Réflexions en cours

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mardi 28 février 2012

Et si on laissait tomber la Cour Européenne des Droits de l'Homme ?

La Grande Bretagne cherche à réformer la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH). Elle a actuellement la présidence pour six mois du Conseil de l'Europe, dont dépend cette institution judiciaire. C'est une belle fenêtre pour avancer ses vues. Il faut dire que les Britanniques sont furieux après des condamnations pour le moins controversées. La CEDH reproche ainsi à la Grande Bretagne de priver de droit de vote ses détenus, une pratique qui a cours depuis presque toujours. Cela fait partie de la punition, considèrent en somme les Britanniques, qui n'ont aucune envie de changer la loi correspondante. La CEDH considère qu'il faut laisser la libre opinion du peuple s'exprimer, et que les prisonniers en font partie. Mais ce n'est pas la seule affaire qui pose problème : le gouvernement britannique reproche également à la CEDH de l'avoir forcé à libérer un islamiste plutôt que de l'extrader en Jordanie, où sa présence était demandée. Déjà qu'en temps normal la Grande Bretagne est vigilante sur son indépendance, mais quand on lui demande d'agir contrairement à ce qu'elle considère son propre intérêt, elle explose.

Seulement, sur ce coup, elle n'a pas forcément tort. On peut d'ailleurs être fédéraliste européen, et juger que la CEDH est devenu un vrai problème, une institution dévoyée et en roue libre. Pour commencer, contrairement à son intitulé, elle n'est pas spécialement liée à l'Europe, puisque la Turquie, un pays asiatique, en fait partie. Elle n'a par ailleurs aucun lien avec l'Union Européenne, qui reste l'authentique projet de construction européenne. Ensuite, les droits de l'homme sont devenus un prétexte pour rendre des décisions concernant n'importe quel sujet. La position de la CEDH comme ultime recours, soit après la cour de cassation en France, permet à tous les marathoniens de la procédure d'y envoyer leur dossier, espérant que via la loterie du jugement, une décision favorable vienne mettre à mal une justice locale trop peu conciliante. On arrive donc à une inflation démesurée des recours et des arrêts rendus, près de 900 par an aujourd'hui, contre une dizaine il y a une trentaine d'années. Même avec les nouvelles adhésions, un tel volume ne se justifie pas.

Le souci, c'est que la CEDH a depuis développé une fâcheuse tendance à outrepasser le rôle qui lui a été confié. C'est encore une fois la vieille rengaine de l'homme qui a un marteau, et qui voit tout sous forme de clous à enfoncer. Au départ, les droits décrits dans le titre I de la Convention européenne des droits de l'homme sont en nombre assez restreint et vise les plus grands droits reconnus pour les citoyens de démocraties. Seulement, la CEDH raisonne aujourd'hui "par extension". Elle n'applique plus seulement la Convention européenne des droits de l'homme, mais tout un tas de textes internationaux qui ont été écrits à travers le monde depuis... et ce, alors qu'elle n'en a pas été chargé. Elle a également une vision très large de l'application des droits, bien plus que dans l'esprit initial du texte.

En conséquence, les décisions surprenantes voire presque incompréhensibles se multiplient. En 2009, l'interdiction des crucifix dans les salles de classes italiennes, où leur présence est une longue tradition, avait provoqué un tollé. Finalement, deux ans plus tard, elle est revenue en arrière en décidant que les crucifix ne posaient aucun problème. Neuf ans de procédure pour arriver à ça...

Plus récemment, l'Italie a été condamnée pour avoir rejeté l'entrée sur son territoire de migrants somaliens et érythréens qui venaient de Libye. La CEDH s'est appuyée dans cette décision sur une interdiction du refoulement qui n'est absolument pas dans le texte qu'elle est chargée d'appliquer. Le texte de l'arrêt le reconnaît, mais avance que la Cour interprète ou admet au-delà. L'interdiction des traitements inhumains ou dégradants est alors invoqué pour justifier une innovante interdiction du refoulement. Et ce, alors qu'il ne s'agit que d'un risque, et qu'il ne dépend pas de l'Etat qui ferme sa frontière.

Au bout du compte, lorsqu'on prend la peine de consulter les dizaines de pages que constituent tous ces arrêts, on découvre à quel point la CEDH se soucie désormais moins d'appliquer le droit que de prôner sa propre idéologie, fondamentalement subjective. Les considérations externes aux affaires s'y multiplient, et les juges montrent que leur métier consiste à façonner la société tels qu'ils voudraient qu'elle soit, non à simplement vérifier que les grands principes démocratiques sont appliqués.

