Réflexions en cours

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jeudi 29 juillet 2010

Plus de chômage aux Etat-Unis qu'en France

Pour ceux qui sont habitués à surveiller les statistiques économiques depuis longtemps, cela peut paraître étonnant. Mais cela fait plusieurs mois maintenant que le taux de chômage américain est supérieur à celui de la France. Il est ainsi monté jusqu'à 10,4 % de la population active en février dernier, quand le taux de chômage français pour le premier trimestre 2010 était de 9,5 %. Bien sûr, il peut exister des différences dans la façon de comptabiliser les chômeurs qui font que cette comparaison ne peut se suffire à elle-même. Elle a néanmoins le mérite de souligner la situation particulièrement violente dans laquelle se trouve l'économie américaine. En France, il n'est pas un reportage qui ne commence par "avec la crise". Mais la triste vérité est que la France est habituée à la crise, n'étant jamais sortie de celle des années 70. Le taux de chômage actuel est malheureusement loin d'être inédit. L'économie américaine en revanche était davantage habituée au plein emploi. C'est ce qui rend leur situation aussi exceptionnelle.

Alors qu'en France, la sécurité de l'emploi reste relativement importante (il est plus difficile de se faire licencier que dans les pays libéraux, en contrepartie du manque d'emplois), les entreprises américaines répercutent immédiatement leurs difficultés économiques sur leur masse salariale. La simultanéité des licenciements et le fait que la couverture sociale des chômeurs est très faible mettent à mal considérablement la demande intérieure. De plus, celle-ci était largement gonflée à l'aide de crédits à la consommation, qui ne peuvent plus être employés en périodes de crise économique et financière. Le risque de surendettement n'a plus rien de virtuel. Des villes entières sont frappées, les Américains ne voient plus le bout du tunnel.

Dès lors, on peut comprendre l'impopularité que connaît Barack Obama actuellement. Malgré toutes ses qualités, le prometteur Président des Etats-Unis n'arrive pas à faire face à la tâche colossale qui est de redresser l'économie américaine. Certes, bien peu de personnalités politiques ont des solutions, et il devra comme les autres attendre que l'économie se relève d'elle-même. Mais il est néanmoins intéressant de note que pendant ce temps, l'Allemagne se porte de mieux en mieux, à tel point qu'elle n'avait connu un taux de chômage aussi bas depuis la réunification (à 7,6 %, après des mois de baisse). A ce titre, la chancelière allemande Angela Merkel, qui prône régulièrement des politiques budgétaires rigoureuses, pourra se permettre de donner quelques leçons.

mardi 27 juillet 2010

Que vaut le bac ?

Marronniers traditionnels des mois de juin et de juillet, l'examen du baccalauréat et l'annonce de ses résultats posent chaque année la même question : que vaut le baccalauréat aujourd'hui ? Les ministres ont beau changer, leur réponse est toujours la même. Le bac garde toute sa valeur. Et cela même si les taux de réussite ont drastiquement augmentés (on peut même parler d'explosion) sur les dernières décennies. Peuvent-ils vraiment dire autre chose ? Le moindre commentaire négatif les verrait accusés de dévaloriser le premier diplôme de centaines de milliers de jeunes, et lancerait immédiatement une polémique sur l'opportunité de conserver l'examen sous sa forme actuelle.

Il y eut, dans les années 80, une politique assumée de massification de l'enseignement secondaire au niveau du lycée. Encore aujourd'hui, Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Education de l'époque, fait valoir qu'il s'agissait d'une "volonté politique progressiste". Mais s'il affirme que la qualité doit rester la même avec l'augmentation du nombre des élèves, force est de constater que sur ce point, il n'a pas été suivi. Plusieurs éléments permettent de le penser. Déjà, la simplification des épreuves : dans les baccalauréats généraux et techniques, la dissertation n'est plus qu'optionnelle dans les matières où sa maîtrise était autrefois indispensable. Dans certaines épreuves, comme celle de mathématiques, il y a même des QCM : l'élève choisit sa réponse sans avoir besoin de la démontrer, et sans être sanctionné en cas d'erreur. En outre, si les rapports d'examinateurs ne cessent de parler de compétences généralement à peine maîtrisées, le niveau général des notes tend à augmenter. Les témoignages sur les fameuses réunions d'"harmonisation" des notes affluent : il s'agit en fait de réévaluer à la hausse l'ensemble des copies pour éviter des résultats globaux trop mauvais. Et cela se passe chaque année. Et si cela ne suffisait pas, la mascarade des options prend le relais. Entre le TPE et les options facultatives, la moyenne générale de l'élève est forcément augmentée, sans aucun risque pour lui.

