Réflexions en cours

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jeudi 28 juin 2012

La bonne excuse de la chronobiologie

Le retour de la semaine de cinq jours à l'école est une bonne chose, dans la mesure où l'on n'avait jamais vraiment trouvé d'explications à celle de quatre jours. Mais on n'échappe pas quand même au débat sur la diminution des vacances d'été, ou le rallongement des vacances de la Toussaint. C'est l'occasion de revoir une profession qui, en fin de compte, n'apparaît que lorsque son mentionnées ces questions : les chronobiologistes. Ces gens-là sont censés nous expliquer ce qui est scientifiquement mieux pour l'enfant. Le côté formidable de l'affaire, c'est qu'il préconise toujours des changements, y compris après les changements précédents, largement inspirés par leurs arguments déjà. En fait, le plus simple est de penser qu'il ne sont probablement pas d'accord entre eux, ce qui fait relativiser le côté "scientifique" de l'affaire. Si on était plus mesquin, on dirait que s'il n'y avait aucun changement à réaliser, il n'y aurait plus besoin de chronobiologistes, et ils seraient condamnés à la disparition.

En fait, tout cela n'a pas grand chose avec la science. Dire que les vacances de la Toussaint, en 10 jours, sont insuffisantes, alors qu'en 14, c'est bien, cela reste de l'observation au doigt mouillé. Il n'y a certainement pas de recette miracle pour l'apprentissage. En classe, quand un professeur voit ses élèves peu attentifs en début de matinée, il dira que c'est parce qu'ils sont mal réveillés. S'ils sont peu attentifs en fin de matinée, il mettra ça sur le compte de la faim. En début d'après-midi, il pourra dire que c'est la digestion. En fin d'après-midi, il accusera la fatigue de la journée écoulée. Tout cela fait de bonnes excuses bienveillantes, mais quand on demande à l'élève son avis sur ce qui s'est passé, la plupart du temps, il répondra qu'il s'est tout simplement profondément ennuyé.

Alors dans ce cas, c'est sûr, il préférera que la journée de classe se termine tôt, qu'il n'y ait que quatre jours d'écoles par semaines et que les vacances durent plus longtemps. Pourtant, il faut bien que les connaissances soient transmises, alors que les résultats tendent à s'affaiblir de ce côté. Le vrai défi, c'est surtout de trouver un équilibre entre intéresser l'élève et ne pas sacrifier sur les connaissances à transmettre. La question est épineuse, il n'est pas sûr qu'elle ait une solution, ou plutôt, il n'est pas sûr que tous les profs soient armés pour y répondre. Du coup, le plus simple est de remettre en cause l'emploi du temps, mais il n'est pas sur que cela change quoi que ce soit. L'envie d'apprendre, voilà un sujet bien plus ambitieux !

lundi 25 juin 2012

Le bon comportement vis-à-vis du FN

La "droitisation" de la dernière campagne de Nicolas Sarkozy a rapidement été caricaturée par la grande farandole des redresseurs de torts, prompts à qualifier de maléfique tout ce qui est à droite. On a ainsi vu des gens opposer le Président de la République à une vision "républicaine" de la société, sans que l'on sache bien ce que cela veuille dire. Voulait-on dire qu'il n'était pas un démocrate ? Il suffisait de voir comment la transition avec la gauche s'est déroulée sans accroc pour se rendre compte que c'était un reproche ridicule. Est-ce que cela voulait dire qu'il n'y avait de droite que d'extrême ? D'un point de vue logique, c'est impossible : sur l'axe (ou plutôt le cercle) politique, la droite ne peut disparaître, puisqu'il y a toujours une gradation. En fin de compte, ce qu'il faut comprendre, c'est que ne pas être "républicain" signifie ne pas être à gauche.

Lors de la prochaine élection du président de l'UMP, la question des alliances se posera certainement. Que faire avec le nouveau "nouveau centre" de Jean-Louis Borloo ? Et les médias lanceront certainement la question du comportement à adopter face au Front National. Après tout, la question revient régulièrement. Et il n'y a pas le moindre doute sur la réponse qui sera adoptée : le cordon sanitaire restera de mise.