Avec tout cela, le danger est que la CEDH devienne de moins en moins pertinente, à force d'outrepasser ses compétences. Le besoin de réforme se fait donc nettement sentir. Sinon, c'est son existence même qui pourrait être menacée à terme. Après tout, dans les pays démocratiques, les institutions politiques et judiciaires ordinaires suffisent déjà à appliquer les droits de l'homme. Si l'Italie et la Grande Bretagne ne sont pas des démocraties, alors il n'y a aucune démocratie dans le monde... Quel était alors le besoin d'un recours supplémentaire, bien plus éloigné ? La Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne s'applique ainsi suivant un strict respect du principe de subsidiarité : si une question ne concerne pas l'Union Européenne elle-même, alors elle peut-être traitée par la juridiction nationale. Il est donc nécessaire de réformer la CEDH si l'on ne veut pas se poser la question de son abandon pur et simple.

lundi 27 février 2012

Carrefour et Danone rempilent pour les Restos du Coeur

Comme l'année dernière, les réseaux sociaux sont invités par Danone et Carrefour à faire du bruit en faveur des Restos du Coeur. Faire un billet sur un blog à cette occasion incite ces deux grands groupes français à financer 10 repas. C'est un peu comme les événements du Téléthon, où accomplir un exploit sportif permet de débloquer une promesse de don faite à l'avance. Sauf qu'ici, il n'y a aucun effort sportif à faire. Il n'y a même pas d'effort financier, puisque c'est l'argent de ces deux entreprises bien connues qui sont sollicités. Bien sûr, cela n'empêche de faire aussi l'effort financier par ailleurs, mais si ça permet d'en rajouter sans se fatiguer, pourquoi s'en priver ? C'est vraiment être généreux avec l'argent des autres.



jeudi 23 février 2012

François Hollande, sa dette et ses iPads

Que donnerait François Hollande à la tête de la République française ? Contrairement à d'autres candidats, comme François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Dominique de Villepin ou même Corinne Lepage, il n'a jamais exercé la moindre responsabilité nationale. N'ayant jamais dirigé ou fait parti d'une équipe gouvernementale, on peut donc douter de sa capacité à être le chef de l'Etat sans y avoir été préparé. Pour un tel poste, un minimum d'expérience est nécessaire, ou sinon, autant prendre le premier énarque venu le jour de sa remise de diplôme. François Hollande a été premier secrétaire du Parti Socialiste pendant onze ans, et tout le monde s'accorde sur le fait qu'il s'agissait d'un désastre pour son propre parti. Aujourd'hui, cette partie importante de sa vie est totalement occultée, et on peut comprendre pourquoi.

Faute de responsabilités publiques nationales, on est bien obligé de se rabattre sur ses responsabilités locales. Depuis 2008, il est ainsi président du conseil général de la Corrèze, 80ème département français avec environ 240 000 habitants. Ce n'est pas exactement la même chose que 65 millions d'habitants, mais voyons quand même si les Corréziens peuvent dire que leur département est bien géré. La réponse tombe assez rapidement, et elle est nette : c'est non. En effet, la Corrèze, dont il s'occupe depuis quatre ans, est tout simplement le département le plus endetté de France, avec une dette qui n'a cessé d'augmenter ces quatre dernières années. Avec une dette par habitant trois fois plus élevée que la moyenne, la Corrèze est clairement dans une situation financière malsaine, et rien ne laisse envisager que la situation puisse s'améliorer à l'avenir avec le rythme de dépense actuel du département. La situation de la Corrèze s'est donc aggravé depuis que François Hollande en est le président.

Peut-être pourrait-il affirmer que cette situation n'est pas de sa faute, puisqu'il était trop occupé à préparer sa candidature à la présidentielle qu'à prendre en charge son département. Néanmoins, on voit clairement que certaines de ses décisions ont contribué à aggraver le déficit public de la Corrèze. On se souvient ainsi qu'en 2010, il avait décidé de donner le dernier gadget technologique coûteux à la mode, l'iPad, à des milliers de collégiens. A l'époque, il s'en vantait même.

François Hollande a donc donné un iPad a l'ensemble des élèves de 6ème, ce qui ne peut être neutre en terme de coûts. Mais il n'y a pas que ça. Depuis 2008, le département offrait aussi un ordinateur portable à chaque élève des classes de 5ème, 4ème et 3ème. Et bien évidemment, en quittant le collège, les élèves gardent le matériel offert. Cela n'a donc rien d'un investissement, mais une dépense de fonctionnement inutile et inconsidérée. N'est-ce pas ce genre de dépenses que l'on doit éliminer, et encore plus ne pas créer, quand on est à la tête d'un organisme en mauvaise santé financière ? Et ce n'est pas comme si fabriquer des iPad fera travailler des usines françaises non plus... François Hollande ne peut donc même pas se targuer d'avoir été un bon gestionnaire de la Corrèze. Quelle raison aurait-on de penser qu'il puisse l'être pour la France ?

mardi 21 février 2012

Panique autour du rapport Perruchot

Le rapport du député Nouveau Centre Nicolas Perruchot sur le financement des syndicats a été superbement enterré l'année dernière. Rejeté par vote par l'Assemblée (plus par refus de se mobiliser pour cette occasion que par une avalanche de votes hostiles), le document a été condamné à être consciencieusement archivé pour des décennies, et sa publication est même théoriquement interdite. Cela n'était pas arrivé depuis des temps antédiluviens. Alors pour qu'un document soit interdit de publication, on se dit qu'il s'agit d'un épouvantable brûlot, un nouveau Necronomicon, une parole qui, une fois prononcée, mettrait à bas la société française. Et malgré tout cela, l'hebdomadaire Le Point a pris la décision de le rendre public. Et c'est bel et bien une surprise qui attend le lecteur.

