Après l'avoir promis dès son échec aux élections présidentielle, le Parti Socialiste tiendra son congrès en novembre prochain. L'exercice constitue la grande spécialité du PS, et représente une séquence très codifiée suivie par l'ensemble des adhérents. D'abord, les différentes personnalités souhaitant intervenir lancent des "contributions". Des tendances idéologiques se dessinent, et les différents courants du Parti lancent alors des motions, qui sont mises aux voix. Chaque courant peut ainsi constater son poids respectif selon le succès de sa motion, et le congrès sert ensuite à faire la "synthèse" des différentes motions, ce qui revient à essayer de concilier l'inconciliable. Un premier secrétaire du Parti est issu du congrès, et les très nombreux postes de la direction sont attribués à peu près au pro-rata du poids des différents courants. Le congrès n'est donc pas l'événement que d'un week-end, mais dure en fait des mois avec toutes les manœuvres et les "débats" de préparation.

François Hollande était très fort à cet exercice. Sa longévité au poste de premier secrétaire était due au fait qu'il représentait le plus petit dénominateur commun, la plupart des éléphants préférant le laisser en place plutôt que de s'écharper pour le remplacer. Au cours des onze dernières années, François Hollande a surtout réussi les plus improbables synthèses grâce à sa capacité à affadir les idées et à en retirer toute ambition, pour arriver à des consensus n'enthousiasmant personne mais ne fâchant pas davantage. Cette méthode est bien entendu l'une des origines des échecs du Parti Socialiste en 2007, le parti étant arrivé à ces élections sans réel corpus idéologique.

Mais cette fois-ci, François Hollande a annoncé qu'il ne resterait plus au poste après le prochain congrès. Certains présidentiables comme Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë y voient une opportunité pour sécuriser un poste influent dans la nomination du candidat aux prochaines présidentielles, déjà. D'autres préfèrent miser sur le retour du consensus mou pour éviter les affrontements, envisagés avec crainte depuis le congrès de Rennes en 1990. Tout ce beau monde est donc parti pour s'affronter dans les journaux à coups de grandes idées et de petites phrases, et chaque personnalité viendra principalement défendre sa propre ambition personnelle. On peut donc s'attendre à ce que ce soit à nouveau une grande foire d'empoigne, un fourre tout idéologique comme lors des précédentes éditions.

Les congrès du PS de 2003 et 2005, à la suite des défaites à la présidentielle de 2002 et du référendum européen, n'avaient rien donné. A chaque fois, les défaites du PS n'ont pas été expliquées, François Hollande se remettant en selle grâce à des victoires électorales locales due au rejet de la majorité. Cela pourrait être à nouveau le cas cette fois-ci. Mais ce n'est pas souhaitable. Il est largement temps que le Parti Socialiste évolue, adopte une nouvelle doctrine débarrassée de son de marxisme, quitte à provoquer le départ de ceux qui veulent donner mauvaise conscience à ce niveau-là, comme Jean-Luc Mélenchon. Pour avoir une action positive lorsqu'il sera de retour au gouvernement, pour parler clairement aux électeurs lors des prochaines élections, le Parti Socialiste doit adopter une nouvelle vision du monde, acceptant pleinement le capitalisme, comme l'a fait le Labour en Grande Bretagne. Bien que rempli de dangers, ce congrès est bel et bien une chance pour le Parti Socialiste.

Photo : Sipa