Oh, certes, on verra encore des enquêtes d'opinion montrant qu'une certaine proportion de sympathisants UMP est favorable à des alliances avec le FN. Cela ne veut pas dire qu'ils auront gain de cause. Pour commencer, la plupart des cadres sont contre. Les élus qui pourraient se montrer tenter sont ceux qui sont le plus menacés par un vote FN fort, ils sont loin d'être majoritaires, et sur des zones assez limitées géographiquement. Ce n'est pas que la peur qui les anime : ils viennent de territoires qui sont bien plus à droites que la moyenne, et cela se transcrit dans leurs convictions. Mais dans le reste de la France, on prend les extrêmes pour ce qu'ils sont sont : des voies sans issues, dangereuses et vaines.

Si tellement de gens de droite sont favorables à une alliance avec le FN, c'est surtout qu'ils en ont marre de partir désavantagé face à la gauche, qui n'a jamais eu de problème à faire ouvertement alliance avec l'extrême gauche. L'extrême droite et l'extrême gauche, c'est pourtant la même chose, les mêmes tendances folles qui ne peuvent qu'abimer un pays. On a vu lors des campagnes présidentielle et législatives à quel point les deux Fronts, National et De Gauche, étaient le miroir l'un de l'autre, dans un numéro de duettiste qui n'en finissait jamais, sous fond d'outrances verbales ininterrompues. L'UMP a toujours eu raison de ne pas vouloir s'allier avec le FN. La vraie faute, c'est celle du PS, qui n'a jamais eu le moindre scrupule à s'allier avec les communistes. Quand l'UMP exclut un candidat qui se désiste en faveur du FN, le PS encourage les siens à se désister en faveur du PC s'ils arrivent derrière.

A l'UMP, il y aura tout un débat sur la question du "ni-ni", soit ne pas se désister ni en faveur de la gauche, ni en faveur du Front National. En 2002, le PS avait appelé à voter pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, mais le candidat socialiste avait déjà été éliminé. Alors un candidat socialiste vaut certainement mieux qu'un candidat FN. Mais quelle différence il y a-t-il entre un candidat PC et un candidat FN ?

jeudi 21 juin 2012

Qui pour reprendre l'UMP ?

Depuis 2007, il n'y avait plus de leadership légitime à l'UMP. Par un curieux changement, le poste de président de ce parti avait été supprimé tant que Nicolas Sarkozy était Président de la République, alors qu'il avait été créé sous Jacques Chirac. Maintenant que l'UMP est dans l'opposition, ce poste va être ressuscité, ce qui supposera une élection de la part des adhérents. Cette fois-ci, il n'y aura pas de candidat qui s'imposera d'emblée, comme Nicolas Sarkozy en 2005. En fait, le jeu semble même plutôt ouvert, et rappelle l'élection du président du RPR en 1999. Il y avait alors eu plusieurs candidats, et l'élection s'était réglée en deux tours. Michèle Alliot-Marie avait alors été élue, lui donnant un poids politique fort.

Il est donc question de procéder à une telle élection au sein de l'UMP cet automne, et les manœuvres vont commencer. Quoi qu'on en dise, ce sera certainement un poste permettant de préparer la prochaine élection présidentielle, donc l'enjeu est important. A ce titre, le conflit sera probablement violent, donc autant qu'il dure le moins de temps possible, et qu'il soit propre, dans le sens où il ne crée pas de blessures trop difficiles à cicatriser. Pour l'instant, il n'est pas encore question de propositions, donc voyons déjà certaines des personnalités qui pourraient concourir :

Jean-François Copé : C'est sûr, il veut être Président de la République. Tout le reste est négociable... et c'est bien le problème. Il envisage d'ores et déjà cette élection comme le tournant de sa carrière, et n'hésitera devant rien pour arriver à ses fins. Attention à la stratégie de la terre brûlée, qui pourrait le pousser à ruiner son parti s'il y trouvait un intérêt personnel. Sans ligne politique fixe, il a en fin de compte tous les défauts de Nicolas Sarkozy, sans en avoir les qualités. A un moment, il faut se dire que l'ambition ne peut être une fin en soi. Jusqu'à présent, il n'a rien montré de positif. Il vaudrait mieux que Jean-François Copé ne devienne ni président de l'UMP, ni Président de la République.

François Fillon : Pendant cinq années à Matignon, il s'est montré sérieux et rigoureux. Parlementaire, plusieurs fois ministre, Premier ministre, il a désormais un CV impressionnant au bout de trois décennies de vie politique. Son opposition au traité de Maastricht est toutefois inquiétante, si jamais sa présence à l'Elysée venait à se poser, car cela montre qu'il est peu attaché à la construction européenne. Et a déjà 58 ans, peut-il incarner le dynamisme et le renouveau ?

