dimanche 27 novembre 2011
Par xerbias,
dimanche 27 novembre 2011 à 23:33 :: Monde
La crise financière de 2008 a des conséquences sévères et durables. Les Etats-Unis, qui en sont à l'origine, ne s'en sont toujours pas sortis. La crise des dettes souveraines européennes en découle. Le ralentissement économique a favorisé les révolutions en Afrique du Nord. Ce sont les peuples qui ont à subir les mauvais temps économiques, et cela leur devient rapidement insupportable. Ils cherchent donc un changement, et de toute façon, la transformation de l'environnement économique mondiale force des évolutions de politique. Cela peut arriver via les élections, prévues ou anticipées. L'Espagne, le Portugal et l'Irlande, chacun durement touchés par la crise, ont ainsi vu s'opérer l'alternance. Mais ce ne sont pas les seuls changements de responsables à l'œuvre.
Dans les pays où le jeu politique est trop lourd et handicapant, la tentation est grande d'écarter les élus, souvent considérés comme des politiciens n'ayant qu'une vision électoraliste à court terme. Ils ont peut-être la légitimité, mais ils n'ont pas la crédibilité, auprès de leurs propres peuples comme auprès des acteurs extérieurs (institutions internationales, gouvernements étrangers et marchés financiers). Disqualifiant ainsi l'ensemble de la classe politique, la solution de secours est alors représentée par les grands fonctionnaires, si possible ceux qui ont une expérience internationale, qui ont le mérite de ne pas avoir trempé dans le marasme politicien qui fait l'actualité quotidienne. Les exemples sont nombreux.
Certains ont relevé que les nouveaux Premiers ministres italiens et grecs, Mario Monti et Lucas Papademos, étaient tous les deux passés par la banque d'affaires Goldman Sachs. Mais il est plus intéressant de noter leurs parcours européens respectifs. Lucas Papademos peut se prévaloir d'avoir été vice-président de la Banque Centrale Européenne. Quant à Mario Monti, il est resté célèbre pour ses 10 ans passés au poste de commissaire européen à la concurrence, où il laissa le souvenir d'un ayatollah de la concurrence pure et parfaite.
En Egypte aussi, le même mécanisme est à l'œuvre. En l'occurrence, on parle de plus en plus de Mohamed ElBaradei comme alternative au pouvoir des militaires. On se souvient de lui comme dirigeant de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique, où il mena notamment le contrôle des règles imposées à l'Irak avant 2003. Ce temps passé aux Nations Unies lui permit d'obtenir le prix Nobel de la paix, la plus prestigieuse des distinctions. Dans une Egypte où toute une démocratie est à construire, un tel profil obtient nécessairement un poids important, et ressemble même à l'arrivée d'un homme providentiel. Et en France, de tels mécanismes psychologiques étaient également à l'oeuvre jusqu'au printemps dernier : à la tête du FMI à Washington, Dominique Strauss-Kahn était bien plus populaire que lorsqu'il était un homme politique ordinaire. Mais cela doit justement nous rappeler que les technocrates internationaux ne sont pas fondamentalement plus irréprochables que les responsables locaux.
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lundi 21 novembre 2011
Par xerbias,
lundi 21 novembre 2011 à 23:16 :: General
Yannick Noah est la personnalité préférée des Français. Ou plutôt, dans une liste prédéfinie de noms donnés, c'est le sien qui recueille le plus d'assentiment, depuis que les précédentes personnalités préférées ont décidé de ne plus participer à cette mascarade. Il l'est encore, mais pour combien de temps ? Après sa dernière tribune dans le journal Le Monde, on peut se poser la question. Lui ne s'en préoccupe probablement pas. Comme il l'a dit autrefois, "ça fait 20 ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien." Ils ont peut-être tort.
Lisons sa tribune. Il y affirme que les sportifs espagnols sont dopés, et que face à ce genre de problème, "la meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage". Il semble considérer que tout le monde est dopé, et qu'il faut simplement le reconnaître et l'accepter. Comme il le dit, "arrêtons l'hypocrisie". Mais l'hypocrisie, ici, n'est pas forcément autour de lui. L'hypocrisie qu'il souhaite arrêter, c'est d'abord la sienne. Il prend son propre cas pour une généralité, et souhaite pouvoir assumer ses pratiques. Du reste, le thème n'est pas exactement nouveau de sa part, c'est simplement la première fois qu'il met autant les pieds dans le plat.
