de lancer davantage de candidates en 2017.

C'est justement la question du renouvellement de ses candidats qui doit se poser dans cette prochaine campagne électorale. A l'instar de tous les autres partis politiques, l'UMP est loin d'avoir autant de femmes que d'hommes ne serait-ce qu'au niveau des adhérents. C'est malheureusement une constante, dans tout ce qui est politique ou même dans une bonne partie de la vie associative, ceux qui sont "volontaires" sont en majorité des hommes. Les raisons peuvent être diverses (déséquilibre de la vie familiale, éducation, modestie...), mais le résultat est là. La parité est obligatoire pour les scrutins de listes, mais il est toujours plus facile de trouver des hommes candidats que des femmes. Dès lors, pour une femme motivée, il n'est donc pas si certain qu'on peut le croire qu'il lui est plus difficile qu'à un homme de faire son trou en politique.

C'est donc à la base que la question des femmes en politique doit se poser, et ce doit être un chantier pour la prochaine direction de l'UMP. Evidemment, actuellement les hommes sont beaucoup plus impliqués dans la vie locale, et en l'état, ils resteront toujours un vivier de candidats plus important pour les législatives. Mais puisqu'il y a quelques années avant les prochaines échéances électorales, c'est justement le bon moment pour permettre quelques évolutions.

dimanche 22 juillet 2012

Secret des sources ou secret de l'instruction, il faut choisir !

Les enregistrements des conversations entre la police et Mohammed Merah se sont retrouvés dans une émission de grande écoute sur TF1. Puis, ils ont été retranscrits dans le quotidien Libération. Théoriquement, c'étaient des pièces du dossier judiciaire de l'affaire, relevant du secret de l'instruction, et qui n'avaient donc pas du tout vocation à apparaître dans les médias aussi rapidement. Mais voilà, le secret de l'instruction est un secret de polichinelle, au moins en ce qui concerne les affaires un minimum médiatique. Pour servir les intérêts de personnes dans la chaîne judiciaire, des pièces de dossiers sont régulièrement confiées aux journalistes pour publication. Et dans l'affaire Mérah, à peine les enregistrements ont-ils atteint le Palais de justice que TF1 a eu l'opportunité de mettre la main dessus. Dès lors, on pouvait s'attendre à ce que d'avantage d'éléments ne sortent dans les médias, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls était le premier à en être conscient.

Idéalement, quand le secret de l'instruction est violé, il devrait y avoir une enquête pour identifier le maillon fautif. Seulement, les journalistes ne vont évidemment pas révéler le vilain petit canard qui se croit au-dessus des lois. Ils se retrancheront derrière le secret des sources. Ces derniers temps, la protection des sources est devenue un marquant important de la liberté de la presse, l'idée étant que si les sources sont protégées, les journalistes pourront plus facilement dévoiler des scandales. Il est d'ailleurs question qu'il y ait une nouvelle loi renforçant (encore) le secret des sources.

Le secret des sources se heurte donc de plein fouet au secret de l'instruction. On peut partir du principe que si le journaliste a le droit de ne pas révéler ses sources, cela ne doit pas empêcher les autorités de chercher quand même les coupables quand des informations légitimement tenues secrètes par la loi sont révélées à des personnes indues. La juge d'instruction de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez a ainsi été mise en examen pour violation de secret de l'instruction, sans qu'il n'ait été besoin qu'un journaliste dénonce qui que ce soit.

Mais la plupart du temps, les enquêtes ne donnent rien, ou il n'y a pas d'enquête du tout. C'est donc bien le secret de l'instruction qui est malmené. Dit comme cela, ce ne semble pas si grave, puisque ça donne l'impression d'une plus grande transparence du système judiciaire. Fort bien, mais le secret de l'instruction a comme rôle de participer à la préservation de la présomption d'innocence. Le débat devient donc un choix entre liberté de la presse et présomption d'innocence. La presse est-elle libre de bafouer la présomption d'innocence ? Si elle n'est y plus tenue, reste-t-il une quelconque présomption d'innocence ? Comme toujours, la liberté des uns s'arrête là où s'arrête celle des autres. En promouvant ces deux principes, on tire sur les deux bouts d'une seule corde, et à vrai dire, on se montre assez hypocrite. Si l'on doit débattre de ces questions, il serait bon qu'on commence par reconnaître l'antagonisme de ces grandes valeurs.

