Le leader des tories britanniques, David Cameron, a annoncé samedi la création d'un groupe "anti-fédéraliste" au Parlement Européen, qui associera, outre son parti, les droites polonaises et tchèques. Il s'agit là donc de l'alliance des partis les plus eurosceptiques parmi ceux qui ont réussi à conquérir le pouvoir dans leurs pays respectifs. L'ancien Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, a dit à cette occasion "Je veux une Europe libre, capable d'évoluer, où chaque Etat choisisse lui-même son degré de participation à la politique commune de l'Union". Il s'exprime ainsi en faveur d'une Europe politique à la carte, où chaque pays participe aux programmes qui l'intéressent, plutôt que de se lier sur tous les points où l'intérêt général serait mieux assuré au niveau européen. Il n'y a nul doute que le degré de participation à l'Union Européenne souhaité par ces différents pays est proche de zéro. S'ils expriment le sentiment de leurs compatriotes, on peut alors se demander à quoi bon auront alors servi leurs adhésions.

Le Royaume-Uni, la Pologne et la République Tchèque sont trois pays qui ont longtemps attendu leur adhésion à l'Union Européenne, et qui ont peu de temps après été ravagés par l'euroscepticisme le plus virulent et le moins constructifs. Etait-ce si difficile de découvrir que la construction européenne portait en elle des germes explicites de politiques communes ? Les pays de l'Europe ont pourtant largement bénéficié des apports de l'Union Européenne, que ce soient en terme de fonds régionaux pour réaliser des investissements locaux ou dans la participation à un marché unique. Ainsi, la Pologne a bénéficié de la politique agricole commune, et la République Tchèque a pu développer son tissu industriel grâce aux investissements d'entreprises décidant de fabriquer à l'est les produits vendus à l'ouest, comme les voitures. Seulement, pour que l'Union Européenne reste un ensemble gardant un semblant de cohérence, il faut que les différentes politiques s'équilibrent... et non pas que chaque pays choisisse les seules politiques l'avantageant personnellement. Car sinon, c'est laisser la place à un comportement de passager clandestin généralisé. L'Union Européenne ne doit pas être le lieu où les gains d'un pays se font au désavantage d'un autre. Ce serait le moyen le plus efficace de la détruire. Que diraient alors ceux qui ont jusqu'à présent bénéficié du libre échangisme, si par les excès de celui-ci la construction européenne venait à s'écrouler et le protectionnisme redeviendrait la règle ?

Au delà de cette volonté d'institutionnaliser l'anti-fédéralisme, il existe heureusement des partis de droite favorables à la construction européenne. C'est la CDU en Allemagne, le Parti Populaire en Espagne ou bien l'UMP en France. Leur alliance, le Parti Populaire Européen, devrait constituer la première force dans le prochain Parlement Européen selon les estimations. Ses députés devront veiller à limiter l'influence de leurs collègues au comportement suicidaire.