A propos du dopage, il disait déjà en 1990 que les sportifs devaient s'occuper d'eux-mêmes plutôt que de se voir contrôler, et que "si un gars a envie de prendre un risque, c'est son problème". Il relativisait le problème à l'époque en disant "on est tous dopés". En 1996, il critiquait les suspensions de sportifs ayant fumé des joints, trouvant démesuré qu'on les empêche de travailler pour cela. Il admettait alors être lui-même un fumeur de joints. Quand son fils, lui-même sportif de haut niveau, s'est fait arrêté pour possession de drogue, son conseil de père fut "ne te fais pas chopper la prochaine fois", démontrant ainsi un sens moral tout à fait discutable.
Par le passé, Yannick Noah s'est déjà engagé politiquement. Cette fois-ci, il se fait le fer de lance de la libre utilisation des drogues et des produits dopants. Il préfère l'accumulation des substances à l'accumulation des efforts, quitte à rendre la "potion magique" de facto obligatoire pour pouvoir participer. Cela remet bien sûr en cause ses propres performances sportives passées, mais au delà du sportif, sa propension à faire fi des lois et sa volonté de laisser se propager de telles pratiques remettent en cause l'homme également.
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dimanche 20 novembre 2011
Par xerbias,
dimanche 20 novembre 2011 à 19:40 :: General
Le "débat" fut assez rapide. La semaine dernière, en l'espace de quelques jours, le gouvernement a annoncé qu'il y aurait désormais un jour de carence dans les arrêts maladie dans le secteur public, et quatre dans le privé, plutôt que zéro et trois actuellement. A peine la mesure était-elle annoncée qu'elle était votée dans le cadre du budget 2012 par l'Assemblée Nationale. Vu qu'il reste encore la suite du circuit législatif, cette évolution n'est pas encore définitive, mais il risque d'y avoir peu d'échos autour d'elle.
Les jours de carence sont une espèce de franchise pour l'assurance maladie, dans la prise en charge des arrêts maladie. Actuellement, si un employé du privé est absent pour maladie cinq jours, la Sécurité Sociale remboursera une entreprise pour les salaires versés au quatrième et cinquième jour. Pour les trois premiers, rien n'est prévu, et très souvent ce sera trois jours de rémunération en moins pour l'infortuné malade. Ces jours de carence ont pour objet de favoriser le retour à l'équilibre des comptes de la Sécurité Sociale, affreusement déficitaires. Dès lors, il faut que chacun y mette du sien, et que les efforts soient également répartis.
Mais répartir également les efforts, ce n'est pas rajouter un jour de carence à tout le monde. C'est que tous les salariés aient le même nombre de jours de carence. Pourquoi alors, les salariés du publics ont toujours trois jours de carence de moins que ceux du privé ? Cela n'a rien d'équitable. Une vraie mesure juste serait de mettre trois jours de carence pour tous les salariés, ou bien, si ceux du privé doivent vraiment passer à quatre, quatre jours de carence pour tous.
De telles différences de traitement ne peuvent que donner l'impression de la survivance de privilèges, et permettre une amertume forte de la part des salariés du secteur privé. Ceux du public ne souhaitent pas se voir reprochés un traitement de faveur, il serait donc préférable qu'à la prochaine lecture du budget 2012, cette mesure soit corrigée pour qu'elle établisse une égalité en la matière entre tous les salariés.
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jeudi 17 novembre 2011
Par xerbias,
jeudi 17 novembre 2011 à 20:51 :: Faits politiques
Quelles sont les
dix bonnes raisons pour ne pas laisser François Hollande entrer à l'Elysée ? La question parait purement rhétorique, tellement cet événement nous est actuellement présenté comme absolument certain. Au Parti Socialiste, la victoire ne fait pas l'ombre d'un doute, la présidence de l'Assemblée Nationale a d'ores et déjà été distribuée à Ségolène Royal, et François Hollande est en train de choisir le nouveau papier peint de sa chambre au 55 rue du faubourg St-Honoré. Mais voyons quand même pourquoi il aurait été préférable que cela n'arrive pas :
- Il manque totalement d'expérience gouvernementale. Voilà qui peut paraître étonnant pour quelqu'un de 57 ans, et qui cherche à obtenir le poste le plus haut placé en France. Sa génération a pourtant été très bien servie en la matière, mais lui n'a pas été testé.