La surprise, c'est que ce rapport Perruchot n'a en fait rien d'un pamphlet anti-syndical auquel on nous avait fait penser. Le ton est parfaitement neutre, il s'agit surtout d'un compte rendu factuel des moyens utilisés par les syndicats pour se financer. Evidemment, les pratiques citées montrent que les syndicats usent et parfois abusent de sources de financements qui ne sont pas vraiment conforme avec l'esprit dans lequel ils devraient travailler. L'utilisation des comités d'entreprises, qu'ils contrôlent, pour se financer n'est pas normal. Mais cela n'a rien de nouveau en soi. Nicolas Perruchot a d'ailleurs réussi à faire voter récemment un rapport sur les seuls comités d'entreprise, reprenant les points qu'il mentionnait dans son rapport censuré. Et son travail concerne tant les syndicats d'employeurs que de salariés. D'une manière générale, on retrouve surtout des informations que l'on peut trouver ailleurs, que ce soit du côté de la Cour des Comptes, de livres ou de précédents travaux sur la question. Des auditions ont permis de rafraichir tout cela.

Au bout du constat sur le financement des syndicats, le rapport détaille 29 propositions pour améliorer les choses. Aucune d'entre elle n'est extrême, elles relèvent même d'un parfait bon sens, et pourraient très bien faire l'unanimité. Elles sont regroupées en trois objectifs : plus de transparence (ce qui passe notamment par davantage de rigueur comptable), plus de militants et une meilleure représentativité. Rien qui ne mette en danger les syndicats donc.

Dès lors, la vraie question, c'est pourquoi autant de panique autour d'un rapport tout à fait raisonnable ? Les syndicats contestent certains passages, mais le manque de soutien voire l'hostilité nette des députés envers ce rapport est plus marquant. C'est à croire qu'ils ne l'ont pas lu, ou ne serait-ce que survolé même. Gouvernement et parlement n'osent pas regarder la tambouille des organisations syndicales, ils s'y refusent délibérément, alors que tout le monde se lamente du faible nombre d'adhérents des syndicats et de leur représentativité douteuse. Pour avoir la paix sociale, le sujet des syndicats devient lui-même totalement tabou. Ce qui laisse penser que la priorité de ceux-ci n'est plus la défense de leurs adhérents, mais leur propre préservation dans les conditions d'existence actuelles. Comment s'étonner qu'il finisse par y avoir des zones de non droit, telles que celle créée par la CFDT à SeaFrance ? Au delà de ses bonnes mesures, le principal enseignement du rapport Perruchot se trouve donc dans son incroyable réception : les syndicats ne sauraient être un sujet de discussion en soi. Voilà qui n'a rien de rassurant.

dimanche 19 février 2012

Kennedy Président en 2024 ?

Il est grand, photogénique et a le sourire facile. Il est jeune, a une chevelure rousse abondante, c'est d'ailleurs cette figure de rouquin qui rappelle immédiatement ses origines irlandaises. A 31 ans, Joseph Patrick Kennedy III commence une carrière politique. Il vient d'annoncer sa décision d'être candidat pour devenir représentant du Massachusetts au Congrès, à la place de Barney Frank, l'illustre figure démocrate experte dans la législation financière. Et ce faisant, il signe le retour du nom Kennedy en politique américaine. Et tout bien considéré, c'était peut-être son tour.

Normalement, en démocratie, les fonctions ne se transmettent pas de père en fils. Mais aux Etats-Unis il existe de véritables dynasties familiales qui ne semblent pas déranger les promoteurs de la méritocratie. Dans la famille Kennedy, le goût de la politique est insufflé très tôt, il n'est donc pas étonnant qu'ils soient nombreux à se lancer dans la partie, quitte à former un véritable archétype. Le patriarche, Joseph Patrick Kennedy Sr., aurait voulu être candidat à la Présidence lui-même, mais sa position pacifiste pendant la seconde guerre mondiale le mit hors jeu. On sait comment il reporta ses espoirs sur ses fils, notamment sur John Fitzgerald, son cadet, après la mort tragique de son aîné, Joseph Patrick Jr. Et chez les Kennedy, on semble suivre une espèce de tradition qui ressemble un peu à la primogéniture mâle. Quand un Kennedy s'éclipse, le suivant vient prendre le relais. Quand John fut tué, son frère Robert devint sénateur, et fut tué à son tour en 1968 lors de sa propre campagne pour la présidence. Le benjamin, Ted, également sénateur, présenta sa candidature à la Présidence au mauvais moment, en 1980, alors que le démocrate Jimmy Carter se représentait. Il gaspilla sa chance.