Aujourd'hui, tout lycéen travaillant normalement tout au long de la terminale est sûr d'avoir son bac. La question ne se pose que pour ceux qui commencent à s'en soucier au dernier moment, certes très nombreux à cet âge. Mais pour les autres, l'incertitude est plus sur la mention que l'on va décrocher. Et ceux qui travaillent vraiment ont peu de peine à taper haut. Le journal Le Figaro explique ainsi que la moitié des bacheliers décrochent une mention aujourd'hui (contre 32 % en 1967), et même 7 % obtiennent la mention très bien (contre 0,3 %). Dès lors, comment s'étonner que le nombre d'élèves parvenant à avoir plus de 20/20 de moyenne générale se multiplie, à tel point que cette année on en a trouvé deux dans le même lycée de Brest ?

Pour ces raisons, certaines personnes préconisent d'instaurer un contrôle continue au lycée, afin d'éviter les coûts de l'organisation de l'examen. Cela finirait en effet de transformer le bac en mascarade, comme l'est devenu depuis bien longtemps le brevet des collèges. Mais il y a un enjeu derrière cela : le bac donne la possibilité d'entrer à la fac, et le taux d'échec y est tel que l'on peut parler d'un énorme gâchis humain. Les facs ne peuvent sélectionner leurs étudiants, et le seul passeport d'entrée est presque donné dans une pochette surprise. Elles sont donc obligées de gérer une foule d'étudiants qui n'ont dès le départ pas le niveau, et dans de nombreux cas, la sanction tombe dans les deux premières années d'université. En considérant cela, la plaisanterie est un peu moins drôle.

dimanche 25 juillet 2010

Tapons tous sur la piñata !

La piñata est une sculpture mexicaine en papier mâché remplie de confiseries, sur laquelle les enfants tapent les yeux bandés à l'aide d'un bâton dans le but d'en faire sortir le butin. C'est aussi le jeu que les journalistes semblent particulièrement apprécier, sous l'intitulé plus courant de "lynchage médiatique". La mécanique reste la même : choisir une cible, proclamer un scandale et taper dessus aveuglement tant qu'elle ne sera pas totalement réduite à l'état de confettis. Cette pratique habituelle prend un nouvel exemple dans le sort réservé au ministre des Affaires sociales, Eric Woerth. Son tort est d'avoir une femme qui travaillait pour Liliane Bettencourt, la première fortune de France, alors qu'il était lui même ministre du budget. Il ne lui est donc pas reproché d'avoir fait quelque chose : en fait, il apparaît qu'il n'est jamais intervenu que ce soit en bien ou en mal sur les affaires de particuliers. Il lui est reproché d'être. En l'occurrence, d'être marié à sa femme. Celle-ci, ayant une longue expérience dans la gestion de fortunes dans une banque privée, ayant fait les études adéquates, n'aurait donc plus pu exercer son métier parce que son mari serait devenu ministre. A l'heure où l'égalité entre les hommes et les femmes est censé être d'actualité, le seul destin qu'elle aurait pu assumer semble bien être celui de femme au foyer.

Eh voilà, cela suffit pour que quelques organes de presse prennent cela comme angle d'attaque face au ministre en charge de mettre en place actuellement la réforme des retraites, et en fassent un douteux feuilleton de l'été. La bastonnade frénétique et aveugle ne cessera qu'au moment où la victime acceptera de rendre ses tripes, sous la forme d'une démission. Tout est bon pour cela, et aucun secret de l'instruction ou présomption d'innocence ne sauraient se mettre sur la route d'une si joyeuse chasse à l'homme. Elisabeth Guigou, qui avait pourtant fait voter autrefois une loi sur la présomption d'innocence, affirme même désormais que la suspicion est intenable et appelle à la démission d'Eric Woerth. Mais ne se rend-elle pas compte que cette "suspicion" n'est qu'un jugement, le sien en l'occurrence ?