Bruno Le Maire : Il vient de dire qu'il serait prêt à se présenter pour la tête de l'UMP si ses idées n'étaient pas reprises ailleurs. Dans son cas, son problème est plutôt l'inverse de François Fillon : il n'a été élu que cinq ans. Il a récupéré la circonscription de Jean-Louis Debré, solidement ancrée à droite. Auparavant, ce n'était pas vraiment un militant de terrain, puisque c'était un énarque, directeur de cabinet de Dominique de Villepin. Pour le charisme, on repassera également. En bref, il lui reste tout à prouver en dehors des ministères.

François Baroin : Protégé de Jacques Chirac, il a réussi au cours des dix dernières années à exprimer ses idées personnelles tout en se montrant respectueux de celles des autres. C'est quelqu'un de raisonnable, qui arrive à travailler avec à peu près tout le monde, et qui a fini par accumuler de l'expérience. A 47 ans, il envisage lui aussi d'être candidat pour la tête de l'UMP, et ce serait une option très intéressante.

Valérie Pécresse : Elle, elle ne semble par contre pas y songer. Ses dernières déclarations indiquent qu'elle irait plutôt du côté de François Fillon, mais son avenir reste encore devant elle. Au gouvernement pendant cinq ans, elle s'est montrée solide, la réforme des universités qu'elle a mis en place étant nécessaire, et désormais saluée. Si elle n'a pas remporté la région Ile-de-France, au moins elle a continué à s'y impliquer dans l'opposition, contrairement à Jean-François Copé en 2004, qui lui a tenté de faire oublier son échec. A 44 ans, elle est encore jeune en politique. Elle a peut-être moins d'ambition personnelle que d'autres, mais si elle le voulait, elle pourrait s'installer au premier plan de la droite. Il y a d'ailleurs un vaste chantier de féminisation à lancer dans ce parti.

mardi 19 juin 2012

Maître Collard, député m'as-tu-vu

Au soir du second tour, les déclarations de la famille Le Pen et des responsables du Front National étaient aussi agressives que d'habitudes. Mais celle de Gilbert Collard se montrait un peu plus apaisée. Bien sûr, il a promis à cette occasion d'être un "casse-couilles démocratique" à l'Assemblée Nationale. Seulement, être casse-couilles, c'est ce qu'il a toujours été, il n'a pas attendu de faire de la politique pour commencer. Il vient d'être élu député du Gard sous l'étiquette Front National, mais son parcours politique a été très sinueux. Encore en 2008, il était président du Parti Radical de l'Allier, et avait été candidat à la mairie de Vichy. Il y a peu de lien entre le Parti Radical, mouvement centriste depuis une centaine d'années, et le Front National, parti politique ancré dans l'extrême droite. Alors est-ce que les convictions politiques de Gilbert Collard ont changé tant que ça en si peu de temps ? Pas vraiment : en fait, ce sont surtout les opportunités qui ont évolué.

Les partis radicaux de droite comme de gauche ont malheureusement en commun d'être des structures politiques "prêtes à l'emploi". On y trouve un nombre étonnant de militants, par rapport à d'autres formations qui font plus de bruit, mais peuvent compter sur moins de bras. Seulement, peu de personnalités émergent de l'appareil militant. En conséquence, ils accueillent volontiers des profils médiatiques qui se greffent à eux pour servir leurs intérêts. Les radicaux peuvent être une aide précieuse pour négocier avec le parti principal de droite ou de gauche, et permettent de monter des campagnes qui tiennent à peu près la route. Bernard Tapie ou Christiane Taubira se sont ainsi alliés avec les radicaux de gauche sur le tard, et Jean-Louis Borloo n'est entré au Parti Radical Valoisien que peu de temps avant d'en devenir le président.

Tel était certainement le cas de Gilbert Collard. Il voulait faire de la politique, le Parti Radical lui permettait d'en faire, c'est ce qui s'est passé. Visiblement, comme il connaissait Marine Le Pen, il s'est rendu compte qu'il y avait plus d'opportunités de ce côté-là, c'est ainsi qu'on l'a retrouvé comme soutien de la nouvelle présidente du FN. Du reste, toute sa carrière il a été l'avocat de causes médiatiques grotesques et la plupart du temps indéfendables. C'est exactement ce qu'est Marine Le Pen. Cela ne le change donc pas tant que ça. Mais au moins, sa carrière politique a enfin pu décoller, en recevant l'investiture FN (alors qu'il n'en est même pas membre) dans une circonscription bien éloignée de l'Allier, son précédent "terrain de jeu". Et grâce à une triangulaire, le voilà élu.

