Réflexions en cours

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jeudi 29 mai 2008

Le discours de Dakar

Le 26 juillet dernier, le Président de la République française a tenu un discours à la jeunesse sénégalaise dans une Université de Dakar. C'était alors sa première visite vraiment importante en Afrique subsaharienne, et le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'est pas passée inaperçue. Son discours a été fraichement accueilli par le public présent, et a provoqué de vives condamnations de toutes sortes d'intellectuels et de polémistes. Le reproche fait : ce discours serait raciste.

Le mot "raciste" est couperet. Une fois jeté, il qualifie de façon définitive, rejetant dans le mal le plus abject, les pires horreurs et la honte. En fait, il injurie et disqualifie en même temps la personne visée. La facilité du procédé ayant été maintes fois éprouvé, cela fait longtemps qu'il ne sert plus uniquement à caractériser ceux qui croient que des races existent et certaines sont supérieures à d'autres. Il est désormais très commode pour attaquer tous ceux qui sortent d'un discours très codifié, emprunt de commisération. Qu'a dit alors Nicolas Sarkozy dans son "discours de Dakar" ?

Eh bien il a longuement reconnu les torts des Européens dans l'esclavagisme et la colonisation. C'en était même surprenant pour quelqu'un qui s'était jusque là plutôt montré critique envers ce qui est appelé la repentance. Il l'a fait de façon univoque, et a mentionné le lourd héritage que ces pratiques ont sur l'Afrique d'aujourd'hui. Il a également rendu hommage aux soldats venus d'Afrique qui ont combattu pour la France dans ses anciennes guerres. Il a dressé un parallèle entre les Africains et les Européens, en affirmant que les habitants des deux continents disposaient des mêmes qualités, et même de valeurs communes. Il considère également que l'Afrique n'a pas atteint le développement qu'elle mérite, qu'elle n'a pas tout fait pour cela, et qu'elle a la possibilité de changer les choses. Le passé, marqué par la colonisation et l'esclavagisme, ne doit pas être oublié. Mais il ne doit pas devenir une excuse pour l'inaction et faire croire qu'avant ces drames tout était forcément mieux, mettant en relief le fait que les opportunités seraient inéluctablement perdues. Ce n'est pas le cas, et ce qu'à fait Nicolas Sarkozy, c'est d'appeler l'ensemble de l'Afrique à prendre en main son destin.

De très nombreux pays d'Afrique sont dans des situations très difficiles aujourd'hui, alors que le reste du Tiers Monde se développe bien plus vite. Les guerres y sont fréquentes, reproduisant souvent les mêmes schémas : futur dictateur contre dictateur en place, guerres ethniques, élections douteuses... La démographie est trop forte par rapport à la croissance économique. La corruption est un mal qui fait des ravages. Les conséquences sont multiples, à commencer par les famines. Ce que dit Nicolas Sarkozy, c'est que les jeunes d'Afrique peuvent changer ces faits, qu'ils en ont la force. Et que dans leurs efforts, la France sera à leur côté.

Et en disant cela, Nicolas Sarkozy est censé être raciste. Car le discours non raciste aurait été celui consistant à affirmer que absolument tous les malheurs de l'Afrique sont la responsabilité des pays occidentaux, et de se contenter de plaindre les victimes de la misère. L'idée que l'état de l'Afrique tient aujourd'hui plus des actions de l'Afrique elle-même que de la sournoiserie des pays occidentaux serait donc raciste. Voilà un curieux retournement des choses. Car il s'agissait ici d'exhorter des peuples à prendre conscience de leurs grandes potentialités et responsabilités. Alors on peut critiquer le style lyrique du discours, mais le message principal est bien un d'auto-détermination. Et c'est bien ce dont a besoin l'Afrique.

mardi 27 mai 2008

Anti-christianisme en Algérie

L'Algérie semble suivre un chemin douteux actuellement. Deux procès retentissants posent des questions sur l'effectivité de la liberté religieuse de l'autre côté de la Méditerranée. Ainsi, six chrétiens sont actuellement dans l'attente du jugement, le procureur ayant requis deux ans d'emprisonnement pour avoir organisé une messe sans organisation. Aujourd'hui, l'éducatrice Habiba Kouider comparaissait devant le tribunal de Tiaret pour "prêche d'un culte non musulman sans autorisation préalable des autorités", après avoir été interpellée en possession de plusieurs Bibles. Le jugement a été reporté à une date ultérieure pour complément d'information. Ces deux affaires illustrent la méfiance des autorités algériennes envers les religions non musulmanes, qui se traduit dans la loi, et donc dans les jugements. L'apostasie, le fait de renier l'Islam, est semble-t-il de plus en plus mal vue en Algérie. Et il y a un mouvement d'opinion qui vise à la rendre illégale, le Premier ministre Abdelaziz Belkhadem ayant même déclaré que le Coran était la Constitution de la société algérienne.

