Réflexions en cours

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dimanche 31 mai 2009

L'anti-fédéralisme institutionnalisé au Parlement Européen

Le leader des tories britanniques, David Cameron, a annoncé samedi la création d'un groupe "anti-fédéraliste" au Parlement Européen, qui associera, outre son parti, les droites polonaises et tchèques. Il s'agit là donc de l'alliance des partis les plus eurosceptiques parmi ceux qui ont réussi à conquérir le pouvoir dans leurs pays respectifs. L'ancien Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, a dit à cette occasion "Je veux une Europe libre, capable d'évoluer, où chaque Etat choisisse lui-même son degré de participation à la politique commune de l'Union". Il s'exprime ainsi en faveur d'une Europe politique à la carte, où chaque pays participe aux programmes qui l'intéressent, plutôt que de se lier sur tous les points où l'intérêt général serait mieux assuré au niveau européen. Il n'y a nul doute que le degré de participation à l'Union Européenne souhaité par ces différents pays est proche de zéro. S'ils expriment le sentiment de leurs compatriotes, on peut alors se demander à quoi bon auront alors servi leurs adhésions.

Le Royaume-Uni, la Pologne et la République Tchèque sont trois pays qui ont longtemps attendu leur adhésion à l'Union Européenne, et qui ont peu de temps après été ravagés par l'euroscepticisme le plus virulent et le moins constructifs. Etait-ce si difficile de découvrir que la construction européenne portait en elle des germes explicites de politiques communes ? Les pays de l'Europe ont pourtant largement bénéficié des apports de l'Union Européenne, que ce soient en terme de fonds régionaux pour réaliser des investissements locaux ou dans la participation à un marché unique. Ainsi, la Pologne a bénéficié de la politique agricole commune, et la République Tchèque a pu développer son tissu industriel grâce aux investissements d'entreprises décidant de fabriquer à l'est les produits vendus à l'ouest, comme les voitures. Seulement, pour que l'Union Européenne reste un ensemble gardant un semblant de cohérence, il faut que les différentes politiques s'équilibrent... et non pas que chaque pays choisisse les seules politiques l'avantageant personnellement. Car sinon, c'est laisser la place à un comportement de passager clandestin généralisé. L'Union Européenne ne doit pas être le lieu où les gains d'un pays se font au désavantage d'un autre. Ce serait le moyen le plus efficace de la détruire. Que diraient alors ceux qui ont jusqu'à présent bénéficié du libre échangisme, si par les excès de celui-ci la construction européenne venait à s'écrouler et le protectionnisme redeviendrait la règle ?

Au delà de cette volonté d'institutionnaliser l'anti-fédéralisme, il existe heureusement des partis de droite favorables à la construction européenne. C'est la CDU en Allemagne, le Parti Populaire en Espagne ou bien l'UMP en France. Leur alliance, le Parti Populaire Européen, devrait constituer la première force dans le prochain Parlement Européen selon les estimations. Ses députés devront veiller à limiter l'influence de leurs collègues au comportement suicidaire.

mercredi 27 mai 2009

La croissance verte

Quant on cherche à savoir ce que recouvre le terme de "croissance verte", actuellement très en vogue, on se rend compte que le concept n'est pas si nouveau que ça. Dans les instances internationales, une politique de croissance cherche à permettre la croissance économique et le développement sans remettre en cause l'approvisionnement des ressources environnementales nécessaires à notre bien être. En tant que tel, il n'y a donc pas de différence avec le concept de développement durable, qui veut dire la même chose. La notion de base reste le fait que l'on veut continuer à croître, sans s'autodétruire pour autant. C'est déjà bien plus intéressant que le concept de décroissance, qui explique que tout est déjà fichu, et que nous devons revenir en arrière pour avoir une chance de survie.