lundi 9 juillet 2012

Comment faire un nationalisme européen

Les fédéralistes européens se heurtent fréquemment à un obstacle de taille : il n'y a pas de nation européenne. Alors que nous nous sommes habitués au cadre de l'Etat nation, les citoyens des pays européens n'ont pas vraiment conscience d'avoir l'avenir en commun. Pire, dans plusieurs pays, dont la France, le nationalisme représente un mouvement important, parfois encore en progression. "Le patriotisme, c'est l'amour de son pays, le nationalisme, c'est la haine des autres pays" dit-on. L'Europe est bien placée pour connaître tous les effroyables dégâts, elle en a payé les conséquences dans deux guerres mondiales qui se sont déroulées sur son territoire. Le nationalisme s'est développé au XIXème siècle. A l'époque, les choses semblaient en apparence plus calmes, mais le long mouvement de formation des nations était comme un marmite qui bouillait de plus au plus, jusqu'à finalement exploser.

La formation d'une nation ne passe heureusement pas forcément par la désignation d'un ennemi à combattre, justifiant que l'on se regroupe comme un peuple uni. Mais l'artifice a été employé par des idéologues apprentis sorciers dans de nombreux cas. En France, pour les révolutionnaires, les nobles, d'abord français, puis étrangers, ont représenté un bouc émissaire justifiant un pays uni, centralisé, au delà des particularismes régionaux. En Grèce, la lutte contre les Ottomans turcs a été le mouvement historique permettant d'arriver à l'indépendance. En Italie, l'unification d'un pays morcelé s'est faite contre la domination autrichienne, dont l'origine remontait pourtant à Charlemagne. Et l'Allemagne divisée a même trouvé en la France un adversaire de circonstance permettant de justifier la création du second Empire allemand en 1871.

Est-il impossible qu'il y ait des nationalistes européens ? Posons la question sous d'autres termes : s'il y avait des nationalistes européens, comment feraient-ils pour lancer un mouvement populaire attisant les passions, menant à l'unité à travers la confrontation contre un adversaire plus ou moins justifié ? Eh bien quand on voit les nationalistes de chaque pays européen, on ne peut évidemment pas dire qu'ils soient très favorables à la construction européenne. Mais un autre de leurs points communs est leur rejet de l'Islam, vue comme une menace pour leurs valeurs nationales individuelles.

L'Histoire est bien sûr instrumentalisée par les nationalistes de tous poils. Et à travers les habituelles simplifications souvent abusives, d'un point de vue historique, les musulmans se retrouveraient facilement à être désignés comme les adversaires séculaires des Européens dans leur ensemble. Les nationalistes présenteraient alors les invasions sarrasines et mahométanes comme un mouvement global contre lequel les Européens se seraient illustrés. La bataille de Poitiers de 732, où Charles Martel porte le coup d'arrêt à l'expansion musulmane dans l'Europe de l'ouest est déjà assez célèbre. L'Espagne mettra des centaines d'années à opérer la reconquête jusqu'au bout de l'Andalousie. Dans l'Europe du sud est, la chute de Constantinople de 1453 est emblématique de la poussée ottomane dans cette région, et est suivie de deux siècles de conflits avec le Saint Empire Romain Germanique. La bataille de Vienne de 1683 est le pendant de la bataille de Poitiers.

Alors que la religion musulmane prenait de l'ampleur autour de la Méditerranée, les royaumes occidentaux ont tenté ce qui peut s'apparenter à des contre offensives, les croisades. Mais alors que les papes appelaient régulièrement à des croisades, d'abord au Proche Orient, ensuite pour secourir l'Empire byzantin attaqué, les rois de l'Europe de l'ouest préféraient guerroyer les uns contre les autres. Cette désunion pourrait alors être présentée comme un facteur nuisible à l'Europe et à ses intérêts, surtout face à un défi commun.