Il y a heureusement une réaction de la part d'une bonne partie de la population et de la presse algériennes face à ces évolutions. Mais cela ne diminue pas la gravité de cette criminalisation de la chrétienté. Que les cultes soient encadrés par l'État peut tout à fait être envisageable, qu'il y ait des règles particulières pour les religions non-musulmanes devient tout de suite plus limite, que ces règles soient utilisées pour établir une discrimination d'État est largement scandaleux. Visiblement l'Algérie craint les mouvements évangéliques chrétiens qui prennent de plus en plus d'ampleur en Afrique. De peur de voir cette nouvelle forme de protestantisme prendre de l'ampleur, l'évolution est combattue en luttant contre les conversions, et pour ce faire, contre le prosélytisme. A ce niveau là, la liberté de cultes vole en éclat.

Que n'auraient pas dit les pays musulmans si de telles mesures avaient été prises en Europe vis-à-vis de l'influence de l'Islam ? Et avec raison, bien sûr. Dans de nombreux pays, la conversion au christianisme est réprouvée. Les pays laïques ou chrétiens ne s'en émeuvent nullement ou à peine, et c'est peut être ça le plus surprenant.

samedi 24 mai 2008

La réforme des institutions

L'UMP est entrée en grandes négociations pour trouver le nombre suffisant de parlementaires pour voter la réforme institutionnelle voulue par le Président de la République, à la suite du rapport Balladur à ce sujet. Un nombre non négligeables de députés de la majorité ayant de nombreux désaccords avec le texte proposé ne voteront apparemment pas le texte, et l'UMP étant moins en position de force que lors de la précédente législature, la voilà obligée de tenter un arrangement avec une partie des députés de gauche. Cela montre déjà l'ampleur du débat (politique, non citoyen) autour de ce sujet, et présage d'ores et déjà d'un échec : l'absence de consensus dans la réforme des institutions, ce qui est fâcheux pour les réformes importantes non soumises à référendum. Que trouve-t-on alors dans cette réforme ? Eh bien un peu de tout.

On peut commencer avec l'autorisation faite au Président de la République de s'exprimer devant les assemblées. La mesure est symbolique, certains diraient gadget, elle est surtout inspirée par les discours sur l'état de l'Union faits annuellement par les Présidents américains. La limitation du droit de grâce est une bonne chose, même s'il aurait été plus décisif de le supprimer complètement. De même, le contrôle du parlement sur les nominations va dans le sens d'une plus grande démocratie. L'interdiction du cumul des fonctions de membre du gouvernement avec un poste de maire de commune de plus de 20 000 habitants ou de conseil général ou régional est une mesure assez faible. En limitant a minima le cumul des mandats, un domaine où Nicolas Sarkozy n'a pas montré l'exemple, on oublie de supprimer le cumul des mandats des parlementaires, alors que c'est tout aussi nécessaire.

La quasi abolition du 49-3 n'explique pas comment doivent être gérés les amendements "copiés collés", déposés par dizaines de milliers lorsque l'opposition manque d'imagination dans le débat. La refonte du Conseil Supérieur de la Magistrature est plutôt trouble, ne répondant pas à la question de la source de la légitimité du pouvoir judiciaire. Le contrôle a posteriori de la constitutionnalité des lois ne se justifie pas, il existe d'ores et déjà un contrôle possible par le Conseil Constitutionnel lors de la création de la loi, cette nouvelle possibilité ne ferait qu'augmenter les possibilités de manœuvres politiques. Chaque loi serait soumise à une épée de Damoclès, au gré des contingences politiques. Bon nombres des autres dispositions visent à renforcer les pouvoirs du parlement. Mais la question la plus importante est de savoir quels changements de pratiques politiques suivront ces changements institutionnels.

L'examen de la réforme institutionnelle a commencé à l'Assemblée, et les députés ont visiblement bien compris le caractère "fourre tout" de la réforme, puisqu'ils y casent au passage la reconnaissance des langues régionales, voire peut être le respect de la parité professionnelle, comme si un tel sujet avait à se retrouver dans la Constitution. Il y a déjà d'innombrables lois contre la discrimination fondée sur le sexe dans la vie professionnelle, mais l'adoption de tels amendements doivent donner aux députés l'impression d'agir. Mais pendant ce temps-là, les médias ignorent les deux points les plus graves de cette réforme :

Le premier est le retour automatique à l'Assemblée des membres du gouvernements venant d'en être virés, s'ils étaient députés à l'origine. Voilà bien une loi taillée sur mesure pour les politiciens professionnels soucieux de leur intérêt personnel. Cela leur permet de limiter au maximum leur prise de risque lorsqu'ils ont le plaisir de s'embarquer pour une petite aventure ministérielle, vu qu'ils auront toujours un mandat au chaud à leur retour, cette fois, sans risquer une élection partielle. Que se passe-t-il pour celui qui vient de la société civile ? Il n'est pas interdit de passer du statut de simple employé à celui de ministre, mais pour cela, il faut perdre son emploi sans avoir la garantie de le retrouver à la sortie. Le système politique actuel privilégie déjà outrageusement les fonctionnaires et les professions libérales, que l'on retrouve en très grande majorité aux assemblées. Alors que la population active est constituée majoritairement d'employés du secteur privé, tout est fait pour les éloigner des responsabilités politiques. Sur ce point-là, le personnel politique donne malheureusement l'impression de se préoccuper en priorité de lui-même.