- Et ce qui ne va pas pour rassurer, c'est qu'au cours de ses onze années passées à la tête du Parti Socialiste, il a fait preuve d'un manque de leadership ahurissant. Manquant totalement d'autorité au moment du référendum sur le TCE de 2005, reconduit à son poste par défaut en 2003 et de 2005, il incarne totalement les échecs du PS sur cette période.
- François Hollande est un candidat de second choix, dont les perspectives se sont améliorée non pas parce qu'il avait convaincu, mais parce que le premier choix s'est avéré être un individu bien peu recommandable.
- Il est soutenu par le Parti Socialiste, un parti qui n'a toujours pas réussi à se débarrasser de ses vieux schémas de pensée sur la lutte des classes et sur l'Etat Providence systématique. Les projets socialistes publiés jusqu'à présent semblent d'ailleurs considérer que l'argent tombe du ciel.
- Les personnalités socialistes qui seraient amenées à être au gouvernement ne sont, pour la plupart, guère réjouissantes. Au niveau âge et parité, on risque d'avoir des surprises.
- Il est favorable à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, or cette adhésion condamnerait la possibilité d'une Europe fédérale, et forcerait le projet européen à se cantonner à jamais à n'être qu'une zone de libre échange.
- Il refuse l'inscription de l'interdiction des déficits dans la Constitution. S'il y a bien une chose que les trente dernières années nous ont appris, c'est que les tentatives de relance de la croissance économique par des déficits structurels ne fonctionnent pas.
- Ce refus de l'équilibre budgétaire n'est pas si étonnant, quand on sait que la mesure la plus emblématique actuellement de François Hollande est le recrutement de 60 000 professeurs, alors que le besoin est loin d'être avéré.
- Dans la même veine, les 300 000 "emplois d'avenir" qu'il promet relève d'une mauvaise vision économique, celle où l'Etat fait diminuer le chômage en multipliant lui-même les embauches.
- Enfin, il serait embarrassant pour le Parti Socialiste de porter à la Présidence quelqu'un qui s'autoproclame de droite.
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mardi 15 novembre 2011
Par xerbias,
mardi 15 novembre 2011 à 23:44 :: General
Une vidéo à voir dans le cadre du nécessaire débat pour la prochaine élection présidentielle :
Source : http://www.pacte2012.fr/video.html
Le Pacte 2012 pour la Justice, mentionné par la vidéo.
Ses 5 grandes propositions, et les 10 mesures préconisées par l'association "Institut pour la Justice" :
- L’égalité de droits entre la victime et l’accusé : Un accès immédiat pour la victime à l’assistance d’un avocat dès le dépôt de plainte ; le droit pour la victime de contester en appel la remise en liberté de son agresseur.
- L’impunité zéro pour les atteintes aux personnes et aux biens : Un grand ministère chargé de la sécurité des citoyens, regroupant forces de l’ordre et politique pénale ; des amendes « plancher » automatiques accompagnant toute condamnation pour délit.
- L’application effective des peines prononcées : L’obligation pour tous les condamnés de purger au minimum les trois quarts de leur peine ; une capacité de 30 000 places de prison supplémentaires pour rejoindre la moyenne européenne.
- Une fermeté de précaution vis-à -vis des criminels dangereux : La perpétuité réelle pour les grands criminels ; la surveillance à vie des délinquants sexuels.
- Une Justice transparente qui rende des comptes aux citoyens : Un débat national sur l’élection des procureurs au suffrage universel ; des audiences d’application des peines ouvertes au public.
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dimanche 13 novembre 2011
Par xerbias,
dimanche 13 novembre 2011 à 19:10 :: Faits politiques
Les négociations pour un accord entre le Parti Socialiste et les Verts sont difficiles. Les Verts souhaitent abandonner purement et simplement l'énergie nucléaire, et ainsi profiter, comme en Allemagne, de la pollution des centrales thermiques (gaz, pétrole, charbon), propices au réchauffement climatique. Le Parti Socialiste refuse une évolution aussi radicale, alors que le nucléaire représente entre 75 et 80 % de la production d'électricité en France. Il veut arriver à un niveau de 50 % d'ici 2025, une transformation déjà importante. Alors, les Verts voudraient avoir l'assurance que l'EPR, réacteur nucléaire de troisième génération actuellement en construction à Flamanville, soit abandonné. Il devrait être plus sûr et plus performant que les réacteurs actuels, mais il représente aussi le fait que le nucléaire reste une énergie d'avenir, ce que les Verts ne peuvent reconnaître. Là encore, les socialistes disent non.