Ce fut alors au tour de la génération suivante d'arriver au premier plan. Le plus vieux de leurs enfants, Joseph Patrick Kennedy II, le fils de Robert, fut ainsi élu représentant du Massachusetts en 1986. Ses perspectives étaient bonnes, mais il s'empêtra dans des scandales personnels. En conséquence, il dut se retirer des élections de 1998, alors qu'il envisageait de devenir gouverneur. Ted Kennedy, patriarche à son tour de la famille, mourut en 2009 alors qu'il était encore sénateur. Joseph Patrick II refusa de se présenter pour reprendre son siège. Et Patrick Kennedy, le fils de Ted qui siégeait à la chambre des représentants un peu par hasard depuis 1995, décida alors de ne pas se représenter.

Début 2011, il n'y avait donc plus aucun Kennedy engagé dans la politique nationale américaine. C'était une première depuis des temps presque immémoriaux. C'était certainement aussi le signal qu'il y avait de la place pour un nouveau Kennedy. Et c'est à ce moment là que Joseph Patrick Kennedy III, le fils de Joseph Patrick Kennedy II (il faut bien suivre) fit un discours éloquent pour une nouvelle vision de la politique. Dès lors la machine à spéculer se remit en marche. Il avait toujours laissé cette possibilité ouverte, et il était même surprenant qu'il ne se présente pas pour un siège au Congrès dès 2010. Non seulement il a la tête de l'emploi, mais il a également un CV impeccable : Stanford, Harvard, volontaire en République Dominicaine, assistant du procureur... C'est à croire que tout son parcours a été dicté par la perspective d'une future carrière politique.

L'annonce de sa candidature a très bien été accueillie. Il est très haut dans les sondages, les fonds pour sa campagne abondent, et tout le clan Kennedy le soutient. Fiancé, il a l'avantage de ne traîner (encore) aucun scandale, un gros point positif pour quelqu'un qui porte ce nom. Comme le Massachusetts reste globalement ancré du côté démocrate, il est donc le grand favori pour remporter cette élection. Et vu son jeune âge, on ne peut s'empêcher de spéculer sur la suite des événements. A terme, il pourrait lui aussi se lancer dans une campagne présidentielle, après être passé par un poste plus prestigieux comme sénateur ou gouverneur. En 2016 ou en 2020, le nouveau Joe Kennedy serait encore trop jeune pour un tel poste. Certains y voient déjà le gouverneur de New York, Mario Cuomo, lui-même ex-mari d'une des filles de Robert Kennedy. Mais en 2024 ou en 2028, il aurait le bon âge pour incarner un Président vigoureux et charismatique. C'est une longue échéance. Mais le nom Kennedy fait encore parler de lui.

vendredi 17 février 2012

10 ans d'euro

Demain, cela fera 10 ans que l'euro est la seule monnaie utilisable dans les commerces français. La double circulation du franc et de l'euro avait en effet duré 6 semaines, ce qui était un délai plutôt court pour faire le basculement. Mais pour être parfaitement exact, l'euro est la monnaie française depuis plus de 13 ans ! Il faut se souvenir que depuis le 1er janvier 1999, le franc n'était plus qu'un voile par rapport à l'euro, les taux de change étant parfaitement fixes entre les différents pays de la zone euro. Dès ce moment là, le double étiquetage avait commencé, et les consommateurs pouvaient se préparer à compter en euros pendant les trois années qui ont suivi.

Les accusations d'inflation générées par l'euro ont été injustes. L'inflation est un phénomène naturel qui a existé avant l'euro. La Banque Centrale Européenne a toujours veillé à ce que celle-ci reste modérée, aux alentours de 2 %. Très souvent, les gens ont tendance à comparer les prix d'aujourd'hui avec des prix en francs, comme si ceux-ci avaient été toujours été stables. Il arrive même, dans les micro trottoirs, que des personnes compare les prix actuels avec ceux en francs, mais datant de bien avant les années 90 ! C'est n'importe quoi. Quand on voit le détail des augmentations, on se rend compte que pour les produits de grande consommation, cela n'a rien de scandaleux. Ce n'est pas l'euro qui fait augmenter les prix, mais plus le manque de concurrence ou le manque de vigilance des consommateurs.