L'autre grave problème de cette réforme est encore plus scandaleux. Il vise à supprimer le référendum automatique à propos de l'entrée de nouveaux membres dans l'Union Européenne, qui avait été adopté il y a moins de cinq ans par la même majorité. De ce fait, l'entrée de la Turquie sera grandement facilitée, malgré les promesses présidentielles de Nicolas Sarkozy. La conséquence directe sera tout simplement l'anéantissement de la possibilité d'une Europe politique, et l'évanouissement de cinquante ans de construction européenne. Faire perdurer les négotiations avec la Turquie est de toute façon une faute manifeste en cours. Faciliter cette adhésion permettra surtout à l'Europe de creuser sa propre tombe plus rapidement. Les reculs à ce sujet de la part de Nicolas Sarkozy et de l'UMP est non seulement un non respect des électeurs, mais aussi une décision lourde de conséquences pour l'avenir.

A ce titre, on peut se demander s'il était vraiment nécessaire d'entreprendre une réforme institutionnelle si vaste et si disparate, laissant passer dans ses recoins de vraies mauvaises idées. N'y avait-il pas plus urgent, parmi les textes à adopter ? Il vaut mieux avoir des institutions stables que de les "tripatouiller" à chaque législature, en fonction des marchandages politiques. Mais il n'est pas trop tard, et la France pourrait bénéficier d'un rejet de cette réforme.

mercredi 21 mai 2008

Le football n'est pas raciste

Aujourd'hui, le journaliste Jean-Yves Guérin était interrogé sur Europe 1 pour la sortie de son livre "Noirs en bleu". Si le titre permet un jeu de mot, le sous-titre "Le football est-il raciste" explicite grandement le contenu de l'ouvrage, puisque si celui-ci répondait par la négative à la question, celle-ci ne se serait pas posée de cette façon. Et voilà donc le football accusé d'être raciste, les grands mots sont facilement sortis. Dans son entretien radiophonique, l'auteur avoue qu'avec sept noirs sur onze joueurs le soir de la finale de l'équipe de France, "tout va bien", c'est une réussite. Par contre, du côté des entraineurs et des dirigeants, il manquerait encore des représentants des minorités visibles. Sans le dire, le milieu du football ne ferait pas de place en dehors de terrains aux joueurs noirs. La preuve, assène l'auteur, Bernard Lama, ancien grand joueur du PSG et champion du monde en 1998, ne trouverait pas de club à entraîner alors que Didier Deschamps et Laurent Blanc sont devenus des entraîneurs emblématiques. Mais qu'à cela ne tienne, Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnelle, est partisan de la discrimination positive pour qu'il y ait plus d'entraîneurs issus des minorités visibles.

Un tel livre est surprenant. Le raisonnement est même complètement ahurissant. N'importe qui regardant n'importe quel match de football professionnel pourra constater de ses yeux que les minorités visibles sont très bien représentées dans le football, et qu'aucune équipe n'a de problème à travailler avec des joueurs de n'importe quelle couleur. Certaines personnes se sont mêmes émues que l'équipe de France de football n'était plus représentative de la société française, la minorité visible y étant devenue blanche. Les hooligans vraiment racistes sont bien obligés de soutenir des joueurs provenant de n'importe quel horizon, à moins d'être amenés à quitter les stades. La tendance est somme toute récente : si en France, de nombreux joueurs ont souvent eu des origines immigrées, ce n'est qu'au cours des dix dernières années que les minorités visibles sont devenues aussi prépondérantes dans les équipes de football. La génération active actuellement n'a pas encore passé de brevets d'entraineurs.

Le fait qu'il n'y a pas de mauvaise représentation, et donc aucune preuve de discrimination. L'auteur avance qu'il n'y a actuellement qu'un seul président de club et un seul entraîneur noirs en Ligue 1. Un seul pour chacune de ces fonctions ? Mais étant donné qu'il y a vingt clubs en Ligue 1, cela fait 5 %. C'est déjà plus que la proportion de noirs dans la population française, qui, d'après une étude réalisée par Tns-Sofres commandée par le CRAN, est de 4 %. Voilà un élément qui a tendance à être oublié, pour de nombreuses personnes, les minorités visibles seraient sous-représentées dans de nombreux compartiments de la société, alors que souvent, c'est l'importance quantitative de ces minorité visibles qui est sur-estimée dans les esprits de ceux qui font ce genre de reproche. Faut-il alors nécessairement qu'il y ait 7/11ème des postes qui soit occupé par des minorités visibles dans tel ou tel métier pour qu'enfin, on se satisfasse de la représentativité ainsi réalisée, et que l'on considère que la situation n'est plus une preuve de racisme ? A force de chasser le racisme de façon obsessionnelle, les tenants de ce combat finissent par le voir partout, sans commune mesure avec la réalité.