En fait, il semble il y avoir comme un malentendu. Entre les Verts et les socialistes, il n'y a rien à négocier. Pour pouvoir négocier, il faudrait que chaque partie ait quelque chose à offrir à l'autre, pour que des concessions puissent être échangées. Ce n'est absolument pas le cas ici. Dans cette situation, les Verts font toute les demandes, et n'ont strictement rien à offrir. Ils veulent que le PS applique au maximum son programme, et qu'en prime, celui-ci leur laisse de bonnes circonscriptions afin d'avoir davantage d'élus à l'Assemblée Nationale. Ce sont de lourdes demandes, sans contrepartie. Les Verts ne peuvent non seulement pas apporter quelque chose de positif aux socialistes, mais ils ne peuvent même pas leur nuire.
C'est en tout cas l'état d'esprit rue de Solférino. Les socialistes considèrent que les prochaines élections sont d'ores et déjà gagnées. Nicolas Sarkozy est si impopulaire et si méprisé qu'il ne saurait représenter une menace. Les électeurs valideront avec certitude l'élection du candidat socialiste, sans que qui ce soit puisse y a faire quelque chose. François Hollande en est déjà à déclarer qu'il est le prochain Président à la une des journaux. Il se trouve si populaire qu'il est certain que son moment est enfin venu. Il n'y a plus qu'à attendre un tout petit peu, et ce sera lui, la France. Il aura une armée de députés à l'Assemblée Nationale pour appliquer ses volontés. Pourquoi devrait-il se soumettre aux exigences des Verts ? Il y a bien plus important à faire, comme fignoler les derniers détails de sa cérémonie d'investiture...
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jeudi 10 novembre 2011
Par xerbias,
jeudi 10 novembre 2011 à 19:54 :: Europe
Que serait une Union Européenne idéale ? Ce blog a déjà longuement expliqué que ce serait
une Europe fédérale. C'est le but, c'est un but qui est aussi un moyen, car une Europe fédérale rendrait le projet européen plus efficace et plus légitime, et permettrait donc de meilleures politiques pour les citoyens européens. Mais cela n'explique tout. En particulier le "comment". En effet, il ne suffit pas de changer les institutions pour arriver à l'Europe fédérale, car l'échec deviendrait alors assez probable. Il faut changer le rapport des peuples et des pays envers la construction européenne.
On s'en rend compte au quotidien, et notamment lors des sommets européens : chaque gouvernement essaye de tirer le maximum de l'Union Européenne pour son propre profit. C'est normal, on n'attend pas d'eux qu'ils ne défendent pas les intérêts de leur peuple, et les décisions européennes doivent refléter les avis de chacun. La diplomatie intra-européenne repose donc encore plus qu'ailleurs sur les compromis et les négociations interminables. Cela se passait comme ça dès les premiers pas de la construction européenne. Tout ne repose que sur de subtils calculs pour trouver des solutions équilibrées. Les membres de l'Union Européenne considèrent qu'il est de leur intérêt à en faire partie, et après des siècles de conflit, cette coopération reposant sur des bases purement rationnelles a amené un répit bienvenue ainsi qu'une relative prospérité. L'Union Européenne est donc un exemple parfait de mariage d'intérêt.
Seulement, pour qu'une Europe fédérale, il faudrait que les peuples européens aient suffisamment confiance les uns dans les autres pour accepter que certaines décisions soient prises à plusieurs. Mieux, il faudrait qu'ils aient confiance dans les institutions européennes, et qu'ils aient un attachement réel pour l'Europe en tant que tel. Comme ils peuvent être attachés à leur ville, leur région ou leur pays, ils pourraient être attachés à l'Europe. Il faudrait qu'ils prennent conscience de tout ce qui les rassemble, et de l'existence d'une communauté de destins. Que l'Europe représente quelque chose pour eux, qu'elle ne soit plus qu'une institution froide et rationnelle, mais aussi une communauté à laquelle ils soient liés de façon affective. Bref, que l'Europe devienne un mariage d'amour.
