Les résultats des législatives tombent, et on apprend qui sont les vainqueurs, et qui sont les battus. On ne peut certes pas commenter immédiatement les résultats des 577 circonscriptions. Il y aurait beaucoup à dire, par exemple sur les défaites méritées de Jack Lang et de Claude Guéant. Mais si l'on doit évoquer les défaites, concentrons nous sur celles qui semblent actuellement les plus emblématiques :

Nadine Morano est battue. Si elle manquera à l'UMP, ce sera surtout en terme de représentation féminine. Pour le reste... Elle se faisait fort de s'exprimer "cash", mais sa parole était le plus souvent contre productive. Ses positions tranchées l'ont transformée en tête de Turc pour de nombreuses personnes. Ces attaques sont parfois allées trop loin, comme on l'a vu cette semaine avec l'opération de manipulation perpétrée par un activiste public, soutien déclaré de François Hollande, Gérald Dahan. Mais lorsqu'elle s'exprimait, on avait rarement l'impression que l'on s'engageait loin sur le chemin de l'intelligence.

Marine Le Pen est battue. Cela lui a permis de faire un discours agressif dont son parti a l'habitude. Sa nièce, elle, ira au Palais Bourbon, elle n'a rien accompli dans sa courte vie, mais son seul et unique mérite est d'être la petite fille de Jean-Marie Le Pen. C'est la définition même du népotisme. Tous ceux qui s'échinent à expliquer que l'UMP et le Front National c'est la même chose ne font que banaliser ce dernier, mais ne se rendent pas compte du tout des différences fondamentales d'approche (et de tons) entre ces deux partis.

François Bayrou est battu. Il n'est même pas sûr que cela lui permette de revenir à la réalité. S'étant prononcé en faveur de François Hollande alors que celui-ci n'avait pas besoin d'un tel geste, il n'en a pas eu les récompenses qu'il escomptait en dehors de toute logique. Son parti, le Modem, a continué cette semaine a quémander des postes de ministres dans une tribune hallucinante, et ce, en dépit d'un score plus que famélique au premier tour. François Bayrou, c'est l'histoire de quelqu'un qui aura voulu envers et contre tout se faire passer pour quelqu'un qu'il n'est pas, et qui ne comprend pas ce qui se passe.

Ségolène Royal est battue. C'est certainement la défaite la plus marquante de ces élections législatives. Dans son discours de défaite, elle n'en était plus à promettre "d'autres victoires" comme en 2007, mais elle a déversé des torrents de fiel sans jamais se remettre une seule seconde en cause. On n'avait probablement jamais vu autant d'aigreur de la part d'une personnalité politique nationale française. Cette défaite, c'est celle de l'arrogance, l'arrogance de se partager les places avant même que les élections aient lieu. Cela avait été négocié en haut lieu au PS : la présidence de l'Assemblée Nationale devait revenir à Ségolène Royal, celle-ci ne pouvant viser d'autre poste alors que son ex-compagnon était à l'Elysée. Mais c'était oublier que dans des élections démocratiques, les électeurs ont leur mot à dire. Alors qu'une circonscription si solidement ancrée à gauche qu'elle devait être imperdable lui avait été réservée, un socialiste local, opposé à ce parachutage, a réussi à recueillir plus de 60 % des voix au second tour. Les pontes du PS lui en veulent tellement de ne pas avoir accepté leur diktat qu'ils le traitent de tous les noms, et estiment bizarrement qu'étant élu avec des voix de droite, il n'est plus à gauche. Comme d'habitude, ils oublient qu'un élu a le positionnement de ses propres idées, pas celui de ses électeurs, et cela vaut aussi pour les élus de droite élus avec des reports du Front National. Quant à Ségolène Royal, c'est l'éclatement d'un des plus grands ballons de baudruche de la Vème République, une femme considérée comme incompétente tant à gauche qu'à droite, et, à l'instar de François Bayrou, l'autre star de la présidentielle de 2007 battue aujourd'hui, une personne qui peine à comprendre que le monde ne tourne pas autour d'elle.