Et pour en revenir à Bernard Lama, celui-ci a certes été un grand joueur, mais pas du calibre que Didier Deschamps ou Laurent Blanc. Quand Bernard Lama n'a pas disputé une seule minute de la coupe du monde qu'il a remporté, les deux autres étaient respectivement capitaine et vice-capitaine de l'équipe de France. Bernard Lama n'est pas victime de discrimination, mais vit seulement le quotidien des entraîneurs. André Boghossian et Lionel Charbonnier aussi ont été champions du monde avec les bleus en 1998 et n'entrainent pas de grands clubs. Laurent Blanc aussi a passé plusieurs années sans club avant d'entraîner les Girondins de Bordeaux. Bernard Lama n'est tout simplement pas victime de discrimination.

Et d'ailleurs, il est curieux d'entendre l'auteur affirmer que la France est plus raciste que les autres pays d'Europe, alors que ceux-ci se démarquent par l'absence de joueurs provenant de minorités visibles dans leurs équipes nationales. Il n'y a pas que la France qui reçoive des flux d'immigrés, mais en Italie, en Allemagne, en Espagne ou en Italie, les équipes sont quasiment totalement blanches. L'auteur affirme que ce serait la preuve que ces pays font davantage de places aux minorités visibles dans le reste de la société, notamment dans les médias ou le monde économique. Mais de qui parle-t-on ? Les voisins de la France n'offre pas plus de place qu'elle aux minorités visibles dans le patronnat. La rhétorique déployée ici, c'est surtout de s'en prendre à bon compte à la France avec des accusations aussi violentes qu'injustifiées. Nul doute que cela assurera aux auteurs du livre de nombreux passages médias, mais ils font certainement plus partie du problème que de la solution.

lundi 19 mai 2008

Reaganomics !

Pendant toute la campagne des primaires républicaines aux Etats-Unis, la référence aura été Ronald Reagan, un Président aujourd'hui vu comme populaire, dont la victoire écrasante sur Walter Mondale en 1984 lors de sa réelection illustre le succès de sa politique et l'appui de celle-ci par les Américains. Pour autant, tout n'a pas toujours été facile pour Ronald Reagan : en 1976, il avait tenté de ravir la nomination républicaine au Président sortant, mais sans légitimité populaire, Gerald Ford. Les primaires furent difficiles, s'étirant jusqu'à la Convention. Lors de la couverture de celles-ci, les télévisions françaises qualifiaient Ronald Reagan de candidat de l'extrême droite, du fait de son libéralisme économique et de son hostilité envers les soviétiques. Gerald Ford gagna la nomination, mais perdu l'élection présidentielle. Son successeur, Jimmy Carter, fut battu à son tour par Ronald Reagan en 1980, après avoir enfin obtenu la nomination républicaine. Et avant d'écraser Walter Mondale en 1984, Ronald Reagan dut faire face à la perte de sièges républicains au Congrès en 1982. Il n'était donc pas si populaire que ça deux ans après son arrivée.

Mais la force de Ronald Reagan fut d'arriver à faire la synthèse sur le long terme des trois grandes familles de pensée des républicains. Il était farouchement conservateur et favorable aux valeurs prônées par la religion chrétienne. Il agissait pour les intérêts américains dans la géopolitique internationale en adoptant une stratégie particulièrement ferme face à l'URSS, ce qui constituait la doctrine des néo-conservateurs d'alors. Enfin, il martelait sans cesse ses convictions libérales, voulant des réductions d'impôts et la généralisation du laissez-faire en matière économique, une politique qui fut baptisée du nom de reaganomics.

Ronald Reagan avait ainsi des conceptions économiques proches des économistes libéraux et monétaristes. Son leitmotiv était issu de la courbe de Laffer, c'est à dire qu'il pensait qu'en réduisant les taux d'imposition, la création de richesse allait augmenter, guidée en cela par l'intérêt personnel, et qu'en conséquence, l'augmentation des recettes fiscales issue de cette augmentation de la création de richesse allait dépasser les baisses issues directement de la baisse des taux. Il considérait également qu'un gouvernement sain n'était pas en déficit, en préconisait de baisser le niveau de dépenses de l'administration fédérale. Dans son esprit, telle serait la voie de la croissance économique américaine. Et sa présidence a particulièrement bien correspondu à la décennie des années 80, qui étaient marquées mondialement par le libéralisme et la déréglementation.