Dans un tel cadre, le principal élément "unificateur" de l'Europe se trouverait donc être la religion chrétienne, ou au minimum la culture chrétienne. On comprend mieux le débat qu'avait provoqué la possibilité d'inscrire la référence aux "racines chrétiennes de l'Europe" dans le Traité Constitutionnel Européen au moment de son élaboration. Alors que tout débat autour de l'Islam est plus que jamais hautement inflammable, et que l'avenir des pays musulmans autour de la Méditerranée reste incertain, le terrain est probablement propice pour ce genre de mouvement explosif. Il faut donc faire attention : jusqu'à présent, il n'y a pas eu de liaison entre les différents nationalismes "nationaux" des pays Européens. Et pour cause, puisqu'ils sont trop occupés à servir de boucs émissaires les uns aux autres. Mais si un jour ils se trouvent un bouc émissaire commun, le problème du nationalisme changerait totalement de dimension.

samedi 7 juillet 2012

La parabole des Tuileries, démonstration bidon

En mars dernier, le site d'actualité LeMonde.fr publie une vidéo intitulée La parabole des Tuileries, censée nous expliquer en quoi les "mécanismes économiques à l'œuvre dans le champ culturel se distinguent des règles courantes" et comment l'intervention publique dans la culture favorise la croissance. La voici :


C'est avec ce genre de propos que l'on peut définitivement se convaincre que l'économie est loin d'être une science. Cette vidéo n'a été conçue non pour présenter le résultat d'une démonstration, mais pour présenter une conviction, dont la démonstration est un échec. Reprenons : au début, on nous parle de l'utilité marginale décroissante des biens et des services. L'exemple de la limonade est pertinent, tout va bien. Cela se complique après. Avoir soif est quelque chose qui est arrivé à la plupart d'entre nous en plein août, mais qui peut dire que les situations suivantes se présentent aussi fréquemment ?

En l'occurrence, la vidéo affirme des choses qui n'ont rien d'établies. A force d'écouter Schubert, c'est comme pour tout, au bout d'un moment, on en a marre. Il n'y a pas d'utilité marginale croissante en matière de musique, ou même de culture. Ecouter un morceau de musique ne donne pas forcément davantage envie d'écouter le suivant qu'auparavant. Un tel mécanisme relèverait du produit addictif, et ce serait le modèle économique le plus rentable au monde (celui des drogues dures). Ce n'est pas le cas du domaine de la culture.

La plupart des gens n'auront pas acheté de CD au quatuor jouant en plein air, et la plupart des gens n'a pas découvert non plus Schubert à travers un cours de musique au collège. L'Etat n'est pas indispensable pour amorcer la découverte culturelle. La musique contemporaine, les films ou les jeux vidéos sont des produits considérés culturels qui se vendent et deviennent populaires sans que l'Etat n'ait besoin d'en faire la publicité directement.

Cette démonstration ratée se poursuit par une rencontre avec des touristes. La vidéo affirme "Vous êtes Français, et cela vous procure d'emblée un capital de sympathie gigantesque". Eh bien avec ce genre d'affirmations, on comprend mieux pourquoi les étrangers, les Français sont surtout connus pour leur arrogance. Si la France est un beau pays, le capital de sympathie pour les Français est loin d'être aussi élevés que cette vidéo semble le croire. On nous explique ensuite que c'est l'Etat qui nous a "offert" ce "prestige" à grands coups de subventions. Parmi les exemples de cette culture française dont on profite en indiquant le chemin aux touristes, apparaissent :
  • la cuisine française, qui repose sur l'activité de restaurants, entreprises privées
  • les vins, provenant d'exploitations viticoles, entreprises privées, peut-être subventionnés par la PAC actuellement, mais celle-ci est loin de relever d'une politique culturelle
  • la littérature "libertine", illustrée à travers les ouvrages du marquis de Sade. Les écrits de l'auteur n'ont pas été aidés de quelconques subventions, de la part de la puissance publique, ils lui ont plutôt valu de longues années de prison.
Au final, le lien entre subventions et attractivité de la France n'est pas prouvé, en dehors du simple entretien du patrimoine.

La vidéo poursuit "Auriez-vous fait tous ces achats si à deux pas de vous ne se trouvait pas un espace public qui valait qu'on s'y attarde ?" Pour commencer, le commun des mortels n'aurait pas fait tous ces achats, même en étant au jardin des Tuileries. Ensuite, pour les Parisiens, ce jardin est un parc et non un endroit de culture. Mais tout cela n'a qu'un seul but : nous assommer avec l'effet multiplicateur, mécanisme keynésien qui dit que tout argent injecté dans l'économie par l'Etat démultipliera les créations de richesses au fur et à mesure qu'il circulera. C'est l'idée favorite de tous les avocats de l'Etat Providence, mais qui dans la réalité, est loin d'être aussi systématique. Cet argent peut être épargné, mais également utilisé pour des importations, ce qui au final, sera d'une faible utilité pour l'économie local dans l'immédiat. Généralement, cela permet surtout tous les gaspillages d'argent public.