Il arrive parfois que les lynchâges médiatiques ne fonctionnent pas, et que les journalistes, hébétés, découvrent qu'ils n'ont pas toujours ce qu'ils veulent. C'est un peu l'impression que l'on a pu avoir à la manière dont certains journaux ou magazines parlaient du pape ces derniers temps, croyant bizarrement que la démission de celui-ci était quelque chose dans l'ordre du possible, comme s'il relevait de la même catégorie que leurs victimes ordinaires. Aux Etats-Unis, une collaboratrice de ministère de l'agriculture avait été poussée à la démission suite a des propos qualifiés d'intolérables par les médias, avant de découvrir que ceux-ci avaient été dument tronqués, provoquant l'embarras de l'administration Obama, trop prompte à lâcher face à la vindicte journalistique. Le quatrième pouvoir est fier de sa force, mais il est bien moins contrôlé que l'exécutif ou le législatif...

samedi 24 juillet 2010

Contre la banalisation de la drogue

Voilà deux faits d'actualité qui se succèdent coup sur coup. D'une part, les médias se font l'échos d'une "déclaration de Vienne", dans laquelle certains scientifiques se prononcent contre la "criminalisation" des drogues, pour la mauvaise hygiène que celle-ci engendrerait parmi les toxicomanes. D'autre part, la ministre de la santé Roselyne Bachelot étudierait la possibilité d'ouvrir des salles de consommations de drogues, où les toxicomanes pourraient continuer en toute sécurité à s'injecter des produits hautement dangereux pour leur organisme. Nous sommes donc en présence d'un mouvement souhaitant banaliser l'usage de la drogue pour que les drogués aient une meilleure hygiène. Or c'est oublier un point fondamental : la meilleure hygiène de vie commence par ne pas consommer de drogues ! Les toxicomanes n'ont pas besoin qu'on les aide à prolonger leur descente aux enfers, ils doivent être aidés à arrêter de consommer des produits si dangereux.

L'argument selon lequel des salles de consommation permettraient aux toxicomanes de ne pas s'échanger leurs seringues ne tient pas. Ils ont d'ores et déjà à disposition des distributeurs de seringues neuves pour leur permettre de se droguer en ne subissant que les dangers des stupéfiants (avec les risques de produits coupés à diverses substances, d'overdose, ou de déchéance physique). S'il y a tant de crédits disponibles que cela, il serait en revanche préférable d'augmenter les crédits alloués à la recherche en de meilleurs produits de substitutions, ou bien dans des centres de désintoxications. L'Etat n'a pas à aider par la main ses citoyens dans leurs suicides.

De même, il est hors de question de rendre l'usage de stupéfiants légal. La banalisation des drogues ne sauverait pas de vie, bien au contraire. L'alcool et le tabac font déjà suffisamment de dégâts pour qu'on veuille les accompagner de substances encore plus dangereuses. Il faut que chacun comprenne, dès le plus jeune âge, le danger représenté par les drogues, que leurs séductions temporaires ne sont que la porte d'entrée vers une mort précoce. Là où le travail doit se faire, c'est dans la sensibilisation de tous pour que plus personne n'accepte d'essayer une quelconque drogue, même "pour voir". La conscience sociale ne doit pas sous-entendre que c'est quelque chose d'agréable, un plaisir défendu, mais bien une stupidité grave et irresponsable. Et évidemment, le trafic de stupéfiants doit être combattu sévèrement.

Il est donc parfaitement regrettable que ce soient des personnes dépositaires d'une autorité, comme des scientifiques ou une ministre, qui ouvrent la voie vers une banalisation des drogues, lorsqu'elles font tant de dégâts. Ce n'est pas la soumission qui doit prévaloir face à un danger, mais la volonté de le combattre.

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