Cette synthèse américaine est toujours d'actualité aujourd'hui. Les trois idéologies la composant peuvent toutefois s'en écarter. Les conservateurs chrétiens peuvent parfois sembler indifférent à la politique économique mise en place. Les néo-conservateurs veulent une armée forte, et donc coûteuse, ce qui nuit aux finances publiques. Les libéraux peuvent aussi avoir des considérations sur les thèmes de sociétés, ne voyant pas de problème à des choses comme le mariage homosexuel. Mais le libéralisme de Ronald Reagan est purement économique et non sociétal. Et du reste, la volonté de réduire les dépenses a bien failli suite à l'augmentation des dépenses militaires, ce qui a fait croitre le déficit public américain vers de nouveaux records. Sa réduction des impôts financée par l'augmentation du déficit lui valut même d'être considéré comme un keynésien par quelques économistes.

Son successeur, George H. W. Bush, fit face à une grave crise économique, et l'augmentation des impôts qu'il mit en œuvre fut très impopulaire et lui couta sa réélection en 1992. Mais un grand nombre d'Américains restent nostalgiques de Ronald Reagan, après une présidence de George W. Bush. L'administration de celui-ci est composée de membres de chacune des trois familles de pensée, mais il ne semble pas y avoir de personne arrivant à adhérer pleinement aux trois à la fois. En comparaison, Ronald Reagan reste l'homme de la synthèse.

vendredi 16 mai 2008

La chance du multilinguisme

Au sein des institutions européennes, l'anglais semble prendre un poids de plus en plus important. Par un souci de qualité d'expression dans la langue anglaise, les porte-paroles sont souvent choisis en fonction de leur langue maternelle, assurant une forte représentation des Britanniques au sein des institutions. Même à la Banque Centrale Européenne, institution à laquelle le Royaume-Uni ne participe pas, il n'est pas rare de voir "English: native speaker" comme l'une des conditions d'embauche. Nombreux sont ceux qui, en France, regrettent cette domination de la langue anglaise, et y voient une preuve de la perte d'influence des cultures nationales face au rouleau compresseur anglo-saxon. Il est vrai que d'une manière générale, dans le monde des affaires, les milieux scientifiques ou même la plupart des communautés mondiales, l'anglais a bel et bien une place à part, car il y a un vrai avantage pratique à ce qu'une seule langue suffise à être apprise pour communiquer avec le monde entier.

Seulement, cela se transforme en un vrai problème lorsque parler cette langue avec l'aisance d'une langue maternelle devient obligatoire, là où "communiquer" est l'objectif premier. De même, il n'est pas normal que les Britanniques ou les Américains se sentent dispensés d'avoir à apprendre une langue étrangère, partant du principe que tout le monde parlera leur propre langue. Il ne peut en découler qu'un sentiment de supériorité qui ne forme pas les conditions d'une relation sereine et fertile. En découvrant de nouveaux pays, le voyageur comprend que la condition de la découverte est un véritable échange, un échange qui est largement facilitée en parlant la langue locale.

Les pays de l'Union Européenne ne doivent ni laisser chaque peuple parler qu'une seule langue, forçant des traductions tout azimuts, ni laisser s'imposer une langue unique. La véritable chance pour les peuples d'Europe est de parler plusieurs langues, multipliant ainsi les opportunités. Le multilinguisme est donc la solution naturelle aux questions de langue en Europe, c'est une qualité que l'on n'acquiert certes pas en claquant des doigts, et qui ne peut être répandue instantanément. Voilà pourquoi il faut favoriser dès maintenant le plus possible ce multilinguisme dans l'apprentissage des langues étrangères dans chaque pays d'Europe, y compris dans ceux qui s'en croient dispensés.

mardi 13 mai 2008

La foire du congrès du PS

Après l'avoir promis dès son échec aux élections présidentielle, le Parti Socialiste tiendra son congrès en novembre prochain. L'exercice constitue la grande spécialité du PS, et représente une séquence très codifiée suivie par l'ensemble des adhérents. D'abord, les différentes personnalités souhaitant intervenir lancent des "contributions". Des tendances idéologiques se dessinent, et les différents courants du Parti lancent alors des motions, qui sont mises aux voix. Chaque courant peut ainsi constater son poids respectif selon le succès de sa motion, et le congrès sert ensuite à faire la "synthèse" des différentes motions, ce qui revient à essayer de concilier l'inconciliable. Un premier secrétaire du Parti est issu du congrès, et les très nombreux postes de la direction sont attribués à peu près au pro-rata du poids des différents courants. Le congrès n'est donc pas l'événement que d'un week-end, mais dure en fait des mois avec toutes les manœuvres et les "débats" de préparation.

François Hollande était très fort à cet exercice. Sa longévité au poste de premier secrétaire était due au fait qu'il représentait le plus petit dénominateur commun, la plupart des éléphants préférant le laisser en place plutôt que de s'écharper pour le remplacer. Au cours des onze dernières années, François Hollande a surtout réussi les plus improbables synthèses grâce à sa capacité à affadir les idées et à en retirer toute ambition, pour arriver à des consensus n'enthousiasmant personne mais ne fâchant pas davantage. Cette méthode est bien entendu l'une des origines des échecs du Parti Socialiste en 2007, le parti étant arrivé à ces élections sans réel corpus idéologique.