Bien sûr, en parlant de l'euro, il est difficile de ne pas évoquer sa crise actuelle, qui est plutôt celle des dettes souveraines. Il y a clairement une erreur qui fut commise, celle d'admettre la Grèce dans la zone euro, alors que ses comptes publics étaient truqués. Mais cela ne doit pas faire oublier les avantages de la monnaie unique européenne, au premier rang desquels la stabilité facilitant les échanges au sein des pays qui l'ont adopté. Pour les touristes ou les acheteurs en ligne, l'euro simplifie également bien les choses au quotidien. La stabilité permise par l'euro n'est pas un souci, contrairement à l'instabilité qui demeure entre les différentes monnaies mondiales qui co-existent. La libre fluctuation des cours permet des mouvements violents, qui ont des répercussions graves sur l'économie. Evidemment, il ne saurait (encore) être question d'une monnaie mondiale.

Quoi qu'il en soit, les problèmes monétaires ont pratiquement toujours existé. Déjà au XIVème siècle, la France hésitait entre une monnaie faible, avec le système des mutations monétaires qui permettait de financer la royauté sur le dos de la population, et une monnaie forte, stable mais rare faute de métal précieux. Les marchands de toile flamands s'étaient fait des fortunes en créant une monnaie prétendument au pair avec l'anglaise (avec qui ils commerçaient), mais en ayant juste un tout petit peu moins d'or par pièce. A l'époque, on ne théorisait pas encore l'économie, mais on n'en sentait pas moins les effets. Les problèmes monétaires, quelques soient leur forme, demeureront longtemps, mais avec l'euro, nous avons fait un pas vers une amélioration. Bon anniversaire à l'euro, et souhaitons qu'il dure longtemps !

mercredi 15 février 2012

Du bon usage du référendum

Nous y voilà : Nicolas Sarkozy est candidat à sa propre succession. Cet événement lance plus de deux mois de campagnes présidentielles, où chaque candidat essaiera de faire naître un enthousiasme qui ne se trouve nulle part actuellement. Dans sa déclaration de candidature, le Président a mis en avant les valeurs qui étaient les siennes : travail, responsabilité, autorité, solidarité... Cela lui permet de se positionner dans le débat d'une façon générale, donnant des éléments sur sa personnalité avant d'évoquer des mesures précises. A un tel poste, la personnalité compte évidemment, car une campagne électorale ne peut anticiper tous les événements qui arriveront lors d'une présidence, et être aux affaires c'est déjà affronter une bonne part d'imprévus et de contingences qu'il faut savoir surmonter. Et cela repose plus sur un candidat que sur un programme. A ce titre là, avant comme après être entré à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a été un homme solide dans les moments importants. Il appuiera certainement sur cet argument.

Il a profité de cette interview télévisée pour condamner les propos du député Christian Vanneste sur les homosexuels dans les camps de concentration. Là encore, il a eu raison de le faire. Ce n'est pas la première fois que Christian Vanneste fait preuve de son homophobie, et cela n'est pas conforme aux valeurs d'un grand parti de gouvernement tel que l'UMP. Ce sera donc un réel progrès si ce parti arrive à faire siéger quelqu'un d'autre à sa place à l'Assemblée Nationale.

Déclinant son principe de responsabilité, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir dire la vérité aux Français. Cela commence par ne pas nier la situation économique de la France, et donc ne pas faire de promesses coûteuses. La situation dramatique de la Grèce représente bel et bien le bout du chemin pour les pays qui croient pouvoir vivre éternellement à pays. Quand François Hollande prône le "rêve" à grand coup de recrutements de fonctionnaires, lui s'intéresse davantage à la réalité.

Il n'en est pas encore à la présentation détaillée de ses propositions, mais il met en avant la possibilité de référendums sur des sujets tels que la formation des chômeurs ou l'immigration. Ce n'est pas forcément le bon usage du référendum. Pour ces sujets là, si la mesure est bonne, elle peut tout à fait être adoptée au Parlement. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que de tels référendums soient vraiment organisés en fin de compte. Autant le savoir dès maintenant. De la même façon, il n'était pas envisageable de faire un référendum sur la TVA sociale. Le débat n'aurait pu être que caricatural, et le Parlement est justement élu pour décider de ce genre de choses.

Un référendum est par contre tout à fait envisageable pour l'inscription de l'interdiction des déficits dans la Constitution. C'est le souhait exprimé par François Fillon, et sur ce point, c'est judicieux. Autant les précédentes révisions de la Constitution adoptées par le Congrès ne se justifiaient pas, autant celle-ci est vraiment nécessaire vu notre incapacité collective chronique à équilibrer le budget de l'Etat. Cela donnerait suffisamment de légitimité pour engager les gouvernements futurs. Actuellement, la gauche étale son irresponsabilité financière à la face du monde en refusant de voter une règle qui fait l'unanimité ailleurs, et ce pour des raisons purement politiciennes. Un débat sur la soutenabilité de notre modèle économique fondé sur les déficits publics permettrait peut-être un réveil collectif sur ce thème. C'est donc la meilleure idée de référendum à défendre actuellement.

dimanche 12 février 2012

Le Petit Journal sans journaliste

Les médias ont trois grandes missions : informer, éduquer, divertir. Normalement, les émissions qui ont des journalistes ont pour but l'information. C'est pourquoi on peut être étonné que le présentateur de l'émission quotidienne Le Petit Journal, Yann Barthès, désigne ses équipes sous le terme de "journalistes", vu qu'il ne s'agit que de divertissement. Cela n'a pas échappé au président de la Commission de la carte de presse, qui s'interroge sur la pertinence du renouvellement de la carte de presse des personnes concernées. Pour commencer, le concept même de carte de presse manque de pertinence, et ne manquerait pas tellement s'il venait à être supprimé. Mais puisqu'on en est à se demander si Le Petit Journal c'est du journalisme, autant le dire clairement, la réponse est non.