Dans l'hémicycle, il viendra donc faire le spectacle, dans l'espoir d'être dans le viseur des caméras. Mais sans responsabilité ni groupe parlementaire, il comprendra rapidement que c'est moins rigolo que ce qu'il pensait. Qu'importe, ça l'aura distrait, et ça fera bien sur sa carte de visite.

dimanche 17 juin 2012

Morano, Le Pen, Bayrou, Royal : quatre défaites emblématiques

Les résultats des législatives tombent, et on apprend qui sont les vainqueurs, et qui sont les battus. On ne peut certes pas commenter immédiatement les résultats des 577 circonscriptions. Il y aurait beaucoup à dire, par exemple sur les défaites méritées de Jack Lang et de Claude Guéant. Mais si l'on doit évoquer les défaites, concentrons nous sur celles qui semblent actuellement les plus emblématiques :

Nadine Morano est battue. Si elle manquera à l'UMP, ce sera surtout en terme de représentation féminine. Pour le reste... Elle se faisait fort de s'exprimer "cash", mais sa parole était le plus souvent contre productive. Ses positions tranchées l'ont transformée en tête de Turc pour de nombreuses personnes. Ces attaques sont parfois allées trop loin, comme on l'a vu cette semaine avec l'opération de manipulation perpétrée par un activiste public, soutien déclaré de François Hollande, Gérald Dahan. Mais lorsqu'elle s'exprimait, on avait rarement l'impression que l'on s'engageait loin sur le chemin de l'intelligence.

Marine Le Pen est battue. Cela lui a permis de faire un discours agressif dont son parti a l'habitude. Sa nièce, elle, ira au Palais Bourbon, elle n'a rien accompli dans sa courte vie, mais son seul et unique mérite est d'être la petite fille de Jean-Marie Le Pen. C'est la définition même du népotisme. Tous ceux qui s'échinent à expliquer que l'UMP et le Front National c'est la même chose ne font que banaliser ce dernier, mais ne se rendent pas compte du tout des différences fondamentales d'approche (et de tons) entre ces deux partis.

François Bayrou est battu. Il n'est même pas sûr que cela lui permette de revenir à la réalité. S'étant prononcé en faveur de François Hollande alors que celui-ci n'avait pas besoin d'un tel geste, il n'en a pas eu les récompenses qu'il escomptait en dehors de toute logique. Son parti, le Modem, a continué cette semaine a quémander des postes de ministres dans une tribune hallucinante, et ce, en dépit d'un score plus que famélique au premier tour. François Bayrou, c'est l'histoire de quelqu'un qui aura voulu envers et contre tout se faire passer pour quelqu'un qu'il n'est pas, et qui ne comprend pas ce qui se passe.

Ségolène Royal est battue. C'est certainement la défaite la plus marquante de ces élections législatives. Dans son discours de défaite, elle n'en était plus à promettre "d'autres victoires" comme en 2007, mais elle a déversé des torrents de fiel sans jamais se remettre une seule seconde en cause. On n'avait probablement jamais vu autant d'aigreur de la part d'une personnalité politique nationale française. Cette défaite, c'est celle de l'arrogance, l'arrogance de se partager les places avant même que les élections aient lieu. Cela avait été négocié en haut lieu au PS : la présidence de l'Assemblée Nationale devait revenir à Ségolène Royal, celle-ci ne pouvant viser d'autre poste alors que son ex-compagnon était à l'Elysée. Mais c'était oublier que dans des élections démocratiques, les électeurs ont leur mot à dire. Alors qu'une circonscription si solidement ancrée à gauche qu'elle devait être imperdable lui avait été réservée, un socialiste local, opposé à ce parachutage, a réussi à recueillir plus de 60 % des voix au second tour. Les pontes du PS lui en veulent tellement de ne pas avoir accepté leur diktat qu'ils le traitent de tous les noms, et estiment bizarrement qu'étant élu avec des voix de droite, il n'est plus à gauche. Comme d'habitude, ils oublient qu'un élu a le positionnement de ses propres idées, pas celui de ses électeurs, et cela vaut aussi pour les élus de droite élus avec des reports du Front National. Quant à Ségolène Royal, c'est l'éclatement d'un des plus grands ballons de baudruche de la Vème République, une femme considérée comme incompétente tant à gauche qu'à droite, et, à l'instar de François Bayrou, l'autre star de la présidentielle de 2007 battue aujourd'hui, une personne qui peine à comprendre que le monde ne tourne pas autour d'elle.

mardi 12 juin 2012

Qui a besoin de BeIN Sport ?