Le but est donc de continuer notre progression économique, tout en la faisant à la sauce écologique. Ce doit être un souci pour tous, mais ce peut également être une opportunité. Alors que certains secteurs d'activités polluants ou attaquant nos ressources naturelles peuvent être mis en difficultés par de telles évolutions, ce peut également être l'opportunité de développer de nouvelles industries, fondées sur l'amélioration de l'environnement. La croissance verte peut alors permettre l'émergence de nouveaux acteurs sur les énergies renouvelables ou la dépollution de régions compromises.

En conséquence, la transformation de l'environnement doit être un domaine prioritaire de recherche fondamentale. Actuellement, cela ressemble à un rêve, mais il serait intéressant de pouvoir maîtriser le niveau de dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère. Cela pourrait également avoir des utilités économiques non négligeables. Le recyclage est encore trop sous exploité, alors que son potentiel est immense. Une vision punitive de l'écologie ne peut être la seule norme en la matière. Ne serait-ce que parce que les ressources naturelles coûteront de plus en plus chères du fait de leur raréfaction, il sera rationnellement opportun de faire appel aux filières de la croissance verte.

mardi 19 mai 2009

Mais que se passe-t-il au Darfour ?

Ce que l'on sait sur le Darfour, c'est que cette région est le théâtre d'une catastrophe humanitaire effroyable, où l'on trouve guerre, réfugiés, famine, viols, pauvreté et même génocide. Régulièrement, des associations ou des personnalités essaient de nous avertir sur le drame qui s'y joue, indiquant par là que cela n'a jamais cessé depuis son commencement, en 2003. Ce qui est moins clair, ce sont les raisons de cette tragédie. Sur ce sujet, les médias ont souvent tendance à décrire les conséquences et non les causes. Cela peut-être du au fait qu'il y a peu de journalistes sur place. C'est certainement du aussi au fait que le dossier soit assez compliqué. Et toute tentative brève d'explication sera incomplète, ou simplificatrice. Mais malgré cela, que s'y passe-t-il ?

Il y a déjà le cas global du Soudan. Depuis son indépendance vis-à-vis du Royaume Uni, le Soudan s'est enferré dans plusieurs guerres civiles atroces, dont celle au Darfour n'est que la dernière. Le pouvoir y est fondamentalement corrompu, et ce pays représente un cas incroyable d'Etat en échec complet. Le fait qu'Ossama Ben Laden y ait trouvé refuge pendant plusieurs années alors qu'il était déjà recherché par les Etats-Unis n'est qu'un indicateur parmi d'autres. Son dictateur, Omar el-Béchir, est une authentique crapule au service de ses propres intérêts sans autre considération. Au Soudan, il y a une division entre un nord arabisant (mais noir), musulman, plutôt sédentaire et agriculteur, et un sud noir, animiste ou chrétien, plutôt nomade et éleveur. Pour des raisons historiques, les premiers dominent les seconds. Le sud a voulu se rebeller contre cela, d'où les guerres meurtrières. Normalement, le conflit est censé être arrivé à sa fin, ce qui devra être entériné par un référendum sur l'indépendance du sud d'ici 2011.

Mais alors que le conflit avec le sud a pris fin, celui du Darfour a commencé à l'ouest du Soudan, pour des raisons à peu près similaires, noirs et arabisants étant mélangés dans cette province. Des rebelles se sont élevés contre le pouvoir en place, ce qui a engendré une répression terrible de la part de milices armées sous le contrôle du gouvernement d'Omar el-Béchir. Ces milices sont les coupables de la plupart des terribles exactions sur la population du Darfour. L'éventuelle présence de pétrole dans la région incite le gouvernement à ne rien transiger, et la voie empruntée est celle de l'élimination pure et simple de la population ethniquement différente pour régler la question, d'où le génocide. Le Soudan est soutenue par la Russie et surtout la Chine dans ce conflit, justement parce qu'ayant un accès à la mer, il peut leur vendre le pétrole qui y est puisé.