Passer d'un mariage de raison entre pays à un mariage d'amour entre peuples n'a bien sûr rien d'évident. A l'heure de la crise des dettes souveraines, un tel discours peut même paraître très abscons. Mais cela ne pourra se faire qu'avec le temps, pour changer petit à petit les mentalités. Et sans que cela vienne uniquement des dirigeants européens. Il s'agit davantage d'une question culturelle. Il faudrait que ce soit un travail de fond à mener au cours des, disons, cinquante prochaines années.
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dimanche 6 novembre 2011
Par xerbias,
dimanche 6 novembre 2011 à 19:08 :: Europe
Quant à l'automne 2009, George Papandreou devint Premier ministre de la Grèce, ce pays était déjà durement touché par la crise économique mondiale. Par une décision pleine d'honnêteté, le nouveau gouvernement dévoila le fait que les comptes publics étaient dans un bien pire état qu'annoncé précédemment. En clair, tous les comptes et statistiques étaient truqués depuis des années pour faire paraître la Grèce économiquement plus saine qu'elle ne l'était en réalité. Le déficit public, à plus de 12 % du PIB révélait un pays vivant bien au-dessus des ses moyens, et trainant une dette trop importante pour donner confiance à de nouveaux prêteurs. La suite a découlé de ce terrible constat : mise en œuvre de plans de rigueur pour rééquilibrer les compte, privatisations, et appel à l'aide internationale pour se financer le temps que les réformes structurelles soient mises en place. Le traitement de cheval est à la hauteur de la maladie, mais les résistances viennent de partout en Grèce. La fraude fiscale généralisée, la corruption, les chasses gardées étaient si répandus que le changement de ces habitudes bloque très rapidement. En conséquence, ces réformes peinent à s'installer, et beaucoup sont ceux qui y mettent de la mauvaise volonté. Il semble plus urgent de protester que de chercher à voir comment s'en sortir.
Le dernier sommet européen devait justement apporter une nouvelle tranche de financement de la Grèce et une décote importante de la dette détenue par le secteur privé (à hauteur de 50 %) contre l'assurance que ces réformes seront poursuivis. Seulement, sans avoir prévenu qui que ce soit, George Papandreou a déclaré vouloir mettre ce nouveau plan à l'approbation des Grecs via référendum. Le procédé était navrant à bien des niveaux. D'abord, tout ce qui avait de rassurant dans ce nouveau plan fut ainsi soumis à une nouvelle incertitude, déclenchant la panique des marchés financiers. Ce n'est pas vraiment ce que doit rechercher la Grèce ces temps-ci. Ensuite, cela retardait d'autant la perspective des réformes supplémentaires, et bien évidemment des nouvelles rentrées d'argent. Enfin, c'était un référendum absurde, dans la mesure où le peuple ne pouvait se permettre de voter non, sous peine de ruine complète du pays.
Les autres dirigeants européens, se sentant trahis, ont tôt fait de rappeler à George Papandreou que le Grèce ne recevrait rien tant qu'il ne se serait pas sorti de cette situation, et que si on voulait faire un référendum, il fallait poser la bonne question : celle du maintien de la Grèce dans la zone euro. Les Grecs souhaitent très majoritairement garder l'euro. L'utilisation de cette monnaie est un symbole d'accès au rang des économies fortes, alors que la Grèce fut si longtemps un pays très pauvre. Seulement, cette accession n'allait pas de soi. L'euro devint la monnaie grecque en 2001, soit deux ans après les premiers pays. Ce fut un triomphe pour le gouvernement d'alors, dirigé par le PASOK, le parti socialiste grec.
Seulement, on l'ignorait alors, mais l'euro fut accordé à la Grèce sur la base de comptes truqués. Si on avait connu la véritable situation économique de la Grèce, on aurait certainement attendu bien plus longtemps avant de l'inclure dans la zone euro. Ce fut donc une erreur. Une erreur sur laquelle il est quasi impossible de revenir. Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, en 2004, ils laissèrent les comptes continuer à se dégrader secrètement. Ce n'est donc qu'il y a deux ans que le pot aux roses fut révélé.