Le 31 mai dernier, la chaîne payante CFoot a cessé d'émettre. Conçue comme un moyen de pression sur Canal Plus dans le cadre des enchères sur les droits du championnat de football de Ligue 1, la chaîne n'était pas viable économiquement, on le savait avant même qu'elle ne se créée. Les déficits importants ont bien été au rendez-vous, mais la surprise fut l'arrivée des Qataris d'Al Jazira Sport, qui ont utilisé leurs revenus colossals issus du pétrole pour mettre la main sur certains droits sportifs. De son côté, Canal Plus n'a pas renchéri. La chaîne créée par Al Jazira (sur deux canaux), appelée BeIN Sport, proposera les matchs de second choix de la Ligue 1, de la Ligue des Champions et du Championnat d'Europe des Nations. BeIN Sport a payé cher pour récupérer les droits de tous ces matchs, mais comme toujours, on peut se demander s'il y aura vraiment beaucoup de fans de foot qui choisiront de s'abonner à la fois à Canal Plus et à BeIN Sport, seul moyen d'en rater le moins possible. La facture finale est salée pour le supporter, et s'il faut choisir, il préférera certainement les grandes affiches, et elles sont dans l'escarcelle de Canal Plus.

Surpris par l'arrivée d'un tel concurrent, Canal Plus vilipende déjà BeIN Sport. Son principal reproche est que ce n'est pas un projet économiquement rationnel, et il est difficile de le nier. Les perspectives de rentabilité sont très douteuses, mais pour les Qataris, l'essentiel semble d'acheter une influence sur le milieu sportif européen. La Fédération Française de Football y voit également son intérêt, puisqu'il s'agit là d'une nouvelle manne d'argent inespérée. Pourtant, pour le bien du football, la manœuvre pourrait s'avérer défavorable. Une grande compétition internationale de football a commencé, et l'on n'en entend très peu parler, si on compare avec les éditions précédentes. Il faut remonter à loin pour retrouver une époque où un Euro intéressait si peu les Français... Si on compare avec un pays comme l'Allemagne, qui bien avant la compétition, ne vit plus pour que pour sa Mannschaft, la différence est frappante.

Alors bien sûr, l'essentiel de cette perte d'intérêt du public provient de la faillite morale de notre équipe nationale, mise en évidence en 2010, comme si les difficultés sportives ne suffisaient pas. Mais en attribuant une grande partie des droits télé de cet Euro à BeIN Sport, une chaîne à péage, l'UEFA n'a pas aidé. Elle a sciemment sacrifié la visibilité de l'événement sportif qu'elle organise au profit de l'argent. Mais combien de personnes ont eu le temps de s'abonner à une chaîne qui vient à peine de se lancer ? Le chiffre ne sera pas communiqué. Bien des rencontres comme le Grèce/République Tchèque de cette fin d'après-midi ne seront vus que par très peu de Français.

Il n'est pourtant pas forcément nécessaire de payer son écot aux Qataris pour voir tous les matchs de l'Euro 2012. En effet, des millions de foyers français ont une parabole pointée sur les satellites Astra (où sont diffusés les chaînes Canal Plus et CanalSat), et ceux-là peuvent regarder l'ensemble de la compétition sur les deux chaînes publiques allemandes, ARD et ZDF, qui la retransmettent. En outre, les versions HD de ces chaînes sont gratuites, il suffit de faire une recherche progressive des chaînes pour trouver celles qui ne sont pas relevées par défaut par le décodeur. En fin de compte, s'abonner à BeIN Sport, c'est uniquement payer le droit d'entendre des commentateurs parler français, tel une radio payante. Décidément, c'est économiquement irrationnel pour tout le monde.

lundi 11 juin 2012

1er tour des législatives 2012 : tour d'horizon

Le premier tour des législatives a eu lieu hier. Le gouvernement socialiste réclame une majorité parlementaire pour voter ses lois, c'est bien normal. Le contexte général est donc de mettre le bulletin avec le logo PS dessus, quel que soit le candidat concerné. Que peut-on remarquer des résultats ?