Mais ce n'est pas tout. Il y a une autre dimension à ce conflit, celle du Tchad. Les rebelles du Darfour hostiles au pouvoir soudanais pourraient être soutenus par le voisin de l'ouest, le Tchad donc. Le dirigeant de ce pays, Idriss Déby, a en fait à peu près le même profil que son collègue dictateur et ennemi, Omar el-Béchir, en étant des militaires ayant pris le pouvoir par coup d'Etat. Le Tchad est pauvre et totalement corrompu, comme le Soudan. Le Tchad a aussi du pétrole, qu'il revend à des compagnies pétrolières occidentales via un oléoduc passant par le Cameroun vers l'Atlantique. Le Soudan aimerait que ce pétrole passe par son territoire vers la mer rouge, au profit de ses alliés chinois. Enfin, le pouvoir tchadien a aussi du faire face à une rébellion, soutenue cette fois par le Soudan, mais qu'il a surmonté grâce à une intervention française.

Il semble donc que le Tchad et le Soudan s'affrontent par milices interposées, et que les occidentaux et les Chinois s'opposent à travers ces deux Etats. Le Président du Tchad, Idriss Déby, peut au moins se targuer de ne pas massacrer une partie de sa population. C'est une vraie différence entre les deux. Pour le reste, ces deux pays montrent ce qui s'est fait de pire en Afrique dans les 50 dernières années. Et à vrai dire, on ne peut que regretter que les grandes puissances, quelles qu'elles soient, trempent dans ces affaires.

dimanche 17 mai 2009

Un parti de l'innovation

En économie, l'innovation est un puissant levier pour améliorer le résultat. L'innovation permet de créer de nouveaux produits ou services, des processus de fabrications plus efficaces ou bien de meilleures méthodes de ventes, entre autres. L'amélioration de la productivité est un moteur d'enrichissement qui doit profiter au plus grand nombre. D'une manière générale, les innovations peuvent avoir des effets déterminants, que ce soit dans les administrations ou bien en médecine. En politique aussi, l'innovation est un facteur déterminant. C'est pourquoi aucune idée ne doit être repoussée par avance.

Le conservatisme par conviction ou par immobilisme ne peut être une voie à suivre, pas plus que la volonté de changer en permanence uniquement pour le changement. C'est une évidence de le dire : toutes les idées ne sont pas bonnes. Il faut donc savoir faire la part des choses, savoir évoluer vers un progrès exigeant. Les nouvelles idées en politique doivent donc être accueillies les bras ouverts, qu'elles viennent d'intellectuels, de think tanks, ou bien de simples citoyens. Le rôle des partis politiques est alors de faire le tri, de voir si lesquelles sont faisables et font une différence.

samedi 16 mai 2009

La quête grotesque du meilleur opposant

Voici un nouveau marronnier pour les journalistes politiques : depuis presque deux ans, l'institut de sondage Opinion Way cherche à savoir chaque mois quel fut le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy pendant le mois passé. Ce n'est que l'une des multiples questions du baromètre réalisé pour Le Figaro et LCI, mais ses résultats sont invariablement repris par l'ensemble des médias. Tous les faits politiques sont ensuite analysés en fonction de cette simple question. Ainsi, le journaliste Dominique Souchier a semblé ce matin sur Europe 1 obsédé par le fait que François Bayrou venait d'obtenir le titre dans la dernière vague du sondage, martelant Daniel Cohn-Bendit de questions à ce sujet, alors que celui-ci était venu parler d'enjeux européens en rapport avec les prochaines élections.

Personne ne semble se rendre compte du caractère particulièrement artificiel de cette notion de "meilleur opposant". Il est ainsi demandé à l'ensemble de l'échantillon de se prononcer sur une question qui ne se pose pas forcément. Qui se dit spontanément "ah celui-ci, il fut un très bon opposant au chef de l'Etat le mois passé" ? Cela ne se passe pas comme cela. En fait, lorsque la question est posée, le sondée essaye de se rappeler qui, ces derniers temps, a fait le plus de bruit dans son opposition à Nicolas Sarkozy. Cela favorise inévitablement ceux qui proposent les attaques les plus brutales et les moins subtiles, puisque ce sont celles qui forcément font le plus de vagues... sans qu'elles n'en soient pour autant convaincantes. Ce baromètre ne fait que distinguer la personnalité politique qui aura été la plus violente dans ses anathèmes, et les médias s'en servent néanmoins comme si c'était un mérite en soi de figurer en tête d'un tel sondage, et spéculent à volonté sur la dynamique dont bénéficierait cette personnalité.