De tout cela, George Papandreou n'est pas coupable. Même si son père était Premier ministre jusqu'en 1996, et qu'il était ministre des Affaires étrangères entre 1999 et 2004, il n'était pas lui-même aux postes les plus concernés par cette escroquerie. En revanche, ce référendum était une tentative très malavisée d'obtenir un consensus, avec des conséquences très dangereuses pour la Grèce et l'Europe. Les Grecs eux-mêmes rejetèrent vivement cette proposition. Visiblement, la Grèce semble empêtrée dans des joutes politiciennes futiles. Après tout, les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent. Vu la situation de la Grèce, l'heure devrait pourtant être à l'union nationale. Cela passerait par un changement de leadership. Avec son coup de poker à base de référendum, George Papandreou a définitivement perdu toute crédibilité en Europe et dans son propre pays. Son départ du gouvernement, aujourd'hui dans toutes les conversations politiques, est vraiment nécessaire.
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mercredi 2 novembre 2011
Par xerbias,
mercredi 2 novembre 2011 à 19:44 :: Monde
Nous sommes paraît-il sept milliards d'êtres humains à habiter cette planète. D'habitude, les informations qui sont traitées par les journalistes sont presque toutes affreusement déprimantes. Guerres, crises économiques, maladies, pauvreté, famines... Et malgré tout cela, la population continue de croître dans des proportions incroyables, poursuivant une explosion démographique sans précédent. Nous avons gagné un milliard d'habitants en une douzaine d'années. Il y a actuellement 4 milliards et demi d'habitants en plus par rapport à 1950. Cela fait beaucoup. La première conclusion que l'on peut tirer de cela, c'est que malgré tout, les conditions de vie n'ont jamais été aussi bonnes. En effet, si elles étaient vraiment mauvaises, autant de personnes ne pourrait pas survivre. Malgré les guerres, les maladies et les famines qui ont autrefois décimé la population mondiale, cette dernière continue de croître à un rythme insensé. C'est bien la preuve que ces guerres, maladies et famines ne sont pas si graves que cela, une fois vues à l'échelle du monde entier.
C'est en fait une question tout à fait
malthusienne. A ce titre, on pourrait d'ailleurs prendre ce constat en le reversant : et si les guerres, les famines et la pauvreté n'étaient que la conséquence de cette augmentation disproportionnée de la population ? C'est l'ancien débat autour de la célèbre phrase de Jean Bodin, "il n'y a de richesses que d'hommes". Pour être plus terre à terre, on pourrait commencer par essayer de mettre en rapport peuples et ressources.
Aujourd'hui, l'Asie est de loin le continent le plus peuplé. L'Inde et la Chine ont chacun une population supérieure à un milliard de personnes, mais ces pays connaissant une croissance économique très forte, qui leur donne au moins l'opportunité d'améliorer leur développement. Encore de larges pans de leurs populations sont très pauvres, mais le niveau de vie augmente quand même progressivement. A contrario, l'Afrique est le continent qui connait la croissance démographique la plus soutenue, avec une population actuelle très jeune. Mais les opportunités économiques sont loin de suivre. Il n'y a pas vraiment d'industrialisation de l'Afrique sub-saharienne, et une agriculture peu productive ne suffit pas pour favoriser le développement. Les Etats y sont mal structurés, ils apportent peu d'aide à l'essor économique, et les luttes régulières pour le gouvernement, la corruption et le népotisme handicapent même les initiatives individuelles. Il n'y a jamais eu autant d'habitants en Afrique, mais par corolaire, il n'y a jamais eu autant de miséreux en Afrique aussi...
La croissance démographique africaine est donc une machine à fabriquer de la misère. A quoi bon donner naissance à beaucoup d'enfants, si c'est pour qu'ils vivent dans des conditions de vie tout à fait déplorables, et cherchent à quitter leur lieu de naissance par tous les moyens ? Une forte fertilité avait une utilité lorsqu'elle devait suppléer une mortalité infantile élevée, mais la croissance démographique actuelle tend à montrer que celle-ci a diminué, sans que les comportements se soient adaptés. Pour son propre avenir, l'Afrique a donc tout intérêt à terminer sa transition démographique.
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