C'est une émission humoristique. Elle rencontre un succès mérité, Yann Barthès est talentueux et drôle, et par rapport à d'autres émissions, elle est plutôt moins marquée idéologiquement. Il ne s'agit pas d'informer, mais seulement de se servir de l'actualité comme base pour rire chaque jour. Dès lors, quand Jean-Luc Mélenchon ferme les portes de ses événements aux caméras de l'émission, Yann Barthès peut difficilement invoquer la liberté de la presse pour soutenir qu'elles auraient du être présentes. D'une manière générale, il est préoccupant de confondre information et divertissement.

Cela, on l'a bien compris de l'autre côté de l'Atlantique. L'émission quotidienne américaine The Daily Show est sans conteste la principale source d'inspiration du Petit Journal tel qu'il est fait actuellement. Il suffit de voir ce qu'il s'y fait... Chaque jour, Jon Stewart, le présentateur commente l'actualité sous un angle humoristique, avec de nombreuses images pour appuyer un bon mot ou démontrer des contradictions des personnalités politiques, des "correspondants" qui interviennent en plateau avec des sketchs, ou bien sur le terrain où ils mènent des enquêtes déjantées auprès de ceux qui sont au centre de l'actualité, et une interview à la fin d'un auteur, d'un acteur ou d'un politicien, le tout devant un public. Lors d'événements, il n'est pas rare que les correspondants se mêlent à la foule des journalistes, mais contrairement à eux, il ne sont pas intéressés par le fond, mais cherchent l'élément qui fera un bon gag.

The Daily Show est d'après plusieurs sondages considéré comme une source d'informations pour un public jeune, mais Jon Stewart a toujours rejeté l'appellation de journalisme. Pour lui, son émission a toujours été une parodie de journal télévisé, un programme très humoristique qui n'a aucune vocation à dire la vérité. Il considère que si son émission était considérée comme étant du journalisme, cela voudrait dire que les vraies émissions d'information seraient légitimées à se transformer en émission de spectacle, ce qui serait malsain pour les principes même du journalisme.

Ce qui vaut pour le maître vaut pour l'élève, et il en est du Petit Journal comme du Daily Show : ce n'est pas du journalisme. C'en est une bonne parodie bien sûr, mais il faudrait quand même toujours rester conscient qu'il s'agit d'une parodie, sous peine de finir par confondre le vrai et le faux.

jeudi 9 février 2012

Enfin la TVA sociale !

Au conseil des ministres d'hier, la mise en place de la TVA sociale a donc été mise en route. Enfin ! Elle était réclamée depuis longtemps. Elle était prévue dans le programme de Nicolas Sarkozy, mais fut renvoyée aux calendes grecques lors des dernières législatives, car la mesure est impopulaire. On la ressort enfin du placard car c'est une mesure qui est une vraie opportunité, on ne peut que se désoler qu'elle n'ait pas été mise en place plus tôt, alors que ses effets bénéfiques auraient pu profiter à l'économie française. Evidemment, voir le taux de TVA augmenter fait rarement plaisir, puisque instinctivement, on se dit que cela signifie une hausse des prix. Mais, et c'est justement ça la particularité de la TVA sociale, ce ne sera pas forcément le cas.