Il n'est dès-lors pas étonnant de retrouver comme "distingués" par ces sondages ceux qui ont comme unique fond de commerce leur anti-sarkozysme résolu, comme Dominique de Villepin, Ségolène Royal, Olivier Besancenot ou François Bayrou. Mais les journalistes ne se posent pas de question quant à tel sondage, et cela ne les gêne pas que leurs "meilleurs opposants" ne soient que ceux qui s'opposent de façon bête et méchante, et non ceux qui proposent des solutions alternatives à celles du Président de la République.

C'est en fait le dernier avatar du goût prononcé des journalistes politiques pour la vision de l'élection présidentielle sous forme de courses de chevaux. Les baromètres mensuels sont anciens, mais au lieu de n'observer que la cote d'une personnalité, celle-ci n'est plus vue qu'en fonction de son hostilité à Nicolas Sarkozy. C'est encore pire qu'avant, et c'est une vision déplorable de la politique. C'est celle de journalistes particulièrement fainéant et ridicules.

lundi 11 mai 2009

Des listes européennes consternantes

Maintenant que l'UMP vient de divulguer ses listes de candidats pour les prochaines élections européennes, il est possible de comparer celles présentées par les principaux partis favorables à la construction européenne. Le constat est assez décourageant : la constitution de ces listes marque avant tout une grande légèreté prise avec la démocratie européenne, tant les candidats et leurs points de chute ont été choisis sur des critères ayant peu à voir avec le travail parlementaire et la nécessité de créer un lien entre le peuple et les institutions européennes.

Ainsi, le parachutage est une pratique généralisée. La création de circonscriptions était une chance pour que chaque citoyen puisse mieux identifier ses représentants au Parlement Européen. En effet, trop souvent les gens ont l'impression que les décisions européennes tombent d'en haut, sans pouvoir rien y faire. C'est pour cela, qu'entre autres, ils doivent pouvoir s'adresser à leurs députés au Parlement Européen, et pour cela, ils doivent savoir qui s'occupe d'eux spécifiquement. En mettant des candidats qui ne sont pas originaires de régions pourtant vastes sur les listes, cet objectif est manqué. La probabilité sera forte qu'ils seront par la suite peu en lien avec les territoires qui les ont élus, ce qui favorisera ce sentiment d'abandon. C'est avec une inconséquence flagrante que le Parti Socialiste a envoyé par exemple Vincent Peillon dans le Sud Est et Henri Weber dans le Centre, alors qu'ils étaient auparavant élus dans le Nord Ouest, que le Modem a envoyé Sylvie Goulard dans l'Ouest alors qu'elle n'a jamais habitée dans l'une des trois régions qui forment cette circonscription, ou bien que l'UMP a mis Michel Barnier tête de liste dans l'Ile de France, alors que lui-même souhaitait rester fidèle à la Savoie dont il fut élu jusque là.

Un autre souci est le fait de choisir des candidats sans considération pour l'apport qu'ils auront une fois élus au Parlement Européen. Le député socialiste sortant Gilles Savary, considéré comme l'un des plus travailleurs au Parlement parmi les Français, n'est sur aucune liste, alors qu'il souhaitait continuer. Un autre expert des questions européennes, Alain Lamassoure, a été relégué en troisième place sur sa liste par l'UMP, au profit de Dominique Baudis, considéré comme plus médiatique. Le fait de forcer Rachida Dati à se faire élire à Strasbourg ne rend service ni à elle, ni à l'Ile de France. De son côté, François Bayrou continue lui aussi de recruter des célébrités pour faire office de tête d'affiche pour ses listes. Dans le Sud Ouest, il avait ainsi fait élire Jean-Marie Cavada en 2004, mais cinq ans plus tard, c'est Jean-Marie Cavada qui s'y colle.