Mais cette fois-ci, François Hollande a annoncé qu'il ne resterait plus au poste après le prochain congrès. Certains présidentiables comme Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë y voient une opportunité pour sécuriser un poste influent dans la nomination du candidat aux prochaines présidentielles, déjà. D'autres préfèrent miser sur le retour du consensus mou pour éviter les affrontements, envisagés avec crainte depuis le congrès de Rennes en 1990. Tout ce beau monde est donc parti pour s'affronter dans les journaux à coups de grandes idées et de petites phrases, et chaque personnalité viendra principalement défendre sa propre ambition personnelle. On peut donc s'attendre à ce que ce soit à nouveau une grande foire d'empoigne, un fourre tout idéologique comme lors des précédentes éditions.

Les congrès du PS de 2003 et 2005, à la suite des défaites à la présidentielle de 2002 et du référendum européen, n'avaient rien donné. A chaque fois, les défaites du PS n'ont pas été expliquées, François Hollande se remettant en selle grâce à des victoires électorales locales due au rejet de la majorité. Cela pourrait être à nouveau le cas cette fois-ci. Mais ce n'est pas souhaitable. Il est largement temps que le Parti Socialiste évolue, adopte une nouvelle doctrine débarrassée de son de marxisme, quitte à provoquer le départ de ceux qui veulent donner mauvaise conscience à ce niveau-là, comme Jean-Luc Mélenchon. Pour avoir une action positive lorsqu'il sera de retour au gouvernement, pour parler clairement aux électeurs lors des prochaines élections, le Parti Socialiste doit adopter une nouvelle vision du monde, acceptant pleinement le capitalisme, comme l'a fait le Labour en Grande Bretagne. Bien que rempli de dangers, ce congrès est bel et bien une chance pour le Parti Socialiste.

Photo : Sipa

vendredi 9 mai 2008

Le statut des journalistes

L'AFP s'émeut bruyamment que Nicolas Sarkozy ait osé la critiquer lors d'une réception des députés de la majorité à l'Élysée. L'objet de la polémique est la non diffusion par l'agence d'un communiqué de l'UMP concernant la condamnation de Ségolène Royal. L'opposition a aussitôt rebondi sur le sujet, s'en prenant aux atteintes à la liberté de la presse qui seraient selon elle commise par le Président et le gouvernement. Le couplet de la démocratie en danger a été une fois de plus joué en réaction totalement disproportionnée avec l'événement initial. La liberté de la presse est une conséquence directe de la liberté d'expression. Chaque journal, chaque média, chaque agence de presse peut librement publier les nouvelles et les opinions qui lui conviennent. Mais si la presse bénéficie de la liberté d'expression, pourquoi en serait-il autrement de la part des hommes politiques ? Un responsable de la majorité n'aurait ainsi plus le droit de dire ce qu'il pense de la presse, à moins d'être immédiatement accusé de pressions politiques ? En l'occurrence, il ne s'agit pas d'un simple responsable de la majorité, mais du Président de la République. Si la charge est importante, l'élection ne lui a pas ôté le droit de s'exprimer comme il l'entend. De la même façon que l'AFP est libre de sélectionner les informations qu'elle diffuse en fonction de sa ligne politique, les personnalités politiques peuvent librement répondre à la presse.

La liberté de la presse n'est pas menacée. Ce constat est facile à faire, il suffit de regarder la production française. Il n'y a aucune disposition juridique qui empêche la création d'un nouveau journal, en format papier ou en ligne, et les titres se créent. La diversité des opinions est grande dans la presse française, et ceux qui croient que le pouvoir politique étouffe le pouvoir journalistique oublie tout simplement de regarder autour d'eux le nombre impressionnant de publications hostiles au gouvernement en place. Un hebdomadaire comme Marianne peut titrer autant qu'il veut sur la soumission des médias, son existence même est une preuve de la fausseté de cette thèse.

Il y a pourtant bien quelques mesures qui font dépendre les journaux et les journalistes de l'État. Il s'agit en premier lieu des aides à la presse, qui regroupent toute une gamme de soutiens directs (flux financiers) et indirects (tarifs privilégiés, TVA réduite) à des journaux. Ce genre de mécanisme n'est pas sain, et représente une menace sur l'indépendance éditoriale rarement évoquée, contrairement aux questions de possession du capitale, dans la mesure où cela peut être un mécanisme de pression direct du gouvernement envers les journaux.