Il s'agit de supprimer les cotisations familiales des charges sociales. Elles sont payées par chaque entreprise pour chaque employé. Le fait que les charges sociales (patronales et salariales) sont trop élevées est bien connu. C'est particulièrement défavorable à l'emploi, puisque ce sont des impôts supplémentaires de fait pour chaque nouvel employé. Elles sont bien plus élevées que presque partout dans le monde. Les produits fabriqués en France doivent intégrer leur coût, et sont en concurrence avec des produits qui ne subissent pas de telles charges. La TVA sociale doit donc transférer le coût de cette protection sociale du travail vers la consommation. Cela aura les effets suivants :
  • Les entreprises produisant en France et vendant en France seront soumis au taux majoré, mais verront leur structure de coût allégée, via la suppression des cotisations familiales. Elles pourront donc financer elles-mêmes cette augmentation de TVA, et n'auront rien à répercuter sur les prix. Elles ne pourront donc pas prendre la TVA sociale comme prétexte pour augmenter les prix. Il faut que chacun en soit conscient pour échapper aux éventuelles arnaques, et sanctionner ceux qui seraient malhonnêtes sur ce point là.
  • Les entreprises produisant en France et vendant à l'étranger ne sont soumis qu'au taux de TVA du pays de vente. Celui-ci ne bougeant pas, et leur structure de coût diminuant grâce à la suppression des cotisations familiales, elles pourront baisser leurs prix sans baisser leur marge, et ainsi augmenter leurs parts de marché. Voilà qui est favorable pour les exportations françaises.
  • Les entreprises produisant à l'étranger et vendant à l'étranger, en concurrence avec les exportations françaises, ne verront pas leurs coûts et leurs prix baisser, quand ceux des produits français diminueraient.
  • Les entreprises produisant à l'étranger en vendant à l'étranger seront soumis au taux majoré, sans voir leurs coûts baisser. Logiquement, cela entraînera soit une baisse de leur marge, soit une hausse des prix de leurs produits. Avec la TVA sociale, les seuls produits dont les prix devraient augmenter sont ceux importés, et soumis au taux pleins (ce qui exclut la nourriture par exemple). C'est une façon possible de rendre l'importation de produits moins avantageuse, et donc de lutter contre la désindustrialisation de la France. En effet, comme les prix des produits importés augmenteront alors que ceux de ceux produits en France resteront stables, l'écart pour l'acheteur sera moins important, rendant les produits made in France plus intéressants.
La TVA sociale ne permettra pas de rendre le prix de tout ce qui est fabriqué en France inférieur à celui des importations. Dans certains secteurs, l'écart est gigantesque. Mais au moins, il se réduira. On notera d'ailleurs que l'augmentation de 1,6 point reste modeste, alors qu'elle aurait pu être importante. C'est une mesure destinée à améliorer la compétitivité prix de la France. Vu les chiffres abyssaux de notre déficit de la balance commerciale, on se rend bien compte que les prix sont un souci, mais pas le seul. Nos entreprises doivent augmenter la qualité de leurs produits, s'engager davantage sur le chemin de l'innovation et améliorer leurs structures de ventes à l'étranger. Il n'est pas exclu que l'Etat leur facilite la tâche, mais au bout du compte, cela reste de la responsabilité des agents privés. Sur ces trois aspects, c'est une nouvelle mentalité qui est nécessaire pour réussir.

mercredi 8 février 2012

Le dérapage (ouh là là)

"Toutes les civilisations ne se valent pas".

Avec cette petite phrase, voilà une belle polémique, comme on sait si bien les faire en France. Visiblement il y a une grande quantité de personnes prêts à se lancer dans la pantalonnade de l'outrage surjoué, avec le thème éternel de la dénonciation des fascistes nauséabonds qui nous rappellent les pires heures de notre histoire, rien de moins. Mais revenons plutôt en arrière. Quand les radios citent ces sept mots, on a surtout tendance à se demander ce qu'il y a derrière le mot "civilisation". Ces derniers temps, le terme avait surtout été employé par le géopolitologue Samuel Huntington dans son ouvrage phare, Le Choc des civilisations. Il y avait là la notion de zone culturelle. Qu'est-ce que Claude Guéant, l'auteur de la petite phrase décriée, voulait dire en s'adressant aux étudiants de l'UNI ? Eh bien il s'avère que la petite phrase n'en est une que parce qu'elle a été raccourcie.

"Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. "

Voilà la phrase dans son contexte, même si la presse n'arrive pas ou ne cherche pas à avoir l'intégralité du propos. Le mot "civilisation" recoupe donc en quelque sorte la notion de culture sociétale. En disant qu'il préfère la démocratie à la tyrannie, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes. Tout au plus peut on lui reprocher la banalité de ce qu'il dit. Et la polémique, ce n'est pas lui qui l'a faite. Mais visiblement, on peut se donner bonne conscience pour pas cher en luttant contre des mots que l'on n'est pas capable de comprendre.

Au delà de ça, il y a une question de liberté d'expression. Les polémistes ont utilisé le mot "dérapage" pour qualifier quelque chose qui ne doit pas être dite. Le mot "civilisation" s'avère aujourd'hui tabou. Le concept de dérapage, cela veut dire qu'il n'y a qu'une route pour ce que l'on peut dire. Ce qui en sort "dérape". Si on dérape, c'est par inattention, on s'est laissé allé à dire quelque chose que l'on pense ou que l'on ne pense pas, il n'y a pas de différence. Claude Guéant met en valeur la liberté et la démocratie. Ce devrait être une banalité. Mais vu comment la liberté d'expression semble aujourd'hui très encadrée de fait, on se dit que c'est un combat qui en effet, reste à mener.

lundi 6 février 2012

Quel changement ?