Il faut dire que les élections européennes sont souvent une bonne occasion de recycler des personnalités politiques qui n'ont pas réussi à se faire élire ailleurs. Pierre Moscovici, qui était le premier à se dire passionné par l'Europe, a toujours essayé d'échapper au Parlement Européen, dans lequel il se réfugiait lorsqu'il perdait les législatives. En 2007, il a réussi à se faire élire à l'Assemblée Nationale, et démissionna aussitôt de son mandat européen. C'est la même chose pour Vincent Peillon, qui doit sa place de tête de liste sûre d'être élue à ses alliances politiques, mais qui ne réussit pas à se faire élire sur son nom propre malgré ses différentes tentatives. Les candidats Modem relèvent également de cette catégorie : Marielle de Sarnez se présente à toutes les élections, et aurait quitté le Parlement Européen il y a deux ans en cas de victoire aux législatives. Dans le Sud Est, Gilles Artigues est un ancien de l'Assemblée Nationale qui cherche à se recaser après avoir été élu. C'est en fait de façon massive que les candidats présentés par François Bayrou s'avèrent être des vaincus lors d'élections précédentes.

Le pire, c'est lorsque l'opportunisme politique pousse à promouvoir des candidatures de personne ayant même une vision de l'Europe contraire à celle des partis qu'ils représentent. Les Verts, censés être un parti parmi les plus engagés en faveur d'une Europe fédérale, ont fait de José Bové, l'une des personnes les plus hostiles au Traité Constitutionnel Européen, en tête d'une de leurs listes. La différence de position avec celle de Daniel Cohn-Bendit est ici frappante, mais ne semble gêner personne. A l'Est, c'est Jean-François Kahn qui est à la tête de la liste Modem : il partage avec François Bayrou la même obsession anti-sarkozyste, mais ne dit rien sur l'Europe. Et pour cause, vu qu'il soutenait le très eurosceptique Jean-Pierre Chevènement en 2002. Autre ancienne chevènementiste à se retrouver sur des listes de personnes favorables à la construction européenne : Marielle Gallo, qui a comme seul mérite d'être l'épouse d'un écrivain ayant soutenu Nicolas Sarkozy en 2007. Du côté du PS, cela fait bien longtemps que plus personne ne recherche la cohérence en matière d'Europe. Benoît Hamon et Pervenche Berès ont à nouveau une place de choix malgré tous leurs efforts pour saborder l'Europe.

Le vrai problème s'avère être le mode de scrutin à la proportionnelle. Le fait de créer une liste permet d'effacer les questions que l'on pourrait se poser sur les candidats au profit de l'expression d'un suffrage global en faveur de partis politiques. Cela déresponsabilise terriblement les candidats. Ceux qui sont en tête de liste sont certains d'être élus, et n'ont qu'à se concentrer sur les questions purement politiciennes internes à leurs partis pour être sûrs de garder une bonne place lors la prochaine élection. Ceux qui sont en deuxième moitié de liste n'ont absolument aucune chance d'être élus, et se désintéresse également de la campagne électorale. Les quelques personnes qui restent dont l'élection est possible mais pas certaine n'ont pas la visibilité suffisante pour faire la différence. Ce système favorise le mépris des partis politiques envers la constitution de listes sérieuses, alors que les questions européennes sont déjà souvent vues comme peu intéressantes car peu médiatisées. Il n'est alors pas étonnant de voir naître un tel divorce entre le peuple et les institutions européennes. L'Europe mérite mieux.