Un autre sujet est tabou dans la presse française, et il s'agit là d'une omerta maintenue dans le but de préserver des intérêts catégoriels. Le statut des journalistes leur accordes des privilèges fiscaux qui ne sont plus justifiés depuis longtemps. Un journaliste peut ainsi déduire 7 650 euros de ses revenus imposable dans le calcul de ses impôts, du seul fait qu'il exerce cette profession. Voilà une niche fiscale que le gouvernement serait bien inspiré de supprimer, au nom de l'équité entre les Français. Alain Juppé, Premier ministre en 1996, avait bien tenté d'y mettre fin de façon progressive (sur cinq années). Il avait alors du faire face à un conflit mené par l'ensemble de la profession pour la défense de ses privilèges, invoquant la liberté de la presse pour conserver un avantage acquis injustifié et coûteux pour la collectivité. A l'époque, un bon nombre de journalistes étaient même fiers de menacer de boycott médiatique les députés se prononçant pour une telle mesure. Cela démontrait la haute opinion de la mission d'information que ces personnes avaient.

Aujourd'hui, rien n'a changé. La presse est bien menacée, non pas par le pouvoir politique qui restera encore pour longtemps "interdit" de dire quoi que ce soit sur les journalistes, mais par une situation économique difficile. Pour autant, les titres de presse ne se remettent pas en cause, refusant ainsi de comprendre ce qui leur a valu la désaffection des lecteurs. Ils n'osent pas non plus remettre en cause le monopole du syndicat du livre CGT, qui grève le modèle économique de toutes les entreprises du secteur. A évoquer la liberté de la presse pour parler de choses où elle n'est pas en jeu, les journalistes semblent se tromper de priorité.

mardi 6 mai 2008

Le culte de l'homme providentiel

Dans quelle mesure une seule personne peut changer les choses pour tout un peuple ? Certes, chacun a son libre arbitre, et les décisions sont prises d'abord par des personnes individuelles, avant de constituer une volonté publique. Mais l'échelle d'un seul homme semble souvent trop petite pour envisager les événements historiques, tellement il y a de facteurs qui rentrent en compte dans les destinées d'un pays. Karl Marx ne voyait rien en termes d'individus, mais tout en terme de mouvements, de forces collectives structurelles succédant les unes aux autres par des relations de causalité implacables, et la vie de tous les jours ne lui apparaissait que comme la chronique d'événements d'une Histoire déjà écrite. Pourtant, il arrive que certaines personnes arrivent à faire la différence, à bouleverser l'Histoire telle qu'elle semblait aller, et parfois même à changer le monde par leur propre volonté. C'est évidemment le cas des prophètes les plus célèbres, mais en dehors du champ religieux, il arrive aussi que des êtres marquent suffisamment l'Histoire et soient reconnus des siècles plus tard pour leur contribution positive exceptionnelle. Si l'on peut penser à des personnalités comme Jeanne d'Arc ou Louis Pasteur, le champ politique est néanmoins le premier concerné dans la mesure où il offre aux individus le pouvoir nécessaire pour introduire de grands changements.

De l'époque de la monarchie, certains noms de roi sont restés, comme celui d'Henri IV, alors que d'autres sont tombés dans l'oubli. Avoir le pouvoir n'est pertinent que pour ce que l'on en fait, et il y a une différence entre se contenter d'en hériter, et décider d'en faire un véritable usage, de préférence pour l'intérêt général du pays bien sûr. Les exemples de personnalités qui ont réussi à prendre le pouvoir et à agir sans y être a priori destinée enflamment bien davantage les imaginations. Cela arrive plus facilement lors des époques troublées, où, de l'obscurité, émerge un leader, dont les qualités personnelles permettent d'obtenir l'autorité suffisante pour jeter de nouvelles bases, et recréer la puissance d'un pays. Ceux qui relèvent de cette catégorie sont des noms illustres aujourd'hui, tels que Napoléon Bonaparte, et encore plus Charles de Gaulle.

Ce dernier est un exemple parfait d'homme providentiel. Colonel anonyme pendant l'entre deux-guerre, il avait défendu l'usage des blindés dans l'armée, sans succès, mais avec raison. Après quelques rares succès au début de la deuxième guerre mondiale, il est appelé au gouvernement par le président du Conseil Paul Reynaud, l'un des seuls à l'avoir écouté les années précédentes. Il est alors fait général, mais alors que l'armistice est demandé par le maréchal Pétain, il part à Londres et appelle à la résistance lors de l'appel du 18 juin. Il devient alors le chef de la France qui s'oppose aux Allemands. En 1958 à nouveau, il incarne le recours, et met fin à la guerre d'Algérie et fonde la Vème République, plus stable et plus efficace que la IVème, à laquelle il s'est opposée.

