En Grèce, rien n'est réglé. Le pays croit encore avoir le luxe de se permettre des crises politiques, ce qu'on a vu avec des élections législatives qu'il a fallu refaire après avoir constaté qu'elles n'avaient pu porter une majorité au pouvoir. D'un côté, l'exaspération pousse les Grecs à voter pour des partis extrémistes. De l'autre, ils continuent de croire qu'ils traversent certes une grave crise économique, mais qu'elle n'est pas pire qu'ailleurs. En fin de compte, ils continuent de croire qu'ils peuvent avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est à dire continuer à avoir l'euro comme monnaie, mais sans passer par les (très dures) réformes imposées par les bailleurs de fonds internationaux. Ces dernières décennies, ils ont connu une forte croissance et même une certaine prospérité en vivant à crédit. Ils peinent à comprendre que c'est tout une philosophie de vie qui doit changer.

La France n'est pas fort bien placée pour donner des leçons à la Grèce, vu qu'elle a les mêmes torts, ils sont simplement un peu moins prononcés. La situation à long terme de la Grèce est encore incertaine, et il lui faut toujours éviter de retourner au tiers monde. Elle n'a pas beaucoup d'industrie, mais elle a au moins une activité économique qui était une force : le tourisme. Seulement, le tourisme est lui aussi gravement handicapé à cause de cette crise économique. Non pas que les touristes aient tellement moins de moyens pour visiter le pays, mais ils semblent en avoir moins envie. Les reportages sur la Grèce sont parfois caricaturaux, et peignent un pays où plus rien ne fonctionne. Ce n'est pas la réalité. Toutes les infrastructures sont intactes, et la capacité de la Grèce a accueillir les visiteurs reste la même par rapport à il y a quelques années. L'accueil des Grecs est extrêmement chaleureux, et il y a de la place dans les hôtels. A vrai dire, l'infortunée désertion du pays par les touristes se voit rapidement dans les salles de restauration des établissements, bien peu occupées par rapport à leur capacité.

Evidemment, les monuments grecs n'ont pas bougé d'un millimètre. C'est un pays qui a une histoire passionnante, et dont l'influence a été primordiale pour le monde entier. Le voyage en Grèce est comme un pélerinage qu'il faut faire une fois dans sa vie, et vu le besoin désespéré des Grecs pour un peu d'activité économique, c'est une excellente idée que de le faire maintenant. Après tout, comme pour tout le monde, il vaut mieux que les Grecs vivent de leur travail plutôt qu'à crédit, et pour les Européens, quitte à donner de l'argent aux Grecs, autant avoir une prestation en contrepartie. C'est donc l'heure d'aller en Grèce !