samedi 9 mai 2009

30 ans d'élections européennes

C'est aujourd'hui la fête de l'Europe. Le 9 mai 1950, Robert Schuman et Jean Monnet ont appelé à une gestion commune de ressources naturelles entre pays européens, dans un esprit de pacification. Cela a amené à la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, première étape d'une union économique qui aura vocation à être de plus en plus politique. Dans cet esprit, le Parlement Européen, à l'avis d'abord consultatif et issu des parlements nationaux, fut élu au suffrage universel à partir de 1979. Voilà donc trente ans que les citoyens européens ont la possibilité de voter pour élire les députés européens. Ceux-ci ont progressivement vu leurs pouvoirs s'étendre, et en gagneront de nouveaux si le Traité de Lisbonne est bien adopté.

Le Parlement Européen a désormais son mot à dire sur la composition de la Commission Européenne, et a de ce fait permis la chute de la Commission Santer en 1999. En 2004, la première composition de la Commission proposée fut également rejetée par le Parlement, ce qui força José Manuel Barrosso à effectuer plusieurs changements dans l'équipe qu'il avait prévu. En outre, le Parlement Européen a un fort pouvoir de contrôle. La célèbre directive Bolkestein sur la libéralisation des services fut ainsi profondément remaniée, à tel point que la clause du pays d'origine en fut éliminée. Encore dernièrement, des décisions importantes ont été prises en matière de régulation financière (notamment sur les exigences à avoir de la part des banques et des agences de notation) et de politique énergétique commune. D'une manière générale, l'Union Européenne a le premier rôle dans toutes les questions de régulation, et le Parlement Européen est au centre de ces institutions.

Le travail législatif européen impacte donc la vie quotidienne de tout à chacun, il est donc logique que tout le monde ait la possibilité de s'exprimer sur les représentants qui accomplissent ce travail. Mais le Parlement Européen est autant influent que peu médiatisé. Son travail sérieux et souvent sans polémique car réalisé dans la concertation peut ressembler à un sujet aride. Il est bien plus facile de (mal) expliquer des choix européens sans faire apparaître que l'on y a une part. Il est effectivement souhaitable que les députés européens fassent la démarche d'être plus présents auprès de leurs électeurs pour leur expliquer leurs décisions, mais à l'approche des élections européennes, chaque citoyen a également le devoir de prendre l'initiative et de se pencher sur le travail réalisé par la dernière législature et les projets proposés par les différents candidats.

En tant que fête de l'Europe, ce jour marque donc un bon point de départ pour la campagne des élections européennes. Les élections sont dans moins d'un mois, le 7 juin, et seront probablement marquées par une forte abstention, à l'instar des éditions précédentes. Ce n'est pas une raison de s'éloigner pour autant des enjeux européens : de même que la honte de l'abstention est collective, c'est à chacun de s'impliquer sur des questions qui engagent notre avenir.

jeudi 7 mai 2009

Une proposition de loi favorisant la délinquance routière

Deux sénateurs ont déposé une proposition de loi visant à ce que les petits excès de vitesse ne soient passibles que d'une amende, et non également d'une perte d'un point comme c'est le cas actuellement. Ainsi, si la limitation de vitesse serait dépassée de moins de 5 km/h, aucun point ne serait retiré. L'argument développé par les promoteurs de ce texte serait que la suppression du permis de conduire engendre des drames sous la forme de pertes d'emplois. Un sondage fort opportun souligne que les Français seraient très majoritairement favorables à une telle mesure. Cela n'est pas étonnant, tant les conducteurs ont tendance à penser qu'ils sont à l'abri et que ce sont les autres qui sont dangereux : les condamnations sont dès lors la plupart du temps mal vécues. La proposition de loi prévoit également une disposition visant à ne plus supprimer de points si le conducteur ne porte pas la ceinture de sécurité.