En Charente Maritime, Ségolène Royal est en ballotage contre le candidat socialiste dissident. Elle dit que sans lui, elle aurait été élue au premier tour, et le PS demande à ce dissident de se retirer... ce qui ferait un second tour avec une seule candidate. Il n'a évidemment aucune raison de le faire, alors que son retard sur celle qui se voit déjà au Perchoir est faible. En 2007, Ségolène Royal avait annoncé qu'elle ne se représenterait pas, affirmant ne plus vouloir cumuler de mandat, et sa région avait sa préférence. A ce moment-là, elle était bien sûr en pleine campagne présidentielle. Aujourd'hui, toutes ces belles pensées sont oubliées, et elle ne vise plus que le somptueux hôtel de Lassay, plus haut poste qu'elle puisse espérer atteindre quand son ex-compagnon est Président de la République. Ne doutons pas que nombreux seront ceux, à droite, qui, tant qu'à choisir, lui préféreront le dissident Olivier Forlani, qui a au moins le mérite de ne pas être parachuté.

Jean-Luc Warsmann et Jean Léonetti ont été réélus dès le premier tour, ce qui est une bonne chose. En revanche, il y a un problème au niveau de l'UMP des Hauts de Seine, et il reste des choses à faire pour en assainir la politique. Par exemple, l'investiture de Claude Guéant à Boulogne-Billancourt n'a rien de normal. Non seulement il est âgé (67 ans), pas très bon en tant qu'homme politique (il n'aura pas convaincu en tant que ministre) mais il est en plus parachuté via une manoeuvre politique. L'élection de Thierry Solère serait une bonne nouvelle. Dans le même département, Rama Yade n'aura pas passé le premier tour, mais il faut dire qu'elle se présentait contre un député UMP sortant. Membre du conseil municipal de Colombes, elle aurait pu se présenter dans une autre circonscription, tenue par les communistes.

Avec près de 49 % des voix, Manuel Valls a frôlé l'élection au premier tour. Comme quoi le cynisme et l'hypocrisie sont récompensés, visiblement, personne ne lui tient rigueur de sa manœuvre visant à conserver ses indemnités de maires après avoir démissionné de ce poste.

En ne parvenant pas à se qualifier pour le second tour, Jean-Luc Mélenchon a définitivement prouvé qu'il n'est qu'un phénomène de foire médiatique. Pour lui, ce n'est qu'un parachutage supplémentaire. Après avoir pas tourné dans l'Essonne (dont il était finalement devenu sénateur) et s'être fait élire député européen du sud ouest, il repartait dans un coin complètement différent, le Pas-de-Calais, pour y faire de l'esbroufe, et en fin de compte, de la publicité à Marine Le Pen. Tout ça pour ça !

Du reste, ce n'est pas le seul à ne pas vouloir terminer son mandat de député européen, puisque Benoît Hamon pratique également le parachutage intensif au gré des opportunités de carrière. Après avoir été élu en Essonne, il s'était fait élire député européen de l'Est, mais est désormais en lice pour devenir député... des Yvelines. Peu importe, pourrait-il dire, puisque ses électeurs ne le verront pas de toute façon : il est déjà au gouvernement. C'est plus une assurance en cas de remaniement.

Mais comme pour le premier tour de la présidentielle, le principal enseignement de ce premier tour des législatives restera sans contexte le score lilliputien du Modem. Avec 1,76 % des voix au plan national, on est bien loin d'un grand mouvement au sein de la société française. Il est encore trop tôt pour présager du nombre d'élus, mais il semble que même François Bayrou, l'alpha et l'oméga du Modem, soit dans une position incertaine. Il s'agit là du résultat d'un grand malentendu : en se tournant franchement vers la gauche, le Modem espérait bénéficier de la reconnaissance de ce bord politique. C'est bien ce qu'il faut comprendre, lorsque François Bayrou critique le "sectarisme" du Parti Socialiste. Le Modem n'a pas eu la récompense qu'il attendait pour son engagement à gauche, et il est incroyable de voir qu'il y a encore des membres pour prôner une alliance avec la future majorité gouvernementale. Comment ne peuvent-ils pas voir que les socialistes n'ont strictement rien à faire d'eux, et que cela ne changera jamais ? Ils se croient courageux, mais ils se sacrifient volontairement pour une cause douteuse qui n'avait de toute façon pas besoin d'eux. Tout ceux-là souffrent de graves problèmes de compréhension, et semblent bel et bien vivre dans un monde parallèle au notre.

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