D'après les sondages, François Hollande représenterait le changement. En effet, comme il n'est pas au pouvoir, son élection représenterait un changement : la photo officielle du Président de la République changerait. Pour le reste, c'est pas grand chose. François Bayrou prévoit une catastrophe si François Hollande arrivait au pouvoir, et l'on s'interroge pour savoir si cela arrivera ou pas. Honnêtement, la situation est bien plus triste que ça. Après l'élection de 2012, quel changement ? La catastrophe, elle est déjà arrivée, il y a bien longtemps déjà. C'était en 1981. L'élection de François Mitterrand, qui constitue encore un modèle capable de faire s'émouvoir les socialistes, a handicapé durablement la France. Depuis, on n'en est pas sorti. Nos entreprises manquent de compétitivité. L'Etat providence est obèse. Tout le monde veut profiter du système, sans vouloir le financer. La France n'a pas eu un budget équilibré depuis des décennies, le chômage a été élevé pendant tout ce temps, et la crise de société va même au delà de ça.

Comme d'habitude, le projet socialiste consiste à taxer plus, et à dépenser encore plus. C'est la façon de vivre de la France. A côté, il y a le programme économique maigrelet de François Bayrou, qui pour "équilibrer la dette" (?) se contente de préconiser un label "Produit en France". Comme en 2002 et 2007, François Bayrou promeut un programme qui reste dans la grande continuité de ce qui se fait déjà. Tout cela ne changera pas grand chose à vrai dire, on continuera dans la grande médiocrité des trente dernières années.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait fait campagne sur le thème de la rupture. Certains s'inquiétaient sur le fait qu'un trop gros changement risquait d'effrayer les Français. A vrai dire, ils ne prenaient pas un grand risque. Entre la rupture annoncée et la concrétisation, la différence ne pouvait qu'être notable. Il s'agissait de dépasser les contingences politiques pour briser les conservatismes sociaux et idéologiques. Il y a eu des progrès dans plusieurs secteurs, mais il n'y a pas eu le changement sociétal qui aurait été nécessaire. Par exemple, demander à un chercheur du CNRS ou d'une université de travailler en partenariat avec des entreprises, concrètement, c'est s'assurer de se voir reprocher de vouloir la privatisation de la recherche publique. Des pans entiers de l'économie sont toujours sous la coupe réglée de syndicats irresponsables, comme on le voit avec le port de Marseille. Et une alternance politique ne changerait strictement rien à ces lamentables états de fait, bien au contraire....

Les militants politiques sont souvent plein d'enthousiasme, remplis d'un espoir déraisonnable. C'est bien évidemment le meilleur moyen d'être déçu. Aux Etats-Unis, la déception entraînée par Barack Obama est à la hauteur de l'espoir qu'il avait fait naître. On a les dirigeants que l'on mérite, notre catastrophe actuelle est de notre faute : nous ne voulons pas d'un vrai changement.

dimanche 5 février 2012

La transparence sur les parrainages

Le Front National réclame l'anonymat des parrainages des élus pour l'élection présidentielle. Marine Le Pen peine parait-il (comme son père aux élections précédentes en fait) à récolter les 500 signatures nécessaires. Elle voudrait donc que les maires n'ait plus à assumer leur décision de la parrainer. Or si un élu peut parrainer un candidat, c'est justement parce qu'il a été élu. Et comme toutes les choses faites au cours de son mandat, il doit rendre compte de l'action faite au nom de ses administrés en leur nom. Ne pas divulguer les parrains d'un candidat reviendrait pour eux à prendre une décision sans en avoir la responsabilité. C'est moralement bancal. La transparence des décisions prises par les élus est tout à fait nécessaire, et le parrainage rentre dans cette catégorie. Un changement n'est pas justifié.

Avec 36 000 communes en France, il y a suffisamment d'élus pour parrainer beaucoup de monde. On peut même calculer qu'il pourrait y avoir jusqu'à 72 candidats qui se présentent, chacun avec leur micro-nuance. Si certains candidats n'arrivent pas à trouver ces parrainages, c'est parce que sur ces 36 000 maires, bien peu sont d'accord avec eux. On retrouve le même genre de principes à l'Assemblée Nationale, où certains mouvements sont peu représentés. A chaque fois, cela signifie qu'ils sont majoritaires quasiment nulle part. Il n'y a pas de maires frontistes. Il n'y a pas de circonscription où les idées du Front National rassembleraient la majorité des voix lors d'un second tour. C'est aussi ce qui explique qu'au contraire, le Parti Communiste soit aussi bien représenté : au point de vue national, il reste à peu près marginal. Mais il peut compter sur des bastions rouges qui lui sont acquis depuis des décennies.

Ce constat simple permet de dédramatiser ces angoisses des mouvements qui se sentent insuffisamment représentés. S'ils ne sont pas capables d'être majoritaires sur des petits territoires tels que des communes ou des circonscriptions, quelle possibilité auraient-il de l'être à l'échelle du pays entier ? C'est mathématiquement impossible. L'élection présidentielle sert à élire un Président, pas à établir un classement des forces politiques qui voudraient compter leurs soutiens. La pertinence de ces candidatures est donc relative.

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