Pour finir, la dépense publique dans la culture ne peut être systématiquement qualifiée d'investissements. Mais c'est sûr, cela sonne mieux, et ne donne pas l'impression que cet argent est définitivement perdu. Plutôt qu'un cours d'économie, cette vidéo est bien évidemment une opération de communication qui ne satisfera que ceux qui étaient déjà convaincus que l'Etat devait mettre de l'argent dans la culture. Ce même raisonnement sert à subventionner tout et n'importe quoi, c'est d'ailleurs ce que fait l'Etat de nos jours, avec les résultats navrants que l'on sait. La réalisation de la vidéo a bénéficié de l'aide du "Forum d'Avignon", association visant à lier culture et économie, soutenue par le ministère de la culture. Il s'agit donc pour le ministère de défendre sa raison d'être et son budget. Cela tombe à l'eau...

mardi 3 juillet 2012

Jeune et frontiste

Dans les deux semaines qui ont suivi le 21 avril 2002, la France a assisté de très vastes manifestations de gens en colère après l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Ils étaient en très grande partie constitué de jeunes, lycéens et étudiants qui voulaient montrer leur rejet d'une extrême droite qui n'avait jamais connu un aussi bon résultat électoral. Dans les universités, ils n'étaient pas rares que les professeurs transforment les amphithéâtres en lieu de mobilisation, expliquant aux jeunes que cela devait leur servir de leçon, qu'ils devaient aller voter, parce que les retraités qui votent pour le Front National, eux, seront toujours assidus à l'isoloir. D'une manière générale, le choc était très grand, et ce d'autant plus qu'il n'avait pas vraiment été précédé d'avertissement, peu de gens s'exprimant pour revendiquer leur vote FN.

Dix ans plus tard, lors de la dernière campagne présidentielle, un sondage trouve un grand écho médiatique au début d'avril dernier. Il place Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour chez les 18-24 ans. Alors certes, ce n'est qu'un sondage parmi des dizaines d'autres, et un sondage CSA qui plus est. Néanmoins, cela permet de réaliser que la jeunesse n'est pas autant hostile au Front National qu'on le croit habituellement. C'est surtout un effet d'optique. En 2002 aussi, une partie de la jeunesse a voté pour le candidat du FN. Le vote FN y était certes sous-représenté par rapport au score global, mais il était quand même tout à fait significatif. Pendant ce temps, les jeunes qu'ont voit défiler dans la rue sont ceux qui déjà clairement marqués à gauche. Les activistes des facs sont toujours les mêmes, et finissent par ressembler à une caricature qui perdure d'une génération à l'autre. Pendant qu'on prend notre temps à les regarder (car ce sont les plus démonstratifs), on en oublie d'observer ceux qui ne disent rien, soit la vaste majorité qui forme la France de demain.

Et c'est assez logiquement en fin de compte que l'on constate que toutes les opinions politiques y sont présentes. Cela veut donc dire celles du FN aussi. A la suite de ce sondage, Le Monde a publié un article sur des jeunes de provinces qui comptaient voter pour Marine Le Pen. Leurs témoignages sont assez terre à terre : ils en ont marre de l'insécurité dont ils sont fréquemment les victimes, et ont le sentiment qu'on laisse développer un système communautaire qui au final, les laisse sur le bord de la route. A les écouter, on comprend bien que le mélange multiculturaliste ne fonctionne pas.

Après le deuxième tour, l'auteur d'un blog d'extrême droite a écrit une sorte de manifeste où il se sert de son parcours personnel pour expliquer comment on pouvait être électeur FN. Il a une vingtaine d'années, a grandi dans un milieu populaire, et était de gauche pendant son adolescence. Il faisait justement partie de ceux qui ont manifesté après le 21 avril 2002. Il explique comment sa vie a été marquée par les agressions, commises par d'autres jeunes, issus de l'immigration. Les cibles, c'est ceux qui n'en étaient pas issus. Sans entraîner l'adhésion, son texte permet au moins de comprendre comment on peut passer de la gauche à l'extrême droite. D'abord, il y a le ressentiment de sentir ce qui était un monde, des valeurs strictement morales s'échapper. Ensuite, il y a un autre ressentiment, celui d'avoir l'impression que l'on est tenu pour rien du tout, que cette souffrance est niée, son droit à s'exprimer combattu. Ce blogueur a la même agressivité verbale que les dirigeants du FN. Mais on sent que cette agressivité verbale vient en reflet de celle qui combat ce qu'il a à dire.