Après coup il est difficile de ne pas reconnaître l'influence qu'ont eu de tels hommes sur l'Histoire. Beaucoup de citoyens les voient comme des sauveurs, et regrettent qu'il n'y ait pas davantage de personnes de cette dimension. Ils les recherchent pourtant, et peuvent s'enthousiasmer pour telle ou telle personne s'ils croient qu'elle peut réellement changer les choses par l'élan qu'elle donne. Nicolas Sarkozy ou François Bayrou bénéficient sans nul doute de cet effet. Mais il y a une certitude absolue chez les êtres humains : personne n'est parfait, et il ne peut y avoir de "despotisme éclairé", où un être au dessus du lot ordonnerait un nouvel ordre des choses en s'appuyant sur sa profonde sagesse. C'est une leçon qu'il faut garder à l'esprit, car c'est justement ce point qui fait que la démocratie est le moins pire des régimes : les limitations au pouvoir donné permettent d'éviter les dangereuses sorties de routes de personnalités considérés comme providentielles. Car si le général de Gaulle apparait après coup comme un sauveur pour la France, en 1940, c'était bien le maréchal Pétain qui bénéficiaient de ce type de ferveur. Avec des conséquences déplorables. Sur le moment, il peut être difficile de tout savoir. C'est pour cela que les gardes fous doivent rester en place.

samedi 3 mai 2008

Un président pour l'Europe

Le traité de Lisbonne prévoit que l'Union Européenne ait désormais un Président du Conseil Européen désigné pour deux années et demi, en lieu et place de la présidence tournante de ce Conseil par tranche de six mois. Etant donné que la ratification du Traité de Lisbonne par l'ensemble des pays de l'Union sera bientôt terminée, la question du nom du premier président commence déjà à agiter les milieux européens. Jusqu'à présent, le débat tourne autour du profil que doit avoir ce premier président : non seulement ses positions sur les questions européennes comptent, mais également sa stature. Car il est attendu que ce premier président définira autant la fonction que les textes officiels, voilà pourquoi le choix apparaît délicat. S'il s'agit d'une figure majeure, cela pourrait faire de l'ombre à la Commission Européenne. S'il est plus transparent, la situation actuelle ne serait pas grandement changée, et le président de la Commission Européenne pourrait continuer à avoir la haute main sur les affaires européennes. Dans la première hypothèse, le nom de Tony Blair est évoqué, mais souffre de venir d'un pays trop euro-sceptique. C'est néanmoins un argument en sa faveur chez ceux qui préfèrent une Europe se concentrant sur le libre échange plutôt que sur l'intégration des politiques. L'hebdomadaire britannique The Economist a d'ailleurs déjà commencé à faire campagne pour l'ancien Premier ministre. Dans la deuxième hypothèse, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker serait un candidat de consensus. En tant que pilier des Conseils Européens, il aurait la légitimité pour s'en occuper de façon permanente.

La distinction faite entre Conseil Européen et Commission Européenne est assez gênante. Le Conseil Européen ne se réunit que de façon épisodique et manque ainsi de suivi et de cohérence sur les dossiers, il est surtout le lieu de négociations opaques aux résultats alambiqués, chaque pays mettant un point d'honneur à vouloir en sortir comme un vainqueur ayant fait triomphé ses propres intérêts. La Commission Européenne, elle, tire sa légitimité d'une désignation sortant d'une de ces négociations opaques au Conseil Européen, et d'une simple validation par le Parlement Européen. Comment s'étonner alors de l'éloignement perçu des institutions européennes, de leur manque de visibilité et de leur légitimité souvent questionnée ?

Pour bien faire les choses, il faudrait que les postes de président du Conseil Européen et de président de la Commission Européenne soit fusionnés. Il n'y aurait alors qu'un seul "Président de l'Europe", ce qui aurait déjà un premier mérite, celui de la simplification. Ensuite, il faudrait surtout veiller à ce que ce président ait une légitimité indiscutable, c'est-à-dire issue explicitement du peuple européen. Certes, il est difficile d'envisager une élection au suffrage universel direct, dans la mesure où chaque nation aurait tendance à privilégier ses candidats, ne serait-ce que par manque de connaissance des personnalités étrangères. Par contre, une élection au suffrage indirect est tout à fait possible, si la direction politique de chaque camp est clairement donnée au moment du scrutin dans l'ensemble de l'Europe. Cela peut être fait par une élection spéciale, où, comme aux États-Unis, chaque pays élirait le même jour des grands électeurs appartenant à l'une des familles politiques européennes, ces grands électeurs élisant ensuite le Président de l'Union Européenne. Une autre option, plus simple, serait de donner mandat au Parlement Européen lors de son élection pour l'élection de ce Président et le vote de la confiance pour la Commission que celui-ci mettrait en place avec le Conseil Européen.

Pour l'instant, cela reste encore difficile, dans la mesure où la vie politique européenne manque encore de lisibilité pour l'ensemble de la population. Le premier objectif est de favoriser l'apparition de véritables partis politiques européens, peu nombreux mais ayant néanmoins une cohérence interne suffisante, et pouvant proposer des programmes d'actions pour l'Union Européenne. Evidemment, cela prendra encore du temps. Mais pour l'heure, rien n'interdit à José Manuel Barroso, actuel président de la Commission Européenne de devenir également président du Conseil Européen. Cela irait déjà dans la bonne direction.

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