Nous y voilà : Nicolas Sarkozy est candidat à sa propre succession. Cet événement lance plus de deux mois de campagnes présidentielles, où chaque candidat essaiera de faire naître un enthousiasme qui ne se trouve nulle part actuellement. Dans sa déclaration de candidature, le Président a mis en avant les valeurs qui étaient les siennes : travail, responsabilité, autorité, solidarité... Cela lui permet de se positionner dans le débat d'une façon générale, donnant des éléments sur sa personnalité avant d'évoquer des mesures précises. A un tel poste, la personnalité compte évidemment, car une campagne électorale ne peut anticiper tous les événements qui arriveront lors d'une présidence, et être aux affaires c'est déjà affronter une bonne part d'imprévus et de contingences qu'il faut savoir surmonter. Et cela repose plus sur un candidat que sur un programme. A ce titre là, avant comme après être entré à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a été un homme solide dans les moments importants. Il appuiera certainement sur cet argument.

Il a profité de cette interview télévisée pour condamner les propos du député Christian Vanneste sur les homosexuels dans les camps de concentration. Là encore, il a eu raison de le faire. Ce n'est pas la première fois que Christian Vanneste fait preuve de son homophobie, et cela n'est pas conforme aux valeurs d'un grand parti de gouvernement tel que l'UMP. Ce sera donc un réel progrès si ce parti arrive à faire siéger quelqu'un d'autre à sa place à l'Assemblée Nationale.

Déclinant son principe de responsabilité, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir dire la vérité aux Français. Cela commence par ne pas nier la situation économique de la France, et donc ne pas faire de promesses coûteuses. La situation dramatique de la Grèce représente bel et bien le bout du chemin pour les pays qui croient pouvoir vivre éternellement à pays. Quand François Hollande prône le "rêve" à grand coup de recrutements de fonctionnaires, lui s'intéresse davantage à la réalité.

Il n'en est pas encore à la présentation détaillée de ses propositions, mais il met en avant la possibilité de référendums sur des sujets tels que la formation des chômeurs ou l'immigration. Ce n'est pas forcément le bon usage du référendum. Pour ces sujets là, si la mesure est bonne, elle peut tout à fait être adoptée au Parlement. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que de tels référendums soient vraiment organisés en fin de compte. Autant le savoir dès maintenant. De la même façon, il n'était pas envisageable de faire un référendum sur la TVA sociale. Le débat n'aurait pu être que caricatural, et le Parlement est justement élu pour décider de ce genre de choses.

Un référendum est par contre tout à fait envisageable pour l'inscription de l'interdiction des déficits dans la Constitution. C'est le souhait exprimé par François Fillon, et sur ce point, c'est judicieux. Autant les précédentes révisions de la Constitution adoptées par le Congrès ne se justifiaient pas, autant celle-ci est vraiment nécessaire vu notre incapacité collective chronique à équilibrer le budget de l'Etat. Cela donnerait suffisamment de légitimité pour engager les gouvernements futurs. Actuellement, la gauche étale son irresponsabilité financière à la face du monde en refusant de voter une règle qui fait l'unanimité ailleurs, et ce pour des raisons purement politiciennes. Un débat sur la soutenabilité de notre modèle économique fondé sur les déficits publics permettrait peut-être un réveil collectif sur ce thème. C'est donc la meilleure idée de référendum à défendre actuellement.