La xénophobie étant considérée comme un mal certifié de notre société, vouloir le combattre apparaît comme une mission héroïque pour beaucoup de gens. Ceux qui ont des opinions vues comme "non républicaines" subiront donc tout l'éventail rhétorique possible : culpabilisation, insultes, caricature, moquerie, rejet par principe, mise sur la touche... Pour résumer : "pas de tolérance envers l'intolérance". Et alors qu'on trouvera facilement des sympathisants d'extrême gauche pour s'exprimer haut et fort sur ses idées, celui d'extrême droite préférera ne rien dire. Mais ce n'est pas parce qu'il n'est pas audible qu'il n'en pensera pas moins. Au contraire, ce sentiment d'être rejeté ne fera que l'énerver davantage, et au final, cela renforce l'extrême droite.

L'extrême droite ne s'éteindra pas avec un changement de générations. Une partie de la jeunesse se tourne vers elle car elle rejette l'évolution du monde actuel. Alors, plutôt que de l'invectiver, il faudrait surtout s'atteler à ce que ses observations ne soient plus d'actualité.

dimanche 1 juillet 2012

Pour vos vacances, allez en Grèce !

En Grèce, rien n'est réglé. Le pays croit encore avoir le luxe de se permettre des crises politiques, ce qu'on a vu avec des élections législatives qu'il a fallu refaire après avoir constaté qu'elles n'avaient pu porter une majorité au pouvoir. D'un côté, l'exaspération pousse les Grecs à voter pour des partis extrémistes. De l'autre, ils continuent de croire qu'ils traversent certes une grave crise économique, mais qu'elle n'est pas pire qu'ailleurs. En fin de compte, ils continuent de croire qu'ils peuvent avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est à dire continuer à avoir l'euro comme monnaie, mais sans passer par les (très dures) réformes imposées par les bailleurs de fonds internationaux. Ces dernières décennies, ils ont connu une forte croissance et même une certaine prospérité en vivant à crédit. Ils peinent à comprendre que c'est tout une philosophie de vie qui doit changer.

La France n'est pas fort bien placée pour donner des leçons à la Grèce, vu qu'elle a les mêmes torts, ils sont simplement un peu moins prononcés. La situation à long terme de la Grèce est encore incertaine, et il lui faut toujours éviter de retourner au tiers monde. Elle n'a pas beaucoup d'industrie, mais elle a au moins une activité économique qui était une force : le tourisme. Seulement, le tourisme est lui aussi gravement handicapé à cause de cette crise économique. Non pas que les touristes aient tellement moins de moyens pour visiter le pays, mais ils semblent en avoir moins envie. Les reportages sur la Grèce sont parfois caricaturaux, et peignent un pays où plus rien ne fonctionne. Ce n'est pas la réalité. Toutes les infrastructures sont intactes, et la capacité de la Grèce a accueillir les visiteurs reste la même par rapport à il y a quelques années. L'accueil des Grecs est extrêmement chaleureux, et il y a de la place dans les hôtels. A vrai dire, l'infortunée désertion du pays par les touristes se voit rapidement dans les salles de restauration des établissements, bien peu occupées par rapport à leur capacité.

Evidemment, les monuments grecs n'ont pas bougé d'un millimètre. C'est un pays qui a une histoire passionnante, et dont l'influence a été primordiale pour le monde entier. Le voyage en Grèce est comme un pélerinage qu'il faut faire une fois dans sa vie, et vu le besoin désespéré des Grecs pour un peu d'activité économique, c'est une excellente idée que de le faire maintenant. Après tout, comme pour tout le monde, il vaut mieux que les Grecs vivent de leur travail plutôt qu'à crédit, et pour les Européens, quitte à donner de l'argent aux Grecs, autant avoir une prestation en contrepartie. C'est donc l'heure d'aller en Grèce !

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