Nicolas About et Pierre Jarlier, ces deux sénateurs, cherchent tout simplement à saborder le permis à point. Selon leur logique, on peut commettre des délits routiers, il suffit de payer les amendes, mais il ne faudrait pas retirer le permis car il est essentiel dans la vie quotidienne. Mais si le code de la route n'est pas respecté, à quoi bon un permis de conduire ? Il y a douze points sur un permis de conduire. Pour que celui-ci soit vraiment susceptible d'être retiré, il faudrait commettre douze de ces "petites" infractions. Si quelqu'un n'est pas capable de comprendre qu'il faut faire attention sur la route après onze rappel à l'ordre, il est bien temps de se demander s'il est souhaitable qu'il conduise. En outre, les excès de vitesse inférieur à 20 km/h occasionnent certes une perte d'un point, mais ce point est réattribué au bout d'un an si aucune autre infraction n'est commise pendant ce délais. Lorsque l'on sait qu'il y a déjà une petite marge entre la vitesse réelle et la vitesse figurant sur le procès verbal (une infraction constatée à 131 km/h sur autoroute par exemple consiste en fait en une vitesse réelle de 136 km/h), cette notion de petit excès de vitesse perd déjà en crédibilité.

Cette proposition de loi est donc non seulement inutile, mais aussi dangereuse. La lutte contre la violence routière fut une préoccupation importante de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy lorsque ceux-ci étaient respectivement Président de la République et ministre de l'Intérieur. La diminution importante du nombre de victimes fut la conséquence avant tout d'une approche basée sur la répression, signe que l'on prenait enfin la délinquance routière au sérieux. Le problème n'est pas que les lois ne sont pas connues, mais qu'elles ne sont pas respectées. Là, l'idée est de pouvoir passer outre à condition d'en avoir les moyens. 80 % des conducteurs n'ont aucun point en moins sur leur permis, ce sont ces conduites sûres qu'il faut encourager. Ces deux sénateurs devraient avoir honte de leur combat irresponsable.

dimanche 3 mai 2009

Un parti du travail

Le travail a été longtemps décrié, considéré comme la partie de sa vie qui le rend malheureuse. En philosophie, on nous apprend même que la racine latine du mot travail est associée à la torture. Pour certains, le progrès, c'est de toujours diminuer le temps de travail. Quelqu'un de parfaitement heureux serait donc celui qui serait parfaitement oisif. C'est avec ce genre de raisonnements que la fête du travail, le 1er mai, est paradoxalement un jour chômé. C'est certainement le reliquat de la philosophie marxiste, qui considère les travailleurs comme un prolétariat écrasé par la cupidité du patronal. Peut-être est-ce aussi un fond culturel religieux, car dans la Genèse, Dieu condamne l'homme à travailler après avoir mangé du fruit défendu. "Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie."

Mais faut-il vraiment le voir comme une condamnation ? C'est bien le travail qui a permis à l'homme de survivre, et de construire progressivement un monde qui lui est propre. Le progrès que connait l'homme, c'est un progrès qu'il s'est bâti, c'est le fruit de son travail. Le travail est indissociable de l'homme. Le problème est plus souvent de faire un travail auquel on ne trouve pas d'intérêt, mais l'idée du travail peut donner du sens à la vie, il y a un véritable plaisir du travail bien fait. C'est un accomplissement en soi.

Karl Marx justement avait critiqué la division du travail, car l'ouvrier ne comprenait plus ce qu'il faisait (contrairement à l'artisan), l'inconvénient aux gains de productivité engrangés. Il y a une vraie fierté du travailleur, et c'est pourquoi travailler ne doit pas forcément être une notion négative. Le travail est créateur de richesses, et pas uniquement pécuniaires. Le travail doit donc être favorisé, et particulièrement en politique. En 2007, c'était le thème central de la campagne de Nicolas Sarkozy. Affirmer aux travailleurs que ce qu'ils font a un sens, qu'ils contribuent à leur société et à leur propre bien être est important. C'est une meilleure approche que de leur dire qu'il faut à tout prix les écarter de ce qui représente une part importante de leur quotidien. Il faut donc prendre le parti du travail, en améliorer les conditions et les retombées, mais pas vouloir le supprimer.

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